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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Amissa, bonjour à tous.
00:07Alors Vincent, lundi soir l'Algérie refusait de reprendre sur son territoire des ressortissants illégaux et dangereux que la France voulait lui renvoyer.
00:15Bruno Retailleau assure que, à cette insulte, c'est ainsi que c'est pris, que la France répondra par une riposte graduée.
00:22Pensez-vous que cette riposte sera à la hauteur ?
00:25Quelle riposte, dit Dimitri ? La suspension des accords de 2007 pour l'exemption des visas aux détenteurs diplomatiques ?
00:31Vous croyez sincèrement que ça va impressionner le régime algérien ?
00:35Les Churchill de Twitter, les Clemenceau de TikTok qui paradent depuis 15 jours et montrent les muses face à Poutine et à Trump ont subitement disparu.
00:43À la place, nous avons eu François Bayrou qui demande de la fermeté sans fermeture, nous avons eu Jean-Noël Barraud,
00:48le ministre des Affaires étrangères qui a été rompre le jeûne du ramadan à la mosquée de Paris, antenne de l'Algérie en France.
00:54Si c'est ça le premier grade de la riposte, on n'est pas tiré d'affaires.
00:57Quant à Emmanuel Macron, d'ordinaire si volubile, il n'a pour le moment rien à dire du tout.
01:02Faut-il rappeler qu'il y a un mois, à Mulhouse, un homme est mort sous les coups d'un terroriste algérien que nous avons tenté de renvoyer chez lui à 14 reprises ?
01:10Faut-il rappeler que chaque jour, Alger nous nargue et nous menace en refusant de reprendre ses influenceurs semeurs de haine,
01:16en menaçant de s'en prendre aux biens immobiliers français en Algérie, en s'attaquant aux écrivains qui ont choisi notre langue,
01:22Boalem Sansal et Kamel Daoud ?
01:24Maintenant, on l'a compris, la nouvelle exigence, c'est le départ du ministre de l'Intérieur.
01:29L'objectif du régime, c'est la démission de Bruno Rotailleau comme symbole de la soumission de la France aux volontés de Monsieur Théboune.
01:37Alger pourrait ainsi faire la preuve de son emprise politique, démographique, littéraire sur l'ancien pays colonial.
01:43Depuis que Bruno Rotailleau a choisi de défier le régime algérien,
01:47nous prenons la mesure du sentiment de supériorité d'un pouvoir qui ne tolère qu'une France pénitente et repentante.
01:53Ce dévoilement, c'est le premier mérite du ministre de l'Intérieur.
01:56Et maintenant, il doit aller au bout.
01:57Mais si, comme vous le dites Vincent, cette arrogance est maintenant connue de tous,
02:00pourquoi une réaction si mesurée des autorités françaises ?
02:04Parce que face à l'Algérie, l'état français est en proie à une obsession mécanique de la prudence, pour ne pas dire de la trouille.
02:10Ceux qui nous gouvernent ont peur des troubles et des émeutes sur notre sol.
02:13Ils sont hantés par la culpabilité morale ou choisissent une naïveté commode qui consiste à jouer l'agneau en croyant attendrir le loup.
02:21Sur le plan politique, cette histoire nous rappelle que le bloc central est profondément divisé,
02:25presque irréconciliable sur les questions d'immigration, d'islam, donc d'Algérie.
02:29Et cette division, on la retrouve même à l'intérieur des protagonistes.
02:32Emmanuel Macron, pendant des années, a donné raison à l'Algérie contre la France.
02:36Il doit maintenant faire le contraire.
02:37François Bayrou, depuis 50 ans, dilue ces sujets dans une vague complexité centriste.
02:42On lui demande aujourd'hui d'être ferme et tranchée.
02:45Quant aux élus macronistes, ils ont toujours nié la dimension culturelle, historique, identitaire, démographique de la politique.
02:51Et quand le parti du déni se retrouve face à face avec une réalité qu'il a toujours refusé de voir, il est d'abord tétanisé.
02:57C'est ce à quoi nous assistons. On ne sait pas ce qui est gradué, l'hariposte ou le trouillomètre.
03:02Donc il ne se passera pas grand-chose, vous pensez, Vincent, et Bruno Retailleau finira par partir ?
03:06S'il ne se passe rien, oui, Bruno Retailleau finira par partir.
03:09En fait, le président de la République et le Premier ministre sont devant un terrible dilemme.
03:12Soit ils font le choix du courage et ils ouvrent une crise diplomatique de premier ordre avec Alger.
03:17Soit ils cèdent à la facilité et ils prennent le risque de déclencher une crise politique qui peut tourner à la crise de régime dont ils seront les victimes.
03:24Le ministre de l'Intérieur est le premier de cordée de ce gouvernement, Dimitri.
03:28S'il dévisse, tout le monde peut tomber avec lui.
03:30L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villiers.