Capello : "L'arrogance de Guardiola lui a coûté des titres."
Daniel Riolo : "J'aime beaucoup Guardiola, mais il a massacré des Ligues des Champions parce qu'il voulait absolument nous montrer qu'il était capable d'inventer des choses."
Daniel Riolo : "J'aime beaucoup Guardiola, mais il a massacré des Ligues des Champions parce qu'il voulait absolument nous montrer qu'il était capable d'inventer des choses."
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00:00Quand on lui a posé la question d'ailleurs, il n'a pas voulu répondre, il fait souvent ça quand on lui parlait d'Ibrahimović à l'époque et des embrous qu'il avait pu avoir ou d'autres d'ailleurs.
00:09Il répondait pas vraiment, il rentre rarement dans ce jeu-là. Je pense qu'il a conscience de ce genre de critique-là, c'est pas le premier Capello à le dire.
00:18Ce sera pas le dernier non plus, ce côté un petit peu arrogant effectivement, ce côté c'est moi qui ai inventé le football et je cherche toujours...
00:26Je fais toujours des trucs un petit peu différents des autres, même si c'est parfois contre-productif parce qu'effectivement la finale de Ligue des Champions,
00:33surtout celle contre Chelsea où il aligne une équipe sans milieu de terrain défensif, sans Fernandinho, ça lui a coûté je pense très cher.
00:43Mais il répète aussi que lui il a fait ça en son âme et conscience et qu'il pensait que c'était la meilleure équipe à aligner ce jour-là pour ce match-là.
00:51On peut en débattre, mais lui de toute façon, j'ai l'impression que ça, ça l'atteint pas du tout.
00:57Bon, les gars...
00:58C'est pour ça que ça l'atteigne pas évidemment, c'est pas quelqu'un qui est atteint par les commentaires.
01:02Alors moi, j'aimerais quand même d'abord dire que c'est un débat qui est absolument passionnant,
01:07qui a du mal à exister dans notre pays alors que les commentaires sur Guardiola en Italie et sur ce style d'entraîneur,
01:14sur ce style d'entraîneur, donc évidemment, forcément, il faudra également parler de Luis Henrique, mais il y en a eu d'autres dans l'histoire.
01:21En Allemagne, on les fait, c'est pas des gens qui font de l'unanimité alors qu'en France, rapidement, un entraîneur fait l'unanimité en fonction des résultats qu'il obtient.
01:32Je rappelle quand même qu'en France, en tout cas, pour ce qui me concerne, ça m'a pas empêché de critiquer Deschamps, champion du monde.
01:40On le fait plus commodément avec les entraîneurs qui ne sont pas des intellectuels qu'avec ceux qui sont les intellectuels.
01:46Parce que la presse, en général, et les médias, c'est ce que j'appelle les tampons, ce sont les entraîneurs à journalistes, ces mecs-là.
01:53Et ce sont des mecs que, attention, moi, j'ai toujours aimé, toujours défendu, Guardiola, Rigosacchi, tout ça.
01:58Sauf que j'aime voir et leur vraie nature et la façon dont on peut aussi les critiquer pour ce qu'ils sont et leur personnalité.
02:06En intro, quand même dire que Fabio Capello, qui parle donc, a quand même le droit de s'exprimer puisque à chaque fois qu'on a ce genre de débat pour élever un petit peu le niveau dans le foot,
02:15c'est « qui t'es, t'as pas joué, tu te permets de critiquer ton entraîneur, tes ceci, tes cela ».
02:20Fabio Capello, les plus jeunes qui nous écoutent ont peut-être oublié, mais c'est justement lui qui, en 1994, avait tiré une extrême fierté absolue à donner la leçon à Johan Cruyff en 1994.
02:35En fait, le litige historique entre Capello et ces entraîneurs-là part de ce match-là, de cette finale de la Ligue des Champions 1994,
02:46où Johan Cruyff, qui est le père de Guardiola, de Luiz Henrique, de ces coachs-là, avait, comme il le faisait souvent, ça pour le coup Guardiola, Luiz Henrique le font un peu moins,
02:57Cruyff n'hésitait pas à dire « on va gagner la finale parce qu'on est meilleur, parce qu'on est plus beau ».
03:02Tout le monde pense que le Barça va écraser Milan en 1994.
03:08Oui, mais sauf que lui, il se permet des commentaires que ses enfants ne vont pas tout le temps faire, ou en tout cas ne vont pas se risquer, ce genre de choses.
03:14C'est que lui, il est non seulement très arrogant, prétentieux, méprisant, mais il dit qu'il va écraser l'adversaire parce qu'il est pire et il dit « même si on perd, ça n'empêchera pas qu'on sera les meilleurs ».
