Présidente du groupe "Rassemblement national" à l'Assemblée, Marine Le Pen donnait ce mardi un conférence de presse à Flamanville (Manche) dans le cadre d'un déplacement sur le nucléaire civil. Elle a répondu aux journalistes à la situation internationale.
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00:00Vous validez en même temps que la menace politique et terroriste, qu'est-ce que vous diriez pour mieux éliminer Macron ?
00:05Bah qu'il est exactement... Il est dans l'air du temps du niveau de la vie politique française. C'est-à-dire qu'il y a un côté binaire.
00:15Et d'ailleurs, la manière dont il présente les choses le démontre. La menace principale aujourd'hui, c'est le terrorisme islamiste.
00:26principale, la menace majeure auxquelles la France fait face. Ça veut pas dire qu'il n'y a pas de menace russe.
00:33Bien sûr qu'il y a une menace de la part... Je l'ai dit d'ailleurs très clairement dans le Figaro. Donc je pense que quelqu'un a dû
00:40faire une fiche, mais qu'il n'a pas dû lire l'article original, sûrement. C'est qu'il y a une menace à notre souveraineté par la Russie,
00:54par la Chine, par les États-Unis. Donc aujourd'hui, la menace russe, elle est plus prégnante. Mais moi, je n'ai confiance, pour vous le dire
01:01plus simplement, dans aucune des grandes puissances. Voilà. Aucune des grandes puissances. Ça veut pas dire que certaines ne sont pas
01:09nos alliées. Je vous l'ai dit. Les États-Unis sont notre allié. Il n'en demeure pas la moindre que les États-Unis défendent leurs intérêts.
01:15Et si leurs intérêts sont contraires aux nôtres, ils n'hésiteront pas à sacrifier les nôtres. Je suis pertinemment au courant de cela.
01:22Et ce que je trouve un peu regrettable, si vous voulez, c'est... En matière de diplomatie, en matière de défense des intérêts de la nation,
01:30c'est de passer toujours d'un extrême à l'autre. C'est merveilleux. Ce sont nos alliés. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Ou alors non, ça y est,
01:37ce sont nos ennemis. Parfois, du jour au lendemain, je trouve que cette inconstance dans le domaine de la diplomatie est en quelque sorte
01:45un danger pour notre pays. Il faut être constant. Il faut être conscient, encore une fois, que les nations n'ont pas d'amis. Je crois que
01:54de grands personnages par le passé ont dit cela bien avant moi. Voilà. Et que même lorsque vous êtes allié.e.s avec un pays, vous pouvez être
02:03en même temps allié.e.s sur un certain nombre de sujets et dans un certain nombre de domaines, concurrent.e.s dans un certain nombre d'autres,
02:11voire même adversaire.e.s dans un certain nombre d'autres. À partir du moment où vous avez cette vision-là, qui me paraît être une vision sage et raisonnable,
02:20vous ne tombez pas de votre chaise 3 fois par jour parce qu'un dirigeant.e.s d'un des pays change d'avis, prend une autre décision, décide de se retirer
02:30d'un théâtre par exemple armé après vous y avoir emmené.e.s, comme ça a pu être le cas par le passé avec les États-Unis. Vous n'êtes étonné.e.s de rien
02:39puisque vous avez cette distance nécessaire pour pouvoir juger des événements. Voilà. Donc moi, je pense que, et j'en veux pour preuve d'ailleurs les propos
02:49même de M. Darmanin, qui, quand il était ministre de l'Intérieur il y a encore quelques semaines, nous expliquait que des dizaines d'attentats ont été empêchés
03:01au dernier moment en France, des dizaines d'attentats. Donc oui, je vous dis que dans l'échelle, je pense que le fondamentalisme islamiste est le premier des dangers.
03:13Mais ça ne veut pas dire que les autres ne sont pas un danger.
03:17– Mais si vous avez créé en quelque sorte un jumeau avec l'État, qu'est-ce que vous voudriez dire ?
03:21– Non mais c'est une plaisanterie. Non mais là, c'est un gag. C'est un gag. C'est le maître qui parle, le professeur, le professeur de gestion de la peur,
03:36enfin, en quelque sorte. Non mais moi, je ne joue avec aucune peur, précisément.
03:41– Non, non, ce que je veux dire, c'est qu'Emmanuel Macron vous reproche de faire croire que lui joue avec les peurs.
