• il y a 3 jours

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00:00Comment défendre l'agriculture ? Est-ce que vous comptez sur les syndicats pour le faire ?
00:0404, 76, 46, 45, 45, on échange ensemble et on échange avec notre invité Laurent Gallien.
00:10Arnaud Rousseau, président du syndicat FNSEA qui est dans ce studio, bonjour Monsieur Rousseau.
00:14Votre syndicat s'apprête à vivre trois jours de congrès, Alpexpo Grenoble,
00:20votre syndicat qui se raffaiblit des dernières élections aux chambres d'agriculture.
00:25C'est un congrès de crise ce congrès de Grenoble pour la FNSEA ?
00:29Non ce n'est pas un congrès de crise, vous savez c'est le rendez-vous annuel des agriculteurs de la FNSEA
00:34suite à une élection qui effectivement nous a vous reculé,
00:37mais nous sommes toujours le premier syndicat agricole français et nous allons...
00:40Chez les exploitants en tout cas, vous gardez la majorité absolue ou vous l'avez perdue par contre sur l'ensemble des voix ?
00:44Absolument, nous restons le premier syndicat agricole et de très loin
00:48et l'objectif pour nous c'est de continuer à porter l'ambition de nourrir les Français,
00:52de produire en France une alimentation qu'on considère de qualité,
00:55d'essayer d'attirer des jeunes parce qu'on aura un fort renouvellement
00:58et ces trois jours ils sont consacrés à ça, à la fois regarder ce qui s'est passé depuis un an
01:02et puis surtout se projeter parce que la situation actuelle concernant l'alimentation mondiale nous questionne.
01:06Ça pose peut-être question quand même sur la méthode utilisée par le syndicat,
01:10certains vous reprochent de ne pas être assez radicaux,
01:12d'autres vous reprochent de l'espèce de co-gestion dont vous avez l'habitude avec le politique.
01:17Vous avez dit dans une interview au Figaro tout récemment qu'on ne pouvait plus faire du syndicalisme comme avant,
01:22ça veut dire quoi dans votre esprit ?
01:23Ça veut dire qu'aujourd'hui le lien au politique, la manière d'exprimer ses opinions a largement changé,
01:29la place des réseaux sociaux, la communication, la manière de relayer au terrain a bien changé dans ces 15 dernières années
01:36et ça, ça nous questionne sur la manière de faire, mais ce qui compte c'est de porter des idées
01:39et pour ce qui nous concerne, c'est d'abord la place des hommes et des femmes qui font ce métier,
01:43ensuite c'est le goût d'entreprendre parce que mener des projets en agriculture, ça n'est pas si simple
01:48et puis c'est le faire dans des territoires vivants et dynamiques parce que quand on est ici en Isère,
01:52si on est dans la plaine ou si on est en montagne, c'est pas la même agriculture,
01:55si on produit des noix ou si on fait de l'élevage, c'est pas les mêmes productions et donc il faut parler à tout le monde.
01:59On va revenir sur l'agriculture iséroise, qu'est-ce que vous attendez de ce congrès au niveau du syndicat ?
02:05Vous attendez qu'on se remette sur des rails, qu'on reparte au combat, vos troupes quelque part ?
02:09Oui, en tous les cas, nous on a deux lignes forces pendant ce congrès,
02:12c'est d'abord l'exercice de la responsabilité parce que vous l'avez dit,
02:15dans les moments, les temps faibles comme dirait les sportifs,
02:18c'est aussi le moment où on mesure ses racines profondes et sa colonne vertébrale
02:21et donc il faut à la fois analyser ce qui s'est passé, le regarder avec lucidité,
02:25mais être capable de se projeter et la deuxième chose, c'est de rester combattif
02:28parce que cette crise agricole qui a explosé il y a un an a besoin encore de relais
02:32et donc on a besoin de continuer de porter notre ambition auprès des pouvoirs publics
02:36dans un contexte politique national qui, disons-le, n'est pas simple.
