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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et avec Olivier Benkemon qui
00:06nous a rejoints pour parler stylish dans un instant. Salut Olivier, merci beaucoup et alors
00:12je suis très heureux de recevoir ce matin un auteur au succès absolument phénoménal qui
00:24l'an dernier était venu également le jour de mon anniversaire le 13 mars et ça s'était terminé
00:29avec Afida Turner dans ce studio donc là il est très très inquiet sur ce qui se prépare aujourd'hui.
00:35Je suis très très heureux, bonjour Thomas, bonjour Joël Dicker, merci d'être là. Bon anniversaire, je ne viens qu'à vos anniversaires, c'est un grand moment de ma vie.
00:43C'est bien de sortir un livre aux alentours du 13 mars chaque année Joël Dicker. C'est bien fichu quand même cette promo, c'est fort.
00:50Après avoir conquis les adultes, vous vous êtes dit qu'il y avait un nouveau public à aller chercher les enfants.
00:55L'année prochaine vous reviendrez pour un livre à destination des personnes en fin de vie, vous publiez votre premier roman jeunesse, ça s'appelle
01:05La très catastrophique visite du zoo. Je le dis tout de suite, ça marche aussi très très bien pour les adultes, notamment les parents, parce que vous vous mettez vraiment à hauteur d'enfant, à hauteur d'une petite fille, en l'occurrence Joséphine.
01:17C'est quand même un exercice très particulier, j'imagine qu'il a fallu vous replonger quelques années en arrière pour parler comme elle.
01:23Même pas tellement, je l'ai fait très naturellement comme tous mes autres livres, c'est pour ça que pour moi je ne vois pas une différence fondamentale entre ce livre et les précédents.
01:32C'est différent parce qu'il n'y a pas un meurtre, il n'y a pas une enquête polare, mais il y a une enquête quand même.
01:36Et il y a la différence, c'est la différence de ton, c'est une petite fille qui parle, donc on est sur quelque chose, il y a de l'humour, ça explore aussi des thèmes de façon plus drôle, plus agréable,
01:46même si les thèmes sont parfois graves, et ça ne m'a pas demandé beaucoup de travail pour être une petite fille, parce que j'ai essayé et ça m'a semblé fluide.
01:54Et c'était surtout l'idée pour moi de parler des adultes au travers du regard de cet enfant, et donc ma ligne de mire à moi quand j'ai écrit ce livre, c'était les adultes présents dans ce livre,
02:03ce qui a donné cette lecture tout à fait bicamérale, si j'ose dire, avec bicéphale plutôt, pour les enfants et pour les parents.
02:11Il y a un côté Petit Prince là-dedans.
02:13Je prends le compliment, merci.
02:15Oui, vraiment dans ce côté où quand on est adulte, on peut le lire, quand on est enfant, on peut le lire, et on ne va pas lire le même livre à l'arrivée.
02:22Mais je crois que c'est ce que la littérature peut, c'est ce que le cinéma peut, les films qu'on regarde avec nos enfants et les micro-générations.
02:30Mais ce n'est pas évident comme exercice de réussir à la fois à faire rire un adulte sur quelque chose, ou à l'embarquer sur quelque chose, et l'enfant sur autre chose,
02:37c'est un exercice qui est bien plus compliqué qu'un roman classique, comme vous pouviez faire avant.
02:41Oui, mais pourtant, je crois qu'on le fait tous, quand on s'adresse à des amis, à un anniversaire, c'est votre anniversaire Thomas,
02:48et si quelqu'un vous fait un discours en famille, avec les vôtres, avec des enfants, des grands-parents, de toutes les générations,
02:55il va être capable de s'adresser à tout le monde, et tout le monde va écouter le discours.
02:59Peut-être qu'ils ne rirent pas au même moment, parce qu'il y a des niveaux de compréhension qui ne seront pas les mêmes,
03:02mais on a tous cette capacité à parler au plus grand nombre.
03:05C'est pour ça qu'on vit ensemble, on arrive à s'adapter, c'est ça ?
03:09Et alors Joséphine, c'est une petite fille qui va dans une école spéciale, qui rêve de devenir inventeuse de gros mots,
03:14et qui manie l'art de questionner le monde.
03:17Joséphine, sa bande d'amis aussi, remet en question ce que les adultes leur disent sur la démocratie, sur la liberté d'expression,
03:23sur l'autorité, les interdits, l'amour, ce que c'est que la normalité aussi.
03:28Et les adultes, ils ne savent pas toujours quoi répondre, ils sont un peu perdus.
