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En 2002, Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l’élection présidentielle. Florence Beaugé, journaliste du Monde, spécialiste de la guerre d’Algérie, publie plusieurs enquêtes sur le passé de tortionnaire du leader d’extrême droite.

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00:00Si on vous avait demandé, M. Le Pen, vous, de torturer, vous l'auriez fait ?
00:03Si cette manière de faire, encore une fois, je n'aime pas votre mot qui est trop ambigu.
00:09Si j'avais dû forcer, par la violence des terroristes, à m'avouer où étaient leurs bombes,
00:16je crois que je l'aurais fait, oui. Je l'aurais fait sans scrupule.
00:20Sur le terrain, j'ai découvert les méfaits commis qui étaient assez considérables.
00:26Il avait inauguré ce que j'ai appelé la torture à domicile.
00:32Il n'y avait pas que les centres d'interrogatoire.
00:33Il allait dans les familles, il interrogeait, il torturait et souvent il exécutait.
00:39M. Le Pen, cinq témoignages précis et concordants vous accusent d'avoir torturé en Algérie.
00:43Que répondez-vous ?
00:44Cinq témoignages qui émanent d'agents étrangers du FLN,
00:49terroristes et tueurs les uns et les autres.
00:52Le Pen et sa patrouille avaient déboulé chez lui, à son domicile.
00:58Ils ont torturé le papa, armé de moulet, à l'eau, puis à l'électricité,
01:04jusqu'à ce qu'il en meure.
01:05Et là, ils ont fait le coup classique,
01:07c'est de tirer une rafale de mitraillette sur le corps pour faire croire qu'il s'était enfui.
01:12Avec la mort de Jean-Marie Le Pen le 7 janvier 2025,
01:15son passé de tortionnaire pendant la guerre d'Algérie est revenu dans le débat public.
01:19Notamment avec cette une de l'humanité qui affiche son poignard nazi.
01:23Et ce couteau, c'est la journaliste du Monde, Florence Baugé, qui l'a retrouvée en Algérie.
01:27Cette journaliste, arrivée au monde au début des années 2000,
01:30a multiplié les enquêtes qui ont ravivé la mémoire des pires horreurs de la guerre d'Algérie,
01:34et en particulier la torture.
01:36Dans cette vidéo, elle nous raconte comment le nom du jeune député Jean-Marie Le Pen
01:40revenait dans toutes ses enquêtes sur le terrain.
01:42L'histoire commence en 2002,
01:43le père de Marine Le Pen est au deuxième tour de l'élection présidentielle.
01:47En 2002, il se trouve que Jean-Marie Le Pen est arrivée en bonne place dans la course à l'Elysée.
01:54En tête, Jacques Chirac, 20% des voix, énorme surprise Jean-Marie Le Pen,
01:58semble devoir être le second avec 17% des voix.
02:03Et là, Plenel nous a demandé à tous les journalistes du Monde
02:06de lui trouver des angles intéressants sur Jean-Marie Le Pen,
02:09tout ce qu'on savait pour traiter le sujet au mieux.
02:13Je l'ai coincée à la sortie d'une réunion,
02:16je lui ai dit, mais est-ce que tu te souviens qu'il y a deux ans déjà,
02:20je t'ai dit que j'avais des choses sur Le Pen,
02:22moi j'en ai pas mal dans mes carnets,
02:25mais est-ce que tu veux que je termine cette enquête ?
02:30Et il m'a dit oui bien sûr, maintenant c'est notre devoir,
02:32puisqu'il prétend entrer à l'Elysée, il faut le faire.
02:35J'ai estimé qu'il était de mon devoir de parlementaire,
02:37capable de porter les armes, d'y aller avec le contingent,
02:40puisque dans le fond, j'étais d'accord pour préserver cette partie de la France.
02:45Jean-Marie Le Pen s'est engagée de façon volontaire,
02:49en signe de solidarité, comme il disait, avec les jeunes appelés,
02:53avec le grade de lieutenant.
02:55Sur le terrain, j'ai découvert les méfaits commis,
03:00qui étaient assez considérables.