03:25Ça, c'est un truc, d'abord, en Italie, où on estime que tactiquement, on est supérieur, qu'on a inventé beaucoup de choses, c'est un truc qui ne va pas être supporté du tout.
03:36Et Capello, ce n'est pas qu'il va boire du petit lait, c'est qu'il va aller au-delà du petit lait quand il va coller 4-0 au Barça de Cruyff, à la Dream Team, en finale de la Ligue des Champions 1994.
03:46C'est quand même un score absolument incroyable en finale de Coupe d'Europe.
03:48Marcel Desailly qui marque.
03:51Le grand Milan de Capello, c'est celui qui est fait finale 93, finale 94, finale encore 95.
03:56Capello prend la succession de Sacchi, qui est plus dans la catégorie des autres.
04:01Sacchi qui, en Italie, pareil, attention, il ne fait pas l'unanimité.
04:06Et pourtant, c'est un maître, c'est le génie.
04:08Moi, c'est un mec que j'ai rencontré, c'est un prétentieux, un arrogant, un méprisant, qui n'aime pas les journalistes, un peu comme Van Gaal, toute cette clique-là d'entraîneurs.
04:18C'est des gens qui sont un petit peu difficiles.
04:20Et pour aller au propos de Capello maintenant, moi, je pense qu'il a mille fois raison sur Guardiola, mille fois raison.
04:28J'aime beaucoup Guardiola, mais il a massacré des Ligues des Champions parce qu'il voulait absolument nous montrer qu'il était capable d'inventer des choses.
04:37Exactement comme Sacchi voulait montrer qu'il pouvait jouer sans Van Basten.
04:41Exactement comme Sacchi a pourri Baggio à la Coupe du Monde 1994 en ne supportant pas qu'on dise que Baggio était l'homme qui avait emmené l'équipe en finale à lui tout seul quand il a commencé son festival en huitième contre le Nigeria,
04:54qu'il a enchaîné avec Espagne, Bulgarie jusqu'à la finale.
04:58Ou limite, ça lui aurait cassé la tête à Sacchi si Baggio avait été l'homme qui avait donné la Coupe du Monde parce qu'on n'aurait pas dit que c'était lui.
05:06Et lui ne voulait tout le temps, ça fait partie des entraîneurs qui veulent qu'on dise, c'est eux qui gagnent, les joueurs sont mes pions.
05:12Flo n'est pas d'accord avec toi, je crois. Il peut difficilement être pas d'accord, c'est quand même une réalité.
05:17Je ne suis pas d'accord sur un point. Après, sur tout le reste, c'était très utile de rappeler tout ça.
05:22Et moi, ça ne m'embête pas que Capello aille sur ce terrain-là.
05:27Moi, ce qui m'embête, c'est d'entendre que sur l'arrogance, par exemple, il a raison.
05:32Mais pour dire que Guardiola n'a rien apporté au foot, moi, je pense que là...
05:38Il ne dit pas ça. Il dit à la fin, j'ai vécu trois révolutions de football.
05:42Une toutes les 20 ans, l'Ajax de Cruyff, le Milo de Sacchi, il ne parle pas de ça de Guardiola.
05:46Il le dit, il le dit.
05:48Il dit aussi, il dit aussi, cette arrogance a coûté plusieurs champions. Je le respecte, certes.
05:53Mais pour moi, c'est clair, de point, il a fait énormément de mal au football.
05:58Encore une fois, ne t'arrête pas à cette phrase. Il y a la suite.
06:01Mais quand même, énormément de mal avec tout ce qu'on vient de décrire.
06:04Parce que tu n'es pas capable de respecter le football quand tu décides que c'est toi qui gagnes à la fin et pas les joueurs.
06:10Tu veux montrer que c'est toi.
06:11Flo, il dit que ça a fait du mal au foot italien et que beaucoup trop de gens...
06:14Mais quand je l'ai déjà demandé à personne de le copier.
06:17Julien, juste pour dire que je pense que ces débats-là sont quand même sur des mecs qui sont des avant-gardistes.
06:24Et même si ça embête tout le monde, parce qu'évidemment, effectivement, dans leur avant-gardisme, ils font quelques dingueries.
06:30Mais moi, j'aime bien.
06:31Oui, mais je pense que...
06:32Sauf que j'ai envie de pouvoir le dire.
06:34C'est ce que j'ai dit. C'est ce que je dis et ce que je défends sur Louis-Henriquet.
06:36Ce n'est pas que je vénère Louis-Henriquet.
06:38C'est que je pense que pour notre Ligue 1, je te l'ai dit récemment, je pense que c'est une chance dingue d'avoir un mec qui tente autant de choses
06:43et qui va inspirer autant d'entraîneurs et autant de joueurs derrière.
