Sébastien Fraisse, président du directoire Indigo, invité de fanceinfo le 28 mars 2025
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Bonsoir à toutes et à tous, à quoi ressembleront les parkings dans le futur ?
00:08Quelle sera leur place dans nos villes ? Bonsoir Sébastien Fressin, vous êtes président du
00:12directoire du groupe Notamment de Parking Indigo, présent dans Dippéry, 1 700 000 places de
00:19stationnement gérées dans le monde, 650 parkings en France. Vous publiez aujourd'hui vos résultats
00:24pour 2024, chiffre d'affaires en hausse de 10 %, 923 millions d'euros, résultat opérationnel en
00:30hausse de plus de 38 %, le groupe se porte bien ? Le groupe se porte bien et c'est le fruit à la
00:35fois de notre performance opérationnelle, puisque effectivement l'ensemble des équipes sont
00:38mobilisées, c'est 10 200 personnes à travers le monde, et puis c'est aussi le fruit de choix
00:43stratégiques que nous avons fait il y a quelques temps, qui payent, et qui consiste notamment par
00:47quelques acquisitions que nous avons pu réaliser en 2024 dans nos différents pays. Pas juste les
00:52parkings, il y a eu la pandémie, le télétravail, aujourd'hui c'est quoi votre fréquentation ? Tous
00:57les clients sont revenus ? Oui, les clients sont globalement revenus, avec effectivement quand même
01:01du contraste entre les villes, entre les pays, en fonction de la taille des villes. Dans les plus
01:06grandes villes, tous les clients ne sont pas revenus, on peut parler par exemple du cas de
01:10Paris ou des grandes métropoles, mais globalement tous les clients sont revenus assez rapidement pour
01:15la plupart des pays, à l'exception du Canada, où ça a pris un peu plus de temps. Et vous savez
01:19pourquoi, ou pas d'explication forcément ? Le Canada s'est revenu un peu plus tard, parce que le
01:24gouvernement, notamment au Québec, avait décidé des mesures de confinement et de télétravail
01:29obligatoires beaucoup plus long que dans la plupart des autres pays. Certaines villes veulent
01:33moins de voitures, est-ce que ça a un impact pour vous ? Je dirais même que la plupart des villes
01:38veulent moins de voitures, et la manière dont ça s'exprime en termes de projets, ça peut
01:43différer d'une ville à une autre. On a certaines villes moyennes, par exemple, qui souhaitent
01:46reconquérir leur surface, on peut le comprendre. Ils sont comme ailleurs désireux d'avoir des belles
01:51terrasses de café plutôt que des parkings de voitures, et donc on est amené à construire de
01:54nouveaux parkings dans ces villes. Et puis dans les plus grandes métropoles déjà bien équipées,
01:57comme Paris et d'autres, bien entendu, la question est un peu différente, et il s'agit là encore de
02:02réduire la place de la voiture en surface pour en accueillir davantage dans les parkings.
02:06Je voudrais qu'on parle dans un instant de la façon dont vous voyez le parking du futur avec
02:10notamment les enjeux de transition énergétique. Mais d'abord, dans l'actualité très récente,
02:15qu'est-ce que vous pensez de la suppression en commission, seulement je précise, par les députés
02:19des ZFE, les zones à faible émission dans certaines villes ? Oui, alors nous on a un regard un peu
02:24particulier sur le sujet, puisqu'on pratique déjà les ZFE dans beaucoup de nos pays européens,
02:28notamment en Espagne ou en Belgique. Ces choses sont déjà déployées depuis pas mal d'années et
02:33fonctionnent. Il appartient évidemment aux législateurs français de prendre ces décisions.
02:38Ce qu'on constate de toute façon, c'est qu'il y a un mouvement pour davantage de régulation en
02:42termes de trafic routier dans les villes. Encore une fois, ça ne dépend pas seulement de la taille
02:45des villes. Et donc ce mouvement-là, ZFE ou pas, il aura vocation à s'imprimer sous des formes
02:50différentes de zones à trafic limité dans certaines villes ou tout simplement, comme on le
02:54voit en Italie, l'interdiction à des chœurs de villes au bénéfice de plateaux piétonniers.