03:47– Non mais tout le monde a vu qu'il jouait avec les peurs. Enfin, je veux dire, merci de m'accorder autant d'audience et d'influence sur la vie des Français.
03:55Mais il n'y a pas un Français qui n'a pas compris qu'Emmanuel Macron, voilà, avec un ton très martial, nous explique quasiment qu'il faut transformer les usines de Kleenex
04:12en usines d'armement parce que la guerre est pour demain, quoi. Enfin, c'est un peu ça qu'on a compris en l'écoutant.
04:17Bon. Et puis après, ben en fait, non, c'est pas exactement ce qu'il a voulu dire. Il fait absolument comme d'habitude.
04:22Il lance un propos très choc. Et puis après, il envoie ses ministres pour jouer les pompiers, hein, derrière.
04:28Non, non, c'est pas exactement ce qu'il a voulu dire en réalité. Bon. Donc, il y a une partie de posture chez Emmanuel Macron.
04:37Ces choses-là nous dépassent. Feignons d'en être les organisateurs. La réalité et le drame, en réalité, c'est que les États-Unis et la Russie
04:45sont en train de préparer la paix sans que les pays européens ne soient à la table. Voilà. Et c'est une perte d'influence qui est une perte d'influence
04:56majeure pour la France notamment, qui a perdu beaucoup d'influence, beaucoup plus d'ailleurs que d'autres pays européens
05:07qui n'ont jamais eu un positionnement dans ce domaine. Donc comme il voit que tout cela lui échappe, eh bien il s'agite, il va parler aux 20 heures,
05:19il dit des mots très forts, il prend un air martial parce qu'il a le sentiment ainsi de reprendre la main, d'avoir une place, de servir à quelque chose.
05:31Bon. Moi, je suis très opposée à la télédiplomatie qu'Emmanuel Macron adore. Il partage d'ailleurs cette affection avec Donald Trump.
05:42C'est la télédiplomatie. C'est qu'on fait de la diplomatie devant toutes les caméras. Je pense que c'est redoutablement inefficace. Voilà.
05:53Et que la diplomatie, elle doit être discrète voire secrète. N'en déplaise aux journalistes qui, du coup, sont un peu frustrés, certes,
06:01mais l'important, c'est que ça permet d'avoir des résultats. Aujourd'hui, c'est vrai que... Voilà. L'image qui se dessine, c'est l'image de pays européens
06:13totalement écartés, des discussions de paix. Pourtant, ça fait 3 ans que je réclame qu'on prenne la tête d'une conférence pour la paix.
06:25Bien sûr, il y aurait autour de la table des pays européens, mais pas seulement, d'ailleurs. Bien sûr, les grandes puissances, mais aussi des pays
06:34qui ont intérêt à la résolution du conflit. Je pense par exemple à la Turquie. Bon. Ça n'a pas été fait. Et en réalité, ce qui est déroutant
06:45dans la dernière intervention d'Emmanuel Macron, c'est qu'on a l'impression qu'il annonce la guerre au moment où en réalité, certains sont en train de construire la paix.
06:57Bon, c'est un peu un contre-emploi, quand même.
07:00— Sur l'ampleur de la menace russe, est-ce qu'il y a des nuances entre vous et Jordan Bardella dans le Figaro ? Vous dites qu'une charge russe sont loin de Paris.
07:11Jordan Bardella parle de menaces multidimensionnelles avec un ton plus fort. Quelles sont les différences entre vous deux ?
07:20— Non, non, mais il n'y a absolument aucune différence. On dit exactement la même chose. Qu'il y ait des menaces dans le domaine du renseignement
07:26de la part de la Russie, bien sûr, qu'il y ait des menaces sur des attaques numériques, c'est une évidence, c'est une certitude, qu'il existe des menaces
07:39sur des pays voisins de l'Europe. C'est difficile de dire autrement compte tenu du fait que la Russie a attaqué brutalement la souveraineté territoriale
07:49de l'Ukraine il y a maintenant 3 ans. Bon. Donc voilà. Je veux dire, il a parfaitement raison de le dire. Et je partage tout à fait cet avis.
07:59Mais encore une fois, la menace militaire n'est pas la seule menace qui peut exister. Je veux dire, il y a la maîtrise de l'espace.
