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L'ancien agent de stars et producteur Dominique Besnehard, a été auditionné jeudi 13 mars par la commission d'enquête sur les violences commises dans le milieu du cinéma et l'audiovisuel à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00:00Je vous invite donc à allumer votre micro, à lever la main droite et à dire « Je le jure ».
00:00:05Devant, je vais devant.
00:00:08Au pied du micro, il y a un petit bouton.
00:00:10Voilà, excusez-moi.
00:00:12Oui, je le jure.
00:00:13Merci beaucoup. Je vous laisse la parole pour un propos luminaire si vous le souhaitez.
00:00:17Alors, quand j'ai appris que j'allais être entendu par la Commission, je me suis dit « Mais à quel titre ? ».
00:00:23Parce que j'étais, comme vous l'avez rappelé Madame la Présidente, casting directeur.
00:00:28À l'époque, on disait directeur de casting, agent pendant 20 ans, 10 ans comme casting directeur et depuis 17 ans producteur.
00:00:40Donc, ça fait presque 50 ans que je suis dans ce métier.
00:00:44Ça vous faut un coup de mou.
00:00:46J'ai réalisé ça hier en faisant mes petites notes.
00:00:50Donc, 50 ans d'une vie où j'ai bien sûr rencontré des gens extraordinaires.
00:00:55J'ai eu de la chance parce que je viens de Normandie.
00:00:59Mes parents n'étaient pas du tout dans ce métier.
00:01:02Donc, c'est ma passion qui m'a conduit à faire ça.
00:01:05Et c'est une époque où on pouvait faire des rencontres.
00:01:09On pouvait réaliser ses rêves.
00:01:11Je ne dis pas que c'est… mais c'est beaucoup plus compliqué maintenant.
00:01:13Je vois quand les jeunes viennent me voir, c'est beaucoup plus dur.
00:01:16C'était un autre monde.
00:01:18Et j'appartiens à cet ancien monde.
00:01:20On me l'a fait reprocher il y a un an quand il y a eu un papier assez terrible dans Télérama, je le dis même,
00:01:28pour dire, ben voilà, ce n'est pas normal qu'il soit là depuis 50 ans obligatoirement.
00:01:33Il nous cache des choses.
00:01:35Il n'a pas… parce que tout d'un coup, le fait qu'on puisse être à mon niveau…
00:01:42Et c'est vrai, mais j'ai travaillé.
00:01:44J'ai travaillé, j'ai fait des rencontres, j'ai découvert des acteurs.
00:01:47J'ai rencontré des grands metteurs en scène.
00:01:49Et puis après, j'ai eu une idée qui était quand même…
00:01:53et qui a bousculé un peu même les rapports entre les femmes, entre les gens.
00:02:00C'est avec 10%.
00:02:01Tout d'un coup, on a parlé d'un métier qu'on ne connaissait pas et du monde du cinéma.
00:02:07Et dans cette série, on aborde plein de problèmes.
00:02:12On aborde le sexisme, on aborde la violence aux femmes,
00:02:15on donne un aperçu de ce métier.
00:02:20C'est pour ça que je me suis senti…
00:02:24Je pensais être en groupe.
00:02:26J'étais seul parce que ça fait 50 ans que je suis là.
00:02:29Maintenant, je suis prêt.
00:02:32Est-ce que je commence comme ça ?
00:02:34Pendant ces 50 ans, ces 10 ans de casting, j'étais plutôt spécialiste des enfants.
00:02:41Puisque, comme vous dites, j'ai commencé avec Jacques Doyon et Claude Berry,
00:02:46avec le sac de billes.
00:02:48Donc, j'ai cherché les enfants du sac de billes.
00:02:51J'en ai trouvé un.
00:02:52J'avais 20 ans.
00:02:53C'était mon premier tournage.
00:02:55C'est un tournage absolument fabuleux.
00:02:57Et puis, pendant un certain temps, après le sac de billes, on s'est dit,
00:03:01lui, il est capable de trouver des enfants.
00:03:04Donc, j'étais pendant des années, quelques années,
00:03:08la personne qui pouvait trouver les enfants.
00:03:10J'ai la vie de Vançois, le petit arabe de la vie de Vançois.
00:03:14C'est moi qui l'ai trouvé.
00:03:16L'enfant du jouet de Francis Weber.
00:03:18Donc, à un moment donné, j'ai été côtoyé avec des enfants et les parents de ces enfants.
00:03:23Et à l'époque…
00:03:24Et du reste, quand il y a eu certains problèmes sur le fait qu'on ne respectait pas les enfants,
00:03:30qu'il y avait une violence même dans le comportement des metteurs en scène avec les enfants,
00:03:35moi, j'ai vu…
00:03:37J'ai travaillé avec Pialat quand même.
00:03:38Avec Pialat, ce n'était pas toujours simple.
00:03:40Donc, c'est vrai que ça, ça doit changer.
00:03:42Et ça a changé.
00:03:43N'empêche qu'à l'époque, on s'est battu.
00:03:45Pourquoi ?
00:03:46On s'est battu pour que les enfants soient payés.
00:03:48Pour qu'après, à un certain moment, ils aient de l'argent.
00:03:52Parce que pendant un certain temps, c'est les parents qui prenaient l'argent.
00:03:55Donc, ça, j'ai combattu pour ça.
00:03:57Mais ensuite, ça, c'était quand j'étais…
00:04:00Et ensuite, après un certain temps, des grands metteurs en scène,
00:04:04comme Claude Sautet, Pierre Grenier de Fer, Fellini, m'ont demandé de travailler avec eux.
00:04:11Et c'est vrai qu'en temps de casting, j'ai vraiment travaillé
00:04:17et j'ai été nourri par des univers incroyables.
00:04:21Ensuite, quand je suis devenu agent,
00:04:24c'est là où j'ai vu plutôt des problèmes par rapport au comportement.
00:04:29Parce que quand on est agent, on est plus dans la réalité.
00:04:35Quand on fait du casting, on voit des acteurs, on est un peu dans un…
00:04:40Moi, j'ai dit toujours, c'est presque un peu l'adolescence.
00:04:44Quand on devient agent, on est confronté à la réalité économique
00:04:49et puis comment on défend l'intérêt d'acteur.
00:04:52Et puis, quelque part, on sent des choses un petit peu compliquées.
00:04:56C'est plutôt là.
00:04:57Et comme producteur, ça fait 15 ans, je fais des films, des téléfilms.
00:05:05Et puis, c'est vrai que 10% fait le tour du monde.
00:05:09C'est une idée qui plaît puisqu'il y a eu tellement d'adaptations.
00:05:15Je ne peux pas parler de moi pendant 25 minutes.
00:05:19Très bien, merci pour ce propos liminaire, monsieur le rapporteur.
00:05:25Erwann Mollenon.
00:05:30Vous avez rappuyé dessus. Voilà, merci.
00:05:38Vous l'avez dit, vous avez fait plusieurs métiers,
00:05:40puis vous êtes dans ce métier depuis très longtemps.
00:05:44Vous avez vu un certain nombre d'évolutions
00:05:47et des évolutions qui sont des mutations profondes
00:05:52dans la façon dont le métier se déroule,
00:05:55dans la façon dont le métier tolère ou ne tolère plus un certain nombre de choses.
00:06:00J'aimerais avoir comme première question,
00:06:03votre regard sur le mouvement MeToo que vous avez vu,
00:06:07j'imagine comme nous tous, émerger, arriver des États-Unis
00:06:12et puis en France, continuer et continuer jusqu'à maintenant,
00:06:15jusqu'aux dénonciations récentes d'un certain nombre de comédiennes.
00:06:21Alors, le mouvement MeToo, moi je vais vous dire,
00:06:23j'ai eu la chance de rencontrer des grandes dames féministes.
00:06:28Mes meilleurs amis, quand même, Jeanne Moreau, j'étais son agent.
00:06:31Et Jeanne Moreau était une féministe hors pair,
00:06:35très protectrice des jeunes actrices.
00:06:37Et en même temps, voilà, Jeanne Oukémé, il y a François Giroud.
00:06:42Donc j'étais baigné dans cet univers de femmes responsables
00:06:47qui défendait le principe des femmes.
00:06:53Donc j'ai jamais été dans un milieu
00:06:59où j'étais plus avec des femmes qu'avec des hommes.
00:07:04Ça peut paraître bizarre, mais c'est comme ça.
00:07:07Et donc j'ai toujours été porté par leur courage,
00:07:11j'ai été en plus un agent énormément de femmes mettant en scène.
00:07:17Catherine Corsini, Claire Denis, Claire Devers, Charlotte Silveira,
00:07:23Josée Dayan, elles ont toutes été mes clientes.
00:07:26Marion Vernoud, j'étais presque le spécialiste des femmes mettant en scène.
00:07:33C'est moi qui... Elles se tournaient vers moi
00:07:37parce qu'elles savaient que je les écoutais.
00:07:40Alors le mouvement MeToo, moi, je vais vous dire,
00:07:42la première fois que j'ai été, et là, à l'époque, la fille, elle était courageuse,
00:07:48c'est sur le tournage de Jean-Claude Brissot,
00:07:51parce que j'étais l'agent de Jean-Claude Brissot.
00:07:54Et il avait déjà eu un comportement assez bizarre
00:07:57sur le film Noche blanche avec Vanessa Paradis.
00:08:02Et en même temps, elle était jeune, c'était son premier film,
00:08:06il avait quand même un peu dépassé sur l'irrespect,
00:08:10sur la façon peut-être de la faire tourner nue,
00:08:13enfin bon, en même temps, il avait du talent
00:08:16et à l'époque, il était un metteur en scène extrêmement respecté.
00:08:20Et quand une actrice s'appelle Noémie, je préfère dire son prénom,
00:08:25elle aura le courage de le dire parce qu'elle va sortir,
00:08:28elle écrit un film, Noémie, sur un film qui s'appelle Les choses secrètes,
00:08:33à attaquer Brissot pour violences sexuelles,
00:08:38pour peut-être, je ne sais pas, jusqu'à la...
00:08:44Qu'est-ce qu'elle a reproché ?
00:08:47En tout cas, il a été passé en correctionnel.
00:08:49Et à l'époque, tout le métier a défendu Jean-Claude Brissot,
00:08:54en disant, Jean-Claude Brissot, mais comment on peut attaquer Jean-Claude Brissot ?
00:08:58Et on a fait, il y a eu des pétitions pour défendre Jean-Claude Brissot.
00:09:03Et Noémie Cocher, c'est la première à avoir, c'est la Jeanne d'Arc du mouvement MeToo.
00:09:08Et elle l'a fait discrètement, elle a été presque considérée comme une hystérique.
00:09:14Et Noémie Cocher, et après ça, j'ai viré Brissot parce que je me dis,
00:09:18ce n'est pas possible, ce n'est pas possible ce que j'entends.
00:09:21Mais n'empêche que c'est pour ça, et ça rejoint ce que vous dites,
00:09:25le monde a changé. Parce qu'à l'époque, c'était elle qui a combattu
00:09:30et c'était elle qui était regardée comme une hystérique.
00:09:33Alors que, et ensuite, donc ça c'est dans les années 2000.