02:39Vous l'avez dit aussi, cette crise agricole n'est pas terminée, on va y revenir dans un instant.
02:437h47, comment défendre l'agriculture ? Est-ce que vous, vous avez aussi, pourquoi pas,
02:47quelques idées, quelques valeurs ? Est-ce que vous comptez sur les syndicats pour le faire ?
02:51Ou est-ce que vous pensez, par exemple, que le consommateur peut y participer ?
02:5404 76 46 45 45, vous avez encore quelques minutes pour nous appeler,
02:58pour participer à ce débat, vous pouvez aussi passer sur notre page Facebook,
03:01sur le poste météo, choisis-le.
03:03Oui, et en ce moment, il y a un petit débat sur la page Facebook d'ici Isère,
03:06sur qui défend la FNSEA.
03:10Marie qui nous dit que la FNSEA défend plutôt les grosses exploitations
03:14et on a Serge qui lui répond que c'est faux, il y en a très peu en Isère,
03:19des grosses exploitations, et lui a été agriculteur et fait partie de ce syndicat.
03:24Il nous dit que c'est important que tous les agriculteurs soient écoutés et représentés.
03:28Venez comme Serge nous donner votre avis, posez vos questions également,
03:31si vous le souhaitez, on vous attend.
03:32Arnaud Rousseau, vous êtes plutôt d'accord avec Serge, j'imagine,
03:35mais il n'empêche que cette image de défenseur des gros exploitants,
03:39elle est derrière vous, vous la traînez comme un boulet ?
03:41Non mais c'est une caricature, vous savez, je remercie Serge d'ailleurs,
03:45de dire qu'à la FNSEA, il y a toutes les productions,
03:48il y a tous les territoires, il y a toutes les typologies, il y a tous les âges,
03:50et ce qui compte c'est d'essayer de faire une synthèse,
03:52qui n'est pas toujours simple, pour porter une ambition.
03:55Mais nous ce qui compte à la FNSEA c'est de coller au terrain,
03:57et vous avez raison de spécialiser ou de dire que en Isère,
04:01ce n'est pas les mêmes problématiques que chez moi par exemple en Seine-et-Marne,
04:04mais pour autant notre objectif, je le redis,
04:06c'est de produire une alimentation de qualité pour les auditeurs, pour les français,
04:09parce que nous on est fiers de ce qu'on produit,
04:11on veut continuer à le faire avec ce qui nous singularise,
04:13c'est-à-dire une agriculture parmi les plus durables au monde,
04:17et ça je trouve que ça donne du sens,
04:18et garder du sens dans ces moments un peu compliqués, pour nous c'est important.
04:21Agriculture très diverse en Isère, sujets très divers aussi,
04:26on va aborder le fond de ce congrès,
04:29et des grands débats que vous allez avoir avec vos confrères,
04:33la loi d'orientation agricole est là,
04:35l'État a lâché un petit peu du lest on va dire,
04:38sur les normes etc,
04:40qu'est-ce qu'il reste à défendre,
04:41sur quel point particulier vous voulez axer ce congrès,
04:44quel est le combat de la FNSUA dans les mois qui viennent ?
04:46Écoutez, on a trois sujets d'importance,
04:49le premier, c'est qu'en France on est en train de perdre notre appareil productif agricole,
04:53on importe de plus en plus de l'alimentation que chaque français consomme dans son assiette,
04:58y compris par exemple en agriculture biologique,
05:00où près d'un tiers de ce qui est consommé en France est importé.
05:02Deuxième sujet, c'est qu'on est dans un cadre européen qui est une passoire,
05:06on nous met en concurrence avec des produits fabriqués à l'autre bout de la planète,
05:10qui ne respectent pas nos standards,
05:11et qui arrivent sur nos marchés en totale déloyauté,
05:14en total non-respect du cadre.
05:17Et nous on veut bien continuer à échanger, et d'ailleurs on a besoin,
05:19parce que l'auditeur qui prend son café ce matin,
05:21il ne sera pas produit en Europe tout de suite,
05:23mais on a besoin de le faire dans un cadre loyal.