03:01Il avait inauguré ce que j'ai appelé la torture à domicile.
03:07Il n'y avait pas que les centres d'interrogatoire,
03:09il allait dans les familles, il interrogeait,
03:11il torturait et souvent il exécutait.
03:14M. Le Pen, la loi d'amnistie veut oublier les faits qui se sont produits en Algérie.
03:18A chaque fois, vous parlez de diffamation.
03:20Est-ce que pour autant, ça vous dispense de prouver
03:22que vous n'avez jamais torturé en Algérie ?
03:24Mais écoutez, ce n'est pas à moi de prouver que je n'ai jamais torturé.
03:28Ce sont aux gens qui, au mépris de la loi d'ailleurs,
03:31devraient avoir à le prouver, car nous ne sommes pas encore,
03:33Dieu merci, en système soviétique.
03:36Sur Le Pen, on me disait toujours,
03:38on me parlait toujours d'une histoire de poignard et d'un enfant
03:41qui avait trouvé un poignard au nom de Le Pen.
03:44J'ai activé un petit peu mes réseaux d'anciens combattants
03:47via Louisette et Rilarys et en trois jours, je l'ai retrouvé.
03:52Quand moi je l'ai retrouvé, il avait déjà 58 ans.
03:57Il s'appelait Mohamed Moulet.
03:59Lui, il avait vécu une nuit d'horreur dans la casbah.
04:03En mars 1957,
04:06Le Pen et sa patrouille avaient déboulé chez lui à son domicile,
04:13rue des Avancées-Rage.
04:15Il voulait savoir à la fois où étaient les armes,
04:17où étaient les complices, il voulait toutes les informations possibles.
04:20Je ne sais pas ce qu'il voulait exactement.
04:23Mais devant les six enfants réunis et la jeune femme
04:27qui portait la dernière nez qu'elle nourrissait encore au sein,
04:31ils ont torturé le papa, Mohamed Moulet, à l'eau,
04:36puis à l'électricité, jusqu'à ce qu'il en meure.
04:39Et là, ils ont fait le coup classique,
04:41c'est de tirer une rafale de mitraillette sur le corps
04:44pour faire croire qu'il s'était enfui.
04:45C'est la fin de la bataille d'Alger.
04:47Mohamed Moulet, l'aîné des enfants, 12 ans,
04:49a trouvé quelque chose dans le couloir de l'entrée de la maison
04:54et l'a caché instinctivement dans le compteur électrique.
04:57C'était un poignard attaché à un ceinturon.
05:00Il l'a caché dans le compteur électrique sans savoir pourquoi,
05:02en se disant que c'était peut-être quelque chose d'important.
05:05Et ce poignard, il était chez lui, dans sa famille,
05:08dans le buffet de la salle à manger depuis 40 ans, quand je l'ai retrouvé.
05:15C'est un poignard nazi, un poignard nazi avec la croix gammée,
05:19qui était tombée dans les années 70,
05:21mais on voyait encore parfaitement l'espèce de triangle
05:25sur lequel il y avait la croix gammée.
05:27Et sur le fourreau était inscrit « J.M. Le Pen, 1er Rep »,
05:32« 1er Régiment étranger parachutiste ».
05:34Eh bien, j'aurais perdu mon ceinturon.
05:38J'aurais perdu mon ceinturon,
05:40ceinturon auquel, normalement, est attaché mon revolver et mon poignard.
05:47Or, au lieu d'un poignard de parachutiste,
05:50qui est l'arme en quelque sorte légale,
05:55c'est-à-dire réglementaire, qui est un poignard-baïonnette d'ailleurs,
06:00moi, la fantaisie m'aurait poussé à avoir un poignard de Hitlerjugend.
06:05C'est vrai que la croix gammée manquait dans tout ça.
06:08Alors, c'est un petit poignard, parce que les Hitlerjugend, c'est des scouts.
06:12– Des jeunes décédériennes, c'est ça ?
06:13– Oui, c'est ça, auquel a appartenu d'ailleurs même le pape, vous voyez.