00:09:37Donc la première fois où j'ai entendu quelqu'un qui se battait
00:09:43contre les violences sexuelles et contre le patriarcat d'un metteur en scène,
00:09:48c'est grâce à Noémie.
00:09:50Il y avait aussi une autre alerte qui m'avait choqué.
00:09:54Quand j'étais casting director sur un film avec Jean-Jacques Bénex,
00:10:00qui s'appelait Diva.
00:10:02Moi j'avais 19, enfin peut-être 22, 23 ans.
00:10:05Donc je faisais le casting avec Jean-Jacques.
00:10:08Et après je vous dirai une chose qu'a fait Jean-Jacques,
00:10:10à quel point cet homme pouvait être classe par rapport à beaucoup de choses
00:10:14qu'on a dites pas sur lui, mais sur ses metteurs en scène un peu,
00:10:18qui se croyait, qui avait envie de chair fraîche.
00:10:21Je vais vous dire une histoire qui m'est revenue tout à l'heure.
00:10:24Donc la première fois, je vais voir le directeur de production pour lui dire
00:10:29voilà, on va prendre cette actrice.
00:10:32Il dit oui, alors un peu caricatural le directeur de production.
00:10:37Combien on doit la payer ?
00:10:39Je lui dis, elle commence à bien marcher, je sais plus, ça devait être en francs même,
00:10:43c'était même pas en euros.
00:10:45Et il me dit, mais t'es fou Dominique, t'es fou, c'est beaucoup trop cher,
00:10:50mais j'espère qu'on la baise à ce prix-là.
00:10:53C'est la première...
00:10:55Et je lui dis, moi je venais de ma province, on ne parlait pas des femmes comme ça.
00:10:58Et c'est la première alerte.
00:11:01Et j'ai été voir Benex, j'ai dit mais c'est pas possible,
00:11:04on ne parle pas des femmes comme ça et des actrices.
00:11:07Et donc, il y a eu l'histoire de Brissot et par rapport à Benex.
00:11:11Je vais vous dire, quand Béatrice Dalle,
00:11:15qui a quand même été une actrice qui a marqué par sa liberté,
00:11:20même par rapport à son corps,
00:11:22alors que c'est la femme la plus pudique que je connaisse.
00:11:25Quand elle a fait 37 degrés le matin,
00:11:28elle est nue, vous avez vu la première scène, elle est nue.
00:11:34Et bien Benex, c'est après que ça a dû changer,
00:11:39parce que Benex a dit qu'il n'a jamais vu nue avant la première scène.
00:11:44Et c'est la costumière qui a fait les polaroïds pour lui montrer.
00:11:48Donc ça, moi j'ai connu cette époque-là,
00:11:51donc je ne peux pas...
00:11:53Quand ça s'est mal passé, que j'ai trouvé que les gens dépassaient les bornes,
00:11:57mais c'est toute la différence.
00:11:59Brissot était un fou et Benex un seigneur.
00:12:10Monsieur le rapporteur.
00:12:17Vous nous dites avoir arrêté de travailler avec Brissot,
00:12:21pourtant vous avez continué à soutenir Gérard Depardieu.
00:12:32Oui, mais moi je vous pose la question,
00:12:33Gérard Depardieu aujourd'hui est accusé, il y a un procès en cours,
00:12:36il y a un certain nombre de personnes qui prennent des distances vis-à-vis de Gérard Depardieu.
00:12:46On va essayer de ne pas s'énerver tout de suite,
00:12:48parce que je peux m'énerver aussi très fort et ça peut être embêtant.
00:12:55Je vous pose cette question, c'est tout simplement,
00:12:57Brissot, est-ce que c'est parce qu'il a été condamné,
00:13:01parce que ce n'est pas ce que vous nous avez dit,
00:13:03vous nous avez dit qu'il était en correctionnel,
00:13:05et vous avez cessé de l'embaucher, vous l'avez viré.
00:13:11Vous l'avez dit d'ailleurs, ça peut poser question,
00:13:14parce qu'il n'était pas votre salarié, il était sous mandat avec vous,
00:13:17c'est un peu différent.
00:13:18Donc pourquoi la différence avec Depardieu ou avec d'autres aujourd'hui ?
00:13:25Alors déjà, Jean-Claude Brissot, je l'ai viré bien avant qu'il soit en correctionnel.
00:13:33Déjà, vous croyez que quand j'ai su Choses secrètes,
00:13:36déjà Choses secrètes, je crois que je l'avais bien,
00:13:40j'étais même en Choses secrètes, c'est dans les années 2000,
00:13:44moi c'est 2006 que je suis devenu producteur, je l'ai viré avant.
00:13:49Et l'histoire de Choses secrètes, c'est dans les années 2000,
00:13:53je ne me souviens plus, mais je l'ai viré après.
00:13:56Quand il a été en procès, j'ai même été interrogé par la police,
00:14:01parce qu'on se disait, c'est pas normal que la productrice et l'agent,
00:14:06alors qu'on avait fait un film avant qui s'appelait, avec Sylvie Vartan, L'ange noir,
00:14:12c'est à ce moment-là où j'ai vu les trucs qui étaient délirants.
00:14:15Donc c'est bien avant Choses secrètes.
00:14:17Alors quand vous dites que je l'ai viré à cause du fait qu'il était en correctionnel,
00:14:22donc ça c'est faux.
00:14:23Deuxièmement, Gérard Depardieu, moi j'ai commencé ce métier,
00:14:28Gérard Depardieu était au firmament.
00:14:30J'ai fait La lune dans le caniveau, j'ai fait Martin Guerre, j'ai fait plein de films avec lui.
00:14:36C'est pas du tout le même homme que j'ai vu après se transformer.
00:14:41Gérard Depardieu, quand j'ai fait Je vous aime,
00:14:47mais tout le monde voulait travailler avec Gérard Depardieu,
00:14:50et moi Gérard Depardieu, j'ai fait Martin Guerre,
00:14:53pendant trois mois dans les Pyrénées à Saint-Giron,
00:15:01il n'était pas l'homme qu'on a vu après.
00:15:04Et vous croyez, c'était l'acteur de Truffaut,
00:15:07vous croyez que Truffaut aurait pris à quelqu'un de malade ?
00:15:11Alors après Gérard Depardieu, moi je suis très translucide,
00:15:17pourquoi Gérard Depardieu a commencé à briller après la mort de son fils ?
00:15:22Et même dans les comportements, moi j'ai fait un film avec lui,
00:15:27qui s'appelait Bonne pomme, où il arrivait, il faisait des blagues un peu salaces,
00:15:31rablaisiennes et tout ça, Gérard s'est déplacé.
00:15:36Mais tout le monde était là, c'était la cour.
00:15:39Et n'empêche que Gérard Depardieu, moi pourquoi ?
00:15:42Et j'ai signé la pétition, et je regrette de l'avoir signée,
00:15:47parce que quand j'ai su qu'il faisait,
00:15:49mais il n'y avait pas eu l'histoire déjà avec Yann Moix et tout ça,
00:15:53pourquoi j'ai signé ?
00:15:55Parce que je me suis dit, tout le monde est après lui,
00:15:58toutes les actrices ont signé, Nathalie Baye, elles ont toutes signé.
00:16:02Après on a vu le documentaire, mais n'empêche que Gérard,
00:16:06moi l'erreur c'est d'avoir signé fait par un type du Front National,
00:16:10ça je l'ai su après.
00:16:12Mais quand je l'ai fait, j'en avais marre de voir Elisabeth Depardieu,
00:16:18de voir tout le monde se dire,
00:16:20et tout le métier s'est enrichi, tout le monde lui a tourné le dos.
00:16:25Alors moi c'est peut-être une fidélité, mais je ne regrette pas.
00:16:29Mais par contre je n'ai pas voulu enlever mon nom,
00:16:32même quand j'ai su que c'était un pourri qui avait fait le...
00:16:36que je n'ai jamais rencontré, là aussi ça a été léger de ma part,
00:16:39j'aurais dû faire une enquête.
00:16:41Mais dès l'instant où c'est Julie Depardieu qui me dit,
00:16:44on fait un truc sur mon père, je dis oui, voilà.
00:16:48Mais du coup quelle est la différence entre Brissot,
00:16:51que vous virez de votre portefeuille, et Depardieu ?
00:16:55Parce que Brissot, vous dites, il y a une pétition sur Brissot,
00:17:00les filles ont été considérées,
00:17:02Noémie a été considérée comme hystérique,
00:17:05là finalement Charlotte Arnault a été considérée un peu de la même manière.
00:17:10Vous dites, vous avez viré Brissot avant qu'il y ait le jugement Depardieu,
00:17:15c'est pareil.
00:17:16Donc en fait, quels sont les critères à l'aune desquels vous jugez
00:17:21qu'un homme est fréquentable ou pas ?
00:17:23Madame la Présidente, c'est 20 ans, Brissot c'est dans les années 2000,
00:17:29même avant les années 2000.
00:17:31Moi j'ai viré dans les années où ce n'était pas à la mode.
00:17:35Maintenant, je n'ai plus de contact avec Gérard Depardieu,
00:17:43mais moi je n'ai pas envie, il y a toujours la présomption d'innocence,
00:17:47même s'il y a des choses, des reportages,
00:17:50vous êtes victime aussi madame comme politique,
00:17:53on lance des alertes.
00:17:56N'empêche que si demain il est condamné,
00:17:59ça sera, je ne sais pas, mais pour le moment il n'est pas condamné.
00:18:02Mais Brissot ne l'était pas non plus, c'est ça que je ne comprends pas.
00:18:05Non mais excusez-moi, Brissot il a été condamné madame.
00:18:08Après que vous l'avez viré ?
00:18:10Ben oui, mais je l'ai viré parce que je trouvais qu'il avait dépassé les bornes.
00:18:15Alors ça veut dire que je vire quand la personne est condamnée.
00:18:19Non mais justement j'essaye de comprendre votre logique.
00:18:22J'ai viré Brissot parce que ce que je voyais ne me plaisait pas.
00:18:26Parce que vous l'avez vu en fait, c'est ça que vous avez vu.
00:18:28J'ai su, j'ai vu, j'ai su des choses.
00:18:30Et puis je l'ai viré même avant Noémie Cochère.
00:18:33Parce que Noémie Cochère, elle a...
00:18:37Quand vous me dites à quel moment,
00:18:40Mithou pour moi la première,
00:18:43la personne qui a été la plus extraordinaire, la plus courageuse.
00:18:48Il y avait une autre actrice aussi qui a condamné Brissot, c'est ces deux-là.
00:18:53On n'en parle jamais.
00:18:55Ah ben tant mieux. Elles ne vous ont pas dit la même chose ?
00:19:00Madame Legrain a une question.
00:19:02Bonjour Madame.
00:19:09Merci beaucoup Madame la Présidente.
00:19:12Oui, du coup dans cet enchaînement-là, une première question.
00:19:15Puisqu'on parle de cette affaire de Paris.
00:19:18Donc bonjour, Sarah Legrain, députée de Paris,
00:19:21vice-présidente de la délégation Droits des Femmes,
00:19:23membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation
00:19:25et membre de cette commission d'enquête.
00:19:27Merci pour votre présence.
00:19:29Merci pour 10% qu'on est nombreux à apprécier comme série.
