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  • 18/03/2025
Le président du parti Horizons et maire du Havre Édouard Philippe était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Edouard Philippe, bonjour madame Mabrouk et merci, merci d'avoir accepté notre invitation à la grande interview sur ce News Européen.
00:06Ancien Premier ministre, président d'Horizon, candidat déclaré en vue de 2027, il y a beaucoup de sujets d'importance à évoquer ce matin avec vous.
00:14Vous avez d'ailleurs coutume de rappeler que vous réservez votre parole quand vous avez quelque chose à dire, on va essayer de respecter cela ce matin.
00:21Et je voudrais démarrer, monsieur Edouard Philippe, par le nom très ferme du régime algérien, la liste des ressortissants expulsables par la France.
00:28Les autorités françaises sont invitées à suivre les voies d'usage, dit le communiqué en des termes très stricts, est-ce à vos yeux l'humiliation de trop ?
00:38En tout cas c'est une réelle hypocrisie, parce que si nous sommes dans une difficulté avec l'Algérie, c'est que l'Algérie ne respecte pas les obligations qui lui incombrent
00:46en vertu des traités et des conventions que nous avons signées avec l'Algérie.
00:50Elle ne respecte pas le protocole ou l'accord de 1994 sur la réadmission des citoyens algériens vers l'Algérie.
00:58Et donc elle se place elle-même dans une situation où au fond on n'a plus envie de régler nos questions par le droit.
01:05Je trouve ça très préoccupant et je pense qu'il faut réagir.
01:09Je crois que le gouvernement prépare ce qu'il a appelé une riposte graduée et ça me paraît la bonne réaction.
01:15Est-elle suffisante ? Renaud Taillot va donc passer par les visas pour les passeports diplomatiques.
01:20Qu'est-ce qu'on a encore là aujourd'hui ?
01:22Il va revenir sur un échange de lettres diplomatiques de 2007 qui autorise les diplomates algériens ou les porteurs d'un passeport diplomatique algérien
01:32à entrer sur le territoire national sans visa. Je crois d'ailleurs que c'est le seul exemple d'un pays non européen.
01:41Et je pense que c'est très bien, dès lors que l'Algérie ne respecte plus ses obligations, de faire la riposte graduée.
01:46Alors la riposte graduée, par principe, elle est graduée. On ne commence pas tout de suite par l'échelon ultime.
01:52Oui, sauf que le Président a déjà dit que l'échelon ultime ne serait pas activé.
01:55D'ailleurs vous-même, vous avez été l'un des premiers à parler de cet accord, du détricotage des accords dérogatoires de 68.
02:02Pourquoi selon vous, Edouard Philippe, alors que Renaud Taillot veut engager le bras de fer,
02:06le Président de la République a déjà renoncé à cet outil que sont ces accords ?
02:11Je ne crois pas qu'il ait renoncé. Je pense qu'il doit espérer. D'abord, je ne suis pas dans sa tête.
02:16Moi, je ne suis pas là pour expliquer ce que peut penser Emmanuel Macron.
02:19Mais comme il entre dans la riposte graduée, il ne dit pas immédiatement jusqu'où il va aller.
02:25Du point de vue tactique, je peux l'entendre. Si c'est ça, je peux l'entendre.
02:29Mais en tout état de cause, ce que je sais, c'est qu'il faut dire les choses assez clairement.
02:33Un, notre différent, et la tension qu'à mon avis il faut assumer, est une tension qu'il faut assumer avec le gouvernement algérien.
02:42Pas avec le peuple algérien et certainement pas avec les Français d'origine algérienne.
02:47Mais avec le gouvernement algérien qui décide, à mon sens, pour des objectifs de régulation intérieure et de régulation politique intérieure en Algérie,
02:57de tendre la donne et de désigner la France comme le responsable de tous les maux en Algérie.
03:02Et je pense que ça, nous ne pouvons pas l'accepter. Il faut probablement, et je l'ai dit, mettre un terme à ces accords de 1968,
03:12puisqu'il prévoit un régime favorable et assez favorable aux Algériens.
03:17Exceptionnel. C'est un accord dérogatoire qui n'existe pas avec les autres pays du Maghreb.
03:22Il y a d'autres accords avec des pays, mais il n'y en a aucun qui soit aussi étendu.
03:25Donc vous restez sur cette ligne-là, Edouard Philippe. Il faut complètement le détricoter.
03:30Je comprends qu'on y aille de façon graduelle. C'est probablement l'intérêt de la relation diplomatique et de la conduite des affaires.
03:38Mais je pense qu'il faut être très ferme et fixer la ligne qui consiste à dire que si l'Algérie ne respecte pas ses obligations,
03:44alors il n'y a aucune raison de lui offrir un statut plus favorable. Aucune.
03:49Vous avez été Premier ministre. Vous connaissez très bien la nature profonde de nos relations avec le régime, on le précise à chaque fois algérien.
03:55Si je vous ai posé la question sur Emmanuel Macron, la question d'ailleurs c'est que craignons-nous ?
03:59Pourquoi la France tarde-t-elle, selon certains, à réagir ? Vous avez parlé des Français d'origine algérienne.
04:06Est-ce qu'on craint des tensions communautaires sur notre sol ?
04:09En tout cas, il n'est pas anormal d'y réfléchir.
04:13Est-ce que c'est normal de les craindre ?
04:15Ce serait inconséquent de ne pas y réfléchir.
04:17Et donc peut-être que cela rentre en ligne de compte s'agissant du Président.