06:17Bon, c'est des boy scouts.
06:20Et ils ont un petit poignard, comme ça, avec une petite lame.
06:24Et le lieutenant Le Pen, lui, il en avait la fantaisie,
06:27au lieu d'avoir son poignard de combat,
06:29eh bien, il avait ce petit poignard d'Hitlerjugend à sa ceinture.
06:34Ça fait rire tout le monde, ça fait rire tout le monde.
06:37– Il n'y a pas eu que cette nuit d'horreur,
06:38il y en a eu une autre aussi où Le Pen se faisait appeler le commandant Marco.
06:43Et c'était une nuit très brutale qui s'était produite un mois plus tôt,
06:46en février 1957, toujours dans la Casbah.
06:50Et ça, cette histoire-là est sortie à la veille des législatives, en 2002.
06:56Si vous voulez, c'était un peu la piqûre de rappel.
06:58On avait fait l'histoire du poignard pour la présidentielle.
07:02Et les quatre autres témoins, plus un cinquième qui, lui,
07:06disait avoir été torturé avec Ossares et Le Pen.
07:12Les lois d'amnistie interdisaient qu'on écrive des choses pareilles.
07:16Et tous ceux qui s'y étaient risqués avant moi,
07:19en particulier Lionel Duroy de Libération, s'étaient retrouvés condamnés.
07:24Donc, si vous voulez, on n'y allait pas de gaieté de cœur.
07:29Plenel pensait qu'il le devait à ses lecteurs.
07:31Et moi, je pensais que je le devais aux victimes algériennes.
07:34C'était vraiment pour les Algériens que je le faisais.
07:36Beaucoup plus que pour les lecteurs français, pour être honnête.
07:39Plenel était dans son rôle, moi, j'étais dans le mien.
07:41Mais j'ai été frappée quand il m'a poursuivie en justice.
07:45Il m'a poursuivie pour mes écrits et il n'a pas dit un mot du poignard
07:48dans les motifs de poursuite.
07:51Donc, je pense qu'il n'avait pas tellement envie que la tension soit attirée dessus.
07:56Et il ne savait pas à ce moment-là, personne n'imaginait que je rapporterais
08:00le poignard d'Algérie et je le produirais à l'audience.
08:04Et c'est ce qui s'est produit.
08:06Mais j'ai eu un mal fou à le rapporter.
08:08J'ai fait trois tentatives au moins, une avec un ambassadeur de France
08:13qui a refusé en me disant que s'il m'aidait par la valise diplomatique,
08:18ça pourrait se savoir et au procès, Jean-Marie Le Pen serait en droit
08:22de demander comment vous avez rapporté ce poignard.
08:25Et je mettais toute la République dans l'embarras.
08:29Ensuite, à ministre des Affaires étrangères,
08:32j'ai fait un voyage en délégation restreinte.
08:35Je lui ai expliqué brièvement l'histoire par un petit mot dans l'avion.
08:38Est-ce que je peux rapporter le poignard ? J'en ai besoin.
08:41Et sur le tarmac, en descendant en Algérie, il m'a répondu
08:44j'aurais préféré ne pas être au courant.
08:46Donc, c'était un non déguisé.
08:48Et puis ensuite, un nouvel ambassadeur de France qui est arrivé,
08:51que je connaissais bien aussi, et je lui ai demandé
08:54s'il pouvait me le faire parvenir en France par la valise diplomatique.
08:58Et lui aussi, comme le précédent ambassadeur, a refusé en me disant
09:01c'est à vous et à vous seul de le rapporter.
09:04Mais quelqu'un, un ami d'ami, m'a essayé de m'aider
09:08et m'a emballé le poignard dans une feuille de plomb.
09:12Et une feuille de plomb, c'est censé tout protéger,
09:14tout masquer au rayon X à l'aéroport.
09:17Donc, c'est ce que j'ai fait.
09:18J'ai mis le poignard, enfin ce barbouze, si on peut dire,
09:21on l'appellera comme ça, qu'il me l'a emballé dans une feuille de plomb.
