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  • 18/03/2025
 D'après une étude, 42% des Français assure avoir "téléconsulté" un médecin en 2024. Et ce chiffre est bien plus important en région parisienne: 66% des Franciliens ont "téléconsulté" en 2024. Le docteur Jean-François Thebaud, cardialogue, était l'invité de Première Édition pour en parler. 

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Transcription
00:00On va parler de notre santé, j'allais dire de notre bonne santé. Bonjour Jean-François Thébault, cardiologue, vice-président de la Fédération Française des Diabétiques et donc vous-même évidemment diabétique.
00:09On voulait vous avoir ce matin pour parler de ce chiffre. Près d'un Français sur deux, à deux lignes, 42% a téléconsulté l'an dernier. Ça fait quand même 14 millions de consultations.
00:19Alors vous avez géré le dossier de la téléconsultation à la Haute Autorité de Santé. Est-ce que c'est la solution aux déserts médicaux, à la pénurie de médecins que l'on voit partout dans le pays ?
00:29En tout cas, les Français sont en train de prendre le pli. Avant de vous entendre, on va regarder ce reportage de Solène Leroux en téléconsultation.
00:37Cet hiver, Julie est tombée malade plusieurs fois. Pour se soigner, elle s'est tournée vers la cabine de téléconsultation médicale de sa pharmacie.
00:44Il n'y a pas le choix.
00:44Il est impossible d'attendre que les deux seuls généralistes de cette ville de 7000 habitants aient un créneau.
00:49Je n'ai pas vu de médecin depuis au moins six mois.
00:52Il n'y a pas de rendez-vous avec les médecins, il y a au moins trois semaines de délai, mais quand on est malade, c'est tout de suite.
00:57La téléconsultation est désormais un réflexe chez la trentenaire, comme pour cet autre patient qui l'utilise très souvent pour sa fille.
01:03Mais d'après lui, c'est vraiment du dépannage. Rien ne remplace une consultation physique. Yannis, 20 ans, apprécie de son côté la flexibilité.
01:10Je préfère la téléconsultation parce que déjà, ça m'évite de me déplacer.
01:13Je reste chez moi, je prends rendez-vous, je raccroche et je suis dans mon canapé, franchement. C'est parfait.
01:18Là où l'étudiant a loupé un confort non négligeable, Lucie Péchinet, préparatrice en pharmacie, voit la téléconsultation comme un vrai appui pour l'accès aux soins.
01:25Les gens, des fois, à la place d'aller aux urgences, ils viennent ici.
01:28Et du côté des médecins.
01:29Ça exauge quand même parce qu'ils n'ont plus de créneau pour des nouveaux patients.
01:33Pour renouveler une ordonnance ou pour un simple conseil, par exemple, consulter en ligne peut permettre de libérer du temps aux praticiens.
01:40Docteur, là, on a deux exemples. C'est la téléconsultation chez le pharmacien, mais il y a aussi la téléconsultation à domicile.
01:47Oui, c'est la grande majorité, c'est à domicile. Être déjà obligé de se déplacer pour une téléconsultation, c'est un peu contre-intuitif.
01:55Donc, le plus souvent, c'est à domicile.
01:58Celle qui est à domicile est moins fiable que celle qui est à la pharmacie ?
02:02Pas du tout. La différence, si vous voulez, c'est qu'à la pharmacie, la patiente peut être accompagnée éventuellement.
02:07Et puis, il y a des instruments de mesure quand même dans les cabinets.
02:10Il y a des instruments de mesure pour prendre son pouce à fièvre.
02:13Oui, tout à fait. Mais on peut prendre sa température chez soi aussi, il n'y a pas de souci.
02:17On a toujours un peu le doute quand on est à la maison et qu'on est en vidéo avec le médecin.
02:22Est-ce qu'il voit que j'ai la gorge rouge ?
02:24Est-ce que j'ai une sinusite ou j'ai une grippe, finalement ?
02:26Alors, très clairement, une téléconsultation, ça peut être réalisé dans toutes les situations, mais ça ne s'adapte pas à toutes les situations.
02:34Il y a bien évidemment des limites. La première limite, c'est quand un examen physique est nécessaire, mais ce n'est pas toujours nécessaire.
02:41Regardez, je vais vous donner un exemple.
02:42Moi, ce week-end, d'un seul coup, j'ai mal aux doigts. Il est tout rouge, vous voyez. J'ai un panarie. Il n'est pas beau le week-end.
02:50Hier lundi, je travaillais beaucoup. J'ai fait une téléconsultation avec mon médecin pour lui demander son avis.