00:19:32Et malheureusement ici, on ne vous écoute pas seulement sur la question du talent
00:19:37dont je pense que nous ne doutons pas forcément beaucoup.
00:19:40Mais nous vous interrogeons sur la question du traitement des violences sexuelles.
00:19:45Donc mon questionnement au sujet de Depardieu,
00:19:48j'ai eu un peu la même réaction que mes collègues.
00:19:50C'est-à-dire de me dire finalement,
00:19:52de nous montrer que quand vous avez connu,
00:19:54vous avez eu à voir des faits,
00:19:56en fait, vous n'avez pas attendu.
00:19:58Et vraiment, c'est quelque chose qui n'est pas systématique.
00:20:00Vous n'avez pas attendu une décision de justice.
00:20:02Vous vous êtes dit, moi, j'ai déjà des informations.
00:20:05Alors, est-ce qu'au moment où des choses sortent sur Gérard Depardieu
00:20:09et où vous signez cette tribune,
00:20:11est-ce que vous avez une démarche pour vous dire,
00:20:13finalement, est-ce que je ne vais pas aller voir derrière ce que je sais ?
00:20:16Parce qu'à ce moment-là, quand même,
00:20:18il y a de nombreuses personnes qui disent connaître Gérard Depardieu.
00:20:20Et moi, j'aimerais vous lire une expression que vous avez eue à ce moment-là
00:20:23et vous interroger dessus, sur votre regard que vous avez maintenant.
00:20:25Donc, c'était en 2018.
00:20:27Vous avez exprimé sur un réseau social.
00:20:29Et cela continue.
00:20:31Et maintenant, c'est Gérard Depardieu qui est accusé de tentative de viol.
00:20:34À quel moment ces apprenties comédiennes arrivistes
00:20:37vont-elles cesser de proférer des accusations pour se faire connaître ?
00:20:40On connaît tous Gérard Depardieu.
00:20:42C'est un personnage rablaisien, baroque, mais aussi attentionné.
00:20:45De mon temps, les jeunes comédiennes apprenaient le théâtre dans un cours
00:20:48et n'attendaient pas un rendez-vous professionnel au domicile d'une star
00:20:51pour l'accuser de gestes déplacés.
00:20:53Je suis confiant que tout cela va se terminer par un pchit.
00:20:56Vous pouvez nous dire si vous êtes toujours confiant que ça se termine dans un pchit.
00:21:00Mais ça, ça relève de ce que dira la justice.
00:21:03Mais du point de vue de ce que vous dites,
00:21:05spontanément, des femmes qui accusent Gérard Depardieu à ce moment-là,
00:21:08de ce réflexe de considérer que ce sont des arrivistes,
00:21:11des comédiennes dont vous dévalorisez directement le talent,
00:21:14dont vous expliquez qu'elles se sont mises, elles-mêmes, quelque part,
00:21:17dans la situation qu'elles dénoncent ensuite.
00:21:19Est-ce que vous avez changé de regard là-dessus depuis 2018 ?
00:21:22Est-ce que vous avez quelque chose à nous en dire ? Je vous remercie.
00:21:25En tout cas, il y a des propos que je continue.
00:21:29Une actrice qui va prendre des cours,
00:21:33du reste, le père est, d'après ce que je sais,
00:21:36je n'ai pas trop suivi, le père de cette comédienne est un ami de Depardieu.
00:21:41Donc, elle y va, tout ça.
00:21:44Moi, généralement, les cours de théâtre, on les fait dans des cours de théâtre.
00:21:47On ne va pas à domicile, chez un acteur.
00:21:52En plus, on connaît Gérard Depardieu, il y a des bruits.
00:21:56Donc, elle y est allée deux fois, on m'a dit.
00:22:01Vous dites qu'elle ne devait pas aller à son domicile parce qu'il y avait des bruits.
00:22:04Est-ce que vous pouvez préciser ?
00:22:06Merci. Monsieur Besnard, allez-y.
00:22:11C'est dans sa marche.
00:22:14Son père connaissait Gérard Depardieu.
00:22:18En tout cas, c'est vrai que dans certaines...
00:22:23Peut-être plus quand j'étais producteur.
00:22:26J'ai trois vies.
00:22:29Quand j'étais agent, j'ai quand même vu des actrices un peu dépasser les bornes.
00:22:37On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène, excusez-moi,
00:22:42Weinstein qui allait à Cannes,
00:22:47et toutes les actrices, certaines actrices allaient dans sa chambre
00:22:52pour peut-être faire une carrière américaine.
00:22:54Je l'ai vu, ça.
00:22:56J'ai même des actrices dont je me suis occupé qui sont allées.
00:22:59Alors, à un moment donné, c'est peut-être...
00:23:02Ce n'est pas une histoire de talent, c'est qu'elles veulent réussir.
00:23:06Mais par contre, on reparle de Béatrice Dalle, qui est une femme courageuse.
00:23:11Béatrice Dalle, Weinstein lui a proposé de monter dans...
00:23:14Elle a dit, mais vous rigolez ou quoi ?
00:23:16Vous rigolez ?
00:23:18Et voilà, il y a un moment donné, je ne dis pas...
00:23:20Et moi, je connais peut-être...
00:23:22Je suis la personne qui connaît peut-être le mieux les actrices.
00:23:25Entre les divas que j'ai fréquentées, Nathalie Baille, Isabelle Adjani,
00:23:30je les connais toutes.
00:23:32Je ne crois pas qu'Isabelle Huppert, jeune comédienne,
00:23:36monte dans un hôtel avec un producteur qui a déjà une mauvaise réputation.
00:23:42Je suis désolé.
00:23:44Donc, juste pour qu'on comprenne bien, la personne qui invite...
00:23:48Je ne sais pas si je comprends aussi, mais...
00:23:50La personne qui invite, dans une chambre d'hôtel,
00:23:54une actrice pour lui proposer un casting ou je ne sais quoi d'autre,
00:23:58ou de travailler le scénario,
00:24:00elle n'est pas responsable.
00:24:02C'est-à-dire qu'à vos yeux, c'est l'actrice qui monte qui est responsable.
00:24:05C'est ça ?
00:24:07Non, je veux dire...
00:24:09Je veux dire une chose.
00:24:11Moi, quand je parle à Nathalie Baille,
00:24:14quand je parle qu'elle est d'une autre génération,
00:24:16ou à Marlène Jobert, ou à Anouk Aimé,
00:24:19elles ont fait des carrières, elles ont débuté.
00:24:21J'en parlais il y a trois jours,
00:24:23parce que j'ai dit à Nathalie Baille que je venais ici.
00:24:26Elle me dit, une fois un type...
00:24:29J'ai dit, basta.
00:24:31Voilà.
00:24:33Elle ne serait jamais allée dans une chambre.
00:24:35Surtout à Weinstein.
00:24:38Il avait quand même une réputation.
00:24:41Quand il montait les marches de Cannes,
00:24:43il y avait toujours une actrice différente.
00:24:45Voilà.
00:24:47Je vais même vous dire quelque chose.
00:24:49Je ne l'ai jamais dit.
00:24:51Puisqu'on parle beaucoup de l'affaire de Maria Schneider
00:24:55et de Bertolucci à la Cinémathèque.
00:25:02Cannes et moi, Bertolucci, je l'ai un peu connu,
00:25:06comme je connaissais tout le monde,
00:25:08mais je n'ai jamais été ami avec lui.
00:25:10Mais Bertolucci, et j'ai très bien connu Maria Schneider,
00:25:13et Maria Schneider, c'est avec le temps,
00:25:16et c'est normal qu'elle ne s'est plus exprimée
00:25:20quelques années après quand ça s'est passé.
00:25:23Elle était beaucoup moins précise.
00:25:26Et du reste, elle est tombée dans la drogue.
00:25:28C'est peut-être la raison pour laquelle
00:25:30elle est tombée dans la drogue, d'avoir été violée.
00:25:34Mais je vais vous dire, moi, ma filleule, c'est Eva Green.
00:25:38Eva Green, on lui propose le film de Bertolucci
00:25:41qui s'appelait Dreamers,
00:25:44où elle n'a que des scènes nues.
00:25:47Moi, je l'ai pris à part, et sa mère aussi.
00:25:50On lui a dit, mais tu sais, c'est courageux.
00:25:53Et il n'était pas question de l'histoire de Maria Schneider,
00:25:55on n'en parlait pas.
00:25:56Elle vient de tomber là récemment.
00:25:58Et depuis la mort de Maria, en fin de compte,
00:26:00et depuis le livre de sa cousine.
00:26:02Eh bien, je vais vous dire, je dis, fais gaffe,
00:26:06parce qu'on peut ne pas s'en remettre.
00:26:08Et moi, je lui ai dit, eh bien, Trisdale,
00:26:10elle est quand même dans 37 degrés maltais,
00:26:13très souvent nue, elle a eu du mal à s'en remettre.
00:26:16Et elle m'a dit, maintenant, j'ai tout compris,
00:26:19mais j'ai envie de le faire, et je me protégerai.
00:26:24Alors, voilà, il n'y a eu aucun problème.
00:26:26Mais pour dire qu'on peut alerter,
00:26:29mais pourquoi j'ai dit ça, en fait ?
00:26:33Nous-mêmes, on ne sait pas trop.
00:26:35Parce qu'en fait, vous étiez parti sur l'idée
00:26:37qu'il y avait, d'après ce que j'ai compris dans votre propos,
00:26:40qu'il y avait des femmes fortes, des femmes qui disaient oui,
00:26:42des femmes qui disaient non,
00:26:43et des femmes qui jouaient de l'ambiguïté.
00:26:46En fait, c'est ça, je pense, le fond de votre pensée,
00:26:48c'est qu'il y a des femmes qui jouent de l'ambiguïté,
00:26:50et qui, après, quand elles n'ont pas eu les rôles,
00:26:52ou quand les choses tournent pour elles,
00:26:54d'une manière ou d'une autre,
00:26:55eh bien, elles dénoncent.
00:26:56C'est ça, en fait.
00:26:57C'est tout à fait ça.
00:26:58Mais en même temps, il y a aussi...
00:26:59Mettez-vous à la place d'une jeune actrice
00:27:01qui rêve d'être actrice.
00:27:02Elle arrive à Paris, elle prend des cours,
00:27:06elle est bonne actrice, elle est tout d'un coup...
00:27:09Alors, c'est ça, c'est aussi la formation.
00:27:11C'est-à-dire que, quand on va au conservatoire
00:27:13ou qu'on va dans une école,
00:27:15on a quand même averti.
00:27:16Mais une jeune fille qui débarque,
00:27:18qui va dans un cours privé,
00:27:19et tout d'un coup, elle voit une annonce
00:27:21pour aller faire un film,
00:27:23elle y va, elle est très contente.
00:27:25Et à un moment donné,
00:27:26peut-être que le metteur en scène ou la personne,
00:27:30sans sa fragilité,
00:27:32ça, c'est extrêmement condamnable.
00:27:34Et que la fille, à la limite, c'est une victime.
00:27:38Mais quand on a la connaissance,
00:27:41en plus, c'est là où le mouvement MeToo est important,
00:27:44c'est que maintenant,
00:27:45on ne peut plus dire qu'on ne sait pas.
