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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Il est 20h13, Xavier Driancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie et auteur de l'ouvrage
00:09L'ethnique malgérienne est avec moi dans ce studio.
00:13Bonsoir Xavier Driancourt.
00:14Bonsoir.
00:15Evidemment, on a beaucoup de questions à vous poser.
00:17Je vais peut-être commencer par Boilem Sansal, pardon, mais 6 mulacres de procès, 30 minutes
00:23de procès, le parquet qui requiert, j'en parlais tout à l'heure, 10 ans de prison
00:28pour Boilem Sansal.
00:29Oui.
00:30Qui est malade.
00:31Qui a 80 ans, 10 ans de prison, rendez-vous compte, et 7000 euros d'amende pour atteinte
00:36à la Sûreté Nationale.
00:37Oui.
00:38Enfin, bon d'abord, évidemment, on n'a pas de nouvelles de Boilem Sansal, on avait son
00:42avocat Maître Zimré à qui j'ai demandé, est-ce que vous avez des nouvelles de votre
00:44client ? Je n'ai pas pu lui parler, on ne sait pas comment il va.
00:46Et pardon, quand je dis 6 mulacres de procès, c'est un 6 mulacres de procès, Xavier Driancourt.
00:52C'est un procès à la Navalny, comme il y a eu en Russie, c'est-à-dire que Boilem
00:58Sansal n'a pas eu le droit d'avoir son avocat, il a eu un avocat commis d'office et il n'a
01:04pas pu se défendre.
01:06Et en plus, le fait même d'avoir un avocat, d'avoir un procès pour des propos qu'il a
01:13tenus en France, donc dans un pays étranger, c'est indigne en soi.
01:19Non seulement il risque d'être condamné, mais en plus on lui a fait un procès pour
01:24des propos tenus à l'étranger.
01:27Mais comment peut-il s'en sortir là ? Parce que vraiment, excusez-moi, mais on est très
01:30très inquiets.
01:31Emmanuel Macron fait confiance à la clairvoyance du président Théboune.
01:36C'est quand même deux salles, deux ambiances entre Bruno Retailleau et Emmanuel Macron.
01:40Il faut que le président Théboune ait effectivement beaucoup de clairvoyance aujourd'hui.
01:45Non, il peut y avoir deux options.
01:47Soit on est au début d'une nouvelle escalade et donc il va être condamné, peut-être
01:53à 8 ans, 5 ans, 10 ans de prison, j'en sais rien.
01:57Mais c'est le condamné à mort, c'est ce que je disais, il est malade.
02:00C'est horrible.
02:01Exactement.
02:02Et puis voilà, ils vont le laisser un certain temps en prison, soit ils le condamnent effectivement
02:08parce qu'ils lui ont fait un procès, qu'ils veulent le condamner, que le président Théboune
02:13veut se venger de la France, en quelque sorte, pour avoir reconnu le Sahara marocain, et
02:20peut-être qu'ils le graciront au mois de juillet, le 5 juillet.
02:23Ah c'est possible.
02:24Le 5 juillet, c'est la fête nationale algérienne, c'est l'indépendance de l'Algérie, et en
02:30général il y a des grâces présidentielles.
02:33Donc voilà, on peut espérer cela, ce serait la meilleure chose.
02:37Mais le pire serait quoi le pire ? D'une certaine façon, une décision inacceptable
02:42serait de le condamner, de le gracier, et de lui coller une interdiction de sortie du
02:49territoire.
02:50C'est-à-dire qu'on le garderait prisonnier en Algérie.
02:54Mais otage ?
02:55Il serait otage de l'Algérie, otage de son propre pays, parce que le gouvernement algérien
03:03est un preneur d'otages, c'est ce qu'il a fait en l'arrêtant le 16 novembre.
03:07Et je disais tout à l'heure à monsieur Fenech, que vous recevez après, le grand industriel
03:15algérien Issade Rebrab, qui est le plus grand industriel algérien qui a racheté Brandt
03:21en France, qui est invité au sommet de Versailles Choose France.
