Parcoursup : Listes d'attente à rallonge, fonctionnement complexe... Depuis son lancement en 2018, la plateforme d'orientation des lycéens s'est-elle vraiment améliorée ?
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00:00Le problème majeur qui avait été très marquant en 2018 sur Parcoursup, ce sont les listes d'attente à rallonge.
00:06Très concrètement, le premier jour sur Parcoursup en 2018, 50% des candidats se sont retrouvés sur les listes d'attente partout.
00:14En 2019, donc l'an dernier, on a observé exactement le même ratio, donc 50% de personnes qui étaient sur les listes d'attente partout sur Parcoursup.
00:23Et cette année, on va observer le même phénomène de personnes qui sont sur les listes d'attente sur Parcoursup.
00:28Donc ce problème n'a pas été résolu pour la simple et bonne raison que ces listes d'attente, c'est un peu l'ADN de Parcoursup.
00:35Parce que Parcoursup est un système qui repose sur la non-hierarchisation des vœux, c'est-à-dire que les candidats qui s'inscrivent dans des formations ne trient pas les vœux les uns par rapport aux autres.
00:45Et donc, un même candidat peut être accepté dans plusieurs formations à la fois, là où, quand dans un système où on trie les candidats, un candidat ne pouvait avoir qu'une seule proposition de formation.
00:57Et donc, très concrètement, ce qu'on observe depuis maintenant trois ans sur Parcoursup, c'est que les candidats avec les meilleurs dossiers le premier jour sont pris partout.
01:05Et ils doivent libérer des places et choisir des vœux où ils vont pour que les candidats classés en dessous obtiennent des places.
01:13Et donc, c'est ce qui explique ces listes d'attente considérables.
01:16Et cette année, le phénomène s'est intensifié et c'est un effet, un dommage collatéral du confinement et de la crise sanitaire qu'on a connue.
01:24Pourquoi ? Parce que ces deux dernières années sur Parcoursup, certaines formations sélectionnaient les candidats uniquement en regardant leur dossier.
01:33D'autres formations sélectionnaient des candidats en regardant leur dossier, en leur faisant passer des oraux de motivation.
01:40Et puis, il y avait enfin des formations qui faisaient passer des écrits, des oraux et qui sélectionnaient les candidats comme ça.
01:45Donc, on avait une forme de brassage dans la manière de classer les candidats.
01:49Et finalement, ce n'est pas parce qu'on faisait partie des candidats avec les meilleurs dossiers qu'à l'entretien, on gérait.
01:54Donc, on pouvait retomber dans ces listes-là.
01:57Et puis, à l'inverse, on pouvait être un candidat avec un dossier assez faible et puis s'entraîner beaucoup pour des concours, pour des écrits, pour des oraux et réussir de cette façon à sortir un petit peu du lot.
02:06Le problème, c'est que cette année sur Parcoursup, la plupart des concours écrits et des oraux ont été tout bonnement annulés et remplacés uniquement par des examens du dossier.
02:15Ce qui veut dire, en fait, que toutes les formations ont eu accès aux mêmes éléments pour traiter leurs candidats, c'est-à-dire des notes, des appréciations, mais rien de plus.
02:24Et donc là, on avait quand même un phénomène de brassage qui faisait que ce n'était pas toujours les mêmes candidats qui avaient les meilleurs dossiers et qui réussissaient bien les concours.
02:32Eh bien, cette année, toutes les formations vont se baser sur les mêmes éléments, ce qui veut dire que les candidats avec les meilleurs dossiers vont être encore plus surreprésentés dans les listes d'appels
02:43qui vont être formulées par les formations.
02:46La différence qu'il y a par rapport aux gros problèmes qu'il y avait il y a deux ans, c'est que le ministère a réduit l'an dernier et a continué à réduire cette année les délais de réponse aux formations,
02:56c'est-à-dire le temps que les bons candidats ont pour répondre à des propositions d'admission, ce qui fait que ça va quand même un petit peu plus vite.
03:03Une critique qui est beaucoup ressortie en 2018, quand Parcoursup est apparu, c'est la complexité de la procédure.
03:10En fait, on passait d'un système où les candidats entraient des vœux sur une plateforme, triaient leurs vœux et où, derrière la machine, les affectaient automatiquement au bon endroit,
03:20à un système où les candidats rentrent leurs vœux sur la plateforme, ne trient pas leurs vœux et doivent ensuite se connecter chaque jour pour voir leur situation évoluer et pour voir où est-ce qu'ils ont été acceptés ou non.
03:32Le système Parcoursup, il était jugé complexe en 2018 et l'est tout autant en 2020.
03:37Quelques exemples pour comprendre ça.
03:38Quand vous êtes sur une liste d'attente pour une formation, vous avez par exemple six informations différentes entre votre rang sur la liste d'attente, votre rang sur la liste d'appel,
03:50le rang du dernier candidat admis l'année précédente, le rang du dernier candidat à qui on a fait une proposition cette année.