00:27:47Vous êtes d'accord ?
00:27:48Je suis heureuse de vous entendre dire
00:27:49que le mouvement MeToo est important, monsieur Wessner.
00:27:52Oui, mais attendez,
00:27:53parce qu'on a pensé que j'étais contre MeToo.
00:27:56Je ne sais pas pourquoi on a pensé,
00:27:58vu le nombre de tweets que vous avez faits,
00:28:00de déclarations,
00:28:01pour dire que les féministes étaient...
00:28:03Madame la présidente,
00:28:04c'est parce que j'ai défendu Gérard Depardieu,
00:28:07comme je vous l'ai dit.
00:28:09Mais je n'ai pas...
00:28:10D'abord, je n'ai pas de tweet,
00:28:11je n'ai que sur Facebook,
00:28:13donc il n'y a pas...
00:28:15Comme madame la députée,
00:28:17elle les a tous relevés.
00:28:21On a fait un petit travail avant cette audition.
00:28:23Monsieur le rapporteur, Erwann Molen.
00:28:27Ah oui, pardon.
00:28:34On dit de vous,
00:28:35vous avez modernisé la façon de faire les castings,
00:28:39en les rendant plus ouverts,
00:28:41plus éclectiques.
00:28:43Oui, oui, mais quand même.
00:28:48On dit de vous aussi
00:28:49que vous avez inventé
00:28:50ce qu'on appelle aujourd'hui les castings sauvages.
00:28:54Et je vois là un paradoxe
00:28:56avec ce que vous venez de nous dire avant,
00:28:58sur les précautions que devraient
00:29:00ou devaient prendre les actrices
00:29:02pour faire un casting,
00:29:04c'est-à-dire aller dans une chambre d'hôtel.
00:29:06Effectivement, ce n'est pas ce qu'il y a de plus prudent,
00:29:08mais est-ce que les castings sauvages
00:29:10n'ont pas amené aussi des pratiques,
00:29:12si elles étaient mal faites,
00:29:14qui pouvaient être dangereuses
00:29:15pour les comédias, comédiennes ?
00:29:18Vous parlez d'il y a 30 ans.
00:29:21Les castings sauvages.
00:29:23Parce qu'à l'époque,
00:29:24les metteurs en scène m'ont appelé,
00:29:25je vous ai dit, pendant très longtemps,
00:29:27vu que j'avais trouvé des enfants,
00:29:29après, c'était les adolescents,
00:29:31quand j'ai travaillé avec Piala,
00:29:33sur À nos amours,
00:29:35ou sur Passe ton bac d'abord,
00:29:37c'était des adolescents.
00:29:41C'est une époque,
00:29:42et ça, c'est peut-être mieux aussi.
00:29:45Parce qu'il y a quelque chose de très grave
00:29:47de cette époque,
00:29:49et vous n'en parlez pas,
00:29:50c'est la drogue.
00:29:52Moi, j'ai combattu contre la drogue.
00:29:56Pas forcément pour les violences sexuelles,
00:29:59parce que je n'en ai pas été autant témoin,
00:30:02mais la drogue,
00:30:03et toute cette génération,
00:30:05ces drogués,
00:30:06toute cette génération d'acteurs Kleenex,
00:30:08comme on a inventé,
00:30:10souvent, ils n'ont pas été formés,
00:30:12ils ont eu des rôles principaux,
00:30:14et c'était les fantasmes des acteurs,
00:30:19les fantasmes des metteurs en scène,
00:30:21d'avoir, moi, j'ai trouvé mon acteur,
00:30:23mon actrice,
00:30:24et se dire,
00:30:26et là, il y a eu des dégâts,
00:30:28mais il y a eu aussi des dégâts,
00:30:29et puis il y en a,
00:30:30quand vous voyez,
00:30:31c'est un film qui est sorti sur tous les jeunes acteurs
00:30:35qui avaient été un peu trouvés dans la rue,
00:30:37il y en a qui ont très bien réussi,
00:30:39et puis il y en a,
00:30:40mais ça, ce n'est pas de ma faute,
00:30:43parce que quand vous avez interviewé Francis Renaud,
00:30:51à ma place,
00:30:52c'est le premier interview que j'ai vu,
00:30:54je n'en revenais pas,
00:30:56je n'en revenais pas.
00:30:57Alors, vous l'avez essayé de parler,
00:30:59ce qui est normal, comme vous me faites,
00:31:01mais ce que j'ai entendu,
00:31:03c'était n'importe quoi.
00:31:05Il attaquait toute la profession,
00:31:07n'importe comment.
00:31:08Bon, certainement, moi, je le connais, Francis Renaud,
00:31:11et quand il se permet de faire un sous-entendu
00:31:14en disant qu'est-ce qu'il est devenu, Simon de Labrosse,
00:31:17parce qu'il s'est suicité comme si c'était moi qui étais responsable,
00:31:20mais c'est très grave.
00:31:22Simon de Labrosse,
00:31:23je l'ai accompagné jusqu'à la fin de sa vie,
00:31:26son frère et mon ami.
00:31:28Quand il parle de Vadek Stanzak,
00:31:30quand il a vu ce dossier,
00:31:32il m'a téléphoné,
00:31:34et il ne veut plus de ce métier,
00:31:36et il m'a dit, Dominique, c'est honteux.
00:31:39Alors, il y a un moment donné, il ne faut pas croire,
00:31:41c'est tout ce qu'on dit.
00:31:42Moi, je ne dis pas la vérité,
00:31:44mais dans mon métier, je sais qui est qui,
00:31:46et voilà.
00:31:47Et Francis Renaud, et je me permets de le dire,
00:31:49parce qu'il a humilié plein de gens,
00:31:51il a attaqué Anne Holmes,
00:31:53il a attaqué tout le monde,
00:31:55c'est son problème.
00:31:56Moi, j'ai fait un film avec lui,
00:31:58ça s'est très bien passé,
00:31:59qui s'appelait Joueuse,
00:32:01avec Sandrine Bonheur,
00:32:03il avait un très beau rôle.
00:32:04Et à un moment donné, j'ai dit,
00:32:06Francis, c'est le moment, tu as un beau rôle,
00:32:08de faire de la promotion.
00:32:10Il n'a pas fait.
00:32:11Et à un moment donné,
00:32:12il ne faut pas en vouloir à tout le monde
00:32:14de son propre échec.
00:32:18Francis Renaud a témoigné ici,
00:32:20et a témoigné de son vécu,
00:32:22et il a témoigné aussi de choses
00:32:23qui ont fait l'objet de procédures judiciaires,
00:32:25je tiens à le préciser.
00:32:28Monsieur le rapporteur,
00:32:29vous aviez une question,
00:32:30après j'enchaînerai.
00:32:38Vous avez commencé à répondre
00:32:40sur les castings sauvages,
00:32:41mais déjà, est-ce que vous pensez
00:32:42que c'est une pratique qui doit encore exister,
00:32:44parce que vous avez dit que c'était il y a 30 ans,
00:32:46donc est-ce que vous estimez que maintenant,
00:32:48ce n'est plus une manière de faire,
00:32:50et comment on peut sécuriser
00:32:52cette façon de faire,
00:32:54parce qu'on peut parfaitement continuer à imaginer
00:32:57que quelqu'un qui est un directeur de casting
00:33:00ou un agent voit un personnage,
00:33:02une personnalité dans la rue,
00:33:04et puisse l'aborder pour lui en parler,
00:33:07moi ça ne me dérange pas,
00:33:09mais comment on peut sécuriser la suite
00:33:10pour qu'il ne se retrouve pas
00:33:12comme justement une comédienne
00:33:14ou dans une chambre d'hôtel avec...
00:33:20Quand un jeune se retrouve,
00:33:22il n'a pas de formation,
00:33:23on le prend parce qu'il est sincère,
00:33:25il a une personnalité,
00:33:27on le met dans le film,
00:33:30et puis à un moment donné,
00:33:31il y a eu quelques exemples,
00:33:34dernièrement ce garçon dans un film
00:33:36qui est en prison maintenant,
00:33:38dans un film qui s'appelait
00:33:41« Ça va me revenir »,
00:33:42qui a été présenté à Angoulême,
00:33:44il est venu avec la jeune actrice,
00:33:47c'était deux...
00:33:48Attendez, « Ça va me revenir », c'est...
00:33:50Shirazad !
00:33:51Shirazad, c'est deux jeunes
00:33:53qui ne sont pas de Marseille,
00:33:55qui ne sont pas de ce métier,
00:33:57qu'on a pris parce qu'ils étaient doués,
00:33:59qu'ils ont du charisme,
00:34:00et bien le petit,
00:34:01il a pourtant pris un agent,
00:34:03on sentait qu'il était fragile,
00:34:05et puis il est en prison.
00:34:07Et la petite, je pense qu'elle a peut-être pour dire aussi
00:34:10que peut-être que...
00:34:12En fait, moi je vais vous dire
00:34:15que toutes les actrices
00:34:18dont je me suis occupé,
00:34:19les jeunes actrices,
00:34:20et moi je me suis copié de Vahina Djokante quand même,
00:34:23la pauvre,
00:34:24qui est quand même allée
00:34:28dénoncer son père aux assises.
00:34:31Et elle,
00:34:32elle a un courage extraordinaire,
00:34:34elle a fait un livre merveilleux
00:34:35dont on n'a pas assez parlé.
00:34:39Pardon, je...
00:34:40Excusez-moi parce que je parlais en aparté,
00:34:42mais je disais que j'ai du mal à saisir
00:34:43qui a du courage
00:34:44et qui n'en a pas dans votre esprit,
00:34:45c'est-à-dire qu'il y en a...
00:34:46Du courage d'aller dénoncer son père
00:34:49qui a manqué de...
00:34:51Vous ne trouvez pas que c'est du courage, ça ?
00:34:53Absolument,
00:34:54mais moi je trouve aussi que les femmes
00:34:55qui parlent dans le cadre de Me Too,
00:34:56y compris celles que vous qualifiez d'ambitieuses,
00:34:58ont du courage aussi de parler.
00:35:00Mais attendez, je ne dis pas que...
00:35:03Attendez,
00:35:04dès l'instant où on...
00:35:05Mais attendez,
00:35:06moi je trouve que dans Me Too,
00:35:08il y a...
00:35:09Mais quelquefois, il y a des actrices
00:35:10qui ont peut-être plus souffert
00:35:12qu'ils n'osent pas, justement.
00:35:14Et donc un courage,
00:35:15c'est quand même important.
00:35:16Et la petite Vahina Djokante,
00:35:18elle a quand même dénoncé son père.
00:35:21Elle en a fait un livre.
00:35:23Et quand vous la voyez maintenant,
00:35:25c'est une fille quand même...
00:35:27Elle est incroyable.
00:35:28Et moi, j'ai connu petite.
00:35:29J'ai été son agent.
00:35:30Et quand elle me racontait...
00:35:31Et même moi, je peux vous dire une chose.
00:35:33Je lui dis, écoute, fais attention,
00:35:35t'es sûre et tout ça.
00:35:36C'est ton père.
00:35:37Elle y est allée.
00:35:38Elle était presque plus courageuse que moi.
00:35:42Madame Legrin.