03:26Depuis 4 ans, Issade Rebrab, qui est le plus grand industriel d'Afrique, du continent
03:32africain, a une ISTN et ne peut pas venir en France.
03:35Donc ils en sont capables.
03:37Ah ils en sont capables ?
03:38Ah oui, ils en sont capables.
03:40C'est pour ça que la clairvoyance du président algérien, parlons-en.
03:44Ouais, incroyable, incroyable.
03:47Je voudrais, peut-être qu'on écoute, Méditon, ce que nous étions en train de faire cette
03:51émission, ce que disait Benjamin Stora, il y a quelques instants chez nos confrères
03:55de CETAVOU, de France 5, à propos de Boilem Sansalle.
04:01Éviter évidemment aussi les tentatives de récupération, instrumentalisation politique
04:08et d'escalade en permanence autour de l'Algérie du matin jusqu'au soir.
04:12Vous savez, les Algériens le vivent quand même très mal, cette espèce de volonté
04:16à chaque fois de tout ramener à une seule cause, à une seule question qui est l'Algérie,
04:21où on mélange tout.
04:22Les OQTF, les influenceurs, l'islam, l'immigration, l'Algérie, à la fin et à la longue ça
04:28fatigue quand même, franchement.
04:30Benjamin Stora donc, qui est historien, qui est né en Algérie, dédramatise, comment
04:37vous analysez les choses, Xavier Drie, en cours ?
04:41Benjamin Stora, effectivement, il connaît bien l'Algérie, il est très respecté en
04:45Algérie, mais je trouve que dans cette affaire, il devrait prendre position plus clairement,
04:53plus fermement.
04:54Mais il prend position, disons, arrêté de faire des histoires ?
04:56Non, il devrait prendre position plus clairement en faveur de Boilem Sansalle.
05:01Oui, mais il ne le fait pas.
05:03Et il ne le fait pas.
05:05Il porte une certaine responsabilité parce que c'est lui qui a conseillé François
05:10Hollande, c'est lui qui a influencé et conseillé Emmanuel Macron dans toute sa politique vis-à-vis
05:15de l'Algérie, toute la politique mémorielle, c'est à lui qu'a été confié le comité
05:19d'historien franco-algérien.
05:21Et aujourd'hui, sept ans après l'élection du Président de la République, nous payons
05:27en quelque sorte notre inertie vis-à-vis de l'Algérie, notre certaine faiblesse vis-à-vis
05:34de l'Algérie.
05:35On dit ça depuis des mois, Xavier Drie en cours, ancien investisseur de France en Algérie,
05:38et on a le sentiment, j'ai dit bien le sentiment, parce que nous ne sommes pas dans le secret
05:43de la diplomatie française, que Bruno Retailleau s'agite pour essayer d'hausser le ton et
05:49qu'Emmanuel Macron, on va écouter les mots, je voudrais qu'on écoute les mots du chef
05:53de l'État justement, ses mots, son discours prononcé à Bruxelles à ce sujet.
05:57Voilà, exactement.
05:58On a l'impression qu'Emmanuel Macron est beaucoup plus serein, il laisse plutôt glisser
06:04les choses.
06:05Écoutez.
06:06J'ai confiance dans le Président Teboun et sa clairvoyance pour savoir que tout ça
06:10n'est pas sérieux et qu'on a affaire à un grand écrivain qui, plus est, est malade.
06:14Et donc je pense qu'il doit retrouver sa liberté, la capacité à se soigner.
06:18Sans ce sens que nous nous battons, plusieurs messages ont été échangés et je souhaite
06:22qu'on puisse trouver une issue rapide à cette situation qui est une situation humaine,
06:27humanitaire et de dignité, de dignité pour tout le monde.
06:30Oui, c'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, vous qui êtes diplomate, Xavier Drie en cours,
06:35est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que cherche à faire ou ce que cherche à dire
06:39le chef de l'État ?
06:40Le Président de la République parle de la clairvoyance du Président Teboun pour s'en
06:45féliciter, mais il y a quelques semaines, il parlait du déshonneur de l'Algérie.
