François Bayrou fête ses trois mois à Matignon, mais les choses se compliquent pour le Premier ministre, notamment empêtré dans l'affaire Bétharram.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00La politique Mathieu Croissando et on a choisi ce matin de parler de François Bayrou et vous nous dites que ça se complique pour le Premier ministre, pourquoi ?
00:09Il y a un paradoxe François Bayrou, il va fêter après-demain ses trois mois à Matignon, soit quelques jours près, c'est le temps qu'avait passé Michel Barnier au poste de Premier ministre.
00:17Il est dans une situation politique qui est plus facile que son prédécesseur car il a réussi à convaincre les socialistes de ne pas voter la censure.
00:23On voit mal comment ceci changerait d'avis en pleine crise internationale.
00:27Bref, on peut dire que François Bayrou respire et pourtant ça se complique oui pour le Premier ministre.
00:31Il y a cette affaire Betarame dans laquelle François Bayrou s'est englué, sa cote de popularité décroche dans tous les sondages.
00:37Dans le dernier rendat de vendredi, Ifop pour Ouest France, il baisse de 5 points alors que dans le même temps Emmanuel Macron qui était au plus bas reprend du poil de la bête en gagnant lui-même 7 points d'approbation.
00:47C'est l'effet de la crise du moment, la crise internationale ?
00:50Oui mais pas que, le Premier ministre se retrouve un peu pris en sandwich entre le Président de la République et les ministres de son gouvernement.
00:56C'est quelque chose qui tient à son style, à sa méthode, qui est au mieux flottante voire carrément brouillonne.
01:02Ce week-end, Le Monde décrivait dans un article croquignolesque des ministres en autonomie totale, d'où un sentiment parfois de quacophonie.
01:10Un agenda fluctuant, des réunions où rien ne se décide avec une mention spéciale quand même pour les petits-déjeuners de la majorité le mardi matin
01:17où François Bayrou arrive et ressute d'y un participant en proposant immanquablement un yaourt à tous ceux qui sont assis autour de la table.
01:24Et puis, il y a évidemment la nouvelle donne internationale, on en parlait, qui a vu le Président de la République reprendre toutes ses prérogatives sur son domaine réservé,
01:31la politique étrangère, quitte à désavouer son Premier ministre.
01:34Vous vous souvenez, il y a une semaine, Emmanuel Macron, sur la dénonciation de l'accord de 1968 avec l'Algérie, a dit « non, ça c'est moi qui décide ».
01:42Et il y a pire pour François Bayrou, ses ministres lui font de l'ombre.
01:45Je vous en parlais hier, le Premier ministre a découvert dans la presse dimanche que son ministre de la Défense, Sébastien Lecornu,
01:51avait prévoyé de recevoir les présidents de groupes parlementaires en présence des chefs d'état-major et du renseignement pour un partage d'informations.
01:57Hop, hop, hop, hop, c'est un crime de l'aise-majesté pour le Premier ministre qui a dit « non, non, c'est moi qui vais animer cette réunion finalement ».
02:03Et ça pourrait se passer évidemment à Matignon.
02:05Et puis Mathieu, il y a quand même aussi un gros dossier, c'est qu'il faut trouver de nouvelles économies pour financer le réarmement de la France.
02:12Oui, alors là, ce n'est pas de la peau politique, c'est vraiment le sujet le plus compliqué pour François Bayrou
02:17parce que s'il faut trouver 50 milliards d'euros supplémentaires pour notre défense alors que les comptes sont déjà dans le rouge vif,
02:22ça va être beaucoup plus compliqué que le budget qu'il vient de boucler.
02:25D'autant que le Premier ministre a promis de ne pas sacrifier notre modèle social.
02:29Tiens, à propos de modèle social, on en parlait tout à l'heure dans le journal,
02:32le conclave sur les retraites qu'a lancé, que vient de lancer François Bayrou, a à peine commencé, qu'il a déjà du plomb dans l'aile
02:38puisque le président du COR, c'est-à-dire le Conseil d'Orientation des Retraites, Gilles Berset, a estimé que l'entrée dans l'économie de guerre
02:44ça rendait dérisoire les débats sur les 64 ans, à tel point que lui-même dit qu'il faudra sans doute travailler plus,
02:51ce qui a évidemment fait bondir les partenaires sociaux.
02:54Un feu supplémentaire à éteindre pour le chef du gouvernement.
02:56Merci Mathieu, avec donc ce joli lapsus, l'aquacophonie.
03:00C'est vrai. En fait, c'est un néologisme.