Que se passera-t-il d’ici 2050 si on ne change pas nos pratiques agricoles ? Et si on le fait ? Eva Rivière et Vincent Marchal d'Axa Climate nous répondent.
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00:00Ce à quoi il faut s'attendre, c'est globalement ce qu'on a vécu durant les 20 dernières années,
00:08mais à peu près en pire. Donc si on regarde les 50 dernières années, on avait des rendements qui
00:12étaient à peu près à la hausse. On prend par exemple le blé ou le maïs. On avait de l'innovation
00:16variétale, technique, technologique qui ont justifié d'une amélioration des rendements et
00:20donc d'une amélioration de la production. Et par contre, sur les 20 dernières années,
00:25ce qu'on peut observer, c'est beaucoup plus de volatilité. On a des années qui ont été
00:29particulièrement catastrophiques. On pense notamment à 2016 qui a impacté toutes les
00:36grandes cultures. Et donc en fait, cet accordéon qu'on a observé sur les 20 dernières années,
00:40il est lié à des années qui sont de plus en plus imprévisibles. On a soit des printemps
00:45qui sont trop pluvieux ou alors trop secs. On a des hivers trop doux. On a un maintien du gel
00:50tardif. Et si on regarde la trajectoire du réchauffement climatique, la trajectoire du
00:55siècle qui est observée à horizon à 2030, 2050, 2100, globalement on peut s'attendre à ce que
01:01ça s'aggrave. Donc on aura de plus en plus de volatilité justement dans ces grandes cultures.
01:05On va avoir une hausse globale des températures. On va avoir un stress hydrique qui serait un sujet
01:10de plus en plus préoccupant, notamment sur les cultures de printemps. On va aussi avoir des
01:15hivers qui vont être plus doux, ce qui va impacter les cultures d'hiver. On va avoir des hivers qui
01:20sont en règle générale plus pluvieux versus des étés qui sont plus secs. Donc tout ça,
01:27ça amène encore une fois à des impacts assez significatifs sur toutes les cultures.
01:33Nous, ce qui nous ressort principalement dans nos études, c'est plus de volatilité dans les
01:41rendements, un impact sur la qualité aussi des rendements. On va observer aussi en règle
01:47générale un raccourcissement des cycles. Par exemple, on avait réalisé une étude dans le
01:54centre de la France. On observait à peu près 15 jours de raccourcissement du cycle sur l'étang
02:00d'hiver. Donc il y a aussi un impact organisationnel réduit du cycle. Ça impacte encore une fois le
02:06rendement, la qualité. On a un sujet aussi de bioagresseurs, donc maladies, ravageurs. On va
02:12avoir une évolution des problématiques là-dessus. C'est difficile à quantifier en l'état. Et puis
02:18voilà évidemment aussi tous ces sujets de stratégie, tous ces sujets de capacité à réaliser
02:23les semis, à réaliser les récoltes. Donc on va avoir une agriculture qui sera de plus en plus
02:28perturbée et des productions qui seront de plus en plus instables. Comment s'adapter ? La réponse
02:37est un peu complexe. Il y a plein de façons de s'adapter. Mais nous, en tout cas, la conviction
02:42qu'on a, c'est qu'on ne va pas s'adapter de façon partielle. Ce n'est pas suffisant. Par exemple,
02:48si on se contente, c'est quelque chose qu'on avait pu étudier. Si on se contente uniquement
02:54de travailler sur du semis ou uniquement sur de la variété, oui ça va permettre de gagner quelques
03:00quintaux. Mais ce n'est pas ça qui va permettre de pallier complètement la perte de rendement. Et
03:04au-delà de ça, l'adaptation, nous, ce qu'on cherche principalement, c'est un sujet de l'efficience.
03:11C'est-à-dire que ça va être compliqué d'aller récupérer les rendements atteints historiquement.
03:19On ne va pas être dans la maximisation des rendements. Par contre, ce qu'on va chercher
03:22serait la stabilité des rendements. Et pour la stabilité des rendements, qui va du coup associer
03:26une stabilité financière côté agriculteur, côté coopérative, il faut une démarche systémique. C'est-à-dire
03:32qu'il va falloir mettre en place plusieurs pratiques qui sont interdépendantes, qui vont
03:38permettre de réduire les intérêts, de favoriser la biodiversité, d'avoir un meilleur usage, un usage
03:44plus efficace des ressources, ressources en azote, ressources en eau. D'avoir aussi une réflexion à
03:50échelle de la rotation, donc passer sur des rotations qui sont plus diversifiées, qui sont
03:54allongées. Et donc tout ça va permettre encore une fois d'aller chercher non pas un rendement
03:59maximal, mais d'aller chercher un rendement qui sera beaucoup plus stable, parce qu'on sera sur une
04:03exploitation qui sera plus résistante, plus résiliente face à des accords climatiques.
04:07L'action principale c'est d'accompagner, d'aider les entreprises du monde à l'école, en particulier
04:18les coopératives, mais pas que, dans leur adaptation au changement climatique. Dans
04:23cette partie adaptation au changement climatique, on peut y intégrer une notion d'assurance,
04:29de la transition. Je pense qu'il y a une conviction aujourd'hui du marché en général et des acteurs
04:34d'aller dans le sens d'une transition agroécologique. Simplement on sait que cette
04:40transition agroécologique, elle coûte au départ, elle nécessite d'être accompagnée par des
04:46financements. Et si on veut que cette transition emmène un maximum d'agriculteurs, il va falloir
04:53aussi les sécuriser pendant la phase qui correspond à la phase la plus compliquée pour eux,
04:58on appelle d'ailleurs la phase de transition qui peut durer quelques années et qui peut les
05:02mettre en difficulté par rapport à des aléas en termes de rendement versus le climat, mais aussi
05:10versus des changements de pratiques qui ne sont pas encore complètement intégrés en tout cas dans
05:14le système de production.
05:17Nous, notre objectif par rapport à ça, c'est de construire au cas par cas, territoire par
05:27territoire, avec des acteurs locaux, des assurances qui correspondent aux besoins des agriculteurs par
05:35rapport à la zone climatique sur laquelle ils sont, par rapport aux enjeux d'évolution de leur
05:40pratique. Donc c'est construit de sur-mesure avec ces acteurs locaux qui vont encadrer les
05:48agriculteurs et leur apporter une garantie de résultat pendant cette phase cruciale. Donc nous
05:54n'assurons pas directement l'agriculteur, c'est absolument pas l'objectif, on va assurer un
06:00porteur, un intermédiaire qui peut être une coopérative, qui peut être un acteur de l'agroalimentaire,
06:05qui peut lui-même avoir des relations directes avec l'agriculteur. Et le fait que cet acteur
06:11soit assuré lui permet d'apporter une garantie de résultat à ses agriculteurs, en tout cas à ses
06:19adhérents, quand c'est une coopérative pour les sécuriser.