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Un mineur de 17 ans a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et placé en détention provisoire après avoir projeté une "action violente" à Vesoul, en Haute-Saône.

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00:00On en sait plus, ce soir sur l'adolescent de 17 ans soupçonné d'avoir envisagé un attentat pendant le ramadan qui se déroule en ce moment, interpellé lundi en Haute-Saône, il a été mis en examen et incarcéré, placé en détention provisoire hier, on va y revenir, d'abord retrouvons Milan Argelas, bonsoir Milan, vous avez pu échanger aujourd'hui avec des proches du suspect ?
00:20Oui effectivement nous avons pu échanger avec des membres de la famille de ce jeune homme de 17 ans, une famille qui ne pratique pas avec assiduité la religion, en revanche ils savent que le jeune homme de 17 ans est très pratiquant,
00:34ses proches nous ont confirmé que l'adolescent de 17 ans avait bien fait l'objet d'un suivi de la part des services de renseignement pour avoir regardé des vidéos de propagande de l'état islamique, il avait d'ailleurs été suivi pendant 2 ans pour ça par un psychologue et un thérapeute justement,
00:53ce que nous ont dit ses proches, ce que nous ont dit sa famille c'est qu'ils étaient particulièrement étonnés des dernières informations qui sont sorties, le jeune homme ne leur avait parlé de rien, il continue de le décrire comme un garçon calme et réservé.
01:07Vous avez aussi rencontré les voisins de la famille de ce jeune homme ?
01:14Oui effectivement et chez les voisins aussi il y a de l'incrédulité, ils ne reconnaissent pas le jeune homme qu'ils avaient l'habitude de croiser dans le voisinage, c'est le cas justement d'Aurélien, Aurélien qui connaît l'adolescent de 17 ans depuis une dizaine d'années, je vous propose de l'écouter.
01:29C'est un jeune cool, il n'y avait pas à dire, un peu réservé, on discutait très bien ensemble, il n'y avait pas de soucis là-dessus, moi je l'ai vu grandir ce petit jeune là, il était tout simple, on ne pense pas que ça peut arriver ici, on ne peut pas savoir ce qui se passe dans la tête des gens, on ne sait pas.
01:50Son avocat l'assure, le jeune homme n'est pas radicalisé, il voulait mettre fin à ses jours et non commettre un attentat terroriste.
01:58Merci beaucoup, merci Mylène avec William Guéant-Moutsone pour BFMTV, bonsoir Pauline Revenat, merci d'être avec nous, vous êtes chef du service police-justice de BFMTV.
02:06Catherine Zwark, bonsoir et bienvenue à vous aussi, vous êtes avocate notamment de participe dans plusieurs procès terroristes, merci d'être avec nous.
02:13Et Jérôme Poirot, consultant BFMTV, bonsoir Jérôme, ancien adjoint à la coordination nationale du renseignement.
02:19Que sait-on ce soir précisément sur le profil de ce jeune de 17 ans soupçonné d'avoir envisagé un attentat pendant la période du ramadan qui est donc en ce moment ?
02:27On sait qu'il était scolarisé dans ce lycée professionnel près de Vesoules, on sait qu'il était radicalisé, que sa famille ne l'était pas, c'est une famille d'origine turque,
02:35qui travaillent dans la maçonnerie et qu'il sait visiblement que c'est un profil d'auto-radicalisation via les réseaux sociaux, via notamment ce profil très inquiétant qui monte beaucoup,
02:47de mineurs ou jeunes majeurs qui s'abreuvent de vidéos propagandes djihadistes et qui, par le biais des algorithmes, vont dans un phénomène d'addiction en consommer de plus en plus
02:59et ensuite éventuellement envisager peut-être un passage à l'axe. Là, ce qui est intéressant, c'est qu'on était lundi matin, que sur la base d'un signalement, il savait qu'il avait un couteau
03:10et les gendarmes locaux ont décidé un contrôle inopiné, qui en fait n'en était pas un, et à l'intérieur de son sac de cours, il découvre un couteau, mais là on ne parle pas d'un opinel,
03:20on parle d'un couteau de combat de plus de 20 centimètres de long. Donc le questionnement qui est celui des services d'enquête qui travaillent sur ce type de profil, c'est
03:29est-ce que ce sont des jeunes qui s'abreuvent et qui se montent la tête, qui se créent des scénarios fictifs, ou est-ce qu'il peut y avoir un basculement et un passage à l'axe ?
