"Ce qu’on veut, c’est remplacer l’agriculture de masse par une masse d’agriculteurs". Une ferme à "échelle humaine" et rentable, c’est ce qu’a créé le québécois Jean-Martin Fortier qui souhaite montrer qu’une révolution agricole est possible.
Brut nature l’a rencontré.
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00:00L'idée, c'est de multiplier le nombre de petites fermes.
00:02Ce qu'on veut, c'est remplacer l'agriculture de masse
00:05par une masse d'agriculteurs qui font une agriculture de bienveillance.
00:09Quand on vient sur ma ferme, il y a deux choses que les gens sont absolument captivés totalement.
00:33Premièrement, la beauté de l'endroit.
00:35Donc, c'est un endroit où il y a un étang, des niches écologiques,
00:39pour les couleuves, pour les oiseaux.
00:41Il y a des légumes qui poussent sur chaque mètre carré.
00:43On a maximisé l'espace de production et c'est aussi très petit.
00:48C'est à peu près la grosseur d'un terrain de foot et on réussit,
00:51même si la ferme est sur une petite surface cultivée,
00:54donc moins d'un hectare, on réussit à bien gagner notre vie.
00:57On génère jusqu'à 100 000 $ de revenus par hectare de légumes produits.
01:02Donc, tu sais, c'est vraiment un modèle petit, mais très rentable, très performant.
01:06Puis on réussit à avoir un impact dans notre communauté.
01:09Ça, c'est ce qui était important.
01:22L'élément qui fait que notre ferme fonctionne bien, c'est qu'on n'a pas de tracteur.
01:25Donc, un hectare, quatre employés, plus de 200 personnes qu'on nourrit.
01:31Donc, si on multiplie cette ferme-là par 10 000,
01:34ça serait comme une contribution à l'emploi importante,
01:37surtout si c'est des emplois en région, surtout si c'est des emplois intéressants.
01:40Tous les gens qui, aujourd'hui, sont dans un cubicule, sont dans une ville,
01:46souvent, pas tout le temps, mais souvent, c'est des emplois qui sont peu intéressants pour eux.
01:51Ça, c'est aussi la nuance.
01:52C'est nous, dans notre modèle d'agriculture, on appelle ça de l'agriculture à échelle humaine.
01:57Moi, quand je suis dans le champ, ma journée, c'est d'écouter les oiseaux,
02:02c'est d'être avec mes collègues, c'est, comme je disais, de faire de l'écologie appliquée.
02:07Mais c'est diversifié. Je vais ramasser des carottes, je vais ramasser des radis.
02:11Après ça, je vais aller faire un semi, je vais aller préparer le sol, je vais aller conditionner les légumes.
02:16Dans ma journée, il n'y a pas de monotomie.
02:19C'est parce qu'on a une ferme diversifiée, parce qu'on a une petite ferme,
02:22on est toujours en train de varier les tâches.
02:25Puis d'aller aussi vendre nos légumes directement avec des gens qui viennent nous remercier,
02:30qui nous disent «merci pour la salade», «merci pour les belles carottes», «merci pour le beau travail».
02:35Donc tout ça, dans une journée, dans une semaine, fait en sorte que moi,
02:39je trouve que mon métier, il est coloré, il est dynamique, il est agréable,
02:42même si c'est difficile, même si on travaille dur.
02:46Je pense que c'est un acte politique de prendre, j'allais dire les arbres, mais c'est pas ça,
02:52de prendre les fourches, de mettre ses bottes de caoutchouc, puis d'aller au champ.
02:56Oui, c'est le retour en avant, c'est mener par l'exemple, c'est arrêter de rouspéter,
03:03puis de faire les tchéguéverottes, c'est le retour en avant.
03:06C'est le retour en avant, c'est le retour en avant.
03:09C'est le retour en avant, c'est le retour en avant.
03:12Mener par l'exemple, c'est arrêter de rouspéter, puis de faire les tchéguéverottes de salon,
03:16puis se dire «moi, j'ai un impact, je contribue, je suis un acteur de changement,
03:22je suis un agriculteur, je suis fier, je fais un beau métier,
03:26puis je contribue à un monde meilleur».
03:29Puis ça, je pense que c'est important, puis c'est ça le message qu'il faut donner
03:34pour que des jeunes s'y intéressent, pour que des gens fassent le pas,
03:37qu'ils deviennent des révolutionnaires agricoles.
03:40Donc on est rendu là aujourd'hui, puis il faut que ça s'accélère.
03:44Souvent, il y a des doutes qui sont émis sur «est-ce que les micro-fermes peuvent nourrir le monde?»,
03:49«est-ce que la France peut être nourrie par la multiplication des petites fermes?».
03:53Trois choses. Premièrement, déjà aujourd'hui, dans le monde,
03:57c'est les fermes familiales qui nourrissent la planète.
04:00Tous les rapports de l'ONU le disent, donc c'est comme un mythe
04:03que c'est la grosse agriculture industrielle qui nourrit le monde.
04:07Deuxièmement, c'est une fausse question.
04:12On s'en fout de nourrir le monde, ce qu'on veut, c'est nourrir la communauté.
04:15Ce qu'on veut, c'est nourrir le restaurant du coin.
04:18Ce qu'on veut, c'est faire partie d'une biocoop.
04:22Donc il faut arrêter de voir trop large.
04:25C'est une ferme à la fois, c'est une communauté à la fois.
04:29Puis troisièmement, le modèle aujourd'hui, c'est un cul-de-sac.
04:34Donc il faut essayer autre chose.
04:37Mais ce qui est beau, c'est ce qui me porte dans mon travail, dans mon message,
04:41c'est que notre modèle de micro-ferme se multiplie
04:45à une vitesse quand même intéressante.
04:48Les gens appliquent les méthodes, appliquent les techniques, appliquent les idées
04:51dans un modèle qui permet à plusieurs personnes d'avoir une ferme.
04:57C'est ça qui est beau.
04:58C'est qu'on peut s'établir sans avoir un parc de machinerie,
05:01on peut s'établir sans avoir 50 hectares,
05:04on peut louer une terre, on peut faire l'agriculture en ville.
05:07Quand on travaille avec des outils manuels,
05:09c'est ça qui permet finalement de rendre le métier accessible.
05:13Puis ce que je prédis, c'est que dans un avenir proche,
05:16il va y avoir ce qu'on appelle le tipping point,
05:19où est-ce que les anciens agriculteurs agrochimiques veulent prendre leur retraite.
05:25Personne ne veut prendre la relève d'une ferme qui pollue,
05:30d'une ferme porcine qui n'est finalement pas très intéressante à administrer ni à gérer.
05:36Donc tous les jeunes qui veulent faire l'agriculture écologique,
05:40éventuellement, je pense que notre nombre va augmenter.
05:43Puis quand il va y avoir le point de bascule,
05:45j'espère que les politiques et nos élus vont favoriser ce modèle agricole-là.
05:51Ça, c'est ce que j'espère, c'est ce que je travaille pour.
05:55Puis on a besoin des gens dans cette mission-là.