04:20On a une histoire tellement imbriquée et une population d'origine algérienne tellement importante en France
04:25qu'on sait bien que si nous ne faisons pas les choses bien,
04:28si nous donnons le sentiment que c'est une réaction contre le peuple algérien
04:32et pas contre un gouvernement algérien qui nous désigne comme la cause de tous ces problèmes,
04:37alors il peut y avoir des crispations.
04:38Donc je pense que ce n'est pas scandaleux de le prendre en compte.
04:41Ce n'est pas une faiblesse de le prendre en compte.
04:43Ça ne peut pas être le driver, pardon pour ce mot qui n'est pas un mot français,
04:47ça ne peut pas être le driver de la politique française.
04:49On peut le prendre en compte peut-être, mais ça ne peut pas être le driver de la politique française.
04:52L'intérêt de la France, c'est de dire maintenant ça suffit.
04:55Que le ministre de l'Intérieur ait mis en balance sa démission,
04:58c'est un bras de fer sur ce sujet n'est pas engagé.
05:00Vous le comprenez, vous le soutenez même Bruno Rotaillot ?
05:03J'ai dit combien je me réjouissais que sur l'accord de 68 il ait pris la même position que moi.
05:09Je ne vais pas dire qu'il l'a dit le premier, en l'occurrence je l'ai dit le premier,
05:11mais je suis d'accord avec lui, très bien.
05:13La démission d'un gouvernement, je considère que c'est une arme qui est à la disposition de chaque ministre,
05:21mais je ne suis pas sûr qu'il faille la mettre en scène.
05:23D'accord, il faut l'utiliser avec parcimonie.
05:25D'abord on ne l'utilise qu'une fois, et ensuite je ne crois pas qu'il faille la mettre en scène.
05:31J'observe d'ailleurs qu'on fait dire à Bruno Rotaillot peut-être un peu plus
05:36que ce qu'il a dit réellement dans l'interview dont on a déduit cela.
05:41Je le crois plus prudent que l'interprétation qu'on a faite de ses propos.
05:45On en parlera tout à l'heure parce qu'il s'agit aussi du bloc central.
05:48Une question d'actualité sur ce qui est en cours en ce moment,
05:51Édouard Philippe à la gaieté lyrique à Paris avec l'évacuation par les forces de l'ordre
05:55de migrants illégaux soutenus par des manifestants d'extrême gauche
05:58qui se sont rassemblés toute la nuit.
06:01Ça ressemble à une ZAD avec une intervention des forces de l'ordre,
06:05vous avez connu ça avec Notre-Dame sur un autre domaine.
06:08C'est assez différent.
06:09Mais c'est une évacuation, malgré tout, ça reste sensible.
06:11Est-ce qu'il faut y aller sans que la main tremble ?
06:14Écoutez, les évacuations c'est toujours sensible, c'est toujours délicat
06:17parce que c'est l'utilisation de la force et l'utilisation de la force est toujours délicat.
06:21Lorsque j'étais Premier ministre, nous avons organisé l'évacuation
06:25d'un certain nombre d'universités qui étaient occupées et bloquées.
06:28Et je peux vous dire que ce n'est pas des opérations d'une très grande simplicité.
06:31Je me réjouis qu'elles se soient à l'époque extrêmement bien passées.
06:34Contrairement à ce qu'avaient dit des insoumis,
06:37Là, je crois que le préfet de police est tout à fait dans son rôle.
06:42Ça fait 4 mois que cet équipement est bloqué.
06:45Ça fait 4 mois que les gens qui sont à l'intérieur
06:48ne se voient offrir aucune solution, d'une certaine façon.
06:52Ça ne peut pas durer.
06:53Je ne crois pas qu'en faisant durer cette affaire, elle ira mieux.
06:56Il faut donc libérer l'équipement.
06:59Et je crois, puisque je comprends, si j'écoute les manifestants
07:04qu'un certain nombre de mineurs sont concernés,
07:06il faut que les autorités compétentes pour s'occuper des mineurs non accompagnés
07:10puissent le faire.
07:12C'est-à-dire, en France, le département et à Paris, la ville de Paris.
07:15Voilà, ce n'est pas facile.
07:17Mais je ne vois pas comment on pourrait se satisfaire d'une situation
07:20où on aurait un équipement culturel bloqué,
07:24des gens qui vivent dans de très mauvaises conditions
07:26et un désordre considérable enquisté dans Paris.
07:32Et des journalistes parfois agressés, menacés.
07:34J'apporte évidemment mon soutien à nos journalistes qui sont en train de filmer.
07:39Nous venons de voir les images en direct.
07:41Edouard Philippon poursuit notre entretien sur CNE.
07:43C'est le flou total depuis la déclaration de François Bayrou
07:46qui a affirmé que le débat sur le retour à la retraite à 62 ans était clos.
07:50Le ministre de l'Économie, Eric Lombard, ne reprend pas ces mots.
07:53Contrairement à la ministre des Comptes publics, hier, sur notre antenne,
07:56qui dit que c'est irréaliste de revenir à cela.
07:58Les syndicats sont vent debout.
08:00Là, je plante le décor.
08:01Une partie des représentants du patronat, ce matin, quittent la table des négociations.
08:05De votre côté, est-ce que vous êtes toujours effaré par ce débat ?
08:09Peut-être encore plus aujourd'hui qu'hier.
08:11Je trouve que quand le Premier ministre a lancé l'idée de ce conclave,
08:17je ne sais pas d'ailleurs pourquoi on a trouvé ce mot qui ne me paraît pas extraordinairement,
08:20enfin conclave,
08:22je trouvais que ce n'était pas idiot.