05:25Et puis le troisième sujet qui est important,
05:27c'est quelle est la valeur de l'alimentation,
05:29c'est-à-dire quel est le prix que les français sont prêts à payer
05:31une alimentation qu'ils réclament,
05:33de proximité, de qualité, de naturalité,
05:35qu'est-ce que ça vaut aujourd'hui ?
05:37On nous explique que tout ça ne doit pas valoir grand-chose,
05:39ça n'est pas tenable pour faire vivre les agriculteurs.
05:41L'Europe, vous l'avez dit, est une passoire en termes de réglementation
05:43pour les produits qui viennent de l'extérieur.
05:45En même temps, on lui reproche parfois,
05:47les agriculteurs en premier, d'être trop fermes
05:49sur la réglementation en interne.
05:52Ami ou ennemi l'Europe de l'agriculture ?
05:55Europe, évidemment, marché commun,
05:57mais vous voyez bien qu'on ne peut pas être trop sévère en interne,
05:59et ouvrir les vannes en externe,
06:01ça ne tient pas. Quand on parle des produits du Mercosur,
06:03qui viennent d'Amérique du Sud,
06:05produits avec des hormones de croissance,
06:07c'est normal que les agriculteurs français se révoltent.
06:09Ce qu'on dit nous, c'est qu'on a besoin
06:11d'une Europe qui nous protège, et on voit bien que
06:13quand on parle face aux Chinois, face aux Russes,
06:15face aux Américains, on a besoin
06:17d'un espace commun qui protège,
06:19mais cet espace, ça ne doit pas être difficile
06:21pour la production intérieure, et facile pour ce qui arrive de l'étranger.
06:23Il y a des réglementations, et puis il y a ceux qui sont chargés
06:25de les faire respecter, ces réglementations.
06:27Il y a un débat actuellement dans notre région,
06:29après la lettre de l'ex-président de la région,
06:31Laurent Wauquiez, aux agriculteurs,
06:33qui demande la fin de l'OFB,
06:35la proposition de la FNSA sur l'OFB,
06:37c'est pareil, ennemi ou ami, l'OFB ?
06:39Non, tout le monde est conscient
06:41qu'il y a besoin d'un droit de l'environnement,
06:43simplement ce qui nous a heurtés, c'est qu'il y a des militants
06:45qui utilisent leur cadre de fonctionnaire
06:47de la République pour développer
06:49du militantisme, et quand on compare
06:51des agriculteurs à des dealers, oui, ça nous choque,
06:53et oui, ça n'est pas acceptable.
06:55Maintenant, ne laissons pas croire qu'il se fera n'importe quoi,
06:57vous savez, les agriculteurs sont des gens responsables.
06:59Simplement, on ne peut pas en permanence
07:01les montrer du doigt,
07:03alors qu'encore une fois, il y a une agriculture
07:05parmi les plus vertueuses, donc nous, on voudrait sortir
07:07de ces polémiques, pour essayer de manière
07:09à peu près sereine, d'essayer de se construire un avenir.
07:11Mais ce qui se passe n'a pas été acceptable,
07:13ne l'est pas, et donc on attend un certain nombre
07:15de réponses fortes du gouvernement sur ce sujet.
07:17On a entendu ce matin l'inquiétude
07:19d'une éleveuse iséroise face à la fièvre
07:21catara-lovine, ça a été une grosse crise l'été
07:23dernier, elle risque de ressurgir au printemps
07:25et lorsque les bêtes vont monter en estie,
07:27notamment chez nous, en Isère.
07:29Quelle est la suite du combat
07:31contre cette fièvre catara-lovine ?
07:33Est-ce qu'il faut renforcer les maillages, déjà,
07:35sanitaires, de prévention ?
