L’automobile redevient-elle ce qu’elle était à son début, un luxe réservé aux plus favorisés ? Le profil type d’un acheteur de véhicule neuf en dit long : majoritairement un homme, âgé de plus de 54 ans, cadre, chef d’entreprise, exerçant une profession libérale ou retraité aisé. Et, parmi les évolutions les plus marquantes depuis les années 90, l’âge moyen de l’acheteur a progressé de plus de 10 ans. C’est un premier signe : le budget d’un véhicule neuf devient hors de portée pour les plus jeunes, dont le taux d’équipement recule. Le véhicule que l'on possède dépend directement de ses ressources : plus du quart du choix des 10% les plus riches porte sur des voitures neuves, contre seulement 4% chez les 10% les plus modestes. [...]
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00:00L'automobile redevient-elle ce qu'elle était à son départ ? Un luxe réservé aux plus favorisés.
00:17Le profit type d'un acheteur d'un véhicule neuf en dit long.
00:20Majoritairement un homme, âgé de plus de 54 ans, cadre, chef d'entreprise,
00:27exerçant une profession libérale ou retraité aisé.
00:30Et parmi les évolutions les plus marquantes depuis les années 90,
00:34l'âge moyen de l'acheteur a progressé de plus de 10 ans.
00:37C'est un premier signe.
00:39Le budget d'un véhicule neuf devient hors de portée pour les plus jeunes,
00:43dont le taux d'équipement recule.
00:45Le véhicule que l'on possède dépend directement de ses ressources.
00:50Plus du quart du choix des 10% les plus riches portent sur des voitures neuves,
00:55contre seulement 4% chez les 10% les plus modestes.
00:59La cause, l'explosion des tarifs.
01:01En 6 ans, le prix moyen d'un véhicule neuf a bondi de 10 000 euros,
01:05passant de 26 000 à 36 000 euros selon une étude de Troisatata.
01:10La flambée des prix est multifactorielle, avec pelle-mêle l'augmentation du coût des matières premières et des composants,
01:17l'inflation réglementaire qui multiplierait les normes et rachèrerait les coûts de production,
01:21la transition vers l'électrique qui alourdit considérablement la facture
01:26et enfin la stratégie des constructeurs qui misent sur le haut de gamme plutôt que sur des modèles abordables,
01:33mis à part certains segments low cost.
01:35C'est à partir d'ici qu'un cercle vicieux s'enclenche.
01:39Les prix s'élèvent, seuls les plus aisés achètent.
01:42La demande se recentre vers le haut de gamme, incitant les constructeurs à délaisser les petits modèles.
01:49Peu à peu, les classes populaires et moyennes sont écartées,
01:53tandis que le marché se tourne toujours plus vers les catégories les plus favorisées, poussant les constructeurs ainsi de suite.
02:00Résultat, 20% des plus riches concentrent 40% des achats des voitures neuves,
02:06tandis que la majorité des Français se contentent de modèles d'occasion vieillissant.
02:11Mais ce repli sur l'occasion a ses limites.
02:14L'atrophie du marché du neuf finira par se répercuter, tout au tard, sur l'offre en seconde main
02:20qui deviendra telle aussi inabordable pour les ménages les plus modestes.
02:23Bref, c'est la fin de la démocratisation de l'automobile.
02:28Parmi les marqueurs de cette fracture sociale, deux sont incontournables.
02:32Il y a d'abord l'âge moyen des véhicules.
02:34Il ne cesse de s'élever.
02:36Il est possible d'y voir les conséquences de l'amélioration de l'entretien du parc.
02:40Passage au contrôle technique oblige.
02:42Cela doit jouer en effet.
02:44Mais c'est bien plus encore le signe de l'impossibilité d'une part croissante de la population à s'orienter vers le neuf.
02:50L'âge du parc diesel, celui des classes populaires vivant en périphérie,
02:55souvent contraint à la multimotorisation, augmente le plus rapidement.
03:00La répartition par critères, c'est-à-dire le niveau de pollution du véhicule,
03:05ces âmes indispensables donnant le droit, ou pas, à circuler dans certaines zones est plus idéfiant encore.
03:12Près d'un véhicule sur deux, détenu par les ménages appartenant aux 3 déciles de niveau de vie les plus bas,
03:19est égal ou supérieur au critère 3 et se retrouve de facto banni de circulation dans les ZFE,
03:27des grands centres urbains relégués aux banques, banlieusards en quelque sorte.
03:31Pour les 10% les plus aisés, cela concerne à peine plus d'un véhicule sur cinq.
03:36Si rien ne change, les riches rouleront en neuf et en électrique.
03:41Les autres s'accrocheront à des modèles d'occasion de plus en plus vétustes
03:46ou devront renoncer à se déplacer, réalisant leurs accès à l'emploi, aux services et à la vie sociale.
03:52La voiture, longtemps symbole de liberté et de progrès, est en passe de devenir un privilège,
03:58une régression brutale qu'il pourrait bien se transformer en bombe sociale.