08:25Pas idiot pour autant qu'on ne revienne pas sur la loi,
08:28c'est-à-dire sur son ambition,
08:30c'est-à-dire sur le fait que pour financer nos retraites,
08:32il allait falloir travailler plus longtemps.
08:34Mais peut-être que les partenaires sociaux, en discutant,
08:37peuvent trouver des façons d'appliquer la loi qui soient intelligentes,
08:41plus intelligentes que ce qu'ont trouvé les législateurs,
08:43et qu'en le soumettant ensuite aux législateurs,
08:45on puisse améliorer le contenu de la loi.
08:47Je n'ai pas vraiment de problème avec ça.
08:49Mais depuis que le conclave a été engagé,
08:52qu'est-ce qui s'est passé ?
08:54Il s'est passé un bouleversement considérable aux Etats-Unis.
08:57Il s'est passé des transformations d'alliances
09:00qui imposent à l'Europe de réviser totalement le monde
09:04dans lequel elle était imprudemment, à mon avis, enfermée.
09:07À ce moment-là, ça n'a plus beaucoup de sens.
09:11C'est pour ça que le Premier ministre a dit « exit »,
09:14le retour à la rentrée.
09:16Si c'est pour ça, il a bien fait.
09:18La vérité, c'est que consulter les partenaires sociaux
09:21sur comment est-ce qu'on organise le système productif français,
09:24le système social français,
09:26dans un pays, dans un continent,
09:28où la menace russe est désormais avérée,
09:31où le parapluie américain est désormais incertain.
09:34Ça, c'est une excellente question.
09:36Je trouve que ça, c'est de la démocratie sociale
09:38au meilleur de sa forme et au meilleur de son ambition.
09:40Vous trouvez que ces débats-là ne sont pas à la hauteur
09:42de ce que nous vivons et de ce qui nous est opposé comme menace ?
09:44Je les crois un peu dépassés, c'est ce que j'ai dit.
09:46Il y a eu une joute verbale entre vous et le Premier ministre.
09:48Le ton s'est durci.
09:50Il y a eu un échange d'arguments.
09:52J'ai aucune envie de renoncer à dire ce que je pense.
09:55Je l'entends. Lui non plus, apparemment.
09:57Il vous a dit quand même que vous ne croyez pas à ce terme,
09:59la démocratie sociale.
10:01Moi, je crois beaucoup à la démocratie sociale.
10:03Je crois à la démocratie sociale quand elle a du grain à moudre.
10:06Si la démocratie sociale, c'est prendre les organisations syndicales
10:08en leur disant, vous pouvez discuter,
10:10mais vous ne pouvez pas faire ça, vous ne pouvez pas faire ci.
10:12Vous êtes encadrés dans un tout petit espace.
10:14Ce n'est pas vraiment de la démocratie sociale.
10:16Je préfère leur dire, écoutez, qu'est-ce qu'on fait ?
10:18Qu'est-ce qu'on fait pour, je vous dis,
10:20améliorer notre système productif et notre système social
10:22à des nouvelles menaces ?
10:24Tout à fait. Mais est-ce que vous assumez,
10:26M. Edouard Philippe, ce matin, sur CNews et Europe 1,
10:28qu'il faut travailler plus ?
10:30Est-ce qu'il faut assumer une retraite jusqu'à 65 ?
10:3267 ans ? Est-ce que vous l'assumerez en campagne ?
10:35Non seulement je l'assume ce matin sur CNews et sur Europe 1,
10:39mais je le dis depuis longtemps.
10:41Je le dis depuis longtemps.
10:43Je dis que compte tenu de l'évolution démographique de notre pays,
10:47compte tenu du fait que, et c'est tant mieux,
10:49que nous vivons de plus en plus longtemps
10:51et qu'il y a de plus en plus d'inactifs
10:53et de moins en moins relativement d'actifs,
10:55notre système par répartition arrive au bout de son efficacité,
10:59au bout même de sa crédibilité,
11:01et que donc il faut modifier notre système social.
11:03Et puis je dis par ailleurs quelque chose qui me paraît évident,
11:05mais qui est contesté, et après tout, c'est très bien,
11:07quelque chose dont je suis convaincu,
11:09c'est que si nous voulons défendre à la fois notre prospérité
11:12et notre sécurité,
11:14alors il va falloir qu'on travaille plus.
11:16Travaille plus, parfois plus dans la semaine,
11:18parfois plus dans l'année,
11:20parfois plus en fonction de l'âge qu'on a.
11:22J'ai toujours été fasciné qu'on estime
11:24qu'on pourrait travailler autant à 30 ans
11:28qu'à 64 ans.
11:30La vérité, c'est que vous avez, dans les périodes de la vie,
11:33en fonction de vos choix personnels,
11:35en fonction de votre situation, même de santé,
11:37des moments où vous pouvez, le cas échéant, travailler plus.
11:39Ce que je vous dis là, ce n'est pas l'expression
11:41de la droite libérale abominable.
11:43La CFDT a toujours été très ouverte sur cette idée.
11:46Donc travaillez plus dans la semaine,
11:48travaillez plus dans l'année, et en effet,
11:50travaillez plus tout au long de la vie.
11:52C'est ce que font tous les pays d'Europe.
11:54Mais ça provoque des cris d'offrait dans notre pays.
11:57De droite ou de gauche.
11:59S'ils le font tous à droite ou à gauche,
12:01ce n'est pas parce qu'ils veulent nous ennuyer,
12:04c'est parce qu'ils ont considéré que c'était la seule façon
12:06de préserver ce qu'ils étaient.
12:08Moi, je dis aux Français,
12:10ce n'est peut-être pas agréable à entendre...