03:31Les adultes sont perdus, et c'est pour ça que je disais avant que c'est vraiment un livre pour moi sur les adultes,
03:36parce que ça raconte cette capacité ou cette incapacité qu'on a nous, adultes,
03:42à se remettre en question non seulement nous, mais ce qu'on fait, le monde dans lequel on vit.
03:47On est pris dans une routine, dans des obligations, et c'est le poids de la vie parfois aussi,
03:51mais qui font qu'on est formatés, on fait des choses,
03:54et les enfants arrivent dans ce livre et ils posent des questions, mais pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
03:58Et c'est là où les catastrophes arrivent, les catastrophes arrivent parce que les adultes à un moment donné ne veulent pas,
04:03ne peuvent pas supporter ce questionnement, et ils font une connerie.
04:06Et j'ai senti, dites-moi si c'est vrai, une forme d'angoisse chez vous, même si le livre est léger, sympa,
04:12je veux dire, c'est une enquête qui est plutôt rigolote à suivre,
04:15mais il y a un vrai questionnement sur le monde, et peut-être même une angoisse sur notre avenir.
04:20Joël Dicard ?
04:21Je ne sais pas s'il y a une angoisse, mais il y a un vrai questionnement sur la responsabilité.
04:26Au fond, vraiment, si on enlevait toutes les couches du livre, et l'humour, et la tendresse, et les thématiques, et l'enquête,
04:30et tout ce que vous voulez, il devait rester une seule chose, je crois que c'est vraiment la question de la responsabilité,
04:35qui est au cœur de tout ce qu'on fait, de tout ce qu'on vit aujourd'hui.
04:37L'écho de tout ce qui se passe, c'est de se dire, mais quelle est ma part de responsabilité dans ce moment-là ?
04:43Dans des choses graves, et moins graves, les téléphones portables, l'IA, ce genre de choses,
04:48on est toujours très inquiet en se disant, oh là là, mais qu'est-ce qui va se passer ?
04:51Est-ce qu'on devrait interdire l'IA ?
04:53Et moi j'ai envie de dire, est-ce qu'on devrait commencer par prendre nos responsabilités ?
04:56C'est ça la vraie question.
04:58Et alors, vous abandonnez pas le plaisir de l'enquête quand même, on tourne les pages un peu comme on épluche un oignon,
05:04parce que chapitre après chapitre, on s'approche petit à petit de cette fameuse catastrophe du zoo,
05:10en passant en fait par d'autres catastrophes, c'est comme ça que vous l'avez construit ce livre ?
05:14Oui, c'est une enquête, et pour ça c'est un peu comme mes précédents romans, parce que je l'ai écrit sans savoir ce qui se passait.
05:21Cette enquête d'ailleurs est arrivée comme dans mes autres livres, dans un deuxième temps.
05:24Moi ça commence toujours par la narration, par la voix, qui va raconter,
05:29et puis ensuite un événement, des personnages, mais c'est un événement souvent pas très important,
05:34souvent que j'enlève même dans la relecture,
05:37et puis dans un deuxième temps, je me rends compte qu'il faut un fil rouge,
05:40il faut du ciment pour que ces personnages, ces thématiques, tout ça tiennent ensemble,
05:44et là c'est cette enquête sur une inondation,
05:48l'école des enfants spéciaux, qui est l'école de cette fille qui raconte cette histoire,
05:53est inondée, criminellement, et Josh Josephine et ses copains vont décider de mener l'enquête
05:59et découvrir qui a fait ça et pourquoi, et ça, ça va mener de catastrophe en catastrophe
06:03à cette très catastrophique visite du zoo.
06:06Et alors c'est le premier livre que vous écrivez sans mort, ça vous a fait plaisir ou pas ?
06:11Ça fait du bien non ?
06:13Non mais parce que tout d'un coup, c'est devenu conscient à un moment donné,
06:17je me suis dit, je vais volontairement, parce qu'on pourrait tout à fait,
06:20on pourrait avoir un effet dans le livre, si j'avais voulu, où ça commence, c'est mignon,
06:24c'est tout mignon, et tout d'un coup, paf, tout le monde meurt, n'importe quoi, un truc horrible.
06:28Et j'ai pas voulu parce que je trouve qu'on est suffisamment angoissé par l'actualité,
06:34par le monde, par ce qui se passe,
06:35et je me suis dit que j'aimerais que cet objet soit aussi un objet de plaisir,
06:38on est bien, on sent bien, on rigole, on passe un bon moment,
06:41même s'il y a des thématiques qui sont très importantes et dont je parlais ici,
06:44mais je voulais que ce soit un moment qui se passe bien,
06:46et donc j'ai évité du sang.