06:46Oui, sauf que ce sont des entraîneurs qui le font avec des joueurs, avec des équipes, avec des millions dedans.
06:51Et Gola, il a tout pété en termes de recrutement.
06:54Quand j'entends, Daniel, qu'une partie de la phrase dans l'interview de Capello, il a fait du mal au foot.
07:01Moi, je dis juste que les gars, ces gars-là font plus de bien globalement partout où ils passent, partout où ils passent, que le mal.
07:08Mais c'est capital.
07:09Je vais écouter Julien également.
07:10C'est capital.
07:11Sauf que tu ne peux pas...
07:12Demande à Eric Croix, demande à tous les entraîneurs qui disent Louis-Henriquet par-ci, Louis-Henriquet par-là.
07:16Ils vont inspirer des tas de mecs.
07:18Là où il y a un problème et là où je comprends Capello, c'est qu'on va toujours plus mettre en avant eux plutôt que les autres.
07:23Ça, oui.
07:24Mais là, il n'a pas dit tout à fait ça.
07:25Il a dit j'aurais aimé qu'on mette plus en valeur.
07:27Et il dit qu'en fait, on a trop voulu le copier.
07:29Et à l'arrivée, ce que j'assume comme opinion, c'est que ces gens-là sont hyper importants dans ce qu'ils essayent d'apporter de nouveau et de réflexion.
07:38Sauf qu'au final, ça vaut pour Cruyff quand il est retombé sur terre.
07:42Ça vaut pour Guardiola.
07:44Et ça vaut pour Louis-Henriquet.
07:45C'est quand ils redeviennent normal qu'ils gagnent.
07:48Pas seulement.
07:49Non, parce qu'ils n'avaient pas été là d'un an avant.
07:51Là où je ne suis pas d'accord, c'est qu'ils n'étaient pas contents d'entendre Marès, même s'il n'a pas cherché des ligues des champions chaque année.
07:55Quand il est champion 5 fois sur 6 en 6 ans en première ligue, c'est énorme, Daniel.
08:00Non, pas quand tu as autant les fonds ouverts qu'il l'a eus.
08:05Pas quand tu peux tout recruter.
08:07Et Chelsea.
08:08Il y a des gros budgets en première ligue, Daniel.
08:10Et Chelsea.
08:11Les gars, on a convoqué Julien, je vais l'écouter également.
08:13Quand il gagne, c'est quand il achète Alain et Rodry.
08:16Rodry n'a pas été ballon d'or pour rien.
08:18Quand il a mis Rodry, tout a changé.
08:20Vous ne pouvez pas dire le contraire.
08:21Non, non, non, Flo.
08:22Sur Chelsea, par exemple.
08:23Si Chelsea avait fait appel à ces intellectuels qu'on aime bien dénigrer là ce soir,
08:29moi je pense que Chelsea sera allé plus vite à la réussite.
08:32C'est qu'effectivement, il a mis des coachs qui...
08:34Après Mourinho, à l'époque, c'était fantastique.
08:36Mais non, parce que Mourinho, pour moi, c'est le cas inverse de ces gars-là.
08:39Alors là, pour le moment, ça n'a rien à voir.
08:41Ce n'est pas un intellectuel du foot.
08:42Si Chelsea...
08:43Sans déconner, il ne faut pas se tromper sur l'histoire de Chelsea.
08:45Ils gagnent une Coupe d'Europe qui n'est pas la Ligue des champions
08:47avant qu'Abramovic arrive.
08:49Ils ont déjà une très belle équipe avant Abramovic.
08:51Abramovic arrive, il arrose encore plus de millions.
08:54On est alors en 2003, 2004,
08:57quand Mourinho arrive après qu'il ait gagné à Porto.
09:00Il fait un énorme recrutement.
09:03Tu sais ce qui se passe à Chelsea à ce moment-là ?
09:05Dire il va plus vite ou il ne va pas plus vite.
09:07Dès 2005, il y a cette demi-finale de malade mental contre Liverpool
09:10avec le shadow goal de Luis Garcia.
09:12Dans la foulée, en 2008, ils font finale de Ligue des champions
09:15et ils ne perdent qu'au penalty.
09:17Ils sont déjà là, quand même, Chelsea.
09:20En 2009, s'il n'y a pas le fucking disgrace,
09:24qui dit qu'ils n'éliminent pas le Barça ?
09:26Ah oui, d'accord.
09:27Julien, la parole est à Julien.
09:29Comme le foot n'est pas des vérités,
09:30veulent nous le dire tous ces gens-là.
09:32Il faut être tout à fait juste quand même.
09:34Deux petites choses sur Guardiola.