08:09Il y a la maîtrise des communications. Il y a la maîtrise du renseignement. Et l'on doit se prémunir, si vous voulez, de dépendre ni de l'un ni de l'autre
08:20et de bloquer potentiellement les attaques de l'un ou de l'autre. Car après tout, les États-Unis, s'ils appuient sur le bouton pour dire
08:32« Non, pas le bouton nucléaire », s'ils appuient sur le bouton pour laisser au sol les F-35, les F-35 ne volent plus. Est-ce qu'il faut se prémunir de ce risque ?
08:43Oui, parce qu'il y aura 600 F-35 dans les pays européens en 2030. 600 F-35. 600 F-35 qui, en appuyant sur le bouton, peuvent rester au sol.
08:53Et je n'ose vous dire l'étendue des moyens qui peuvent être ainsi annulés par une simple décision américaine dans le domaine du renseignement,
09:07dans le domaine des communications, mais aussi dans le domaine de toute une série d'utilisations industrielles, etc. C'est comme ça.
09:18Bon. Donc il faut le savoir. Enfin, on le sait. Mais maintenant, il faut s'en prémunir. C'est-à-dire qu'on peut pas dire, on peut pas plaider en disant
09:26« Il faut qu'on devienne autonome, il faut qu'on devienne souverain », et ne pas peut-être commencer à faire la liste de l'ensemble des sujets
09:35où nous avons une dépendance qui est une dépendance gravissime, gravissime à l'étranger. Voilà. Si vous voulez, on peut prendre l'épuce,
09:48qui proviennent absolument toutes de Taïwan, qui sont dans nos missiles. Bon. Alors si demain, la Chine attaque Taïwan ou gèle Taïwan ou fait un blocage maritime
10:02de Taïwan, il n'y a plus un missile qui vole. Croyez pas que c'est un sujet d'importance. Bon. Voilà. Donc moi, j'entends ce que dit aujourd'hui le gouvernement.
10:13Je veux juste qu'il mette ses actes en accord avec ses déclarations. Et donc faisons donc la liste de l'intégralité des sujets où nous devons à tout prix
10:23dans les années qui viennent, quitte à passer des accords d'ailleurs avec des pays européens, puisque les machines qui permettent de fabriquer les puces
10:30sont néerlandaises. Vous voyez, c'est quand même un peu particulier comme circuit. Vous voyez. Bon. Faisons la liste pour tenter de récupérer un maximum de notre autonomie,
10:43pour ne dépendre ni des uns et se prémunir potentiellement des autres. — Dans vos déclarations, vous, Géraldine Bardella, vous sentez que Géraldine Bardella
10:53est plus hostile à Vladimir Poutine que vous l'avez été, notamment au Salon de l'agriculture. — Non mais excusez-moi. Moi, je peux signer toutes les déclarations
11:03qui ont été faites par Géraldine Bardella. Si vous me dites... Vous ne dites pas les choses de la même manière que Géraldine Bardella, mais heureusement, quoi.
11:08Enfin je veux dire, nous ne sommes pas des clones. On dit la même chose. On le dit avec des mots différents. Je ne sais pas pourquoi il a été plus raide que moi.
11:19C'est peut-être la jeunesse. D'ailleurs, après tout, la fougue de la jeunesse au Salon de l'agriculture. Je ne vois pas d'ailleurs ce que j'ai dit au Salon de l'agriculture
11:26qui aurait exprimé une différence avec ce que dit Géraldine Bardella. Bon. Mais je sais que c'est le rêve des journalistes d'essayer de trouver le jeu des 7 erreurs.
11:36Oui, mais alors du coup, il a dit 2 alors que vous avez dit 1. Et là, on voit bien qu'il y a une différence. Ça ne fonctionnera pas. On pense exactement la même chose.
11:44Et on veut prévenir notre pays, encore une fois, des dangers qui pèsent sur lui. Et comme on est obligé d'avoir une forme de pyramide des hiérarchies,
11:53parce que c'est ça aussi la politique, eh bien nous la prenons telle qu'elle est. Mais ça ne veut pas dire que nous minimisons les dangers qui, par ailleurs, peuvent exister
12:05et qui sont pour certains à nos portes.
12:08Demain, il y aura une proposition de résolution qui sera débattue à l'Assemblée appelant au renforcement du soutien à l'Ukraine. Quelle sera la position du groupe RN ?
