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00:00Vous êtes évidemment un des grands spécialistes en France de ces affaires criminelles,
00:04et puis vous avez animé de nombreuses émissions depuis la nuit des temps.
00:08Je disais, le ressort numéro un, c'est le mystère quand même.
00:12S'il n'y a pas de mystère, il n'y a pas d'intérêt.
00:15Il y a quand même un moment où le serpent se mord la queue,
00:18c'est-à-dire à partir du moment où les journalistes utilisent une histoire, ça passionne tout le monde.
00:24Ce n'est pas parce que ça passionne tout le monde que le journalisme en parle.
00:27Il y a un moment aussi où tout ça se mord la queue, à mon avis.
00:30Oui, mais ça c'est intéressant ce que vous dites.
00:33Est-ce que vous pensez que n'importe quelle histoire passionnerait la France ?
00:39Je n'en suis pas persuadé.
00:40Le ressort, si on fait de l'affaire de Minnissi, l'affaire Marie-Bénard,
00:46l'affaire de Bruyant-Nartois, l'affaire évidemment du petit Grégory et l'affaire Émile,
00:53il y a un point commun sur ces cinq affaires, me semble-t-il,
00:56c'est le mystère, c'est l'énigme.
01:00L'affaire de Minnissi, on ne sait toujours pas l'affaire de Minnissi.
01:04Mais vous parliez de Bruyant-Nartois, c'est bien parce que Libération à l'époque,
01:07et tout un tas de médias décident que c'est super important, que ça devient important.
01:11Je veux quand même vous rappeler que les chaînes d'info continue ont fait d'une affaire sans intérêt,
01:16qui était l'affaire d'Aval, une affaire nationale.
01:19L'affaire d'Aval, qui est l'histoire d'un mec qui touche sa femme, n'a aucun intérêt supplémentaire.
01:23Moi, je ne partage pas du tout votre avis, mais pardonnez-moi, c'est là qu'on ne va pas être d'accord,
01:29l'affaire d'Aval, pendant longtemps, il nie et il participe aux recherches avec sa belle-famille de celle qu'il a tuée.
01:39Donc vous avez un scénario là-dedans.
01:41Oui, Pascal, moi je raconte tous les jours des histoires comme ça, qui n'ont intéressé personne.
01:45Des histoires où le mari nie, participe aux obsèques, pleurniche et ensuite se trouve être le coupable,
01:52c'est d'une banalité.
01:54Donc vous pensez que c'est la presse, en l'occurrence, qui a fabriqué l'affaire d'Aval ?
01:59Vous ne pensez pas qu'il y avait une demande d'intérêt pour cette histoire ?
02:02C'est BFMTV qui a fabriqué l'affaire d'Aval.
02:05Pour une raison très simple, il y a un journaliste de BFMTV qui habite juste en face de chez la sœur d'Alexa Daval.
02:12Et c'est ça qui a tout enclenché.
02:14L'affaire d'Aval n'avait aucun intérêt supplémentaire par rapport à toutes les histoires que je raconte.
02:18Et l'affaire Emile, alors, pour vous, elle a un intérêt ?
02:21Dans l'échelle, d'une certaine manière, de l'intérêt ?
02:25Alors, on parle de cela, il y a quand même la mort d'un enfant.
02:28Donc, respectons ce souvenir, cette mémoire.
02:32C'est l'enfant qui change tout.
02:34C'est l'enfant qui change tout ?
02:36Oui, pour moi, oui.
02:37C'est l'enfant, tout petit.
02:39Son nom, c'est tout bête, mais Emile Soleil.
02:42Ces deux photos, on n'en a pas d'autres qu'on a de lui.
02:45Dont une avec cette petite pâquerette, enfin, il y a une marguerite, quelque chose accrochée à son oreille.
02:51Oui, il y a quelque chose dans son oeil, je suis d'accord.
02:53Qui ressemble à du soleil.
02:55Donc, voilà, cet enfant nous touche.
02:57Mais ne mélangeons...
02:59Enfin, moi, ce que je répète depuis des années, c'est que contrairement à ce qui est dit tout le temps,
03:05le fait divers ne passionne pas les foules.
03:09Il passionne les gens, mais pas les foules.
03:12Et j'ai toujours un argument, et les gens s'inclinent en disant
03:15« Ah ben oui, vous avez raison, si le fait divers passionnait les foules, il y aurait une émission sur TF1. »
03:21Et il n'y en a pas.
03:23Mais, moi, je ne partage pas votre avis.
03:25Vous savez pourquoi il n'y en a pas ?
03:27Parce qu'il n'y en a pas assez, c'est tout.
03:29Il n'y en a pas assez de faits divers.
03:31Moi, j'en ai raconté 1200, Pascal.
03:35Mais ils ne sont pas à la hauteur de l'affaire Grégory.
03:37L'affaire Grégory passionne les foules, je suis désolé.
03:41Mais, là où vous avez raison,
03:43c'est que des affaires Grégory,
03:45il y en a une toutes les 40 ans.
03:47Et c'est pour ça qu'il n'y a pas d'émission sur TF1.
03:51Mais ne me dites pas que l'affaire Emile ne passionne pas les foules.
03:54Je dis que oui, elle passionne les foules,
03:56mais aussi parce que nous les passionnons.
03:58Si vous voulez, c'est le sport.
04:00Oui, effectivement,
04:02mais là, on ne saurait jamais,
04:04c'est l'œuf et la poule.
04:06Voilà, exactement.