"Je suis hyper fière de ce que j'ai fait."
Elle a marqué l'histoire du tennis français. Sa carrière extraordinaire, la violence qu'elle a vécue après son coming out, sa nouvelle vie de directrice de #RolandGarros… Pour Brut, Amélie Mauresmo raconte son histoire.
Pendant deux semaines, Brut couvre l'actu et les coulisses du tournoi de Roland-Garros.
Elle a marqué l'histoire du tennis français. Sa carrière extraordinaire, la violence qu'elle a vécue après son coming out, sa nouvelle vie de directrice de #RolandGarros… Pour Brut, Amélie Mauresmo raconte son histoire.
Pendant deux semaines, Brut couvre l'actu et les coulisses du tournoi de Roland-Garros.
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00:00C'est génial de gagner un titre du Grand Chlem, j'espère que ce premier n'est pas le dernier.
00:06C'est rigolo, mais je m'en souviens très très bien de ce moment.
00:09C'était une des premières émotions vraiment intenses que j'ai vécues sur un terrain.
00:13De le vivre ici à Roland-Garros, c'était juste fantastique.
00:30J'ai même pas si c'est l'envie de jouer au tennis ou l'envie de ressentir ce qu'il ressentait.
00:52Il fait passer tellement d'émotions quand il joue au tennis, quand il chante,
00:56quand il est là, même juste dans une pièce.
00:58Je pense que la petite fille que j'étais a ressenti ça et a eu envie de vivre ces émotions-là.
01:04Et peut-être que le tennis était presque l'outil qui allait me permettre de vivre ça.
01:19Qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui à cette jeune femme ?
01:22C'est pas facile comme question parce que je voudrais pas lui enlever son insouciance
01:27parce que je pense que ça porte énormément.
01:29Et ça permet justement, je vois bien dans les propos que j'ai, que c'est open,
01:34que je me dis que ça va arriver facile, etc.
01:37Mais par contre, je lui dirais de commencer à bosser vraiment un peu plus tôt.
01:46Pendant cette compétition, elle révèle aussi son homosexualité.
01:50De quoi faire réagir non seulement la presse grand public française,
01:53mais aussi les magazines s'adressant à la communauté homosexuelle.
01:56J'ai subi des critiques, il y a eu le déferlement en 99, il y a eu beaucoup de choses.
02:00J'ai pris tout ce que j'ai pris de pleine face et c'était avec la violence qui allait avec.
02:04Mais à l'époque, c'était différent.
02:07Pour moi, c'était presque un non-sujet en fait.
02:09Et j'étais naïve de penser ça d'ailleurs.
02:11Je l'aurais peut-être pas fait de la même façon et je me serais préparée sûrement autrement.
02:15En tout cas, je n'étais pas préparée du tout en fait.
02:18Et ça m'a vraiment isolée et ça m'a impactée sur tout le reste de ma relation à la presse.
02:23Même encore aujourd'hui, je pense.
02:26Mais vous le referiez aujourd'hui ?
02:28Ouais, je le referais.
02:31Certes, avec moins d'insouciance, etc.
02:34Mais je le referais parce qu'au final, je suis très contente de l'avoir fait.
02:37Ce qui n'était pas un non-sujet à l'époque.
02:40Et pour le coup, 24 ans après, je pense qu'on est presque sur un non-sujet pour ceux qui le font maintenant.
02:48C'était un moment clé, un moment d'émotion encore plus intense que toutes les autres victoires.
03:14Et puis l'accomplissement d'un rêve.
03:17Le moment le plus difficile de votre carrière ?
03:20Il y en a eu quelques-uns ici, sur ce central de Roland-Garros.
03:25Parce que j'ai eu souvent des désillusions dans ce tournoi.
03:29Notamment les années, je ne me souviens plus lesquelles, mais où je pars parmi les favorites.
03:35Et je n'y arrive pas.
03:38Justement, je pense que tous ces rêves d'enfant, ils ont bloqué la machine à un certain moment.
03:44Je n'ai pas réussi à trouver les clés mentalement pour faire en sorte de jouer mon meilleur tennis ici, à domicile.
03:49Franchement, je ne changerais rien.
