"Je veux donner du courage aux autres, même si moi, ça me fait du mal d'en parler." Sur les réseaux sociaux, comme Marie, des victimes de viol prennent la parole à visage découvert.
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00:00Alors moi j'avais 15 ans, j'étais en couple avec un garçon qui en avait 18 et en fait une nuit
00:07je me suis réveillée et ce garçon avait baissé mon pantalon et, désolée si c'est un peu trash,
00:15mais était en train de me pénétrer pendant mon sommeil. Sachant qu'on n'avait jamais eu avant
00:22la discussion du c'est ok, je donne mon consentement etc. C'était dans le plus grand
00:29déconsentement. Donc il me pénétrait et je me souviens plus trop de cette scène car je suis
00:38vraiment sortie de mon corps. Je suis sortie de mon corps et j'ai juste pas pu dire non,
00:43j'ai juste rien dit parce que je n'arrivais pas à parler. Je n'arrivais pas, j'étais pétrifiée.
00:53Et voilà. Pendant ce temps-là, sur les réseaux sociaux comme Marie,
00:59des victimes de viol prennent la parole à visage découvert.
01:03Je trouve ça vraiment génial qu'enfin les victimes prennent la parole. Il y a aussi des
01:18hommes qui ont témoigné et j'ai trouvé ça génial que les deux genres témoignent de leur agression.
01:26Et ça a résonné en moi et je me suis dit là il faut que moi aussi j'en parle. C'est le moment
01:33d'en parler. C'est le moment de créer une révolution de parole pour représenter les
01:42victimes et qu'on arrête de parler à leur place. Et je veux aider les autres et donner
01:49du courage aux autres. Et même si moi ça me fait du mal personnellement d'en parler,
01:54si ça peut aider les autres, c'est vraiment mon but premier.
01:58Cette vague de témoignages est née sur TikTok fin avril, d'abord aux Etats-Unis.
02:12Dans ces vidéos, des jeunes victimes racontent ce qu'elles ont subi en reprenant les paroles
02:26de chansons populaires. Ces témoignages, Anna Tumazov les a relayés sur son compte Instagram
02:39et a appelé les Françaises et les Français à parler.
02:42On l'a vu dans ces TikToks, je pense que c'est ça qui était aussi émouvant. C'est qu'on voit
02:48ces personnes qui d'abord sourient, puis qui pleurent, puis qui affichent une expression de
02:52détermination. Et c'est extrêmement important de voir tout cet éventail d'émotions qui passent,
02:56parce que ça correspond à différentes faces finalement, je pense, chez les victimes.
02:59Me too, c'était vraiment dire OK, voici ce qui se passe, il y a beaucoup d'agressions,
03:03il y a beaucoup de viols dans la société et on vous les raconte. Mais c'était de l'écrit.
03:07Là, maintenant, on est dans une vague où il y a beaucoup de personnes jeunes qui ont
03:11totalement grandi avec les réseaux sociaux, où tous, on est toujours dans l'autopromotion,
03:15où chacun a sa petite image à gérer, etc. Et là, utiliser sa propre image qui a été
03:21savamment construite sur ces réseaux sociaux sur lesquels on a presque parfois la pression
03:25d'habiter, c'est quelque chose d'hyper important. C'est une nouvelle mise en danger. Et oui,
03:30clairement, je pense qu'on est sur une nouvelle vague parce que ça prend une autre dimension.
03:32Maintenant, il faut montrer les visages et il y a vraiment cet aspect aussi role model
03:36pour dire OK, regardez-moi, j'ai votre âge, je vous ressemble. Là, je souris, là, je pleure.
03:41Regardez ce que je suis en train de faire, vous pouvez le faire aussi. Et vous pouvez briser le
03:44silence et vous pourrez passer après au-dessus et continuer à dire. Du coup, j'ai partagé cette
03:48TikTok. Derrière, j'ai reçu quelque chose comme 2000 messages. Vraiment, c'était hallucinant. Et
03:55alors, ça se divisait entre les personnes qui découvraient cette réalité. Beaucoup de garçons
03:59qui pleuraient en voyant les stories. Beaucoup de personnes m'ont écrit. Ensuite, les personnes
04:04qui me disaient merci grâce à ça. Je me sens moins seule parce que je n'ose pas parler de ça.
04:08J'ai l'impression d'être murée soit dans le silence, soit dans le rôle de la victime parfaite
04:13que je dois tenir, qui ne doit pas être heureuse et qui ne doit pas passer à autre chose. Sinon,
04:16je ne suis plus une bonne victime. Et enfin, des personnes, malheureusement, qui ont réalisé,
04:21qui ont quand même sorti du déni à cause des stories. Plusieurs associations en France
04:27viennent aussi en aide aux victimes de viol. Il y a une association qui est très, très bien,
04:32qui s'appelle le CFCV. C'est le premier numéro vert, donc gratuit, anonyme, ouvert pour les
04:40victimes de viol. Il a été ouvert il y a une quarantaine d'années. Il s'appelle Viol Femme
04:43Info Service. Appelle-les quand tu es prête. Il ne se passera rien de juridique, il ne se passera
04:49rien de policier à ce stade. Mais tu auras des personnes qui sont formées, qui sont prêtes à
04:53t'entendre et qui pourront te guider dans cette prise de parole, qui pourront t'orienter vers les
04:58bonnes personnes. Et je te jure que ça fait un bien fou de sentir qu'on n'est plus seul et tu
05:02n'es pas seul en fait. On est plein. Le numéro 0800 05 95 95.