09:36Guardiola, j'ai demandé à deux entraîneurs de le copier non plus.
09:38Quand Capello dit qu'il a fait beaucoup de mal
09:41parce que les entraîneurs italiens ont voulu copier,
09:44Guardiola n'a jamais demandé à personne de le copier.
09:46Il n'a jamais dit, suivez-moi, c'est moi qui...
09:48Alors, si parfois il a pu dire qu'il connaissait mieux le football que tout le monde
09:51et qu'il était un peu ce donneur de leçons là,
09:52il n'a jamais non plus encouragé les gens à le suivre,
09:54à vouloir faire pareil.
09:55C'est la première chose.
09:56Et la deuxième chose...
09:57Pour moi, ça n'est pas le fond du débat.
09:58Le fond du débat, c'est à quel moment ils finissent par gagner.
10:01Après qu'ils nous fassent croire que ce sont des grands chercheurs,
10:04ce qu'ils sont, par ailleurs,
10:05parce qu'ils ont des réflexions qui sont intéressantes à voir.
10:07Mais Daniel, il faut que tu le vois du côté des joueurs aussi.
10:09Il faut savoir si Dembélé doit être neuf ou pas.
10:11Forcément, Luiz Henrique, mais si.
10:13Luiz Fernandes, il a fait de Daniel Bravo un bonheur.
10:15Peut-être aussi.
10:16Julien, Julien, Julien.
10:17Parce qu'il faut...
10:18Mais non, Daniel, il faut que tu écoutes les joueurs aussi.
10:22Il faut que tu écoutes les joueurs qui ont eu Guardiola comme entraîneur.
10:24Tu peux écouter ceux qui ont eu...
10:25Mais écoute les joueurs qui ont eu Capello.
10:27Mais oui, mais c'est pareil.
10:28Ecoute les joueurs...
10:29Mais attends, laisse-moi parler déjà.
10:31Laisse-moi parler déjà.
10:32Je n'ai pas dit que Capello, il était nul.
10:33Vous mettez en avant uniquement les génies.
10:34Mais n'importe quoi.
10:35Là, on parle de Guardiola.
10:36Tu parles de Guardiola.
10:37Capello, je ne le connais pas.
10:38Je ne l'ai jamais rencontré.
10:39Guardiola, ça fait longtemps que je le côtoie,
10:41que je le vois en conférence de presse,
10:42que je le vois en interview individuelle.
10:44Donc Capello, je ne peux pas en parler.
10:45Guardiola, je peux en parler.
10:46Et je pense que l'avis des joueurs qui l'ont eu,
10:49avec qui ça s'est bien passé ou pas bien passé,
10:51ce n'est pas simplement des joueurs qui vont dire du bien
10:53parce que c'était ses petits, etc.
10:55C'est des joueurs à qui ce n'est pas bien passé avec Guardiola,
10:57mais qui reconnaissent quand même le côté génial,
10:59le côté du génie qu'il avait pu avoir.
11:01Et je pense que pour Capello, c'est la même chose.
11:03Pour Saki, c'est pareil.
11:04Pour Cruyff, Lusenrique, je ne sais pas, c'est un petit peu tôt.
11:06Pour Mourinho, tu vas trouver de la même façon.
11:07Oui, bien sûr.
11:08C'est pour ça aussi qu'il est important, Daniel.
11:10Pour toutes les critiques qu'on peut avoir envers Guardiola,
11:12nous, Capello, tout ça, la plupart est mérité.
11:15Il y a aussi le côté, la façon dont les joueurs le voient,
11:17et travailler avec Guardiola,
11:18c'est quelque chose qui semble assez phénoménal quand même.
11:20On refera ce débat.
11:21Ça mérite beaucoup plus de temps pour le faire également.
11:23On pourra en parler lundi prochain.
11:25Mais aussi, ce qu'il faut rajouter, Nico, avant.
11:26Moi, je pense que le style Guardiola actuel, c'est terminé.
11:30On en parlait l'autre jour avec Daniel,
11:31après l'élimination en Ligue des champions.
11:33Le cycle du football de Guardiola,
11:35et aujourd'hui, on le voit en Première Ligue,
11:37pour toutes les fois où on a tenté de le copier,
11:39aujourd'hui, quasiment tout le monde va dans le sens inverse,
11:42vers la rapidité, le jeu vers l'avant, la verticalité.
11:44Parce que d'autres gagnent sans sa philosophie et ses méthodes.
11:47Il a marqué 15 ans quand même de foot,
11:49il y a peu d'années.
11:50Mais c'est une évolution.
11:51Et puis Guardiola, c'est pas terminé.
11:52C'est comme tous les cycles, les amis.
11:53Il va peut-être se réinventer aussi.