03:50Parce que chaque étape, même si je peux me dire, allez à Roland, j'aurais préféré faire mieux.
03:54Mais en fait, chaque étape que je vivais ici, elle me renforçait aussi pour le reste.
03:57Donc au final, je suis très contente.
04:00Je suis hyper fière de ce que j'ai fait.
04:01C'est un parcours incroyable.
04:03J'étais bien au-delà de ce que je pouvais imaginer.
04:06Jeune, enfant, c'est important pour moi de pouvoir me dire que je fais partie de ces athlètes qui ont marqué les gens.
04:13Je pense que je suis rentrée pendant une certaine période dans leur quotidien à certains moments.
04:18Ils se sont projetés un peu dans ce que je faisais.
04:20Et ça, je trouve que c'est sympa.
04:33Voilà, c'est un peu émouvant.
04:36Moi, je n'ai pas trouvé ça dur du tout d'arrêter.
04:38Au contraire, pour moi, c'était un soulagement.
04:40J'arrivais à une période de ma carrière.
04:42J'avais 30 ans.
04:44Je ne pensais plus être capable de gagner un grand chelem.
04:47J'avais beaucoup de mal à faire les efforts au quotidien, à l'entraînement, pour pouvoir être opérationnelle physiquement.
04:52Et même mentalement, ou tennistiquement, sur le cours en compétition.
04:57Donc c'était vraiment quelque chose qui s'est imposé à moi, cette décision d'arrêter.
05:03L'Ecossais est désormais conseillé par une femme.
05:06Du jamais vu à ce niveau dans l'histoire du tennis mondial.
05:10Il voulait vraiment avoir une femme à ses côtés.
05:12Il a été formé par sa mère.
05:14Il sentait qu'il allait avoir plus de facilité à s'exprimer auprès d'une femme.
05:18Pour se livrer, je dirais, vraiment.
05:20Puis il y avait d'autres choses aussi, plus de tennistique, etc.
05:22C'était un vrai challenge.
05:23Alors, ça a été très compliqué au début.
05:25Mais après, ça s'est amélioré.
05:28Il y avait beaucoup de scepticisme dans le milieu.
05:31Donc voilà, on a fait un beau chemin.
05:33Et je pense que là aussi, les barrières, elles sont un peu tombées.
05:39Oui, ça me manque un petit peu.
05:41Mais je ne peux pas dire que ça me manque vraiment.
05:43Parce que je sais très bien que pour être sur le terrain,
05:45c'est très difficile d'être sur le terrain.
05:47C'est très difficile d'être sur le terrain.
05:49C'est très difficile d'être sur le terrain.
05:51C'est très difficile d'être sur le terrain.
05:53C'est très difficile d'être sur le terrain.
05:55Je sais très bien que pour être sur le terrain,
05:57pour être entraîneur, notamment d'un joueur ou d'une joueuse,
06:00il faut voyager beaucoup.
06:02Et ça, je sais que ce n'est plus d'actualité pour moi.
06:04La vie de voyageuse et de globetrotter, elle est derrière moi.
06:07En tout cas, aujourd'hui, ce n'est pas quelque chose
06:09que j'ai envie de reproduire.
06:11On ne sait jamais. Je me dis que peut-être un jour, ça repartira.
06:13Mais non, je m'éclate dans ce que je fais en tant que directrice
06:15du tournoi de Roland-Garros.
06:17C'est un vrai challenge de nouveau.
06:19Des facettes de l'événement où je ne connaissais rien.
06:23Aujourd'hui, j'apprenne sur le tas beaucoup de choses.
06:25J'ai envie que de plus en plus de monde puisse vivre Roland-Garros.
06:28Je ne suis pas naïve non plus.
06:30Je sais très bien que si vous voulez aller voir la finale
06:32sur le Philippe Châtrier, ça a un coût.
06:34Mais on essaie de proposer aussi d'autres choses
06:36qui ont moins de coût.
06:38Et puis d'amener un nouveau public aussi.
06:40Parce que le tennis, on a besoin d'avoir encore plus de jeunes
06:42qui viennent, qui se rendent compte
06:44qu'il y a des émotions à vivre.
06:46C'est ça que j'ai toujours envie de véhiculer,
06:48ces émotions-là.