06:50Donc voilà, il y a une certaine évolution.
06:53Ça veut dire quoi ? Comment pouvez-vous décrypter les mots d'Emmanuel Macron ?
06:59Est-ce qu'il y a des discussions secrètes ? C'est possible, mais j'ai l'impression que
07:05tous les canaux de discussion, de communication entre la France et l'Algérie sont fermés
07:10actuellement.
07:11Mais oui, mais alors voilà, vous pensez que c'est fermé ?
07:14Si vous voulez, nous avons envoyé quand même des signaux contradictoires.
07:18Parce que d'un côté, nous cherchons à obtenir la libération de Bolem-Sensal, nous
07:24faisons les gros yeux, si je puis dire, à l'Algérie, et d'un autre côté, la France
07:28a envoyé Rachida Dati, ministre de la Culture, au Sahara occidental, ce qui est un chiffon
07:35rouge absolu pour l'Algérie.
07:36Mais pourquoi on fait ça ? On le sait que c'est un chiffon rouge.
07:40Mais donc l'Algérie joue sur nos contradictions.
07:42D'accord, et Emmanuel Macron essaie d'apaiser les choses.
07:46Nous sommes au milieu des contradictions.
07:48C'est incroyable.
07:49Et en plus, il y a des signaux divergents au sein du gouvernement, la ligne Barreau,
07:55la ligne du ministre de l'Intérieur, donc voilà, les Algériens qui nous connaissent
07:59parfaitement, qui connaissent parfaitement le système politique français, jouent de
08:05ces contradictions.
08:06Alors vous avez bien raison d'en parler, Xavier Adrien Cour, ancien ambassadeur de
08:11France en Algérie, et auteur de l'ouvrage L'énigme algérienne, de cette dissonance
08:16entre Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, et Jean-Noël Barreau.
08:19Bruno Retailleau annonce une riposte graduée, parce qu'Algérie a refusé d'accepter une
08:25liste de plusieurs ressortissants sous OQTF, non mais là c'est le jeu de chat à la souris,
08:28on les envoie, ils reviennent, on les envoie, ils reviennent, non mais attendez.
08:31Est-ce que vous pensez que la stratégie de Bruno Retailleau est la bonne, Xavier Adrien
08:37Cour ?
08:38Je pense que c'est une bonne stratégie, mais j'ajouterais un point ou une condition, je
08:43trouve que nous avons tort, nous, nos hommes politiques, ont tort d'en parler et d'annoncer
08:50à l'avance ce qu'on veut faire ou ce qu'on va faire.
08:52Il faut faire comme les Algériens, il faut le faire sans le dire.
08:57Il faut maintenir l'ambiguïté stratégique, comme on dit dans la stratégie nucléaire.
09:02Ils sont meilleurs que nous, me dit Thomas Lacroix.
09:04Ils sont meilleurs que nous, eux n'ont pas d'opinion publique, donc ils n'ont pas besoin
09:08d'annoncer les choses.
09:09Ils bloquent le dénommé d'Oualem à l'aéroport d'Orly, à l'aéroport d'Alger, tandis que
09:14nous, nous annonçons à l'avance et nous nous mettons en position de faiblesse.
09:19Et Jean-Noël Barreau, on va peut-être écouter ce que dit le ministre.
09:24Je pense que nous devons retrouver les voies de la coopération avec l'Algérie dans l'intérêt
09:29des Français, avec exigence et sans aucune faiblesse, pour obtenir l'expulsion des Algériens
09:34en situation régulière dans notre pays, pour préserver la coopération dont nous avons
09:39besoin réciproquement en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme, puis enfin
09:45pour obtenir la libération de notre compatriote Oualem Sans Sam.
09:48Alors, je vous ai vu, on peut le dire aux auditeurs d'Europe 1, un peu lever les bras
09:53au ciel, Xavier Driancourt.
09:54Dites-nous.
09:55Tout ça, ce sont des bonnes paroles, ce sont les paroles nécessaires d'un ministre des
10:01affaires étrangères, qui est sur cette ligne-là obligatoirement, la coopération, les bonnes
10:07relations avec l'Algérie, etc.