00:35:49C'est bon.
00:35:50Merci.
00:35:51Oui, ce qui fait un peu réagir là,
00:35:54c'est effectivement,
00:35:55je pense que dans votre métier,
00:35:57dans vos différents métiers
00:35:58que vous avez exercés,
00:35:59vous avez été amené à distribuer
00:36:00des bons et des mauvais points
00:36:02entre les talents,
00:36:04les personnes avec talent,
00:36:05les personnes sans talent.
00:36:07Ça, on peut le mettre de côté.
00:36:08Mais là, on a l'impression...
00:36:10Moi, j'ai l'impression
00:36:11que vous distribuez un peu
00:36:12des bons et des mauvais points
00:36:13entre des victimes
00:36:14qui seraient les victimes courageuses,
00:36:16ou celles qui n'ont pas été victimes finalement
00:36:18parce qu'elles ont réussi à dire non
00:36:19à une proposition qui a été faite, etc.
00:36:21Et que les autres, en réalité,
00:36:23ne le seraient pas.
00:36:24Donc, vu que vous venez de nous dire là,
00:36:26ce qui est un peu contradictoire
00:36:27avec ce qu'on a pu lire ou entendre,
00:36:28mais tant mieux,
00:36:29que Me Too, c'était utile
00:36:30parce que plus personne ne pouvait ignorer.
00:36:32Plus personne ne peut ignorer.
00:36:33Alors, qu'est-ce que vous pouvez dire
00:36:35aux personnes qui sont aujourd'hui,
00:36:37par exemple,
00:36:38à des femmes qui auraient aujourd'hui
00:36:41subi des pratiques
00:36:43qu'elles n'avaient pas à subir
00:36:44dans le cadre professionnel du cinéma ?
00:36:47Vous nous expliquez que le casting sauvage,
00:36:49c'était à l'époque,
00:36:50et que maintenant, c'est plus ça.
00:36:51Qu'est-ce que...
00:36:54Oui, mais que c'était une...
00:36:55Ma question, c'est...
00:36:58Est-ce que,
00:36:59quand vous tenez le discours de dire
00:37:01que les filles qui sont,
00:37:02que vous appelez-vous des filles,
00:37:04qui sont montées dans les chambres d'hôtels
00:37:06avec des hommes qui avaient des réputations,
00:37:08elles savaient ce qui allait leur arriver,
00:37:10d'une certaine façon,
00:37:11donc elles ne sont pas des victimes,
00:37:12est-ce que, de quelle façon,
00:37:13ce discours-là aide à libérer la parole
00:37:15de femmes qui auraient été victimes,
00:37:17et qui auraient été victimes,
00:37:18y compris par leur vulnérabilité,
00:37:20par le fait que, justement,
00:37:22elles n'étaient pas en position de force,
00:37:23en position de pouvoir
00:37:25refuser des propositions professionnelles
00:37:27qui tournent, finalement,
00:37:28à des violences sexuelles ?
00:37:30Monsieur Bessner ?
00:37:34Je ne comprends pas la question,
00:37:35excusez-moi.
00:37:38La question,
00:37:39si je peux me permettre de la reformuler,
00:37:41c'est que vous avez eu des propos multiples
00:37:44de dénigrement, quand même,
00:37:47des femmes qui parlaient...
00:37:48Non, mais arrêtez-là.
00:37:49Non, mais je vous le dis...
00:37:50En fait, quand vous sourds,
00:37:51c'est la presse,
00:37:52c'est que la presse.
00:37:54Et même là, vous venez d'en dire, en fait.
00:37:55Je dis quoi ?
00:37:56Et la question, c'est un peu...
00:37:58Parce que vous êtes un homme de pouvoir,
00:38:00vous êtes un homme important dans le cinéma français,
00:38:02vraiment important,
00:38:03et ça, de multiples auditions,
00:38:05nous en ont fait part.
00:38:06Donc, en fait,
00:38:08votre vision
00:38:12de la place des violences,
00:38:13de la manière dont on doit réagir aux violences,
00:38:15de celles qui ont du courage,
00:38:16de celles qui en ont moins, etc.
00:38:19façonnent, d'une certaine manière,
00:38:21le cinéma français.
00:38:22Et donc, c'est en cela
00:38:23que nous avons des questions à vous poser
00:38:25sur comment...
00:38:27Parce que, évidemment,
00:38:28quand vous avez des propos dénigrants
00:38:30sur les personnes qui parlent,
00:38:31eh bien, derrière, vous envoyez un message
00:38:33à l'ensemble du cinéma.
00:38:34Mais c'est quoi, les propos dénigrants ?
00:38:36Dites-moi.
00:38:37Vous racontez des histoires
00:38:39que vous voyez dans la presse.
00:38:40Moi, d'abord, j'ai pas de tweet.
00:38:42Et des choses que j'ai dites,
00:38:44à une époque,
00:38:45quand Gérard Depardieu,
00:38:46c'est il y a combien d'années ?
00:38:47Il y a un moment donné, ça va.
00:38:49Si c'est mon procès,
00:38:51je me taille tout de suite.
00:38:52Je vous le dis tout de suite.
00:38:53Déjà, vous êtes dans une commission d'enquête.
00:38:55Non, mais une commission d'enquête,
00:38:56on a l'impression
00:38:57que vous voulez me faire dire quoi ?
00:38:59Que Gérard Depardieu,
00:39:00je ne dois pas dire
00:39:01que je l'ai apprécié à une époque.
00:39:03Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
00:39:05La question, en plus,
00:39:06vous avez le droit encore de l'apprécier.
00:39:07Et j'ai le droit d'avoir mon opinion.
00:39:09Vous n'êtes pas là pour me faire la morale.
00:39:11Je suis désolé, madame.
00:39:12Absolument.
00:39:13Et vous arrêtez de faire la morale à tout le monde.
00:39:15Est-ce que je peux vous poser une question ?
00:39:16Commence à bien faire.
00:39:18Je peux vous poser une question, monsieur le Président ?
00:39:19Oui.
00:39:20En tant que présidente de cette commission ?
00:39:21Oui.
00:39:22Merci.
00:39:23Donc, vous venez de dire,
00:39:24de Charlotte Arnoux,
00:39:25que...
00:39:26Mais Charlotte Arnoux,
00:39:27je ne sais même pas qui c'est.
00:39:28Très bien.
00:39:29Très bien.
00:39:30Madame Charlotte Arnoux,
00:39:31vous dites, son père
00:39:32connaissait Gérard Depardieu,
00:39:33donc vous laissez la suspicion.
00:39:34Ce que je vous...
00:39:35La suspicion sur les motivations
00:39:37pour lesquelles elle est allée
00:39:38chez Gérard Depardieu.
00:39:39Moi, la question que...
00:39:40Je ne sais pas...
00:39:41C'est ça qui vous intéresse,
00:39:42dans le truc MeToo ?
00:39:43C'est que Gérard Depardieu ?
00:39:44Non, puisque je viens de...
00:39:45Ben si !
00:39:46Vous ne parlez que de Gérard Depardieu.
00:39:47La question que je souhaite vous poser,
00:39:49monsieur Bessenaire,
00:39:50c'est que,
00:39:51quand vous avez...
00:39:52On peut parler de...
00:39:53On peut parler de...
00:39:54En effet, monsieur Doyon.
00:39:55Quand vous parlez,
00:39:56votre parole a de l'importance.
00:39:59A de l'importance.
00:40:01Pas tellement.
00:40:02Pas tellement.
00:40:03Si, elle en a.
00:40:04Elle en a.
00:40:05Elle en a sur le monde du cinéma.
00:40:07Elle en a sur les acteurs
00:40:08que vous connaissez.
00:40:09Elle en a sur les réalisateurs
00:40:10avec lesquels vous travaillez.
00:40:11Elle en a sur le monde de la production.
00:40:13Elle en a.
00:40:14Votre parole,
00:40:15elle a de l'importance.
00:40:16Elle a du poids.
00:40:17Et quand vous avez des propos
00:40:21sur la libération de cette parole
00:40:24qu'est MeToo,
00:40:25et que vous avez des propos
00:40:27minimisant le courage des femmes,
00:40:29eh bien, derrière,
00:40:31ça envoie peut-être un message,
00:40:33et c'est la question que je vous pose,
00:40:34à l'ensemble du monde du cinéma,
00:40:36de dire, je vous protégerai.
00:40:38Je protégerai le monde du cinéma
00:40:41de la parole des femmes.
00:40:43Et nous, notre commission,
00:40:44elle est finalement de dire
00:40:45dans quelles conditions
00:40:46la parole des femmes
00:40:47et des hommes, d'ailleurs,
00:40:48parce qu'il y a des hommes victimes,
00:40:49on va y venir,
00:40:50mais la parole des victimes
00:40:52peut se déployer,
00:40:53être entendue,
00:40:54instruite
00:40:55et avoir de l'importance dans ce monde.
00:40:57Je comprends ça,
00:40:59mais ça fait quand même dix minutes
00:41:00qu'on parle de la même chose.
00:41:02Ça veut dire que quoi ?
00:41:03Je pense que MeToo est inutile ?
00:41:05Ça va, franchement,
00:41:06je n'ai jamais dit ça.
00:41:07Mais le problème, c'est que vous,
00:41:09vous voulez réduire des choses
00:41:10par des petites phrases.
00:41:12C'est quelque chose,
00:41:13alors que, excusez-moi,
00:41:15s'il y a bien quelqu'un
00:41:16qui est féministe, c'est moi.
00:41:18Je peux vous le dire,
00:41:19toutes les personnes vous diront
00:41:21que je traite les femmes
00:41:22comme personne.
00:41:23Comment se fait-il
00:41:24que j'ai eu toutes les actrices
00:41:26quand j'étais agent,
00:41:28que là, sur le festival d'Angoulême,
00:41:32je mets toujours en avant,
00:41:35devant les actrices.
00:41:37J'ai fait un jury que de femmes
00:41:39à une époque où MeToo n'était pas.
00:41:41Et quand je vous dis que,
00:41:42pour moi, MeToo,
00:41:43ça a commencé avec l'affaire
00:41:45de choses secrètes,
00:41:47MeToo, ça n'est pas venu
00:41:50que depuis qu'on en parle
00:41:53aux États-Unis.
00:41:54En tout cas, moi,
00:41:55je me suis rendu compte
00:41:57que ce jour-là,
00:41:58quand j'ai su cette histoire
00:42:00avec Brissot,
00:42:01que j'ai vu ce qu'il faisait,
00:42:02je me suis dit,
00:42:03là, pour moi,
00:42:04ça a été décisif.
00:42:05Monsieur le rapporteur.
00:42:10Rassurez-vous,
00:42:12on a fait beaucoup d'auditions,
00:42:14on a vu beaucoup de monde
00:42:16et on se pose
00:42:17un certain nombre de questions.
00:42:19Moi, je voulais vous poser
00:42:20des questions sur
00:42:22un de ce qui a été
00:42:24de votre vie,
00:42:25votre deuxième,
00:42:26si j'ai bien compris,
00:42:27quand vous étiez agent.
00:42:28Et de savoir aujourd'hui
00:42:29un petit peu
00:42:30comment est structuré
00:42:31le secteur économique
00:42:32de la représentation artistique.
