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  • 25/03/2025
Pendant ce temps-là en France, Stella a vu mourir sa mère, battue à mort par son conjoint. C'est le 131e féminicide depuis le début de l'année. Elle témoigne.

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Transcription
00:00Ma mère m'a appelé cette nuit à 23h pour me dire à l'aide qu'il y avait de nouveau
00:04et encore une fois, cacher un couteau.
00:06J'ai entendu crier, je suis partie dans ma voiture.
00:09J'ai mis trois minutes de bifulaire à ici,
00:11alors que la gendarmerie également se trouve à Bifulaire, on les a appelés avant que je parte de chez moi.
00:16J'ai mis trois minutes à venir,
00:18ils ont mis à peu près une demi-heure à trente minutes à venir.
00:21J'ai eu le temps d'escalader le portail,
00:25fracturer la porte pour pouvoir essayer d'entrer,
00:28voir ma mère se prendre le dernier coup de couteau dans la carotide.
00:31Ma mère se relever, venir vers moi,
00:34et c'était fini.
00:36Pendant ce temps-là, à Oberhofen-sur-Moderre, en Alsace,
00:42elle s'appelait Sylvia, elle avait 40 ans,
00:44elle venait de demander le divorce.
00:46Ce soir du dimanche 10 novembre, elle est morte dans les bras de sa fille,
00:49tuée par son mari de plusieurs coups de couteau.
00:53C'est la 131ème victime d'un féminicide en France depuis le début de l'année.
00:58Elle avait pourtant déposé une plainte pour menace de mort il y a un mois.
01:03Personne n'a voulu nous écouter, personne n'a voulu nous aider.
01:06À part porter plainte, madame, porter plainte,
01:09c'est bien beau de porter plainte, mais ça n'aide pas.
01:12On n'impose pas de suivi ?
01:14Rien du tout.
01:16On lui dit, madame, il faut que vous partiez.
01:19Ma mère qui leur répond, mais je suis chez moi aussi.
01:21J'ai mon chien, j'ai ma vie ici.
01:23Je ne peux pas partir.
01:26Qu'on la raccompagne sur le canapé, bonne nuit madame.
01:28Le lendemain, on n'est même pas sûr qu'elle se réveille.
01:33Il me frappe toutes les nuits,
01:36il me brûle avec un incendie,
01:38les bras, les jambes, pour que je puisse s'occuper de lui.
01:41C'est l'un des endroits les plus dangereux au monde pour les femmes,
01:45Ecatepec, dans la banlieue de Mexico.
01:48Vivre en Ecatepec,
01:51c'est vivre en peur tout le temps.
01:54Dans cette ville de 4 millions d'habitants,
01:56deux femmes disparaissent chaque jour.
01:59Nous nous sentons vulnérables
02:02en vivant dans l'État,
02:04en Ecatepec, qui est le numéro 1 en féminicides.
02:07Ici, la vie d'une femme peut basculer à tout moment.
02:10Viol, kidnapping, séquestration.
02:13Un jour, je portais un vêtement,
02:15je ne me souviens plus,
02:17un vêtement court,
02:18et il m'a dit que je portais un vêtement,
02:20c'est pour ça qu'il m'a frappée.
02:22Et le médecin a ri quand il m'a vérifié.
02:25Il y a eu des touchements inadéquats,
02:27parce qu'il m'a touché les jambes
02:29quand je lui disais que les coups étaient sur la tête.
02:32Il m'a fait enlever le vêtement devant lui
02:34pour qu'il m'éteigne.
02:37Pour faire changer les choses et alerter l'opinion publique,
02:39ce collectif de femmes a choisi de dénoncer chaque féminicide
02:43à Ecatepec par une danse en forme d'hommage.
02:49Je suis Carla, je suis Carla, je suis Angela, je suis Angela.
02:55Ce n'est pas seulement de raconter le cas d'une personne,
02:58c'est aussi de faire partie de ce que tu as aussi vécu.
03:01Et j'aime cette partie de faire noter
03:06que nous existons, que nous résistons et que nous survivons.
03:11Parce qu'ils nous tuent et ce n'est pas quelque chose
03:15que le gouvernement s'importe.
03:18Les violences conjugales, c'est un système qui se met en place,
03:22qui va commencer dans un premier temps par l'emprise
03:26que l'homme violent va exercer sur sa proie.
03:30Du dénigrement, des humiliations, l'isolement.
03:34Il va y avoir du chantage, du harcèlement.
03:36Et entre chaque micro-violence,
03:38il va y avoir un retour de phase de séduction
03:41pour pouvoir continuer à exercer l'emprise sur la victime
03:46et faire en sorte, justement, que la victime, elle reste.
03:49Puisqu'elle va croire en réalité que ce sont des épiphénomènes,
03:54que ce n'est pas grave, que c'est de sa faute.
03:56L'intention de l'homme violent, c'est de détruire,
03:58de posséder, de dominer, de faire du mal
04:02pour que cette femme n'ait plus aucune résistance,
04:05n'ait plus aucun désir de vivre.
04:08Ça fait 3 à 4 ans qu'ils sont ensemble.
04:113 à 4 ans qu'elle est rouée de coups,
04:13qu'elle n'a jamais voulu parler.
04:15Par peur pour elle et pour le défendre.
04:19On voit où ça mène aujourd'hui.

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