12:12Ce n'est pas populaire, surtout.
12:14C'est ce que je pense, et je le dis depuis longtemps.
12:16Et vous le direz encore longtemps en campagne.
12:18Pourquoi voudriez-vous que je change d'avis ?
12:20Parce que pour certaines raisons, on peut parfois...
12:22Vous connaissez des gens qui disent des choses
12:24qui sont populaires alors qu'ils ne le croient pas ?
12:26Vous non ?
12:28Je dis qu'il faut travailler plus.
12:30En réalité, ce que vous reprochez au gouvernement Bayrou,
12:32c'est de ne pas engager de réformes structurelles et courageuses.
12:34En réalité, ce que je reproche à notre époque,
12:36à notre système politique tel qu'il est aujourd'hui,
12:38c'est de ne pas pouvoir engager de réformes audacieuses.
12:40Nous avons, et c'est le produit de la dissolution,
12:42une assemblée nationale qui est dépourvue de majorité.
12:44Nous avons un bloc central
12:46qui soutient le gouvernement
12:48qui est dépourvu de contrats de coalition.
12:50Et donc, nous sommes dans une situation,
12:52objectivement, où rien de grand
12:54et, à mon avis,
12:56rien de très ambitieux ne peut être fait.
12:58Ça ne veut pas dire que rien ne sera fait.
13:00Il peut y avoir des projets de loi...
13:02J'allais vous demander la faute à qui ?
13:04C'est comme ça.
13:06C'est le résultat de décisions.
13:08La dissolution était une décision funeste.
13:10La sortie des urnes est un équilibre
13:12qui contraint chacun,
13:14au fond, à ne pas faire grand-chose.
13:16On peut se permettre cela ? Attendez, vous avez récemment parlé
13:18de folie, Édouard Philippe, de la dette
13:20et de la nécessité de maîtriser la dépense publique
13:22pour préserver des marges de manœuvre pour les sujets les moments importants.
13:24Je pense que nous y sommes.
13:26Les moments importants avec l'effort de défendre...
13:28On peut être contraint à l'immobilisme, aujourd'hui ?
13:30C'est ce que je regrette.
13:32Je constate qu'on va peut-être faire quelques lois
13:34utiles, mais que
13:36la réforme d'ensemble de notre système productif,
13:38la réforme d'ensemble
13:40de notre système social,
13:42la réforme d'ensemble de notre système éducatif,
13:44dont je considère
13:46que c'est probablement la priorité première
13:48si on veut
13:50se redonner les moyens de la puissance.
13:52Vous voyez, moi,
13:54j'aime bien discuter des sujets techniques.
13:56Je ne fais pas de la politique
13:58pour régler des sujets techniques.
14:00Ce qui m'intéresse, c'est le pays.
14:02Si on veut redonner à la France
14:04les moyens de sa puissance, c'est-à-dire les moyens
14:06d'être respectés, les moyens de la confiance en elle,
14:08les moyens de défendre ses intérêts.
14:10Il faut qu'on redevienne prospère,
14:12on ne l'est pas assez. Il faut qu'on redevienne...
14:18Si j'ose dire, pardon, parce que...
14:20Il faut que notre système éducatif fonctionne
14:22beaucoup mieux pour qu'on soit
14:24un peuple de citoyens,
14:26un peuple
14:28capable de continuer à
14:30innover technologiquement, intellectuellement,
14:32culturellement.
14:34La dette française, au dernier compteur,
14:36atteignait 3 303 milliards d'euros.
14:38Ça va s'alourdir.
14:40150 milliards d'ici à la fin de l'année.
14:42Et puis, cette question, ceux qui nous regardent et nous écoutent
14:44ce matin se disent, vous y avez
14:46contribué également, M. le Premier ministre.
14:48Ce que je vous propose, c'est qu'on commence par regarder
14:50la réalité en face, puis ensuite, on racontera ce qu'on a envie.
14:52Quand j'ai été nommé Premier ministre en 2017,
14:54dans les deux
14:56premières années et demie du moment
14:58où j'ai été à Matignon, nous avons baissé les impôts,
15:00baissé le déficit,
15:02stabilisé et même un tout petit peu baissé la dette.
15:04Donc on va quand même se dire les choses tranquillement.
15:06Je suis heureux de l'avoir fait.
15:08Et je ne l'ai pas fait simplement en regardant
15:10passer les voitures. Je l'ai fait en prenant
15:12des décisions
15:14extrêmement populaires.
15:16Le quoi qu'il en coûte de la période Covid.
15:18Ensuite est arrivé le Covid.
15:20C'est vrai que
15:22quand vous décidez de financer l'ensemble,
15:2485 % des salaires
15:26en France, quand l'État
15:28décide de payer 85 % des salaires parce que les gens
15:30ne peuvent plus aller travailler, ça c'est sûr que
15:32la dépense publique augmente et que donc la dette augmente.
15:34Est-ce qu'il fallait faire ? Je le crois.
15:36Je l'assume. J'étais d'accord
15:38avec cette décision. Je l'ai prise.
15:40Je pensais qu'il fallait la faire.
15:42Est-ce que je crois
15:44qu'il fallait assez vite ensuite
15:46cesser le quoi qu'il en coûte
15:48ou en tout cas fermer le robinet ?
15:50Oui. Mais il ne vous aura pas échappé
15:52qu'assez vite après le Covid.
15:54On m'a remercié.
15:56Donc c'était devenu un blanc-sain pour tout en réalité.
15:58Je vous ai dit ce que j'en pensais.
