Invitée d'ici Nord ce lundi, la députée Renaissance du Nord Brigitte Liso est à l'initiative d'une proposition de résolution réclamant une stratégie nationale de prévention sur le "chemsex", pratique qui consiste à prendre des drogues pour intensifier un rapport sexuel.
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00:00Bonjour Brigitte Liseau. Bonjour. Le chemsex est une logique qui consiste à prendre des drogues pour
00:05intensifier un rapport sexuel. Vous écrivez dans cette proposition de résolution que cela concerne en France de 100 000 à 200 000 personnes.
00:11C'est une fourchette qui est très large, ça veut dire qu'on a du mal aujourd'hui à quantifier le phénomène. Oui c'est par nature
00:18tout à fait
00:19intime les relations sexuelles donc c'est une extrapolation. Je pense que nous sommes en deçà de la réalité
00:27si j'en veux pour preuve les témoignages des associations et même ce qui est mis en place
00:32même ici à Lille. Par exemple le Cégide accueille les personnes qui pratiquent le chemsex et qui voudraient
00:39s'en sortir. Vous écrivez que cette pratique semble se propager par ailleurs, une célérité inédite en particulier chez les jeunes.
00:46Le chemsex ne va pas de soi. Comment quand on est jeune
00:49sait-on que ça existe ? Comment on en vient à essayer parce qu'on en entend parler, parce qu'on voit sur internet, sur les réseaux sociaux ?
00:54Oui je pense que vous n'êtes plus suffisamment jeune pour le savoir.
01:00En tout cas oui il est vrai que les réseaux sociaux
01:03ont leur part dans cette
01:06dissémination de l'information
01:08et puis aussi ça permet à des jeunes peut-être plus isolés
01:12d'avoir connaissance de tout ça et puis les plateformes évidemment sont toujours très aptes et très rapides à
01:20accueillir malheureusement ces personnes.
01:22Est-ce que le chemsex peut amener des gens à prendre des drogues, des personnes qui n'en auraient peut-être pas pris en dehors de ce cadre-là ?
01:29C'est encore là difficile à dire. Néanmoins je pense que oui parce que le sexe est une entrée
01:35dans l'addiction et une entrée peut-être, si on prend le cas d'un jeune gay isolé et qui a besoin
01:44d'avoir une vie sociale et affective
01:46et sexuelle, et bien ça peut être une porte d'entrée malheureusement.
01:50Vous écrivez aussi dans cette proposition de résolution, j'y reviens parce que vous venez de citer un jeune homme gay,
01:54c'est vrai qu'on a longtemps considéré que c'était une pratique dans les milieux homosexuels mais on le voit aussi désormais dans les milieux hétérosexuels,
01:59il faut le souligner.
02:01Oui mais vraiment encore assez faiblement et tant mieux, ça reste quand même beaucoup
02:07ce qu'on appelle les HSH, c'est-à-dire les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes.
02:11Qu'est-ce que c'est qu'une pratique extrême qui peut aller très loin ? Nous avons eu dernièrement des morts au cours de soirées
02:17à Bordeaux, à Lyon mais aussi à Tourcoing, c'était en fin d'année dernière, au-delà les conséquences sanitaires.
02:22Ça peut être de la dépendance, des violences, soit-il dans un contexte où on n'est plus maître de soi ?
02:25Alors on reprend malheureusement tout ce panel-là, c'est effectivement de la violence, c'est de l'addiction, c'est de la dépression,
02:35c'est
02:36aussi peut-être des plaies, des infections au centre d'injection, et puis vous l'avez bien dit, des décès, mais en deçà il y a aussi
02:44malheureusement ce lâche-et-prise qui peut entraîner des relations sexuelles sans consentement, ou en tout cas un consentement qui ne soit pas
02:53total.
02:54Et éventuellement aussi la propagation de maladies sexuellement transmissibles, puisque quand on est
02:59sous drogue, dans un état qui n'est pas le non, on peut oublier de se protéger aussi.
03:03Exactement, on perd effectivement un peu toute la protection sanitaire utile.
03:08Et 7h47, ici Nord, nous sommes en direct avec la députée Renaissance du Nord, Brigitte Liseau.