10:08C'est du bruit avec la bouche, Xavier Driancourt, ni plus ni moins.
10:12Alors, lui est dans son rôle de dire ça, mais il y a un moment où la coopération
10:15avec l'Algérie, pour l'instant, elle est bloquée.
10:18Hier, les Algériens ont interdit la coopération culturelle française en Algérie.
10:25Ils ont interdit les aides que nous faisons pour l'enseignement du français dans les
10:31centres culturels et dans les écoles privées algériennes.
10:34On a vu sur les réseaux sociaux, le président algérien, avec sa clairvoyance bien connue,
10:39a signé un texte, un décret, interdisant l'aide française en matière culturelle.
10:44Donc, vous voyez, la coopération.
10:46Il n'y a pas de coopération.
10:47Il n'y a pas de coopération.
10:48Mais je vais reprendre vos mots, là.
10:49Les Algériens sont très forts, ils savent humilier les diplomates.
10:52Est-ce que vous avez dit, Xavier Driancourt ?
10:55Oui, parce qu'ils savent parfaitement, encore une fois, ils nous connaissent mieux que nous
10:59ne les connaissons.
11:00Et ils savent ce qui nous enquiquine, ce qui nous ennuie dans la vie quotidienne à Alger
11:06pour les diplomates qui sont en Algérie.
11:09Combien de fois j'ai eu à souffrir de ces avanis ou de ces petites humiliations ?
11:15Alors, la plus grosse, elle est des petites humiliations que vous avez eues à subir en
11:19tant qu'ancien ambassadeur de France en Algérie.
11:21Choisissez-en une.
11:22Visiblement, il y en a eu beaucoup.
11:23Il y en a eu, mais je n'ai plus...
11:26Par exemple, non, ce n'est pas à moi que c'est arrivé, mais à un de mes collaborateurs
11:32qui allait, au moment où il y a eu des incendies de forêt en Kabylie, il allait rendre visite
11:37aux pompiers français qui étaient venus en Kabylie pour les remercier.
11:42Et, comme vous le savez, parce que je l'ai déjà dit sur ce plateau, pour sortir d'Alger
11:47il faut une autorisation obtenue huit jours à l'avance pour les diplomates que nous sommes.
11:52Il est arrivé après 150 kilomètres en Kabylie auprès des pompiers et on lui a dit
11:58« Vous n'avez pas eu d'autorisation, revenez à Alger ».
12:02Mais il l'avait eue ?
12:03Non, il ne l'avait pas eue, on ne lui avait pas donné, mais il avait dit « Écoutez,
12:07je vais quand même voir les pompiers français pour les remercier ».
12:11Et arrivé là-bas, on lui a dit « Faites demi-tour ».
12:13D'accord.
12:14Voilà, c'est ça, une petite humiliation.
12:16Tout ça pour aller remercier les pompiers.
12:18On ne va jamais s'en sortir.
12:19Autre chose, quand j'ai mis un drapeau français sur le mât devant la résidence de France,
12:26on me l'a fait enlever, on m'a dit qu'il fallait mettre le drapeau à l'intérieur
12:30de manière à ce qu'on ne le voie pas de l'extérieur.
12:32Ah, super.
12:33Et comment on identifie l'ambassade de France en Algérie ?
12:35Enfin, toutes les ambassades ont un drapeau.
12:37Excusez-moi, vous allez à Paris, les ambassades ont un drapeau.
12:39Le drapeau français, il ne faut pas le voir.
12:41Ah oui, d'accord.
12:42C'était le 14 juillet 2020.
12:44D'accord.
12:45Eh bien, c'est compliqué quand même.
12:49Je ne sais pas quoi en conclure, Xavier Driancourt, mais ça ne va pas être simple.
12:52En tout cas, on suit évidemment le dossier.
12:53Je vous remercie infiniment d'être venu dans ce studio.
12:55Il est 20h26, Georges Fenech et Philippe Guybert me rejoignent tout de suite sur Europe 1.

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