16:00Et on vous a remercié à ce moment-là.
16:02Donc on peut comprendre la cause et l'origine
16:04de tout cela.
16:06Je veux bien assumer tout ce que j'ai fait
16:08mais certainement pas ce que je n'ai pas fait.
16:10Sur ces sujets, et nous avons parlé de la retraite,
16:12Edouard Philippe, il y a des divergences
16:14au sein du gouvernement. Elles se multiplient également.
16:16Je voudrais vous prendre l'exemple d'un sujet
16:18en particulier, c'est le voile dans le sport.
16:20La ministre des Sports estime qu'il ne faut pas
16:22l'interdire et que ce n'est pas un signe
16:24d'antrisme, tout comme d'ailleurs Elisabeth Borne,
16:26contrairement à Bruno Rotailleau.
16:28Et vous sur ce sujet, est-ce que vous êtes
16:30pour l'interdiction du voile dans le sport ?
16:32Je trouve que c'est une question
16:34un peu délicate.
16:36Et si vous m'autorisez,
16:38je voudrais... D'abord aujourd'hui,
16:40ça n'est pas interdit.
16:42Ou plus exactement, aujourd'hui,
16:44c'est interdit dans les compétitions
16:46lorsqu'on représente la France.
16:48Et on peut interdire
16:50le port du voile
16:52dans le sport pour des motifs
16:54d'ordre public.
16:56Mais comme toujours, quand c'est pour des motifs d'ordre public,
16:58il faut montrer que c'est la seule façon d'éviter des troubles
17:00à l'ordre public. C'est donc assez restrictif.
17:02Autrement dit, aujourd'hui, une interdiction
17:04générale et absolue du port du voile
17:06dans le sport serait contraire
17:08à ce qui est la laïcité en France.
17:10La laïcité en France, c'est
17:12la neutralité absolue
17:14de tous ceux qui sont détenteurs de l'autorité
17:16de l'État, ou de l'autorité
17:18publique, plus exactement,
17:20et la liberté pour
17:22les citoyens de
17:24pratiquer et de manifester
17:26leur culte. C'est ça, la laïcité.
17:28Il y a quelques exceptions,
17:30notamment l'interdiction du voile à l'école,
17:32parce que ce sont des mineurs qui sont visés,
17:34mais vous savez qu'à l'université, le port du voile
17:36est autorisé. Et que le port du voile
17:38est autorisé dans l'espace public, dans les transports
17:40publics. Donc, est-ce qu'on pourrait l'interdire
17:42complètement dans le sport, et est-ce qu'il faudrait l'interdire
17:44complètement dans le sport ?
17:46Si on le faisait sans le recours à la loi,
17:48ça devrait être les fédérations sportives.
17:50Les fédérations sportives sont des personnes privées,
17:52mais elles sont dépositaires
17:54de la délégation de services publics de l'État.
17:56Avant de
17:58terminer ma réponse, je voudrais vous faire remarquer
18:00un exemple. Que de précaution, M. le Président ?
18:02Pour donner votre avis personnel ?
18:04C'est une question compliquée. Pourquoi ?
18:06Pourquoi est-elle compliquée ? Est-ce que ce n'est pas une question
18:08de mœurs, tout simplement, dans le pays ? Non, parce que c'est
18:10à la fois une question de mœurs. Que de laïcité ? C'est une question
18:12de mœurs, c'est une question de laïcité, c'est une question
18:14de liberté, c'est une question compliquée, je la prends en sérieux.
18:16Une remarque.
18:18Est-ce que vous avez déjà vu, Mme
18:20Mabrouk, une avocate
18:22plaider
18:24avec un voile ?
18:26Pas à ma connaissance.
18:28Pas à ma connaissance non plus.
18:30Pour une raison assez simple, c'est que les barreaux
18:32en général
18:34réglementent et considèrent
18:36qu'il n'est pas permis,
18:38et je crois qu'il y a eu des contestations, mais que les tribunaux
18:40donnaient raison aux barreaux.
18:42Je trouve ça assez intéressant. Pourquoi ?
18:44Qu'est-ce qu'il y a derrière ? Derrière, il y a l'idée que
18:46dans certains moments, qui ne sont pas
18:48l'exercice de l'autorité publique,
18:50on n'a pas envie
18:52de connaître la distinction religieuse.
18:54Quand vous avez un avocat,
18:56quand vous êtes confronté à la justice, mais quand vous avez un avocat,
18:58vous n'avez pas envie
19:00de savoir si votre avocat, il est de telle ou
19:02telle confession, et ça ne doit pas être un élément
19:04qui entre en ligne de compte, puisque le seul élément
19:06c'est la justice. Quand on est en matière
19:08sportive, on est un peu
19:10dans cet état d'esprit, reconnaissons-le.
19:12Dans le sport, il y a
19:14une aspiration à l'universel. Au fond, la seule
19:16distinction qu'on a dans un match
19:18de foot, c'est le maillot qu'on porte.
19:20Le maillot qu'on porte et le talent
19:22dont on peut se prévaloir.
19:24Je pense donc
19:26qu'il y a beaucoup
19:28de raisons sérieuses qui
19:30devraient nous amener
19:32à réglementer le port du voile dans le sport.
19:34Mais je ne crois pas qu'une interdiction
19:36générale et absolue soit possible.
19:38Je pense donc que
19:40nous devrions cantonner cette interdiction
19:42aux compétitions
19:44organisées
19:46dans le cadre de ce que
19:48les fédérations sont responsables
19:50d'organiser.
19:52Ma réponse est peut-être un peu longue,
19:54mais vous voyez bien que...