02:58Quel impact ça a eu justement dans ces autres pays européens où vous êtes présent, où ça a été mis
03:03en place ? On n'a pas véritablement eu d'impact, on a eu à contribuer beaucoup, notamment dans les
03:07villes où on est également en gestion du stationnement voirie, puisque ça s'est beaucoup
03:11concrétisé par la suppression de places en voirie également. On a eu besoin véritablement d'accueillir
03:17de nouveaux types de clientèles qui ne pouvaient pas aller plus loin. On dut se garer dans des
03:21parkings, ce qu'ils ne faisaient pas auparavant. Donc on est finalement progressivement sur le rôle
03:26de parc relais, qu'on connaît bien nous près des gares, mais qui se développe sur ces villes quand
03:30il y a besoin d'inciter à des comportements différents. La question est vaste. Vous avez 650
03:35parkings en France, mais comment ça se passe pour votre tarif ? Quelle évolution de votre
03:38politique tarifaire ? Il n'y a pas de politique tarifaire proprement dit d'Indigo en France. Pour
03:42une raison simple, c'est qu'à chaque contrat, chaque parking a sa logique. Il faut que tout le monde
03:46sache bien qu'en France, par exemple, sur nos 650 parkings, il y en a à peu près 85% qui sont
03:51opérés au titre de délégation de services publics, qui nous sont donc confiés par les villes, qui
03:55restent propriétaires et qui restent notamment en décision complète sur la politique tarifaire.
03:59Donc la politique tarifaire locale, elle dépend du choix de la ville. Évidemment, elle est en lien à
04:04pas mal de paramètres, notamment, j'allais dire, le paramètre politique. Qu'est-ce qu'on veut faire
04:08en termes de politique de mobilité ? Qu'est-ce qu'on veut inciter comme comportement ? Qu'est-ce
04:12qu'on veut dissuader ? C'est comme ça que la règle tarifaire est bâtie. Je lisais dans une interview
04:15que vous disiez viser 8000 bornes de recharge pour les voitures électriques dans vos parkings d'ici
04:21fin 2025. Où en êtes-vous ? On a dépassé les 6000 en France. Effectivement, on a cet objectif à 8000.
04:27On est même au-delà des 10 000 dans le monde. Donc 6000 points de charge qui ont été déployés en
04:32peu d'années. C'est une véritable performance. Peu spectaculaire par rapport à la construction
04:37d'un parking, mais je pense qu'en termes de réalisation technique et surtout administrative,
04:40c'est une véritable performance. Et donc les 8000 d'ici la fin de l'année, ça va être possible ?
04:45Ce sera tenu. On a fait le plus gros, j'allais dire. C'est un enjeu, ça, pour vous, la question ?
04:49C'est un très gros enjeu. Et pour vos clients, d'ailleurs ? Absolument, c'est un très gros enjeu.
04:52Pour nous, l'enjeu, il est lequel ? Il est d'adapter nos parkings aux nouvelles formes de mobilité.
04:56Les véhicules électriques, qui sont dans certaines géographies incitées, voire obligatoires, peut-être,
05:01un jour. Donc il faut être capable d'accueillir quand même nos clients qui ont besoin de cet outil
05:06de mobilité qu'est la voiture. Et puis, c'est aussi, quand je parlais d'évolution de mes ouvrages,
05:09de plus en plus d'offres pour accueillir, par exemple, les vélos. C'est quelque chose d'assez
05:13nouveau. Il y a quelques années, on n'aurait jamais évoqué ce point-là, mais on a de plus
05:17en plus de parcs à vélos sécurisés dans nos parkings souterrains. Et tous les citadins qui
05:21ont fait le choix du vélo trouvent là de quoi garer le vélo parce que ce n'est pas toujours
05:24simple à domicile. Et vous investissez vous-même, Indigo, dans les mobilités douces ?
05:27On investit considérablement dans les mobilités douces, et y compris, on parlait de l'exercice 2024.
05:32On a, en fin d'année, décidé d'acquérir 100% du capital de Smovengo. On était juste là,
05:36actionnaire minoritaire. Smovengo, c'est l'opérateur du fameux service Vélib.
05:40Les vélos parisiens en libre service.
05:41Les vélos du Grand Paris en libre service. Le plus grand service de vélos partagé au monde
05:47en termes de courses. Je rappelle que 2024, par exemple, pour Vélib, c'est 49 millions de courses.
05:51C'est absolument considérable. C'est là encore une performance au quotidien pour apporter ce
05:56service à tous ces clients.
05:57Et vous avez un objectif pour 2025, pour Vélib ?
06:00L'objectif, c'est de faire de plus en plus, j'allais dire, de courses, d'être au service,
06:04tout simplement, de la collectivité. On a vocation à avoir un service qui fonctionne.
06:08Ce n'est pas toujours simple. Il est parfois victime de son succès. Aux heures de pointe,
06:10on sait que c'est tendu. Il y a beaucoup d'abonnés. On a 470 000 abonnés. Tout le monde veut
06:14parfois le vélo en même temps. C'est compliqué.