12:16Écoutez, je vous renvoie au débat qui s'est déroulé lundi. Moi, je veux bien qu'on fasse ça toutes les semaines. Mais moi, en ce qui me concerne,
12:26je vois pas bien ce que je peux dire différemment demain de ce que j'ai exprimé lundi pendant un quart d'heure, longuement, je crois complètement, à la tribune de l'Assemblée.
12:38Donc oui, nous soutenons l'Ukraine. Nous soutenons l'Ukraine dans l'esprit, parce que c'est ce que nous faisons depuis maintenant 2 ans et demi,
12:48dans l'esprit de permettre à l'Ukraine d'arriver dans les meilleures conditions possibles dans les négociations de paix.
12:54Car s'il s'agit de soutenir l'Ukraine, de lui livrer des armes pour continuer à faire une guerre qui fait des centaines de milliers de jeunes gens blessés,
13:06tués, déplacés, réfugiés, sans en voir le bout, en réalité, on participe à un véritable massacre. S'il s'agit d'aider l'Ukraine à arriver dans les meilleures conditions possibles,
13:21en position de force, c'est un peu difficile au bout de 3 ans de dire ça, mais en position de moindre faiblesse dans les négociations qui s'ouvrent avec la Russie,
13:35nous sommes d'accord, nous l'avons toujours été.
13:39– Dans la région de l'Afghanistan, il y a la région de l'Ukraine à l'UE.
13:42– J'y suis fondamentalement opposée, je ne voterai pas, moi je connais la technique maintenant, depuis, vous savez, je suis un peu blanchie sur le harnais,
13:50je sais pas, j'ai pas les cheveux blancs, mais je pourrais. Je connais la technique, c'est la même que dans le cadre du Parlement européen,
13:59c'est-à-dire qu'on fait une belle résolution, soutien à l'Ukraine, et à l'intérieur, on vous glisse toute une série de choses dont on sait pertinemment
14:07que vous y êtes fondamentalement opposés, en espérant pouvoir vous contraindre à le voter, parce que vous avez peur qu'un certain nombre de journalistes disent
14:17« Ah, vous avez vu, ils n'ont pas voté le texte de soutien à l'Ukraine, ils sont vraiment très méchants ».
14:22Bon, moi, on ne me forcera pas à voter un texte dans lequel on demande l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne.
14:28Je l'ai dit très clairement, et je le dis très clairement d'ailleurs aux Ukrainiens avec toute l'amitié que je leur porte,
14:34je ne souhaite pas l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, parce que l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, c'est la mort de l'agriculture française.
14:41Voilà. C'est extrêmement clair. Par un double effet d'écrasement, l'écrasement de la PAC qui, du fait de l'entrée dans l'Ukraine,
14:51verra toute une série d'aides arriver à l'Ukraine et une redistribution des aides de la PAC qui entraînerait pour la France une perte de 20% des subventions de la PAC,
15:02premier élément d'écrasement. Deuxième élément d'écrasement, c'est évidemment la concurrence déloyale que nous subissons d'ailleurs depuis un an,
15:10puisque on l'a testé, cette concurrence déloyale. On l'a testé sur le sucre, on l'a testé sur le poulet, on l'a testé sur les œufs, et c'est un drame.
15:18C'est-à-dire que les importations ukrainiennes sont absolument massives. Or, le poulet français est vendu à peu près entre 8 et 10 € le kilo,
15:28le poulet ukrainien 3 € le kilo. Nonobstant les problématiques sanitaires des produits qui sont utilisés par l'Ukraine. Donc c'est non.
15:37Moi, je veux bien, encore une fois, tout faire pour aider l'Ukraine. Je ne veux pas le faire au prix de la vie de secteur économique entier de notre pays.
15:47— Mais donc cette résolution en état, ça serait plutôt une abstention... — Oui, mais vous me dites ça, elle est amendable. Bon, voilà. Donc avant que le débat ait lieu,
15:56avant que les votes de potentiels amendements aient lieu, il est assez difficile de vous répondre. Ce qui est sûr, c'est que je ne voterai aucun texte
16:03dans lequel il y a l'engagement, en quelque sorte, d'un soutien à l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, parce que je violerais mes opinions profondes,
16:16celles de mes électeurs, et je ne souhaite pas le faire.