19:56Est-ce que le voile est un symbole
19:58de l'antrisme islamiste en France ?
20:00Il est évidemment utilisé par certains comme un élément
20:02de l'antrisme. Je ne crois pas d'ailleurs que
20:04toutes les personnes qui portent le voile
20:06au Havre, je vois beaucoup de gens
20:08beaucoup de vieilles dames
20:10qui portent le voile
20:12et ce n'est pas un symbole de l'antrisme.
20:14Ce n'est pas vrai.
20:16Mais je sais aussi, parce qu'il ne faut pas être naïf,
20:18qu'il y a beaucoup d'antrisme
20:20dans le sport et ailleurs
20:22et que le port du voile
20:24parce qu'il implique
20:26justement la distinction
20:28et la revendication
20:30est un instrument de l'antrisme.
20:32Donc il faut être extrêmement prudent,
20:34pas du tout naïf,
20:36mais en même temps ne pas totalement oublier
20:38ce que veut dire la laïcité.
20:40Quelle est la première décision que prennent généralement
20:42les régimes dictatoriaux et islamistes
20:44quand ils viennent au pouvoir
20:46par rapport aux femmes ?
20:48Vous voulez que je compare
20:50la France, pays démocratique et laïc
20:52à une autocratie religieuse ?
20:54Est-ce qu'il n'agit pas sur les femmes ?
20:56Pas du tout. Il y a un antrisme islamiste
20:58qui est de la même nature, non ?
21:00Évidemment que c'est abominable.
21:02Évidemment que je suis totalement contre.
21:04Vous parlez du symbole.
21:06La laïcité,
21:08c'est-à-dire la liberté
21:10des citoyens
21:12de croire ou de ne pas croire
21:14n'a rien à voir
21:16avec la formulation par l'État
21:18d'une vérité en matière religieuse.
21:22Je serais assez mal à l'aise
21:24avec un État qui interdirait la religion.
21:26Vous voyez ?
21:28Nous n'en sommes pas là.
21:30Et fort heureusement.
21:32Il n'y a pas de...
21:36La laïcité, ça se défend.
21:38J'entends. Mais je vous parle aussi des mœurs.
21:40Est-elle simplement suffisante ?
21:42Je crois que c'est vous-même
21:44qui aviez parlé il y a quelques années
21:46en provoquant des crispations d'un concordat
21:48pour les femmes,
21:50estimant que la laïcité ne suffirait pas.
21:52Non. Pardon.
21:54J'ai écouté votre entretien.
21:56Mais allez-y.
21:58Je vous remercie de citer un livre
22:00qui s'appelle
22:02Des lieux qui disent.
22:04J'ai dit que si
22:06nous n'arrivions pas à régler la question
22:08d'une religion qui
22:10s'implante et qui se développe
22:12très vite dans une société
22:14qui se sécularise,
22:16certains proposeraient forcément un concordat.
22:18C'est-à-dire un droit particulier
22:20pour une religion particulière.
22:22Je pense que ça,
22:24c'est la fin de la laïcité
22:26telle qu'on l'aime en France.
22:28Il faut se battre dans le cadre actuel
22:30et ne pas
22:32revenir sur les fondamentaux de la laïcité
22:34qui est une loi hyper exigeante
22:36pour les agents publics
22:38et pour tous les détenteurs de l'autorité publique
22:40et pour les collectivités territoriales et pour l'Etat
22:42et une loi de liberté pour les individus.
22:44Je vous pose ces questions sur ce sujet.
22:46Est-ce que ce n'est pas sur ces sujets
22:48comme l'antrisme islamiste,
22:50comme l'immigration difficilement maîtrisée
22:52et aussi la sécurité que la droite
22:54a perdue quelque part, selon vous,
22:56son identité, tandis que la gauche
22:58sur d'autres sujets a mené
23:00et mène une bataille culturelle plus affirmée ?
23:04La droite
23:06passe son temps à parler de ça.
23:08Je ne sais pas si elle a perdu son identité là-dessus,
23:10mais elle passe son temps à parler de ça.
23:12Elle en parle, mais est-ce qu'elle résout les problèmes ?
23:14Peut-être pas, mais elle en parle beaucoup.
23:16Voilà, j'observe ça.
23:20Je pense que
23:22ces sujets d'identité
23:24sont sérieux,
23:26sont préoccupants à certains égards.
23:30Je ne crois pas que ce soit à force
23:32de ratiociner sur l'identité qu'on avance.
23:34Je crois qu'une nation, ça tient dans le mouvement.
23:36Je pense qu'une nation,
23:38ça tient par une stratégie, par un projet,
23:40par une ambition.
23:42Par une identité, une culture, une langue ?
23:44Aussi, mais ce n'est pas en regardant
23:46dans le rétroviseur qu'on avance.
23:48Parler d'identité, c'est regarder le rétroviseur.
23:50Ce que je veux dire, c'est très exactement ça.
23:52Notre nation, la France,
23:54est une nation politique.
23:56Elle tient par un projet, par une stratégie.
23:58Quand elle n'a pas de projet, pas de stratégie,
24:00alors elle se regarde le nombril, elle se déchire.
24:02Les forces de tension sont
24:04tellement fortes dans notre pays qu'elles se déchirent.
24:06C'est pour ça qu'il faut toujours appeler au rassemblement
24:08et qu'il faut toujours, en politique,
24:10commencer par le projet et par la stratégie.
24:12Le reste, c'est du détail.
24:14Je pense très sincèrement.
24:16Certains vous reprochent, Edouard Philippe,
24:18déjà en vue de 2027, d'être trop modéré,
24:20c'est l'image du Bloc central.