06:16Allez, on parlait du parking du futur. Vous vous lancez dans la transformation dans de
06:19vos parkings parisiens. Le parking Foch, plus de 2000 places. C'est près de la place de
06:24l'étoile pour, je cite, répondre aux défis de la logistique urbaine et favoriser la mobilité
06:30décarbonée. Ça peut paraître paradoxal, décarbonation et parking.
06:34Concrètement, qu'allez-vous faire ?
06:36Concrètement, notre point de départ, c'est de considérer qu'avec les parkings, nous avons en
06:40main un nombre d'infrastructures absolument considérable, au plus près des besoins des
06:45citadins. L'approvisionnement de la ville est un véritable défi pour les politiques locales.
06:51Et donc, on considère que l'intégration d'activités logistiques dans le tissu urbain va
06:58nécessiter de l'innovation immobilière.
07:00Où est le foncier ? Où est-ce qu'on peut installer ces plateformes de logistique ?
07:03C'est très compliqué. Imaginez au cœur de Paris.
07:05On considère que ces parkings souterrains peuvent, moyennant une grosse, parfois,
07:09adaptation, bien entendu, peuvent accueillir ces nouvelles activités.
07:13Vous transformez un de vos parkings parisiens en plateforme logistique dans le 12e arrondissement
07:16près de Bercy. Il y en a d'autres ?
07:18Oui, au total. On a d'ores et déjà, avec trois projets, effectivement, près de Bercy.
07:23Vous avez évoqué le parking Foix, qui est le troisième en préparation.
07:25Environ 20 000 mètres carrés au total que nous allons complètement transformer en plateforme
07:29logistique. Ce sera déjà une très, très belle étape.
07:32Ça n'a jamais été réalisé.
07:34Et puis, bien entendu, sa vocation, après, a prospéré en fonction des besoins locaux,
07:39ville par ville. Évidemment, les villes les plus denses et les plus importantes sont les
07:43premières concernées.
07:43Mais est-ce que ça veut dire qu'à plus long terme, vous allez moins miser sur la voiture ?
07:48Ce n'est pas une question de miser sur la voiture.
07:50On continuera d'accueillir autant que nécessaire les voitures, mais on considère des parcs
07:55qui ont été construits parfois il y a très longtemps, vont être progressivement
07:57surdimensionnés par rapport aux besoins stricts de stationnement, que ce soit voiture,
08:00encore une fois, vélo ou parfois de roues motorisées.
08:02Il serait bien dommage de ne rien faire avec ces surfaces, alors qu'en même temps, il y a
08:07des activités au service des villes qui cherchent à s'installer, qui n'y parviennent pas,
08:11puisque le foncier est évidemment très contraint.
08:13Et donc, on pense qu'on a une petite partie de la réponse à cette problématique avec nos
08:17parkings souterrains.
08:18Vous avez des objectifs chiffrés pour Paris, puisqu'on parle beaucoup de la capitale.
08:21Oui, on a des objectifs chiffrés en se projetant à terme.
08:24On devrait avoir au moins 10% de nos activités parisiennes qui seront tirées
08:29justement de ces nouvelles activités, ce qui est considérable.
08:31On part de quasiment zéro il y a encore peu.
08:34Donc, c'est un très beau défi qui est face à nous.
08:37Est-ce que vous parliez de vos 10 200 collaborateurs ?
08:40Double question, est-ce que vous recrutez et est-ce que vous arrivez à recruter ?
08:44Alors, nous recrutons tous les jours et en permanence et dans tous nos pays.
08:48Et ça, on est extrêmement fiers.
08:49Est-ce que nous arrivons à recruter ?
08:50La réponse est oui.
08:52Alors, on ne peut pas aller dans l'étage de chaque pays.
08:54Est-ce que certains métiers sont parfois plus difficiles de trouver des moyens humains ?
08:57Oui, c'est vrai.
08:58Alors, nous avons fait le choix, je vais revenir à la France.
09:00Effectivement, on a des métiers, ce que j'appellerais qualifiants,
09:03c'est-à-dire qu'on va chercher des populations non diplômées,
09:06parfois déscolarisées assez tôt et nous leur apportons un parcours professionnel.
09:10On leur apprend un métier, on leur apprend la gestion, on leur apprend le management.
09:13On délivre des diplômes qui sont reconnus par l'État.
09:16Et donc, on est très, très fiers de ça, parce qu'on considère que ça fait aussi partie du rôle d'une entreprise,
09:20et notamment la nôtre, qui est au cœur des cités, que d'apporter ce plus.
09:25Merci beaucoup Sébastien Fresse, président du directoire du groupe Indigo.
09:29Vous êtes ce soir l'invité Echo de France Info.