00:42:34Une question qu'on se pose,
00:42:36c'est de savoir
00:42:37s'il y a assez de concurrence
00:42:38dans ce secteur.
00:42:39Est-ce qu'aujourd'hui,
00:42:40un talent qui est mécontent
00:42:41de son agent
00:42:42peut facilement en trouver
00:42:43un autre ?
00:42:44Est-ce qu'aujourd'hui,
00:42:45on peut se passer
00:42:46de travailler
00:42:47avec les deux grands leaders
00:42:48qui sont adéquats
00:42:49et U2B et ZA ?
00:42:53Voilà.
00:42:55Je ne savais plus
00:42:56comment on disait.
00:42:59Oui, UBBA, pardon.
00:43:02Et par rapport
00:43:03à votre expérience,
00:43:04est-ce que vous pouvez nous dire
00:43:06si aujourd'hui,
00:43:07une agence,
00:43:08elle peut négocier
00:43:09l'embauche d'un
00:43:10ou plusieurs talents
00:43:11sur des rôles secondaires
00:43:12en échange
00:43:13d'un talent
00:43:14de premier plan ?
00:43:15C'est-à-dire,
00:43:16est-ce que ce sont
00:43:17des pratiques
00:43:18qui peuvent se faire ?
00:43:19Par exemple,
00:43:20quand on voit
00:43:21sur le film
00:43:22L'Amour Ouf,
00:43:23la plupart des talents
00:43:24sont représentés
00:43:25par la même agence
00:43:26qui est adéquate
00:43:27et idem pour
00:43:28Monte Cristo.
00:43:29Et donc,
00:43:30la question que je vous pose
00:43:31aujourd'hui,
00:43:32est-ce que le métier
00:43:33d'agent
00:43:34est suffisamment
00:43:35concurrentiel
00:43:36et suffisamment
00:43:37libre
00:43:38de pression économique
00:43:39pour qu'un acteur
00:43:40puisse changer
00:43:41facilement
00:43:42d'agence
00:43:43s'il estime
00:43:44que l'agent
00:43:45ne le protège pas
00:43:46assez bien
00:43:47ou ne fait pas
00:43:48suffisamment valoir
00:43:49ses intérêts ?
00:43:50Alors,
00:43:51ça,
00:43:52c'est des bonnes questions.
00:43:53Le métier
00:43:54a beaucoup changé
00:43:55aussi de cette façon.
00:43:56C'est que,
00:43:57moi,
00:43:58quand j'étais agent,
00:43:59ça dépendait
00:44:00du ministère du Travail.
00:44:01Il fallait une licence.
00:44:02Sans licence,
00:44:03on ne pouvait pas
00:44:04être agent.
00:44:05Avec Bruxelles,
00:44:06je ne sais plus comment.
00:44:07Et il y avait...
00:44:08C'était assez contrôlé.
00:44:09Peut-être qu'on
00:44:10ne pouvait pas être agent
00:44:11si on avait
00:44:12un casier judiciaire
00:44:13compliqué.
00:44:14On ne pouvait pas
00:44:15être agent...
00:44:16Il y avait
00:44:17une enquête de moralité,
00:44:18une enquête
00:44:19même
00:44:20par rapport
00:44:21à pouvoir tenir
00:44:22une économie
00:44:23d'une agence.
00:44:24Et puis,
00:44:25avec Bruxelles,
00:44:26il n'y a plus
00:44:27de...
00:44:28Il n'y a plus
00:44:29de...
00:44:30Il n'y a plus
00:44:31de loi.
00:44:32Et c'était un peu
00:44:33la liberté totale.
00:44:34Et donc,
00:44:35ça a créé
00:44:36un peu...
00:44:37Moi,
00:44:38je trouve
00:44:39une...
00:44:40Beaucoup
00:44:41de nouvelles agences
00:44:42sont arrivées,
00:44:43mais sans vraiment
00:44:44avoir de fondation.
00:44:45Et c'est vrai
00:44:46qu'il y a une concentration.
00:44:47Et c'est vrai
00:44:48que ce qui est compliqué
00:44:49et par rapport
00:44:50à mon époque,
00:44:51quand on était...
00:44:52Quand on était
00:44:53des jeunes agents
00:44:54indépendants,
00:44:55eh bien,
00:44:56ils pouvaient garder
00:44:57leurs clients
00:44:58parce que,
00:44:59moi,
00:45:00je...
00:45:01Voilà,
00:45:02c'était...
00:45:03Il y avait
00:45:04plein de petites agences
00:45:05qui vivaient très bien.
00:45:06Et maintenant,
00:45:07elles ont du mal
00:45:08à vivre
00:45:09parce que,
00:45:10des fois,
00:45:11justement,
00:45:12il y a des grandes agences
00:45:13qui,
00:45:14quelquefois,
00:45:15les font venir
00:45:16dans leurs agences,
00:45:17mais,
00:45:18quelquefois,
00:45:19prennent leurs clients.
00:45:20Et comme,
00:45:21autrefois,
00:45:22quand on avait
00:45:23un acteur,
00:45:24on lui signait
00:45:25un mandat.
00:45:26Si le mandat,
00:45:27si,
00:45:28au bout d'un an,
00:45:29il était...
00:45:30On le reconduisait
00:45:31s'il avait envie,
00:45:32mais...
00:45:33Et si l'acteur
00:45:34allait dans un autre agent,
00:45:35il devait quand même
00:45:36avoir un contact
00:45:37avec l'agent
00:45:38qui quittait,
00:45:39redistribuer
00:45:40une partie
00:45:41de la commission.
00:45:42Tout ça,
00:45:43ça a changé.
00:45:44Alors,
00:45:45c'est peut-être
00:45:46une chose
00:45:47qui a changé,
00:45:48mais...
00:45:49Et en même temps,
00:45:50moi,
00:45:51j'ai beaucoup
00:45:52de jeunes agents
00:45:53qui viennent me voir
00:45:54comme si j'étais,
00:45:55voilà,
00:45:56pour avoir des conseils.
00:45:57Eh bien,
00:45:58souvent,
00:45:59je sens
00:46:00que c'est compliqué
00:46:01pour eux.
00:46:02Dès qu'ils ont
00:46:03quelqu'un de bien,
00:46:04ils devraient...
00:46:05Moi,
00:46:06je serais
00:46:07pour revenir
00:46:08à,
00:46:09comment dire,
00:46:10à une législation
00:46:11beaucoup plus sévère
00:46:12par rapport
00:46:13aux agents.
00:46:16Pour rebondir
00:46:17sur cette question,
00:46:18est-ce que vous pensez
00:46:19pas, justement,
00:46:20dans cette situation
00:46:21un peu paradoxale,
00:46:22d'ailleurs,
00:46:23parce qu'on a libéré
00:46:24les modalités
00:46:25pour devenir agent,
00:46:26donc on pourrait
00:46:27s'imaginer
00:46:28qu'il y ait plus d'agents,
00:46:29et en fin de compte,
00:46:30le secteur,
00:46:31c'est ultra concentré.
00:46:32C'est ce que vous venez
00:46:33de dire aussi.
00:46:34Mais est-ce que vous pensez
00:46:35pas que parfois,
00:46:36il y a une sorte
00:46:37de conflit d'intérêts
00:46:38qu'il peut y avoir
00:46:39sur la protection
00:46:40de l'acteur
00:46:41par rapport
00:46:42à l'agent
00:46:43et sur la protection
00:46:44de l'agent
00:46:45par rapport
00:46:46à l'acteur
00:46:47par rapport
00:46:48à l'agent
00:46:49qui sait
00:46:50qu'il va être rémunéré
00:46:51si l'acteur joue ?
00:46:52Par exemple,
00:46:53quand on sait
00:46:54qu'aujourd'hui,
00:46:55prendre la parole,
00:46:56et on l'a vu
00:46:57dans votre discussion
00:46:58juste avant,
00:46:59ce n'est pas toujours simple
00:47:00pour les comédiennes
00:47:01et pour les comédiens
00:47:02de dénoncer
00:47:03des faits
00:47:04dont ils ont été victimes,
00:47:05est-ce que vous pensez
00:47:06que les agents
00:47:07ont suffisamment
00:47:08de capacité
00:47:09aujourd'hui
00:47:10à protéger
00:47:11leurs talents
00:47:12sur ces sujets-là
00:47:13justement
00:47:14du fait
00:47:15de leur lien
00:47:16de subordination
00:47:17qui est économique ?
00:47:18Sérieusement,
00:47:19je pense
00:47:20qu'à mon époque,
00:47:21on était peut-être
00:47:22moins au courant
00:47:23de ça,
00:47:24donc je pense
00:47:25que maintenant,
00:47:26il devrait y avoir
00:47:27des protections
00:47:28par le CNC,
00:47:29tout le monde protège.
00:47:30Maintenant,
00:47:31on est au courant,
00:47:32on ne peut pas dire
00:47:33qu'on ne le savait pas.
00:47:34Moi,
00:47:35je connais
00:47:36très bien
00:47:37Laurent Grégoire,
00:47:38je connais
00:47:39très bien
00:47:40Cécile,
00:47:41ce sont des gens
00:47:42qui vont
00:47:43se protéger.
00:47:44C'est des gens
00:47:45qui, voilà,
00:47:46que si tout d'un coup,
00:47:47du reste,
00:47:48ils ont des acteurs
00:47:49un peu,
00:47:50comme je disais,
00:47:51pris dans la rue,
00:47:52et je sens
00:47:53qu'ils les protègent
00:47:54beaucoup mieux.
00:47:55Je ne dis pas
00:47:56que moi,
00:47:57je ne les protégeais pas,
00:47:58mais là,
00:47:59on sent
00:48:00qu'avec tout
00:48:01ce qui s'est passé,
00:48:02si on ne fait pas attention,
00:48:03ça ne sert à rien
00:48:04de faire ces commissions,
00:48:05vous êtes d'accord ?
00:48:06Donc,
00:48:07il va en sortir
00:48:08quelque chose.
00:48:09Je peux avoir
00:48:10un verre d'eau ?
00:48:11Bien sûr,
00:48:12on vous l'amène
00:48:13tout de suite.
00:48:14Madame Legrin.
00:48:19Monsieur Balanant.
00:48:28Voilà.
00:48:29Est-ce que vous avez
00:48:30connaissance
00:48:32de situations
00:48:33dans lesquelles
00:48:34un comédien
00:48:35ou une comédienne
00:48:37a dû
00:48:38continuer
00:48:39un film
00:48:40alors qu'il avait
00:48:41été victime
00:48:42et qu'il avait
00:48:43des difficultés
00:48:44sous les conseils
00:48:45ou sous la pression
00:48:46d'un agent ?
00:48:50C'est-à-dire
00:48:51que quelqu'un
00:48:52qui...
00:48:53Il y aurait
00:48:54un metteur
00:48:55en scène
00:48:56ou un employeur
00:48:57qui aurait manqué
00:48:58de respect
00:48:59ou qui aurait
00:49:00dépassé
00:49:01le cadre,
00:49:02et tout d'un coup,
00:49:03que l'agent
00:49:04dit
00:49:05« Tu continues,
00:49:06tu continues ».