03:55Donc, c'est énormément d'informations qui viennent un petit peu créer du cafouillage.
03:59Un autre exemple de quelque chose d'assez complexe sur Parcoursup, c'est le point d'étape auquel vous devez absolument participer en tant que candidat.
04:07Ça se déroule le 29 juin, le 30 juin et le 1er juillet.
04:10Et en fait, vous devez revenir sur Parcoursup à partir du moment où vous avez toujours des vœux en attente pour dire que vous voulez continuer à attendre ces vœux.
04:18Mais ça fait partie des choses aussi qui peuvent éliminer dans le candidat.
04:21Et chaque année, on a des candidats qui ne comprennent pas trop à quoi sert le point d'étape, qui est concerné, etc., etc.
04:27Et qui se retrouvent donc dans une situation où ils finissent par perdre tous leurs vœux.
04:31Une autre critique qui a souvent été adressée à Parcoursup, c'est le fait qu'elle oblige les lycéens à être constamment connectés.
04:39Cette plateforme favorise l'hyperconnexion des lycéens.
04:42Pour lutter contre ce phénomène, le ministère a mis en place l'an dernier ce qu'on appelle un répondant automatique.
04:48En gros, à partir de la fin juin, les candidats, ils pouvaient classer les vœux qu'ils avaient en attente pour ne pas se connecter tous les jours pour voir si leur dossier évoluait.
04:56Ce dont on s'est rendu compte, c'est que ce répondant automatique, il était très peu plébiscité par les candidats parce qu'on les a bercés avec l'idée qu'ils ne pouvaient pas classer leurs vœux sur Parcoursup.
05:05Et finalement, on leur disait, non, vous avez la possibilité de classer vos vœux sur Parcoursup.
05:10Donc, ils ne comprenaient pas trop à quoi servait ce répondant automatique.
05:13En plus, il arrivait plutôt tard dans le calendrier. Cette année, le ministère a décidé de lancer ce répondant automatique dès le 20 mai.
05:21Ce qui veut dire que depuis le 20 mai, les étudiants peuvent trier les vœux qu'ils ont en attente.
05:27Et donc, une fois qu'ils ont trié les vœux en attente, ils n'ont plus besoin de se connecter tous les jours.
05:31Un autre problème majeur de Parcoursup, c'est l'opacité de la plateforme et des algorithmes.
05:37Moi, en 2018, je me suis penché sur Parcoursup parce que le ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation avait mis en ligne les algorithmes ou en tout cas, ce qu'ils appelaient les algorithmes de Parcoursup
05:48et qui permettaient effectivement d'en savoir un petit peu plus sur le système, de voir que par exemple, il y avait des taux géographiques ou des taux de boursiers qui entraient en compte pour modifier les listes qui étaient faites par les formations.
06:00Il y avait un certain nombre d'informations qui ressortaient quand même de cette analyse, mais il manquait en 2018 une information majeure, ce qu'on appelle les algorithmes locaux des formations.
06:11Un algorithme local, c'est quoi ?
06:12C'est un ensemble de règles, que ce soit vraiment un algorithme ou simplement un fichier Excel ou simplement une manière de traiter les dossiers.
06:19Ce sont toutes les règles qui sont utilisées par les commissions qui examinent les vœux, formation par formation, les commissions examinent des vœux.
06:27Et en 2018, ces algorithmes locaux, ils n'étaient pas publiés par le ministère.
06:31Eh bien, en 2020, ça n'est toujours pas le cas.
06:33On ne sait toujours pas comment les formations trient vos dossiers.
06:37Dans le rapport qui a été fait sur Parcoursup de la Cour des Comptes, la Cour des Comptes s'est rendue compte qu'énormément de formations utilisaient le lycée d'origine des candidats pour des discriminations positives ou négatives.
06:49En clair, si vous venez d'un lycée où il y a des bons taux de réussite au bac, votre dossier est remonté parce qu'on va juger que vous êtes dans un lycée qui sous-note ses lycéens.
07:00A l'inverse, si vous venez d'un lycée avec un faible taux de réussite au bac, on va descendre votre dossier parce qu'on considère que vous avez des chances d'être surnoté dans votre établissement.
07:09La Cour des Comptes s'est rendue compte que c'était un mythe total.
07:12C'est-à-dire qu'il y a de très bons établissements qui surnotent leurs étudiants, paradoxalement, alors qu'on aurait tendance à penser qu'ils veulent les sous-noter.
07:21Et à l'inverse, il y a des établissements entre guillemets moins bons qui sous-notent.
07:25Ce qu'on voit, c'est que Parcoursup version 2020, c'est quasiment identique à Parcoursup version 2018.
07:30Il y a eu des ajustements à la marge, mais ce qui crée le cœur du problème et le cœur du débat, l'hélice d'attentat rallonge, la non-transparence du système et la complexité,
07:39eh bien tout ça, c'est encore présent.