07:37Oui, vous savez, la fièvre catara-lovine, c'est pour un éleveur
07:39un peu comme le Covid, vous voyez, vous n'y êtes pour rien
07:41et puis tout d'un coup, vous avez une maladie qui vous tombe dessus,
07:43ça vous coûte très cher, parce qu'il faut vacciner
07:45vos animaux. Le combat, c'est un, de trouver
07:47les vaccins. Deux, c'est d'avoir
07:49une politique globalisée
07:51de prophylaxie, de suivi
07:53des troupeaux, et puis ensuite,
07:55faire en sorte qu'on puisse indemniser les pertes
07:57qui ont été enregistrées. Donc, pour un éleveur,
07:59la FCO, ici, dans l'Isère,
08:01c'est une vraie préoccupation, comme l'est la prédation, d'ailleurs.
08:03La prédation du loup, tout à fait. Qu'est-ce qui doit
08:05évoluer à ce niveau-là ? Il y a des choses qui évoluent, déjà.
08:07Le loup est un petit peu plus
08:09pour être un peu plus chassé qu'auparavant ?
08:11Oui, enfin, en tous les cas, au moment où on se parle,
08:13c'est pas complètement visible,
08:15ça n'est pas forcément traduit, mais il y a
08:17une ouverture au niveau européen.
08:19Il faut choisir. Soit on veut de l'élevage en montagne,
08:21y compris dans les estives, et on aménagera
08:23le territoire et on continuera à garder des espaces
08:25ouverts, soit il n'y aura plus d'élevage, ce sera des espaces
08:27fermés, et à terme, ça sera le feu. Et donc, nous,
08:29on est très clair, on dit
08:31que le loup doit être maintenu
08:33dans des zones où il n'y a pas d'élevage, et que
08:35toute attaque doit faire l'objet d'une riposte
08:37graduée. Voilà ce qu'on dit. Donc, là où il y a
08:39des troupeaux qui sont attaqués, il doit y avoir des tirs
08:41de défense, et ça doit se faire dans des conditions
08:43administratives simplifiées, parce qu'aujourd'hui,
08:45c'est très compliqué, trop compliqué
08:47et peu efficace. Et une culture à laquelle on
08:49tient en Isère, c'est la noix, aussi. Elle a vécu
08:51deux années plutôt difficiles, marquées à la fois
08:53par des événements climatiques, et puis par
08:55une concurrence nord-américaine
08:57ou d'autres pays. Il n'y a pas que le Mercosur,
08:59il y a aussi l'Amérique du Nord. Comment
09:01on défend la noix française ?
09:03D'abord, en continuant à la produire, parce que
09:05ces deux années critiques, c'était aussi
09:07des sujets de moyens de production.
09:09Ensuite, en développant
09:11la réputation de la noix, et notamment ici,
09:13alors il en existe aussi dans le Périgord, je ne les oublie pas, mais
09:15en tous les cas, en faisant la
09:17promotion, et puis en luttant sur les marchés
09:19pour continuer à être compétitifs,
09:21et en n'acceptant pas qu'on puisse importer
09:23des noix produites dans des conditions qui ne sont pas celles qu'on
09:25nous impose en Europe. Donc, je me
09:27réjouis de savoir que c'est un peu plus favorable en ce moment.
09:29Il faudra qu'on continue à pousser, parce que
09:31ce savoir-faire de la noix iseroise,
09:33c'est aussi une particularité. Et quand on est attaché au
09:35territoire, comme je vous l'ai indiqué, on veut aussi porter
09:37l'ambition des productions. On parle de la
09:39noix, mais il y a beaucoup de productions, y compris
09:41des fromages ici. Et la reconnaissance, effectivement,
09:43des productions attachées à leur
09:45terroir. Merci, Arnaud Rousseau, d'avoir
09:47été avec nous ce matin, à la veille de ce
09:49congrès, à la veille, le jour, le matin même,
09:51de l'ouverture de votre congrès national,
09:53à l'Alpes Expo Grenoble. Très bonne journée et très bon
09:55congrès. Et puis, on vous laisse bien sûr continuer de
09:57débattre sur notre page Facebook, sur nos
09:59réseaux. Vous n'hésitez surtout pas. On continue de suivre
10:01vos avis et vos commentaires.

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