09:25Je l'ai mis dans ma valise entre deux paquets de cadeaux,
09:27un paquet de dates, deux livres, etc.
09:31Dès les premiers employés, vous savez, sur le tapis roulant,
09:34je les ai vus qui faisaient aller et retour, aller et retour avec ma valise.
09:37Je me suis dit ça y est, je suis mal.
09:39Ils ont compris qu'il y avait quelque chose de louche.
09:41Et en effet, il y avait quelque chose de louche.
09:42Du coup, ils ont appelé leur supérieur.
09:44C'était un inspecteur de police qui m'a demandé de lui expliquer mon histoire.
09:50Il m'a dit bon, attendez, je vais voir avec mon supérieur.
09:53Du coup, j'ai eu le commissaire de police de l'aéroport qui m'a dit bon, attendez,
09:57je vais voir, je vais passer des coups de téléphone.
10:00Et j'ai vu qu'ils avaient envie d'eux-mêmes de me laisser partir avec le poignard
10:05parce qu'ils avaient compris l'histoire et ça les touchait.
10:07Mais ce n'était pas fréquent de voir un fonctionnaire en Algérie
10:10prendre de lui-même et me dire je vais tout faire pour que vous partiez avec ce poignard.
10:14C'est ce que m'a dit ce que je crois être le commissaire de police.
10:18Mais en tout cas, l'avion a eu beaucoup de retard,
10:21mais j'ai pu partir avec le poignard dans la valise qui était elle-même dans la soute.
10:26Et quand je suis parti, le commissaire de police m'a dit bonne chance pour votre procès.
10:35Première instance, Le Pen n'est pas là.
10:37Donc, à un moment, la présidente me dit mais ce poignard, vous l'avez touché,
10:43vous l'avez eu entre les mains.
10:45J'étais un peu étonnée de la question.
10:46Moi, j'étais à la barre. Je me disais oui, évidemment.
10:49Elle me dit et où il est maintenant?
10:51Il est dans un musée, au musée des Moudjahidines ou dans un musée d'Alger.
10:56J'ai répondu non, il est là.
10:58Je n'avais rien préparé.
10:59Il n'y avait pas de mise en scène.
11:01Et à ce moment-là, Baudelot, l'avocat du monde, s'est levé,
11:03l'a sorti et l'a apporté sur l'estrade.
11:06Et alors là, branle-bas le combat du côté des avocats de Le Pen
11:10qui ont protesté en disant, indignés que la pièce ne leur avait pas été communiquée.
11:14Ça n'a servi à rien.
11:15J'ai vu les trois magistrats sidérés se passer le poignard de main en main
11:21avec l'inscription J.M.Le Pen.
11:23Oui, c'était un beau moment, ça.
11:26Première instance, deuxième instance, cassation.
11:29Tout ça est séparé d'une année à chaque fois.
11:33Mais en cassation, Le Pen avait perdu.
11:35C'était définitif et c'était une belle victoire parce que jusque là,
11:39Le Pen avait gagné pratiquement tous ses procès,
11:42en tous les cas contre les journalistes.
11:44Je crois qu'il avait fini par perdre contre Vidal Nakey et Michel Rocard,
11:49qu'il avait traités de tortionnaires.
11:50Mais moi, c'était plus que le traiter de tortionnaires.
11:53C'était démontrer ses actes de torture et les exécutions qu'il avait commises.
11:59Donc c'était beaucoup, beaucoup plus.
12:02Le poignard, je l'ai rapporté à Alger.
12:04Les autorités algériennes avaient été prévenues,
12:07je ne sais plus comment, que je rapportais le poignard
12:09et on voulait me le confisquer.
12:10Or moi, j'avais dit que je le remettais à la famille Moulet.
12:13Donc il y a eu un petit bras de fer.
12:15Finalement, on a trouvé un terrain d'entente
12:17et j'ai bien remis à la famille Moulet qui l'a gardé pendant deux ans
12:21et qui ensuite l'a remis au musée des Moudjaïdines d'Alger.
12:26Mais curieusement, le poignard n'est toujours pas exposé.