03:38Et dans le contexte actuel, ce qu'on nous explique, c'est qu'il faut purger ces questions et que dans le doute, il faut vérifier. Lundi, c'est exactement ce qui s'est passé, il y a eu un contrôle,
03:48il y a eu un couteau, il y a eu une garde à vue, ensuite il a été basculé par la DGSI parce qu'ils se sont rendu compte que le profil était suffisamment complexe, il y avait un suivi,
03:57qu'il y avait un couteau, et finalement, ce qui est intéressant, c'est qu'à l'issue de la garde à vue, il a reconnu ce projet. Alors le projet, il n'est pas complètement abouti,
04:05les cibles ne sont pas complètement déterminées, mais on parle de plusieurs édifices religieux sur la religion juive et chrétienne. On a parlé un moment du consulat des Etats-Unis
04:17et d'Israël, ça n'a pas l'air complètement établi. La date, elle n'est pas établie non plus, mais il y a quand même un projet qui est suffisamment structuré pour que les enquêteurs de la DGSI s'y intéressent,
04:27le mettent en examen et qu'ils partent en état. Il y a pas mal d'éléments et à la fois aussi beaucoup de zones nombrant. Encore, que dit ce soir son avocat ?
04:32Alors son avocat, on a réussi à le joindre et puis il dit qu'il a une personnalité complexe ce jeune homme et qu'elle ne peut pas être caricaturée au résumé au fait qu'ils lui sont reprochés
04:41et qu'effectivement il y a tout ce travail d'instruction qui devra déterminer s'il y a une volonté réelle de passer à l'acte, c'est ce que je vous disais.
04:47Ce qui reste selon lui assez flou à ce stade et il dit également que c'est un enfant particulièrement fragile, rappelons qu'il n'a que 17 ans, qu'il n'est pas radicalisé selon lui
04:56et que ses velléités de passage à l'acte relèvent plutôt d'une volonté de mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond. L'instruction le déterminera.
05:04Vous savez qu'il y a des expertises psychiatriques, psychologiques qui va être très suivie. Là il est en détention dans un établissement pour mineurs en région parisienne.
05:11Il continue d'être interrogé par le juge antiterroriste et ce qui est important c'est qu'il a été détecté si je puis dire et que la DGSI a estimé qu'elle a fait ce qu'il fallait et qu'ensuite ça a été judiciarisé.
05:25Maître, quel regard vous portez sur les éléments, il y en a quand même un certain nombre, dont on dispose sur ce jeune radicalisé soutenu d'avoir voulu commettre un attentat dans les prochains jours, les prochaines semaines ?
05:38Ma première observation c'est à propos de l'âge parce que de dire finalement ce que dit son avocat, il n'a que 17 ans.
05:48La patronne de la DGSI quand elle est arrivée en poste en 2024 en janvier et qu'elle a fait un bilan, elle a expliqué que depuis 2023, il y a 70% des personnes impliquées dans des attentats qui ont moins de 21 ans.
06:01Radicalisé en ligne pour la plupart, ce qui semble être le cas de ce jeune. Il a le profil type en fait.
06:09Exactement, le profil type. Alors certes, il va y avoir une instruction qui va déterminer exactement les éléments de radicalisation, mais il n'a que 17 ans. Aujourd'hui, ça n'est pas un argument.
06:23Dans aucun cas, je rebondirai sur ce que vous venez de dire. L'actuel procureur national antiterroriste Olivier Christen et son prédécesseur ont pris ces derniers mois ou il y a un an pour son prédécesseur publiquement la parole, ce qui est assez rare.
06:39Et ils avaient insisté sur ce point-là, c'est-à-dire qu'ils constataient un rajeunissement des terroristes ou des terroristes en puissance en parlant d'adolescents, d'enfants et même de jeunes enfants.
06:52Nous avons eu notamment l'an dernier des enfants de 12 ans et moins qui ont été impliqués dans des projets terroristes. Donc ce profil n'est pas étonnant.
07:01Ça se passe à Vesoules, donc dans une partie de la France plutôt rurale. On peut comprendre le témoin que vous avez interrogé. On est toujours surpris que ça se passe près de chez soi, mais il n'y a pas d'endroit du territoire national qui était épargné par ce type de projet.
07:16Ce qui est intéressant sur ce phénomène de radicalisation par les algorithmes, c'est qu'il y a deux phénomènes, nous expliquons. C'est qu'il y a d'abord un support de vidéos anciennes, qui sont des vidéos qui datent d'il y a plusieurs années, où il y a des images effroyables de décapitations, par exemple de l'Italie-Sami, qui tournent encore sur les réseaux sociaux et qui s'enchaînent les unes avec les autres dans des histoires d'algorithmes.