00:49:07Récemment,
00:49:08peut-être
00:49:09à une autre époque,
00:49:10mais maintenant,
00:49:11je n'y crois pas.
00:49:12Ça veut dire
00:49:13que les gens
00:49:14ne sont pas...
00:49:15C'est des gens
00:49:16responsables,
00:49:17les agents.
00:49:18Ce n'est pas des...
00:49:19Je ne sais pas
00:49:20si vous en avez vu,
00:49:21mais Elisabeth Tannière,
00:49:22c'est quelqu'un
00:49:23de responsable.
00:49:24Voilà.
00:49:25Pour continuer
00:49:26juste sur les agents,
00:49:27parce qu'il y a
00:49:28une question
00:49:29qui était
00:49:30dans l'esprit
00:49:31de M. le rapporteur
00:49:32et à laquelle
00:49:33Elisabeth Tannière
00:49:34a parlé.
00:49:35Est-ce que vous
00:49:37souhaiteriez avoir
00:49:38une réponse ?
00:49:39Quand,
00:49:40dans un film,
00:49:41il y a
00:49:42une agence
00:49:43qui fournit
00:49:44l'ensemble des comédiens
00:49:45qui jouent dans ce film,
00:49:46les rôles essentiels
00:49:47et les seconds rôles,
00:49:48comment ça se passe
00:49:49très concrètement
00:49:50la négociation ?
00:49:51Est-ce que vous dites,
00:49:52par exemple,
00:49:53« Voilà un talent,
00:49:54et derrière,
00:49:55est-ce qu'on peut
00:49:56prendre aussi
00:49:57des seconds rôles
00:49:58de mon agence ? »
00:49:59Comment ça se passe
00:50:00très concrètement ?
00:50:01D'abord,
00:50:02vous oubliez
00:50:03que c'est le metteur
00:50:04en scène qui décide.
00:50:05Vous avez raison,
00:50:06les vedettes,
00:50:07elles aident
00:50:08à monter le film.
00:50:09Mais les seconds rôles,
00:50:10je ne pense pas,
00:50:11et je connais quand même
00:50:12Laurent,
00:50:13Cécile Felsenberg
00:50:14et même
00:50:15Tannière,
00:50:16dire qu'il faut
00:50:17prendre...
00:50:18Ce n'est pas vrai.
00:50:19C'est-à-dire que si,
00:50:20tout d'un coup,
00:50:21il est...
00:50:22Non,
00:50:23là où je vous rejoins,
00:50:24c'est comme ces agences
00:50:25attirent tout le monde,
00:50:26ils ont peut-être...
00:50:27Si vous voulez,
00:50:28dans toutes
00:50:29les légendes
00:50:30dont ils s'occupent,
00:50:31il y a peut-être
00:50:32une agence
00:50:33qui est
00:50:34en train
00:50:35de faire
00:50:36ce qu'il veut.
00:50:37Il y a peut-être
00:50:38des acteurs
00:50:39qui peuvent correspondre.
00:50:40Mais c'est surtout
00:50:41le metteur en scène
00:50:42avec le casting directeur
00:50:43qui, ensuite,
00:50:44propose.
00:50:45Mais je ne pense pas...
00:50:46Alors,
00:50:47ce ne sont pas
00:50:48des discussions
00:50:49de marchand de tapis.
00:50:50Je ne vois pas
00:50:51Laurent Grégoire
00:50:52qui dit,
00:50:53voilà,
00:50:54tu me prends
00:50:55comme tu as les rôles.
00:50:56Je ne crois pas du tout.
00:50:57Ça ne se fait pas du tout
00:50:58comme ça.
00:50:59Non,
00:51:00mais est-ce qu'un agent
00:51:01de casting...
00:51:02Non,
00:51:03mais est-ce qu'il a
00:51:04contact avec
00:51:05plusieurs agents ?
00:51:06Bien sûr.
00:51:07Si vous allez
00:51:08demain faire votre vie,
00:51:09chère madame
00:51:10la présidente,
00:51:11et bien,
00:51:12voilà,
00:51:13vous aurez
00:51:14le rôle principal.
00:51:15Donc,
00:51:16on prendra quelqu'un
00:51:17qui vous ressemble plus.
00:51:18Et puis,
00:51:19dans les seconds rôles,
00:51:20les gens
00:51:21que vous...
00:51:22vos partenaires...
00:51:23Et bien,
00:51:24à ce moment-là,
00:51:25vous savez,
00:51:26c'est la mode
00:51:27les biopics.
00:51:28On ne sait pas...
00:51:29C'est vrai.
00:51:30Je suis sûre
00:51:31que vous allez pouvoir
00:51:32dire ce film.
00:51:33Je sens une appétence
00:51:34de votre part.
00:51:35Madame Legrin.
00:51:36Oui,
00:51:37ça s'enchaîne
00:51:38justement
00:51:39pour arriver
00:51:40à des choses
00:51:41très concrètes
00:51:42parce que l'objectif
00:51:43de cette commission d'enquête
00:51:44c'est d'évaluer
00:51:45ce qui existe déjà,
00:51:46ce qui a parfois
00:51:47été mis en place
00:51:48récemment,
00:51:49et puis de préconiser
00:51:50des choses.
00:51:51Sur le volet
00:51:52production,
00:51:53donc,
00:51:54ce qui a été mis en place
00:51:55c'est les formations
00:51:56CNC
00:51:57qui étaient d'abord
00:51:58pour les producteurs,
00:51:59puis maintenant
00:52:00qui sont généralisées
00:52:01par le personnage.
00:52:02Je voulais avoir
00:52:03votre retour là-dessus.
00:52:04J'imagine que vous en avez
00:52:05déjà suivi une,
00:52:06ou plusieurs,
00:52:07je ne sais pas,
00:52:08savoir si vous avez
00:52:09un retour spécifique,
00:52:10des recommandations
00:52:11sur ces formations,
00:52:12un regard.
00:52:13C'était ma première question.
00:52:14On est tous allés
00:52:15là-bas au CNC.
00:52:16Moi,
00:52:17j'étais au tout début.
00:52:18Ce n'était pas très bien
00:52:19organisé.
00:52:20Et moi,
00:52:21je vous fais une confidence,
00:52:22il n'y avait que
00:52:23des hommes,
00:52:24il n'y avait que
00:52:25des producteurs hommes,
00:52:26il n'y avait pas de femmes.
00:52:27Et la personne
00:52:28qui a mené
00:52:29les débats,
00:52:30elle était,
00:52:31c'était même
00:52:32assez touchant,
00:52:33tous ces hommes
00:52:34avaient peur.
00:52:35Ils avaient peur
00:52:36parce que tout d'un coup,
00:52:37on leur a vu défiler
00:52:38tout ce qu'il ne fallait pas faire
00:52:39et tout ça.
00:52:40Et je trouvais
00:52:41que les films étaient bien,
00:52:42la présentation
00:52:43de la dame
00:52:44qui faisait ça,
00:52:45on sentait
00:52:46que ce n'était pas au point.
00:52:47Mais par contre,
00:52:48les films présentés
00:52:49étaient bien,
00:52:50le montage,
00:52:51les fêtes
00:52:52de fin de film,
00:52:53donc c'était bien.
00:52:54Et moi,
00:52:55je pense
00:52:56que depuis
00:52:57tout le monde
00:52:58a fait cette initiation
00:52:59et c'est très bien.
00:53:00Et même moi,
00:53:01j'ai le festival francophone
00:53:02d'Angoulême,
00:53:03on l'a fait
00:53:04et tant mieux.
00:53:05Madame Legrin,
00:53:06vous avez une deuxième question ?
00:53:07Oui,
00:53:08sur les autres préconisations,
00:53:09est-ce que vous avez
00:53:10un regard
00:53:11sur la question
00:53:12des coordonnateurs
00:53:13et des coordonnatrices
00:53:14d'intimité,
00:53:15par exemple,
00:53:16qui est un rôle
00:53:17qui se développe ?
00:53:18Est-ce que vous,
00:53:19vous avez été amené
00:53:20à faire
00:53:21un travail
00:53:22sur la question
00:53:23des coordonnateurs
00:53:24et des coordonnatrices
00:53:25d'intimité,
00:53:26par exemple,
00:53:27est-ce que vous avez été amené
00:53:28à travailler
00:53:29avec des coordonnateurs
00:53:30et des coordonnatrices
00:53:31d'intimité ?
00:53:32Et puis,
00:53:33la question du rôle
00:53:34des référents,
00:53:35je vous mets tout d'un coup
00:53:36vu qu'il y a des problèmes
00:53:37de micro,
00:53:38les questions des référents
00:53:39VHSS,
00:53:40est-ce que vous,
00:53:41vous avez déjà été amené
00:53:42en fait à réceptionner
00:53:43puisque vous nous avez parlé
00:53:44d'un exemple antérieur
00:53:45où vous avez pris des décisions
00:53:46en tant qu'agent,
00:53:47mais est-ce qu'en tant que producteur
00:53:48vous avez déjà réceptionné
00:53:49une alerte
00:53:50donnée par un référent
00:53:52ou une référente VHSS
00:53:54et sur toutes ces procédures,
00:53:56est-ce que vous avez un regard
00:53:57à nous donner ?
00:53:59Il faut dire qu'on ne tourne pas
00:54:00puisqu'on prépare le tournage
00:54:02de 10% qui se tournera,
00:54:04donc là on est en préparation.
00:54:06Et les derniers téléfilms
00:54:07que j'ai faits,
00:54:08c'était avec Marie-Christine Barrault
00:54:10et il n'y avait bien sûr
00:54:11pas de scène de nu,
00:54:13donc je n'ai pas...
00:54:14Personnellement,
00:54:16dans ma société,
00:54:18on n'a pas encore eu affaire,
00:54:21mais moi je sais que ça se passe bien
00:54:23d'après ce que j'entends
00:54:24dans Zéco
00:54:25et ça c'est important.
00:54:26Mais par exemple,
00:54:27on parlait de 37 degrés le matin.
00:54:29Maintenant,
00:54:30s'il n'y avait pas
00:54:32quelqu'un sur le plateau
00:54:34comme référent,
00:54:36ça ne serait pas possible.
00:54:38Mais rendez compte...
00:54:40Voilà.
00:54:42Merci.
00:54:43Monsieur le rapporteur.
00:54:48Voilà, pardon.
00:54:49Question un peu délicate.
00:54:52Vous aviez,
00:54:54dans un article
00:54:56au Télérama,
00:54:58suite à des accusations
00:55:00qui vous avaient été portées
00:55:02sur l'agression sexuelle,
00:55:04vous aviez déclaré
00:55:06quand je faisais du casting,
00:55:07j'étais certainement entreprenant,
00:55:09il a pu m'arriver de mettre la main
00:55:11sur la cuisse d'un beau garçon
00:55:12et qu'il me dise non.
00:55:14Dans ce moment-là
00:55:16et dans ce temps-là,
00:55:18quelles conséquences
00:55:20ça pouvait être sur vos choix ?
00:55:22Est-ce que ça pouvait influencer
00:55:24vos choix ?
00:55:25Et je le dis,
00:55:26on était dans un autre moment.
00:55:27Je pose la question
00:55:28parce que vous avez été accusé.
