Pour lutter en ligne contre les mauvais conseils santé des influenceurs, un syndicat de médecin utilise une méthode plutôt originale, le deepfake.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00On est vendredi, c'est votre vie bien nette, ça va Margot ?
00:02Bien, bonjour à tous.
00:03Ce matin, on a décidé de se pencher sur la riposte très originale des médecins face
00:08au conseil santé bidon qu'on peut trouver sur les réseaux sociaux et qui pullulent.
00:12Ce sont des jeunes docteurs qui ont décidé de s'emparer du sujet.
00:15Oui, c'est un syndicat de jeunes médecins généralistes qui a choisi une méthode originale
00:20pour contrer les fausses informations.
00:21On va regarder d'abord la vidéo.
00:22Comment m'être fait à une infection vaginale ? Un imbiban, un tampon avec du yaourt.
00:29Je vais me frotter les yeux avec de l'oignon.
00:31La térébenthine va vous débarrasser de toutes ces maladies.
00:41Ça, c'est effectivement très original.
00:42Quels sont les conseils les plus bidons qu'on a relayés sur les réseaux sociaux ?
00:47Il y a beaucoup de conseils.
00:48Il y a notamment le fait de décongestionner ses bronches en se mettant des gousses d'ail
00:53dans le nez.
00:54Je ne l'invente pas.
00:55En fait, ils ont pris des conseils qu'ils ont trouvés chez des influenceurs et ils
00:58ont décidé de recourir à ce qu'on appelle le « deepfake », en gros un hyper-trucage
01:02où ils ont cloné le visage de l'influenceur pour le faire rétablir la vérité dans sa
01:08voix.
01:09Et à la fin de chaque vidéo, il y a un médecin qui apparaît et dit « c'était moi et
01:13je voulais vous raconter ça » parce que c'est une vidéo qui était réelle, qu'ils
01:17ont détournée.
01:18Donc, ça posait plein de questions juridiques, mais ils ont vraiment mentionné qu'ils
01:23recouraient au « deepfake » et à la fin, ils ont expliqué que c'était à des fins
01:26de sensibilisation parce qu'ils se sont rendus compte de deux choses.
01:28Déjà, dans les cabinets, il y avait beaucoup d'idées complètement loufoques qui apparaissaient.
01:33Et deuxièmement, qu'ils avaient beaucoup de mal à atteindre un public plus jeune qui,
01:37par définition, a moins de problèmes de santé, donc va moins consulter, et que 73%
01:41des jeunes font confiance aveuglément aux réseaux sociaux.
01:44Donc, il y avait ce besoin de rétablir la vérité.
01:46Je reprends ma liste complètement folle.
01:48Le bleu de méthylène utilisé, soi-disant, pour stimuler les capacités cérébrales.
01:54C'est un produit qui va aller se lier à l'hémoglobine, qui achemine l'oxygène dans le sang.
02:01Donc, ça peut être extrêmement dangereux.
02:03Ça peut entraîner des difficultés respiratoires qui vont aller jusqu'à l'arrêt cardiaque.
02:07Et ce qui fait froid dans le dos aussi, c'est quand vous regardez les commentaires sous
02:10les vidéos des influenceurs, avec des gens qui demandent la posologie.
02:13Il y a certaines personnes qui disent « attention, c'est dangereux ce que tu fais ».
02:15Et les influenceurs répondent ?
02:16Oui, en disant « je l'explique dans un autre tuto ».
02:19Vraiment, c'est partie de vidéos réelles.
02:23Il y a aussi un phénomène dont vous avez parlé dans la première édition, le mousetaping,
02:27le fait de se mettre du ruban adhésif sur la bouche, soit pour moins ronfler, soit pour
02:31soi-disant s'entraîner à respirer par le nez et dormir plus profondément.
02:35Là, le danger, m'expliquait le docteur Raphaël Dachicourt, qui est président de
02:38ce syndicat de jeunes médecins généralistes qui s'appelle « Réagir », m'expliquait
02:42que le danger, c'est le sous-diagnostic, parce que souvent les personnes qui cherchent
02:45à masquer un ronflement constant, on en a déjà parlé dans cette chronique, c'est
02:49des personnes qui souffrent d'apnée du sommeil, et l'apnée peut avoir des conséquences
02:54cardiovasculaires.
02:55Il y a une autre illustration, c'est l'eau oxygénée pour blanchir les dents, c'est
02:59complètement contre-productif, ça va abîmer l'émail et contribuer à avoir plus de caries.
03:04Et la purge saline, c'est-à-dire on boit de l'eau extrêmement salée pour entraîner
03:10des diarrhées et avoir le sentiment de s'être purifié.
03:12Chez des personnes fragiles, ça peut contribuer à des hydratations.
03:15Mais est-ce que tout ça est pris au sérieux par les autorités ?
03:18En théorie, oui.
03:19Il y a une loi depuis 2023 qui encadre uniquement l'influence commerciale, donc ceux qui vendent
03:25des choses, ce qui n'est pas toujours le cas, mais parfois ça l'est.
03:27Il y a un renvoi à chaque fois au Code de la santé publique pour interdire de promouvoir
03:31des médicaments sous ordonnance, interdire de promouvoir des interventions esthétiques,
03:35ça on en voit encore beaucoup.
03:36En théorie, il y a des sanctions pénales qui sont très importantes, on parle de deux
03:39ans d'imprisonnement et 300 000 euros d'amende, sauf que dans la pratique, il y a peu de contrôle.
03:43Il y a quelques jours, la DGCCRF a publié son rapport 2024, il y avait eu 287 influenceurs
03:51contrôlés l'an dernier, 110 hors des clous, certains pour allégations de santé et cosmétiques.
03:56Donc voilà, il y a la théorie et la réalité sur le peu de contrôle.
04:02Il y a aussi une charte récente de l'Ordre des médecins.
04:04Oui, bonne mémoire, c'était en janvier dernier, l'Ordre des médecins qui s'est
04:08emparé du sujet avec 10 conseils, enfin 10 recommandations, mais ça s'adresse uniquement
04:13aux influenceurs qui sont médecins.
04:15Les infirmiers avaient déjà fait ça, les masseurs, kinésithérapeutes, et on sait
04:18que les professionnels de santé, globalement, jouent le jeu, sauf que le problème, c'est
04:21que la plupart des influenceurs qui donnent des conseils en santé ne sont pas des professionnels,
04:25donc ils s'affranchissent un peu de ces codes.
04:27Ce qui était original dans la charte de l'Ordre des médecins, qui recommandait notamment
04:30de ne pas donner de conseils médicaux personnalisés, de ne pas faire ou encourager la promotion
04:35d'un traitement non validé scientifiquement, c'était un partenariat avec YouTube qui
04:39s'était engagé à mettre en valeur tous les professionnels de santé qui auraient
04:44adhéré à cette charte et à faire remonter en gros leurs vidéos dans les algorithmes,
04:48sauf que c'est YouTube, mais il y a aussi tous les réseaux sociaux qui n'ont pas adhéré
04:51à ces chartes.
04:52Merci beaucoup Margot.