02:56Je suis médecin, je suis cardiologue, donc il m'a dit qu'il avait un panarie, un hérigipel, un panarie, il va falloir l'inciser.
03:01Je vous donne une prescription. Donc, il m'a envoyé une prescription.
03:04J'ai pu aller chercher mes médicaments.
03:06Il m'a donné un contact avec un chirurgien et j'ai rendez-vous pour demain pour aller l'inciser.
03:12La première chose, c'est qu'on a mal pour vous, quand même.
03:14Ça m'a évité un passage aux urgences.
03:17Il faut avoir quand même un bon équipement, c'est-à-dire qu'il fallait que le médecin voit bien à travers la caméra de votre ordinateur ou de votre téléphone.
03:23Non, j'ai fait des photos.
03:24D'accord, vous lui avez fait parvenir des photos.
03:26J'ai fait des photos, oui, parce que c'est plus...
03:28Mais alors, quelle est la limite de la téléconsultation ?
03:31Parce que c'est vrai qu'on se dit que l'auscultation, la palpation, ça compte quand même, c'est important.
03:36Bien sûr, mais alors, il y a plusieurs situations.
03:39C'est pour ça qu'il faut, c'est d'abord au médecin qui va faire la téléconsultation de juger si la situation est opportune.
03:46Donc, c'est pas, comme je vous l'ai dit, c'est pas pour toutes les situations, mais un certain nombre de situations.
03:51Ça, c'est la première chose.
03:52Et puis, il ne faut pas hésiter, et c'est la raison pour laquelle il y a une notion de territorialité, à pouvoir renvoyer sur place si c'est nécessaire.
03:59Mais aujourd'hui, rendez-vous compte, vous avez dit 14 millions, ça fait en gros un million par mois, un peu plus.
04:04Vous vous rendez compte le nombre de personnes qui pourraient et qui devraient aller consulter aux urgences,
04:09comme dans l'exemple qui a été cité, s'il y avait plus cette capacité aujourd'hui ?
04:16Donc, vous dites qu'il ne faut pas hésiter ?
04:18Non, il ne faut pas hésiter.
04:20C'est une méthode d'avenir, ce n'est pas l'avenir, ce ne sera pas la solution.
04:25Est-ce que tous les médecins sont prêts à s'y mettre ?
04:28Non.
04:29Parce qu'il y a peut-être aussi des freins de ce côté-là.
04:30Non, la première cause de non-consultation, c'est que le praticien ne le fait pas.
04:34Il y a deux situations pour les téléconsultations.
04:37La première situation, c'est son médecin traitant qui fait des téléconsultations, ou son spécialiste,
04:43donc il vous connaît, et au lieu de vous déplacer, vous prenez rendez-vous avec lui régulièrement,
04:48une fois sur deux par exemple, en alternance, pour une maladie chronique notamment, comme un diabète.
04:53La diabétologue, elle n'a franchement pas besoin de m'examiner à chaque fois.
04:56Je ne sais pas, moi je suis asthmatique, c'est vrai que je n'ai pas besoin à chaque fois d'être examinée.
05:00L'autre situation qui est importante, c'est pour compenser justement le fait qu'il y a plein de médecins
05:06qui ne veulent pas faire de téléconsultation, se sont instituées ce qu'on appelle les plateformes de téléconsultation.
05:11Moi-même, je suis conseiller scientifique et expert auprès d'une de ces plateformes,
05:16la plateforme CARE en l'occurrence, dans le conseil scientifique.
05:19Et nous, nous imposons des règles.
05:23Alors dans ces cas-là, effectivement, vous ne connaissez pas le médecin que vous allez voir.
05:27L'intérêt, c'est que vous avez un contact rapide.
05:31– En combien de temps, c'est tout de suite en général le rendez-vous ?
05:35– C'est dans les heures qui suivent.
05:37Ça peut même être parfois plus rapide.
05:41Dans les heures qui suivent, il ne faut pas exagérer.
05:43– Vous nous avez convaincu en tout cas, merci.
05:45– Je veux dire un point très important, c'est que ces consultations sont évaluées.
05:49Évaluées sur la durée de consultation, évaluées sur la qualité, évaluées sur les prescriptions.
05:55J'aimerais bien que ce soit la même chose pour les consultations physiques.
05:58– Merci docteur, soignez-vous bien.
06:00Merci d'être venu ce matin.
06:02– Et bon courage pour demain.
06:04– Parce que ça fait mal, je sais ce que c'est, ça fait mal.

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