00:55:30Comme ça,
00:55:31vous pouvez y répondre.
00:55:37Parce que moi,
00:55:38je vais tout vous dire
00:55:39ce qui s'est passé
00:55:40sur ce truc de Télérama.
00:55:41Parce que moi,
00:55:42j'ai envie de déverser aussi.
00:55:45Télérama,
00:55:46qui a défendu
00:55:47tous les grands cinéastes
00:55:48qui sont condamnés maintenant.
00:55:51Moi,
00:55:52ça fait 50 ans
00:55:53que je fais ce métier,
00:55:54que j'ai senti
00:55:55qu'on faisait une enquête
00:55:56à Paris sur mon compte.
00:55:58Parce que moi,
00:55:59j'ai plein d'amis
00:56:00qui me téléphonaient.
00:56:01Mais j'ai dit,
00:56:02pourquoi Télérama ?
00:56:03Pourquoi eux ?
00:56:04Parce qu'ils veulent
00:56:05essayer de trouver quelque chose.
00:56:07Ils l'ont fait
00:56:08sur d'autres personnes
00:56:09qui se trouvent
00:56:10qui n'ont rien trouvé.
00:56:12Et que la personne
00:56:14qui m'a téléphoné un jour...
00:56:16Vous savez,
00:56:17c'est filmé,
00:56:18mais je vais dire
00:56:19un peu ce que je pense.
00:56:21Il y a une femme,
00:56:22un jour,
00:56:23me téléphone
00:56:24à cause de Téchiné.
00:56:27Elle me dit,
00:56:28voilà,
00:56:29vous avez été...
00:56:30Toute la conversation
00:56:31qu'on fait aujourd'hui,
00:56:32vous avez été un agent
00:56:36et un casting
00:56:37dans les époques
00:56:38où les metteurs en scène
00:56:39étaient des...
00:56:41Comme ça,
00:56:42se sentaient tout permis.
00:56:43Donc, on aimerait
00:56:44avoir votre témoignage.
00:56:45Et je sens
00:56:46que la journaliste
00:56:47que je ne connaissais pas
00:56:49cherchait,
00:56:51essayait de faire du buzz.
00:56:53Je lui dis,
00:56:54mais attendez,
00:56:55sur André Téchiné,
00:56:56moi, je connais bien André Téchiné.
00:56:57André Téchiné,
00:56:58il a sa sexualité.
00:56:59Je n'ai jamais,
00:57:01je n'ai jamais
00:57:02entendu quoi que ce soit.
00:57:03Je n'ai pas travaillé
00:57:04directement avec lui.
00:57:06Et elle me dit,
00:57:07mais je veux vous parler.
00:57:08Je lui dis, mais pourquoi ?
00:57:09Parce que moi,
00:57:10je vais vous dire quoi ?
00:57:11C'était une autre époque.
00:57:12Il ne faut pas regarder
00:57:14cette société.
00:57:15On dit ça très facilement,
00:57:17mais ce n'était pas
00:57:18la même époque.
00:57:20Moi, j'ai fait
00:57:21les Nuits fauvres.
00:57:22Et là, l'histoire
00:57:23dont vous parlez
00:57:24avec le garçon,
00:57:25c'est le soir des Nuits fauvres,
00:57:26où tout le monde était parti.
00:57:27On faisait la fête,
00:57:28peut-être un peu trop.
00:57:30Et bien,
00:57:32elle me dit,
00:57:33bon ben,
00:57:34vous ne voulez pas me parler,
00:57:35vous allez vous en souvenir.
00:57:36Voilà.
00:57:37Ce n'était pas
00:57:38une journaliste
00:57:39d'un journal un peu...
00:57:41Voilà,
00:57:42tous les journaux
00:57:43à sensation,
00:57:44journal sérieux.
00:57:45Et là, je me dis,
00:57:46mais c'est quoi ce truc ?
00:57:47Et donc,
00:57:48ensuite,
00:57:49ce n'est pas
00:57:50cette journaliste
00:57:51qui n'était pas
00:57:52de Télérama.
00:57:53Et ensuite, Télérama,
00:57:54j'ai senti qu'ils faisaient
00:57:55une enquête,
00:57:56essayaient de trouver.
00:57:57Et donc, je dis,
00:57:58mais moi, je les appelle,
00:57:59je vais les voir.
00:58:00C'est Béatrice Dalle
00:58:01qui m'a prévenu.
00:58:02Elle me dit,
00:58:03il y a des fouilles de merde
00:58:04là,
00:58:05qui sont en train...
00:58:06Parce qu'elle parle comme ça,
00:58:07qui vont te dire que...
00:58:08Voilà.
00:58:09Et donc,
00:58:10je les ai vues.
00:58:11Et le jour,
00:58:12là,
00:58:13c'est quand même un peu...
00:58:14Ce n'est pas facile
00:58:15de venir parler devant vous
00:58:16quand on connaît
00:58:17la personnalité
00:58:18de Mme Rousseau.
00:58:19C'est vrai,
00:58:20tout le monde a peur,
00:58:21je peux vous dire.
00:58:22Vous êtes venus à Grippin.
00:58:23Et donc,
00:58:24je vais vous dire une chose.
00:58:25Les deux personnes
00:58:26qui m'ont contacté,
00:58:27moi,
00:58:28ça a été terrible.
00:58:29Elles ont essayé
00:58:30de trouver tout.
00:58:31Elles n'ont rien trouvé.
00:58:32Et ce garçon
00:58:33qui, il y a 10 ans,
00:58:34il y a 30 ans,
00:58:35j'ai voulu l'embrasser.
00:58:36Il m'a dit,
00:58:37il m'a dit,
00:58:38il m'a dit,
00:58:39il m'a dit,
00:58:40il m'a dit,
00:58:42il m'a dit que je l'embrassais
00:58:43et qu'il n'a pas voulu.
00:58:44Certainement,
00:58:45c'est vrai.
00:58:46Mais qui l'ose dire,
00:58:47je ne sais même pas qui c'est,
00:58:48qui l'ose dire
00:58:49que je l'ai traité de cafard
00:58:51le lendemain.
00:58:52Mais enfin,
00:58:53c'est hallucinant.
00:58:54Et ils n'ont rien trouvé,
00:58:57ils ont cherché.
00:58:58Et alors,
00:58:59sur Facebook,
00:59:00mademoiselle,
00:59:01madame,
00:59:02vous devriez plutôt
00:59:03regarder Facebook
00:59:04parce que mon Facebook,
00:59:05il est...
00:59:06Quand il y a eu
00:59:07ce papier,
00:59:08il y a eu 2 000 personnes
00:59:09qui ont laqué
00:59:10Moi, Dominique ne m'a jamais fait travailler. Jamais il n'y a eu cette chose-là.
00:59:15Il n'y a pas un acteur sur la place de Paris qui peut lui dire que si tu lui fais des faveurs, tu auras un rôle.
00:59:22Jamais. Jamais. Et un jour, vous demandez à Vincent Lindon comment s'est rencontré.
00:59:28Il a un sketch extraordinaire. Ça me permet de parler, en fin de compte.
00:59:35Alors, en tant qu'agrippine, je vais continuer.
00:59:41C'est un personnage très fascinant, Agrippine.
00:59:43Absolument, comme bien d'autres.
00:59:47Pardon ? Comme Néron, comme d'autres.
00:59:51En fait, vous dites plusieurs fois dans votre audition, c'était mon temps, c'était avant. C'était mon temps.
01:00:02C'est vrai.
01:00:03Vous avez utilisé cette expression plusieurs fois.
01:00:06Mais en fait, ce qui me fascine, c'est que vous êtes dans ce temps aujourd'hui aussi,
01:00:10puisque vous êtes un des acteurs très importants du monde du cinéma aujourd'hui.
01:00:14Donc, en fait, quand vous dites c'était mon temps, vous faites référence à une période passée.
01:00:19Mais aujourd'hui, vous faites partie des gens qui ont du pouvoir dans le cinéma.
01:00:25Et c'est en cela que, évidemment... Enfin, comment je peux dire ça ?
01:00:32Tout ce que vous faites est regardé avec attention.
01:00:36Donc, ce que vous dites sur les nuits fauves, par exemple, sur le fait que...
01:00:40Parce que je salue votre honnêteté, vous dites, je lui ai sans doute demandé d'en tracer...
01:00:44Heureusement, à 20 ans, si on ne le ferait pas...
01:00:46Bien sûr, c'est pour ça que je salue tout à fait votre honnêteté là-dessus.
01:00:50Est-ce que vous le feriez encore aujourd'hui ?
01:00:52Alors, je vais vous raconter une chose. Vous me faites beaucoup parler, vous.
01:00:55Vous vous faites compte, vous êtes très forte.
01:00:57Je vais vous dire à quel point... Non, mais c'est vrai que ça a beaucoup changé, tant mieux.
01:01:01Mais vous savez, quand on est casting ou agent,
01:01:08qu'on essaie de séduire un garçon dans cette époque,
01:01:12et que le type, il dit, je ne veux pas, c'est son droit, tant mieux.
01:01:17Et c'est mieux pour moi.
01:01:19Parce qu'il n'y a rien de tel.
01:01:21Vous voyez, on a envie d'être aimé, quand même.
01:01:23On a envie que ce soit un échange.
01:01:25Je vais vous dire à quel point ça a changé, et tant mieux.
01:01:30Moi, j'ai fait un tournage, récemment.
01:01:34Les gens me connaissent, j'arrive sur le tournage,
01:01:41trois jours avant la fin, un très beau film,
01:01:44et je n'avais jamais vu un drone.
01:01:47Et tout d'un coup, je prends un drone dans mes mains,
01:01:50et il y avait un jeune assistant machinaux électro,
01:01:54un jeune, je lui dis, pourriez-vous prendre la photo ?
01:01:59Il me dit, oui, il prend la photo.
01:02:01Deux jours après, ou trois jours après, il y a la fête.
01:02:04Et je n'avais pas revu Sabine Audepin et Marc-Christine Barraud depuis longtemps.
01:02:11C'était la fête de fin de film.
01:02:13C'était le coproducteur du film.
01:02:17Et je vois, et je dis, ça serait bien qu'on garde cette photo.
01:02:20C'était une fête à Angoulême, sur une terrasse.
01:02:25Et je vais voir, je reconnais que le jeune, celui qui a fait la photo.
01:02:30Et je lui dis, Coco, tu pourrais faire une photo ?
01:02:35Et le lendemain, il fait un signalement.
01:02:40Donc je me dis, ça a changé.
01:02:42C'est-à-dire que moi...
01:02:43Un signalement sur quoi ?
01:02:44Le fait que j'ai eu Coco, comme ça.
01:02:49Heureusement que j'étais en groupe.
01:02:54Imaginez que le type, je ne sais pas, mais il a fait un signalement.
01:02:59Il pouvait me dire, Dominique, c'est terminé.
01:03:02On n'a pas à faire ça, je ne suis pas votre employé.
01:03:06Donc j'ai compris.
01:03:08Et j'ai compris aussi qu'à la fête de fin de film, à l'époque, les nuits fauves...
01:03:15Et là, maintenant, les fêtes de fin de film, d'un côté, il y a les garçons, de l'autre côté, les filles.

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