24:22L'époque n'est pas ou n'est plus au modéré.
24:24La droite doit s'affirmer.
24:26Qu'est-ce que vous leur répondez ?
24:28Je ne sais pas si je suis modéré.
24:30Pourquoi le pense-t-il ?
24:32Vous avez dit que j'avais été le premier à dire
24:34qu'il fallait dénoncer les accords de 68.
24:36C'est modéré ?
24:38Vous avez dit que je suis le seul à assumer
24:40le fait qu'il va falloir travailler plus longtemps,
24:42y compris jusqu'à 67 ans. C'est modéré ?
24:44Pourquoi certains pensent que vous n'êtes pas assez à gauche ?
24:46Je m'exprime de façon nuancée.
24:48C'est très facile de balancer une idée
24:50comme ça en disant « il faut, il n'y a qu'à ».
24:52Moi, j'ai été Premier ministre.
24:54Le « il faut, il n'y a qu'à », je sais que c'est compliqué.
24:56Je sais que c'est compliqué.
24:58Je sais que la réalité est toujours plus compliquée
25:00que ce qu'on en dit sur les plateaux de télévision.
25:02Je n'ai pas envie de renoncer
25:04à cette responsabilité-là.
25:06Quand je dis quelque chose,
25:08quand c'est compliqué, je commence par dire pourquoi c'est compliqué.
25:10Ensuite, je dis ce que je veux.
25:12Vous êtes en train de nous faire l'éloge de la nuance
25:14qui est plus compliquée que l'affirmation
25:16brutale et claire, c'est ça ?
25:18Brutale, oui.
25:20On peut être, je l'espère, nuancé et clair.
25:22Vous l'êtes sur les plateaux de télévision.
25:24L'êtes-vous aussi sur certaines estrades.
25:26Je pense à cette image qui a marqué peut-être
25:28par la malexpression « le peuple de droite »
25:30ou certains électeurs de droite à la fête de l'Humain
25:32où vous avez proclamé que lors d'élections cantonales
25:34vous votez communiste
25:36face à l'extrême droite,
25:38je suppose le rassemblement national.
25:40Est-ce que vous répéteriez cette phrase aujourd'hui ?
25:42Et est-ce que, selon vous,
25:44il y a plus de points communs entre la droite
25:46et les communistes que la droite et le RN ?
25:48Écoutez,
25:50je suis élu au Havre
25:52dans une ville où
25:54une bonne partie
25:56de l'électorat est communiste et continue à voter
25:58pour des communistes.
26:00J'ai donc des élus communistes dans mon conseil municipal.
26:02J'ai un député communiste dans ma ville.
26:06Ils me combattent,
26:08sans concession.
26:10Et je les combats sans concession.
26:12Mais je les connais.
26:14Je les connais.
26:16Et je sais qu'en dépit de toutes nos différences,
26:18elles sont considérables.
26:20Et en dépit de leur volonté très ferme de me battre,
26:22et croyez-moi,
26:24ils ne me font pas de cadeaux.
26:26Quand il y a des sujets d'intérêt généraux,
26:28quand il y a des sujets
26:30d'intérêt républicain,
26:32ils ne se trompent pas toujours de combat.
26:34Et voilà.
26:36Il y a le Havre,
26:38il y a la scène nationale,
26:40il y a les alliés, ou sont encore alliés,
26:42avec les insoumis.
26:44Quand je vois la campagne
26:46de communication que la France insoumise
26:48fait contre Fabien Roussel,
26:50je me dis qu'ils ne sont pas très proches.
26:52Maintenant, pour la France insoumise, Fabien Roussel,
26:54c'est l'extrême droite.
26:56Ou un relais de l'extrême droite.
26:58Et les relents antisémites avec une caricature de Cyril Hanouna.
27:00Ne croyez pas que je fasse l'apologie
27:02du Parti communiste.
27:04Je vous demande si vous répéteriez cette phrase aujourd'hui.
27:06D'ailleurs, ça les gênerait, j'imagine.
27:08Est-ce qu'il y a quelqu'un à droite qui est parti vers l'ERN ?
27:10Est-ce qu'il y a quelqu'un à droite qui est parti vers les communistes ?
27:12Non, je ne crois pas.
27:14Peut-être l'inverse.
27:16En tout cas des électeurs.
27:18Et l'union de droite, pour vous, c'est mortifère ?
27:20Si je comprends bien.
27:22Mais je...
27:24Moi, mon objectif,
27:26ce n'est pas de me positionner vis-à-vis d'un espace politique
27:28qui serait
27:30segmenté entre des précarés
27:32qui seraient dominés par des partis.
27:34Mon objectif, au fond,
27:36assez simple, il est très difficile à réaliser,
27:38c'est de proposer aux Français un projet.
27:40En matière éducative, en matière de financement du modèle social,
27:42en matière de justice,
27:44en matière de défense,
27:46proposer aux Français un projet.
27:48Je ne vais pas aller le discuter avec les partis politiques,
27:50je vais le proposer aux Français.
27:52Et le miracle de la démocratie, c'est que les Français vont choisir.
27:54Et c'est très bien comme ça.
27:56Alors, vous parcourez la France, vous rencontrez les Français,
27:58vous avez réalisé énormément de choses.
28:00Que répondez-vous, à l'inverse,
28:02aux Français qui vous voient, Édouard Philippe,
28:04de la taxe carbone, des 80 km heure,
28:06de l'absurdissant administratif
28:08avec une surenchère de brimades lors de la Covid,
28:10et même de familles privées
28:12du dernier adieu à leur famille ?