03:13Juste avant d'aborder ce que vous proposez avec cette proposition de résolution, juste un mot sur les drogues qui sont prises lors de ces rapports,
03:20drogues de synthèse, méthamphétamines, il y a aussi des produits du quotidien, vous l'écrivez dans cette
03:24proposition, qui sont détournés de leur usage initial, vous citez le GBL, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
03:29Alors le GBL c'est
03:32artisanalement, ça peut être fabriqué avec simplement un produit pour nettoyer les jantes,
03:37additionné à un autre produit que je ne citerai pas, mais qui devient du GBL effectivement, et donc
03:43c'est aussi là cette drogue qui laisse complètement, qui désinhibe tant que ça peut entraîner vraiment des effets délétères,
03:50y compris une certaine anesthésie et une certaine
03:57non résistance à la douleur, avec tout ce que ça comporte.
04:00Ce que vous réclamez aujourd'hui finalement, c'est l'esprit de cette proposition de résolution, c'est de la prévention
04:04avant toute chose,
04:05alerter pour dire que ça existe et quels sont les risques, tout ce qu'on vient de dire c'est
04:09finalement ça, la prévention, c'est ce que vous voulez faire avant toute chose ?
04:11C'est essentiellement de la prévention à ce stade, moi j'aimerais aussi qu'il y ait à nouveau une étude qui soit faite pour avoir un peu
04:18vraiment l'état des lieux, si j'ose dire, et puis encore et toujours de la prévention.
04:22Donc je vous ai dit, par exemple ici à Lille-le-Cégide, il y a aussi en milieu
04:28hospitalier des consultations, mais à Toulouse, par exemple, il y a un lieu dédié qui s'appelle le Lounge et qui est financé par l'ARS qui est
04:36spécifiquement
04:38adressé à ces personnes qui veulent se sortir du camsex parce que ça existe.
04:41Mais de la prévention, dans quel cadre ? Parce que vous disiez tout à l'heure que beaucoup de jeunes
04:46avaient connaissance de ces pratiques, est-ce qu'il faut
04:49adapter ces campagnes de prévention ?
04:51Oui, ça peut être sous différentes formes, ça peut être effectivement en milieu scolaire, puisqu'il y a maintenant un problème
04:58d'éducation à la vie affective et sexuelle, ça peut être dans ce cadre-là, ça peut être nous aussi sur les réseaux sociaux,
05:05on peut aussi prendre ce vecteur-là pour toucher les jeunes, et puis tout ce qui est affichage
05:11classique.
05:12Les associations aujourd'hui ne s'en chargent pas, les associations qui s'occupent justement de tout ce qui est éducation sexuelle, santé sexuelle,
05:19les associations qui interviennent sur les IST, les maladies sexuellement transmissibles, il faut vraiment une volonté gouvernementale pour aller au-delà ?
05:24Oui, je pense qu'il faut une volonté gouvernementale, que j'appelle de mes voeux bien évidemment, parce que les associations resteront toujours, et c'est normal, dans leurs couloirs,
05:33et s'adresseront uniquement
05:35aux personnes intéressées et non pas au grand public.
05:37Et il n'y a pas lieu de faire évoluer la loi, selon vous, là-dessus ? Puisqu'on retourne sur la loi sur les
05:44narcotrafics,
05:46dont on parle beaucoup ces temps-ci, la loi sur les stupéfiants de manière générale, on ne peut pas faire évoluer la loi de toute manière pour
05:51encadrer cette pratique ?
05:52C'est très difficile, parce que là on traite deux sujets en même temps, la drogue, mais aussi
05:57l'hypersexualité, si j'ose dire, on mélange l'intime et l'illicite, donc c'est difficile, mais déjà si on savait exactement
06:05combien de personnes pratiquent le camsex, et puis aller sur les lieux où ça se pratique pour
06:10faire de la prévention, encore et toujours.
06:12C'est en tout cas tout ce que vous avez mis dans cette proposition de résolution
06:15qui doit être examinée aujourd'hui, ça dépendra du calendrier de l'Assemblée, vous avez bon espoir que ce soit...
06:19J'y crois, ce soir,
06:21probablement après 21h, oui, mais ce soir.
06:23Proposition de loi qui est à proposition de résolution,
06:26qui a été signée par ailleurs par d'autres députés, pas uniquement dans votre groupe parlementaire, Brigitte Lizeau, merci beaucoup
06:32de nous avoir présenté ce texte ce matin sur ICI Nord, vous êtes députée renaissance, je le rappelle, du Nord. Bonne journée !
06:38Merci !