• il y a 2 heures
La Dordogne ! Oui, le retour de la souveraineté militaire de la France, il commence là. Face aux velléités de Vladimir Poutine et aux tergiversations de Donald Trump, Emmanuel Macron veut réarmer le pays, si possible avec du Made in France. Et pour ce faire, la production stratégique de la poudre devrait être relancée à l’usine historique de Bergerac, après avoir été délocalisée à l’étranger en 2007.

En avril 2024, le président de la République avait posé la première pierre de cette relance lors d’un déplacement sur le site de l’entreprise d’Eurenco, détenue à 100 % par l’État. Depuis un an, l’usine réembauche, construit des bâtiments, fait des tests… Le 10 mars dernier, France Bleu Périgord annonçait le redémarrage officiel de la production dans les prochains jours, après un an d’études environnementales.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bergerac est pour moi l'image de cette reconquête industrielle
00:04et de cette souveraineté militaire que nous voulons pour nous-mêmes et pour l'Europe.
00:08La Dordogne.
00:09Et oui, le retour de la souveraineté militaire de la France, il commence là.
00:13Face à Vladimir Poutine, Emmanuel Macron veut réarmer le pays,
00:17si possible avec du « made in France ».
00:20Et pour ce faire, il y a une production stratégique
00:22qui devrait être relancée d'ici peu dans le sud-ouest du pays,
00:25celle de la poudre.
00:27On vous raconte et on vous explique pourquoi il n'est pas si facile
00:30de relancer ce qu'on a démantelé.
00:33Un peu d'histoire d'abord.
00:34En France, la poudre a longtemps été une affaire d'État.
00:37Le monopole royal est institué au XIVe siècle par Philippe VI
00:42qui octroie une charte aux fabricants.
00:44Sous Louis XIV, on appelait ça la « ferme spéciale des poudres et salpêtres »
00:48et à partir de la Première Guerre mondiale, le « service des poudres ».
00:52Ce monopole est aboli en 1971 car, contraire au traité européen,
00:56l'État crée alors sa Société nationale des poudres et explosifs, la SNPE.
01:01Même si le monde se pacifie, ce fleuron tient le coup pendant le temps
01:05grâce à ses activités militaires, civiles et dans l'aérospatiale.
01:09Mais petit à petit, l'État coupe dans les budgets de la défense,
01:12commande de moins en moins de munitions,
01:14on passe d'une logique de stockage aux flux tendus et on licencie.
01:18En 1992, un grand plan social tombe, notamment pour l'usine de Bergerac.
01:22L'outil de production est vétuste.
01:24La recherche a marqué le pas et l'armement conventionnel
01:27n'a plus les faveurs des choix budgétaires.
01:29L'État aujourd'hui, au lieu de commander dans ses établissements comme nous
01:33ou d'autres établissements au niveau national,
01:36commande de plus en plus ses besoins pour l'armée au niveau de l'étranger.
01:40La SNPE est ensuite morcelée en plusieurs entités.
01:44Celle qui s'occupe de la poudre, Eurenco, délocalise la production en Suède en 2007.
01:49L'usine de Bergerac, elle, vivote.
01:51Puis, sous Nicolas Sarkozy, l'État privatise, vend à sa franc une filiale très rentable
01:56spécialisée dans le propergol,
01:58un produit utilisé pour les boosters d'Ariane 5 dans les missiles balistiques
02:02et pour les airbags de millions de voitures.
02:04Bref, on démantèle un fleuron jusqu'à ce que la guerre revienne en Europe.
02:09On réalise alors la grande erreur stratégique
02:12d'avoir abandonné une compétence critique selon un récent rapport parlementaire.
02:17En avril 2024, Emmanuel Macron a donc posé la première pierre
02:20de la relance de la poudre à Bergerac.
02:23Depuis un an, l'usine réembauche, construit des bâtiments, fait des tests.
02:27L'objectif d'Eurenco, détenu aujourd'hui à 100 % par l'État,
02:30est de produire 1200 tonnes de poudre par an à partir de 2026.
02:35Selon le ministère de la Défense, cela permettra de propulser 100 000 obus de gros calibre,
02:4080 000 iront à l'Ukraine, 20 000 à nos armées.
02:43Mais retrouver cette souveraineté industrielle, ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
02:47D'abord, il faut des autorisations.
02:49Car la France, contrairement à la Russie, n'est pas encore sous loi martiale.
02:53Il y a des règles et des études environnementales à faire.
02:56Selon Eurenco, ces autorisations devraient être obtenues dans les prochains jours.
03:00Ensuite, il y a les matières premières.
03:02Pour faire de la nitrocellulose, on utilise généralement de la cellulose de coton
03:07qu'on ne produit plus en France.
03:08Même chose pour un autre élément essentiel, l'acide nitrique concentré.
03:13L'acide nitrique, il nous faut des plateformes chimiques.
03:16Généralement, ce sont des gens qui font des engrais.
03:18L'ouverture importante avec des prix très compétitifs
03:21fait que les chimistes européens aujourd'hui,
03:24et vous pouvez le voir tous les jours dans la presse,
03:26renoncent à des investissements et renoncent à leurs usines en Europe
03:29pour les délocaliser sur une industrie qui est mondiale
03:33et qui est la fabrication d'engrais.
03:35Et donc, sans acide nitrique, plus de poudre, plus d'explosifs.
03:39Pour ses intrants, la France est donc très dépendante de l'étranger,
03:42en particulier de l'Asie.
03:43C'est pourquoi Eurenco cherche des solutions de substitution.
03:46Dans un premier temps,
03:47l'entreprise va notamment recycler des poudres des années 90.
03:51Et oui, c'est possible, et on vous rassure, sans danger.
03:54À terme, l'entreprise envisage aussi de remplacer le coton
03:57par de la cellulose de bois que l'on pourrait produire en Aquitaine.
04:01Voilà donc comment la France, petit à petit, relance son industrie de guerre.
04:05C'est un début, vraiment un début.
04:07Pour rappel, l'usine de Bergerac permettra de sortir 100 000 obus par an.
04:11Selon l'OTAN, la Russie peut en produire 30 fois plus.

Recommandations