28:14Il y a deux aspects dans votre question.
28:16Il y a des mesures
28:18qui ont été décidées.
28:20J'en parle avec les Français que je vois,
28:22puisque je parcours le pays.
28:24Certains sont en colère, et le disent.
28:26Et c'est très simple pour moi de les entendre.
28:28Certains
28:30ont vu leur colère
28:32passer,
28:34mais sont encore dans l'incompréhension, et on en discute.
28:36Et encore une fois, c'est très sain,
28:38j'assume ce que j'ai fait, et je peux en discuter
28:40avec les Françaises et les Français.
28:42Et puis, il y a la partie Covid.
28:44Vous dites l'absurdissant des mesures,
28:46vous dites des mesures trop dures.
28:48J'ai passé, madame Mabrouk, six jours
28:50dans les locaux de la Cour de justice de la République
28:52à répondre à des questions posées par des juges
28:54qui considéraient que je n'en avais pas fait assez.
28:56Ce fut une période
28:58très compliquée.
29:00Une période redoutablement compliquée
29:02où nous avons essayé de prendre des mesures
29:04dont nous savions à chaque instant
29:06qu'elles présentaient toutes des inconvénients.
29:08Je ne vais pas me cacher
29:10derrière mon petit doigt.
29:12Ces mesures ont eu des impacts extrêmement durs
29:14pour beaucoup de Français.
29:16Mais je ne vais pas non plus renoncer
29:18à la responsabilité qui est celle de celui
29:20qui est Premier ministre à l'époque,
29:22c'est-à-dire chef du gouvernement,
29:24et qui doit faire face à une crise.
29:26Quand on fait face à une crise, on prend des décisions.
29:28Je les ai prises et je les assume.
29:30On va conclure, c'est la dernière question.
29:32Edouard Philippe, vous avez beaucoup
29:34de candidats potentiels à la présidentielle.
29:36Je ne vais pas tous les citer, on n'aurait pas le temps.
29:38Vous faites aujourd'hui figure de large
29:40favori dans les sondages.
29:42Certains craignent pour vous
29:44le syndrome Juppé, c'est-à-dire l'erreur
29:46de croire que c'est gagné, à vous entendre.
29:48Ce n'est pas le cas. Pour conclure, si vous deviez
29:50définir pour vous ce qu'est la France,
29:52l'ancien Premier ministre que vous êtes,
29:54le candidat à la mairie du Havre,
29:56celui qui connaît les arcanes
29:58du pouvoir, vous parcourez le pays,
30:00vous êtes en meeting, vous allez revenir
30:02à Marseille dans quelques jours. Qu'est-ce que la France ?
30:04Quelle image vous faites de notre pays ?
30:06D'abord,
30:08je dois dire que depuis quelques
30:10années, je parcours le pays, je vous l'ai dit,
30:12et que je n'ai pas encore trouvé
30:14le département qui ne serait pas beau,
30:16je n'ai pas encore trouvé l'endroit où je me sentirais mal,
30:18je n'ai pas encore trouvé. C'est un pays
30:20extraordinaire.
30:22Perclut paradoxe
30:24d'une très très longue histoire
30:26qu'il connaît mal d'ailleurs.
30:28Parce que c'est bien beau de se dire qu'on est le produit
30:30d'une longue histoire. Regardez le nombre de Français
30:32qui aujourd'hui, alors même
30:34qu'ils aiment leur pays, je ne le conteste pas du tout,
30:36ont du mal
30:38à comprendre ce qui a fait la grandeur
30:40de la France par exemple au XVIIIe ou au XVIIe siècle.
30:42Non pas du tout pour s'en glorifier aujourd'hui,
30:44mais pour le savoir. Donc c'est un pays
30:46de très longue histoire
30:50avec des ressources exceptionnelles
30:52traversées par des contradictions incroyables.
30:54C'est une nation politique
30:56la France. Ce n'est pas une nation
30:58dont l'identité serait
31:00linguistique.
31:02Ce n'est pas une nation dont l'identité
31:04serait ethnique.
31:06Et qui a encore sa place dans le monde avec la menace russe
31:08alors qu'on est effacé des négociations.
31:10Evidemment.
31:12J'en ai ras le bol
31:14de ce pessimisme
31:16et de ce défaitisme
31:18qui est exprimé à longueur de temps
31:20sur les ondes.
31:22Nous sommes confrontés à des difficultés redoutables.
31:24Certes. Mais nous avons
31:26les ressources, nous avons l'ambition,
31:28nous avons le peuple, nous avons
31:30les pépites partout sur le territoire
31:32pour être plus puissant, pour être
31:34plus prospère, pour mieux défendre nos intérêts
31:36et surtout madame Mabrouk, pour avoir
31:38confiance et fierté en nous.
31:40Et je terminerai par ça, puisque vous avez
31:42dit que j'étais maire du Havre et que je suis un heureux maire du Havre
31:44et un fier maire du Havre.
31:46Au Havre, ville dénigrée pendant
31:48des années, regardée avec
31:50mépris parfois,
31:52nous avons retrouvé la fierté
31:54d'être Havre. Pas du tout par arrogance,
31:56mais parce que nous avons un projet,
31:58parce que la ville s'est transformée.
32:00Mais franchement, si on est
32:02capable de le faire avec cette confiance,
32:04avec cette fierté, avec ce travail,
32:06on doit pouvoir le faire partout en France.
32:08Et pour la France. Merci Edouard Philippe.
32:10Merci d'avoir accepté notre invitation.
32:12Très bonne journée à vous et à bientôt. Merci.

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