La secrétaire générale Unité Magistrats, Béatrice Brugère, parle de la loi sur le narcotrafic qui est en phase d'examen par les parlementaires : «La loi sur le narcotrafic est très importante et je pourrais même dire qu’elle ne va pas assez loin».
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00:00Je suis un peu optimiste, on va dire qu'elle ne le saura pas.
00:03Je vois que vous avez mis
00:04narcotrafic, une loi d'intérêt général,
00:06une loi d'intérêt vital, aujourd'hui.
00:08J'irai plus loin que l'intérêt général,
00:11qui est un très beau terme,
00:12mais là, on est encore sur autre chose,
00:14on le voit bien, puisque c'est bien de l'avis
00:17dont il s'agit pour les acteurs,
00:18mais aussi pour les citoyens, maintenant.
00:21On sait qu'il y a de la corruption, etc.
00:23Donc, en fait, cette loi, elle est extrêmement importante,
00:27mais je dirais même qu'elle ne va pas assez loin.
00:29Vous voyez, je dis qu'elle est presque déjà périmée,
00:32alors qu'elle n'est pas encore adaptée.
00:34Pourquoi ? Parce que si on regarde un peu autour de nous,
00:38et ça fait du bien de regarder un peu autour de nous,
00:40de se décentrer parfois de la France,
00:43on s'aperçoit que ceux qui pourraient être un modèle,
00:46évidemment, il y a l'Amérique du Sud,
00:48mais bon, ils ont un système juridique
00:50qui est un peu différent.
00:51Donc, regardons dans la famille.
00:54Restons dans la famille,
00:55regardons du côté des Italiens.
00:57Les Italiens, eux, ils ont 30 ans d'avance sur nous.
01:01Ils ont 30 ans d'avance sur nous.
01:03C'est pour ça que je dis, non seulement c'est une loi
01:06qui est une loi à peine de rattrapage,
01:08on aurait pu aller beaucoup plus loin,
01:10et sur ce rattrapage,
01:12on pose le débat de manière un peu tronquée.
01:15Pourquoi ? Parce qu'en fait, pour résumer,
01:17c'est une loi très, très importante,
01:19on ne va pas prendre toutes les mesures
01:22les unes après les autres,
01:23c'est une loi qui, en fait, est présentée
01:25avec des fausses peurs,
01:28mais sans parler des vraies menaces.
01:31Les fausses peurs, c'est de faire croire
01:33qu'aujourd'hui, les mesures,
01:35qui sont des petites mesures de rattrapage,
01:38je pourrais parler de ce que font les Italiens,
01:40ils sont bien plus loin que nous,
01:42ces mesures de rattrapage,
01:44qui sont bien sûr nécessaires, bien sûr vitales,
01:46elles sont présentées comme une atteinte à l'Etat de droit.
01:50Je voudrais dire deux choses là-dessus, sur ce débat.
01:53Un, c'est faux. Un, c'est faux,
01:55car, et ça a demandé beaucoup de matière grise,
01:58y compris au Conseil d'Etat et à tout le monde,
02:00pour faire en sorte que, justement,
02:02les dispositions que l'on présente
02:04soient conformes à notre Etat de droit,
02:07premièrement. Donc, on a les garanties.
02:09On pourra rentrer dans le détail si vous le souhaitez.
02:12Deux, les vraies atteintes à l'Etat de droit,
02:14pour ceux qui disent, nous sommes les avocats
02:17de l'Etat de droit, et je pense qu'on les tous ici,
02:20d'ailleurs, au passage, se trompent peut-être,
02:22parce que la vraie menace sur l'Etat de droit,
02:25c'est justement les organisations criminelles
02:28qui font des emprises territoriales,
02:30qui menacent les acteurs, y compris la fonction publique,
02:33je ne parle pas de la corruption,
02:35mais il y a des menaces partout, y compris dans les prisons.
02:38C'est eux qui sont en train de grignoter
02:40toute l'économie parallèle,
02:42et demain, point d'interrogation,
02:45il y aura peut-être un autre danger d'une autre mesure.
02:48Donc, moi, je voudrais juste rappeler une phrase
02:51d'un grand penseur que l'on a tendance à oublier,
02:55qui est Montesquieu.
02:57Sur la loi, c'est quand même intéressant, ce qu'il disait.
03:00Il disait que nécessité doit faire loi.
03:03Ce principe est magnifique.
03:05Ca ne veut pas dire qu'on doit être dans les extrêmes,
03:08dans l'état d'urgence, qu'on doit sacrifier,
03:10c'est simplement dire qu'à un moment donné,
03:13il y avait un conseiller d'Etat qui s'appelait Romeu
03:16qui disait que si votre maison brûle,
03:18c'est utile d'aller demander la permission au juge
03:20pour faire intervenir les pompiers.
03:22A un moment donné, revenons à quelque chose de bon sens.
03:25Tout ce que vous dites est approuvé,
03:27c'est une évidence à mille pour mille par les Français,
03:30et ça me rappelle tous les débats que nous avions eus
03:33et que nous continuerons à avoir sur la loi sur le séparatisme.
03:36Il y a des liens, des passerelles
03:38entre les narcotrafiquants et les islamistes.
03:41C'est incroyable qu'on se retrouve dans ces débats-là,
03:44aujourd'hui, sans rien enlever.
03:47Avec ça, excusez-moi de vous interrompre,
03:49le débat, il est important, je trouve,
03:52parce qu'en fait, il a au moins cet intérêt,
03:56c'est de performer la loi aussi.
03:58Parfois, la loi n'est pas toujours bien écrite au 1er juge.
04:01Malheureusement, ça va la sous-performer.
04:04Vous avez raison. Heureusement qu'il y a un débat.
04:06Ils ont peur des impostures et des postures.