07:39Mais il y a également, nous dit-on, des nouvelles productions sur des formats très courts, générés par l'intelligence artificielle et qui viennent là de Syrie. Et donc c'est ce mélange des anciennes vidéos et des nouveaux formats qui séduisent les 15-25 ans qui fait que ce jeune de 17 ans de Vesoules, il s'abreuve de ça, il s'enferme, il consomme, il s'enferme, il s'isole et ensuite il décide ou pas d'y aller.
08:01Le terrorisme international qui semble s'adapter finalement au profil de celles et ceux qui le souhaitent engager.
08:07C'est ce que disait la patronne de la DGRC, qui disait qu'il n'y a plus de berceau, les mosquées, c'est plus là que ça se passe, c'est derrière un ordinateur.
08:14Justement maître, je rappelle que vous avez l'habitude des dossiers terroristes. Vous avez notamment travaillé sur l'attaque du marché de Noël de Strasbourg en 2018, sur l'attentat de Nice en 2016, partie civile au procès de Samuel Paty.
08:27Vous êtes aussi actuellement côté partie civile, celle d'Aech qui est en train, me semble-t-il, de se terminer. Quel est votre regard sur l'évolution des profils terroristes dans notre pays et de la méthode employée par les organisations terroristes elles-mêmes pour abattre ce petit monde-là ?
08:47Justement, il y a cette utilisation accrue de la propagande par Internet avec des personnes qui finalement restent chez elles, qui n'ont jamais été sur zone et avec une facilité extraordinaire parce que ça garantit l'anonymat, ça garantit une certaine mondialisation,
09:11puisqu'on peut parler avec tous les pays du monde, et une efficacité parce que l'image, parce que la facilité. J'ai même entendu lors d'un procès un psychologue qui a expliqué que l'un des accusés se berçait avec des vidéos d'exaction, c'est-à-dire que ça le détendait de les regarder.
09:37Il y a en plus une addiction qui est créée. L'évolution, elle vient aussi de cette facilité et de cet embrasement des réseaux sociaux et de l'impossibilité.
09:49Ce qui peut-être échappe encore plus facilement aux proches parfois. Vous aviez allusion tout à l'heure, Pauline, à la famille de ce jeune, d'après les événements dont on dispose, une famille qui n'a jamais fait parler d'elle, connue et respectée dans la région de Lure en Haute-Saône.
10:05Un jeune de 17 ans qui s'est radicalisé, a priori, essentiellement via les réseaux sociaux.
10:13Il y a les réseaux sociaux et ce qui est intéressant aussi, c'est ce phénomène de messages récryptés parce que vous disiez que ça permet d'anonymiser. Il faut quand même rappeler que de temps en temps, on arrive à remonter.
10:24Et je sais qu'il y a un gros souci, notamment de la part de la DGSI, qui voudrait pouvoir faire des interceptions sur ces messages récryptés. Il y a des oppositions et effectivement, c'est très compliqué de pénétrer ces messages récryptés, d'avoir des éléments.
10:38On les a souvent a posteriori, on va découvrir qu'il avait ce projet, mais très souvent, si on pouvait les avoir en amont, ça permettrait peut-être d'éviter un certain nombre de projets.
10:50Oui, l'autre élément très intéressant et très important dans cette affaire, c'est que nous sommes dans un cas typique de ce que souhaite l'État islamique et ce à quoi appelle l'État islamique depuis 10 ans.
11:00C'est-à-dire, il dit à tous ces fidèles, si j'ose dire, ou à tous ces disciples ou disciples en puissance, où que vous soyez dans le monde, utilisez les moyens du bord, donc des couteaux, des armes blanches, des marteaux, des véhicules.
11:13Et là, c'était un couteau pour frapper nos ennemis, les croisés, les juifs, partout dans le monde. Et donc, ils ne savent pas, l'État islamique ne sait pas qui va frapper peut-être un jour, mais ce message est diffusé.
11:26Et puis, la production audiovisuelle sur les réseaux sociaux, et Pauline Renas le disait à l'instant, elle s'adapte aussi au goût des jeunes, donc avec ces productions très, très courtes.
11:37Et donc, il y a une atmosphère, comme le dit si bien Gilles Kepel, de djihadisme d'atmosphère, mais qui est entretenu en permanence, et ce qui explique aussi que ces terroristes en puissance peuvent frapper n'importe où, à n'importe quel moment.
11:55– Merci à tous les trois d'avoir accepté l'invitation de Newsbox sur BFMTV.

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