A l’occasion d’une manifestation des soignants pour de meilleures conditions de travail, Brut a interrogé une manifestante sur son quotidien.
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00:00Comment ça se passe aujourd'hui à l'hôpital ?
00:02Aujourd'hui à l'hôpital, c'est un travail de 12 à 14 heures par jour par personnel.
00:07Voilà, c'est ça aujourd'hui.
00:09C'est aucune prise de repas et de pause, c'est ça l'hôpital aujourd'hui.
00:14Il y a des patients, vous le savez, dans les urgences, qui restent sur des brancards 10-12 heures.
00:18Il y a des patients qui attendent leur affectation après les urgences pour aller dans un lit.
00:23Il y en a, selon les hôpitaux, ça met 48 heures.
00:25La colère est d'autant plus grandissante que suite à la période Covid où on a subi des fermetures de lits, 17 000 lits.
00:32Aujourd'hui, il y a une continuité qui continue donc à fermer des lits, à fermer des services,
00:37et particulièrement les urgences et les maternités.
00:39Et là, on est révoltés parce que nous, on sait très bien, les soignants,
00:43qu'on est en train de mettre la population en danger.
00:46En fermant d'autant plus de lits, en supprimant autant d'emplois,
00:50on sera encore obligés de sélectionner les malades.
00:53Et on sait qu'il y aura des morts.
00:56Et là, sur le plan éthique de nos métiers, sur le plan éthique de la prise en charge, c'est inadmissible.
01:01Vous dites qu'on sait qu'il y aura des morts,
01:03c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est dans une situation qui est toujours catastrophique.
01:06Elle est tendue, elle est plus que tendue la situation aujourd'hui.
01:09On n'a pas assez de personnel.
01:11Il faut réintégrer les suspendus.
01:13Déjà, on aura du personnel.
01:15Il faut faire revenir tous ces jeunes qui sont partis pendant la période Covid
01:19en rendant attractif l'hôpital.
01:21En augmentant les salaires, en donnant accès à la formation,
01:24en embauchant, en créant les conditions, d'améliorer les conditions de travail.
01:35Non seulement c'est insuffisant, mais en plus, c'est inégal.
01:39Les 183 euros, même si c'était une mesure,
01:42elles n'ont pas été distribuées à tout le monde.
01:45Il y a énormément de corps professionnels qui n'en ont même pas vu la couleur.
01:50Alors que tout le monde a travaillé dans la période Covid.
01:53Et ensuite, pourquoi ce n'est pas suffisant ?
01:55Parce que nous avons des salaires tellement bas
01:57qu'en fait, on aurait besoin tout de suite d'une augmentation.
02:03Bien sûr, parce que ça manque d'attractivité.
02:06Et ils quittent l'hôpital public, non pas parce qu'ils ne veulent plus faire ces métiers-là.
02:11Je vous le redis.
02:12Tous ceux qui sont partis depuis la nuit, c'est parce qu'ils ont mal vécu la période Covid,
02:16qui n'a pas été géré dans les bonnes conditions.
02:18Avant, on avait les urgences.
02:20On dispatchait dans nos services.
02:22On avait toujours ce qu'on appelait des lits identifiés, dédiés en cas de coup dur.
02:29Une catastrophe naturelle, je ne sais pas quoi.
02:32Une catastrophe.
02:33Et on avait toujours des lits pour accueillir en urgence.
02:35Et bien, même ces lits-là, ils sont fermés.
02:37Les diagnostics ont été faits dans tous les départements,
02:40par les ARS, l'IGAS, l'INSEE.
02:42Tout le monde sait le diagnostic.
02:44Et tous les élus des communes connaissent le diagnostic.
02:47Ils connaissent le diagnostic de leur manque de médecins,
02:50de leur manque de bassins d'emploi dans le domaine de la santé et de l'action sociale.
02:54Et nous, la Com', on en a marre.
02:55On veut de l'action.
02:56On veut du concret, des emplois, des mains, des têtes.
02:59Voilà ce qu'on veut.