12:31Il est dans un coffre au sous-sol du bâtiment du musée des Moudjaïdines,
12:35officiellement parce que le bâtiment est en travaux.
12:37Mais moi, ça fait déjà maintenant 12 ans que j'ai rapporté ce poignard.
12:44Donc j'ai du mal à croire que le bâtiment,
12:47le musée des Moudjaïdines soit toujours en travaux.
12:49Ça les gêne.
12:51C'est-à-dire, si on soulève le couvercle sur les tortures,
12:54est-ce qu'on ne va pas les soulever aussi sur ce qui s'est passé
12:56pendant les décennies noires, l'armée contre les islamistes ?
12:59Là aussi, il y a eu des viols, il y a eu des enlèvements,
13:02il y a eu des exécutions sommaires.
13:04Donc, gardons tout ça sous le couvercle.
13:08Je pense que c'est plutôt ça l'explication, mais je ne suis pas sûre de moi.
13:12Pas une semaine sans un nouvel incident diplomatique entre la France et l'Algérie
13:16depuis que la France a fin juillet annoncé la reconnaissance de la souveraineté marocaine
13:22sur le Sahara occidental.
13:23L'Algérie a basculé dans une forme de défiance vis-à-vis de Paris.
13:27En Algérie, je crois que ce qui m'a le plus touchée à l'époque,
13:29c'est que les gens qui me parlaient le faisaient toujours sans haine.
13:33C'était avec même beaucoup d'amour pour la France en disant, c'était la guerre.
13:37On comprend et on pardonne.
13:39Et je trouve qu'aujourd'hui, je ne suis pas sûre que les sentiments soient aussi affectueux,
13:45aussi amicaux, tellement la situation a changé maintenant
13:50avec la crise que connaissent les deux pays en ce moment.
13:54Je pense que venir globalement dire que la colonisation était un drame pour l'Algérie,
13:59c'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai.
14:03C'est économiquement, en termes d'infrastructures, etc.
14:07La France a apporté à l'Algérie un capital qui aurait dû lui permettre d'ailleurs,
14:13encore une fois, de se développer et de devenir, comme je l'ai dit, la Norvège du Maghreb.
14:18Ils ne l'ont pas fait.
14:19Ça n'a pas été un drame pour les colons et pour la France,
14:22mais ça a été un drame pour les Algériens, il n'y a absolument aucun doute.
14:26Il n'y a pas simplement l'inservissement,
14:27mais la façon dont on a essayé de leur retirer leur identité,
14:31qui dépasse peut-être encore la question de la torture et des disparitions.
14:37C'est un peuple quand même traumatisé.
14:40Et nous, la France, on le mesure mal.
14:42On voudrait faire tout le temps leur faire tourner la page sans l'avoir écrite.
14:46Il faut tenir bon quand même.
14:47Il y a les jeunes générations de ceux que Benjamin Stora appelle
14:51qui ont l'Algérie au cœur,
14:53c'est-à-dire qui sont concernés de près ou de loin par l'Algérie.
14:57Ils sont aujourd'hui à peu près 10 millions.
14:59Les enfants issus de l'immigration, les familles des anciens militaires,
15:04les pieds noirs, les harkis, ça fait 10 millions de personnes.
15:07Donc, de toute façon, je crois qu'on n'y coupera pas un jour ou l'autre,
15:10mais probablement pas demain ni après-demain.
15:13Il faudra que la France reconnaisse dans son ensemble les torts,
15:19les atrocités de la colonisation, bien sûr.
15:21Et à mon avis, présente ses excuses.
15:24Alors qu'il y a 20 ans,
15:25il aurait suffi qu'elle reconnaisse.
15:27Les Algériens ne demandaient que ça, qu'elle reconnaisse.
15:30Maintenant, je pense que la barre est plus haute
15:31et qu'il faudra des excuses.
15:33Le simple fait de reconnaître ce qu'il y avait été,
15:36torture, exécution sommaire, viol, disparition en masse,
15:42ça leur aurait suffi.
15:43Maintenant, c'est beaucoup plus large.

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