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00:00Comment t'habillerais ton vagin, toi ?
00:01Comment je l'habillerais ?
00:02Nus, tiens. Moi, je serais nue.
00:04En Chanel.
00:05Mon vagin, ce n'est pas autre que du Chanel.
00:08Les monologues du vagin, c'est une pièce créée en 1996
00:11par la New-Yorkaise Eve Hansler.
00:13La pièce explore la féminité, les expériences sexuelles,
00:16l'image du corps, la santé intime, les mutilations, les règles.
00:20J'ai interviewé plus de 200 femmes.
00:22Des femmes âgées, des femmes jeunes, des femmes mariées, des femmes seules,
00:25des lésbiennes, des professeurs, des professionnels de l'industrie du sexe,
00:29des actrices, des cadres, des Espagnols, des Africaines,
00:33des Européennes, des Asiatiques, des Musulmanes, des Juifs, des Catholiques.
00:37Au début, elles étaient un peu timides.
00:40Traduite en 46 langues, jouée dans plus de 130 pays,
00:43Simone est partie redécouvrir ce classique de la culture féministe
00:47au studio Marini à Paris,
00:49avec Aurore Auteuil, Débora Lukumena et Galia Salimo comme interprètes.
00:53Je retrouve du coup le Chanel qui est ici.
00:55Ce monologue est pour Eve.
00:58Cette pièce, elle a mon âge, j'ai 30 ans.
01:00Je n'ai pas l'impression de ne pas comprendre ce que je joue
01:03parce que c'est terriblement d'actualité.
01:04Je l'ai jouée, j'avais 20 ans moi, mais j'en ai 43.
01:07Grâce à Marie-Cécile Renaud qui, à l'époque, avait amené la pièce
01:10et l'avait produite alors que personne n'en voulait.
01:15J'entendais que vous aviez dû changer le titre de la pièce.
01:18Au début, oui.
01:19Quand j'ai découvert la pièce, c'était en Amérique,
01:21c'est un cahier de vagina monologue.
01:22En France, on a traduit ça par les monologues du vagin,
01:24ce qui est plus logique.
01:25Les villes, quand on a fait la tournée ou sur les affiches, etc.,
01:29le maire disait non, non, pas mettre cette affiche-là dans la ville,
01:35on va avoir un scandale.
01:36J'avais quelqu'un dans mon bureau qui vendait les spectacles
01:40qui appelait les villes, les gens lui raccrochaient au nez.
01:42Et oui, parce que dans les années 2000 encore,
01:44le mot vagin, ça fait peur.
01:46Donc dans les journaux, sur les affiches, les billets, les enseilles de théâtre,
01:49on dit seulement les monologues ou les monologues du vit.
01:53Le bonbon, le vestibule, la minette.
01:56Boîte à copains, les casse-moisettes.
01:58Le mot vagin, oui, il y a quelque chose de cru encore dedans,
02:01et quelque chose dont on a peut-être un peu honte.
02:04Se regarder, vagin, c'est un travail incontournable.
02:08Ça existe et il faut le dire.
02:09Il ne faut pas avoir peur de dire les mots.
02:12Je pense que quand on dit les mots, on les incarne et ils existent.
02:18Et ils sont là. Et c'est très important.
02:21Vous voyez, quand on dit vagin, ben non, vagin, voilà.
02:24La filière V, passez-moi le vagin.
02:26Evans-Lahr, qui maintenant se fait appeler V,
02:30elle a développé un mouvement pour la cause des femmes.
02:32Elle a supporté beaucoup d'associations.
02:34Et elle avait créé ce mouvement VD.
02:36Et tous les ans, on organisait des spectacles,
02:41un but humanitaire pour lever des fonds.
02:44Et chaque année, il y avait de nouveaux monologues qui étaient écrits.
02:47Par exemple pour le Congo ou en Inde, enfin dans différents pays.
02:51Et aussi pour des mouvements.
02:52Il y a eu une envie, non pas de moderniser la pièce,
02:55puisque ça reste très moderne,
02:57mais d'apporter de nouveaux textes
02:59qui avaient été écrits spécifiquement pour ces manifestations.
03:03Moi, il y a 30 ans, quand j'ai entendu parler de cette pièce,
03:06entre guillemets, je m'étais pleinement assumée.
03:09Il fallait dire les choses.
03:10J'ai demandé à une amie que je rencontrais,
03:12qui était attachée de presse de la pièce,
03:14si je pouvais jouer avec toutes les femmes.
03:17Parce que pour moi, d'un coup, c'était, j'étais comme les autres.
03:20Pour moi, c'était un certificat de féminité.
03:22Et elle m'a dit que c'était une très bonne idée,
03:24mais ça en est resté là.
03:2530 ans après, quand Aurore vient me proposer cette pièce,
03:29ça a été pour moi quelque chose d'énorme, de merveilleux.
03:32Mon grand rêve, ça avait été d'être une femme.
03:35Je pense l'être devenue, mais j'en suis sûr même.
03:38Comment expliquer sinon ce manque de considération ?
03:42Je pense à ma maman, je pense à ma grand-mère,
03:44qui se sont battues pour avoir une autonomie, une liberté.
03:46J'ai une fille de 16 ans, moi, en 2025.
03:50Je trouve qu'il y a une régression dans le monde.
03:52Ce qui me fait plaisir, c'est que la pièce existe encore aujourd'hui.
03:56À Toulouse, il y a une exploitation qui se joue depuis très très longtemps.
03:59Je crois que c'est la 18e année.
04:00Tu veux bien nous faire un monologue ?
04:03C'est important, de toute manière.
04:04Et c'est important de le faire comme le fait Aurore,
04:06avec ses trois personnages et ses trois actrices.
04:11Du coup, la prochaine fois que vous aurez l'occasion d'aller voir cette pièce, foncez !

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