"Flash", combattant français dans la légion étrangère en Ukraine, était l'invité du Forum de BFMTV en direct de l'Ukraine. Le jeune militaire s'est exprimé sur la guerre en Ukraine et son engagement auprès des soldats de Volodymyr Zelensky.
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00:00Flash est en Ukraine et vous voudrez qu'on le prenne tout de suite et je vous promets qu'on reparle de nucléaire juste après.
00:04Mais je voudrais d'abord... Bonsoir Flash.
00:07Est-ce que vous m'entendez ?
00:09Oui, je vous entends très bien.
00:11Merci beaucoup d'être en direct avec nous. Vous êtes français.
00:15Vous combattez avec l'armée ukrainienne.
00:19Quel est votre... Alors je ne vais pas dire où vous êtes ce soir.
00:23Je ne vais pas donner votre vrai nom évidemment. Mais quel est votre rôle auprès de l'armée ukrainienne ?
00:29Actuellement, je suis chef d'inspection depuis maintenant deux ans dans un groupe de combattants étrangers en Ukraine.
00:37Et ça consiste en quoi concrètement ? Vos journées sont faites de quoi ?
00:41Là actuellement, on a beaucoup d'entraînement. Après, on a quelques opérations.
00:45Maintenant, on a beaucoup de... Comment dire ?
00:49Ça varie beaucoup ce qu'on fait comme travail.
00:52On fait de l'assaut, on fait de la reconnaissance, du sabotage, on fait de l'observation.
00:59Pourquoi vous avez décidé, vous, de vous engager avec les Ukrainiens ?
01:04Moi, j'ai décidé de partir après avoir vu les images de Goucha et Irpin.
01:09Et puis en fait, j'ai vu énormément d'exactions qui ont été commises auprès de civils ukrainiens.
01:19Ça m'a atteint et du coup, j'ai décidé de partir.
01:22J'ai réfléchi quelques semaines et après, je me suis lancé.
01:26Vous aviez déjà un bagage militaire ?
01:30Oui, j'avais déjà effectué quelques années dans l'armée française.
01:34Est-ce que vos proches ont compris votre choix de partir ?
01:39Au début, pas vraiment. Ils étaient beaucoup contre.
01:44Et puis au final, je pense que là maintenant, ça fait quasiment trois ans que je suis ici.
01:50Donc, de toute manière, ils ont fini par l'accepter,
01:52même si je sais que sentimentalement, ça leur fait un peu mal
01:55parce qu'il y a toujours la crainte de perdre un proche dans une guerre.
02:00Et comment vous, vous vivez ce risque ?
02:01On était tout à l'heure avec la maman de Charlie, dont vous connaissez sans doute l'histoire,
02:05qui était aussi un Français engagé en Ukraine et qui a perdu la vie là-bas.
02:09Comment vous, vous vivez ce risque-là ?
02:14En fait, le risque, comme de toute manière les Russes bombardent un peu les vides sans trop de précision,
02:23il y a un risque qui est constant.
02:26Juste le fait de ne pas avoir de chance, juste dans la vie civile.
02:28Après, au sein des opérations, de toute façon, le risque,
02:32il est à partir du moment où on rentre dans le véhicule d'infiltration,
02:35jusqu'à ce qu'on a une distraction et qu'on rentre à la maison.
02:41Mais pour vous, l'enjeu est plus important que le risque ?
02:45L'enjeu, ce qu'il y a à défendre en Ukraine aujourd'hui est plus important que ce risque-là ?
02:51De toute façon, pour moi, je veux dire au bout de trois ans,
02:55on finit forcément par être à fond dans la cause.
03:00L'être individuel passe après la cause commune.
03:04Est-ce que vous avez l'impression qu'en défendant l'Ukraine,
03:06vous nous défendez, nous, au-delà des frontières ukrainiennes ?
03:12Au niveau des intérêts, oui.
03:16Mais après, je ne pense pas que les Russes, dans les cinq ans à venir,
03:20ne seraient pas assez évolués militairement et n'auraient pas assez de personnel
03:24pour se permettre d'aller envahir jusqu'aux frontières françaises.
03:26Maintenant, les frontières des Pays-Baltes, dans les cinq ans à venir,
03:30ça peut éventuellement arriver ou repartir sur une conquête de la Géorgie
03:34ou encore une fois, une autre tentative pour annexer des parties du territoire ukrainien.
03:38Ça, c'est sûr et certain.
03:40Et c'est pour ça que, pour vous, il faut infliger à la Russie une défaite en Ukraine ?
03:45Oui, absolument.
03:48Mais est-ce qu'elle est possible, cette défaite russe ?
03:52Militairement, ça devient de plus en plus compliqué, surtout parce qu'on a tardé.
03:57Les gouvernements occidentaux se sont mis des lignes rouges imaginaires
04:02parce qu'on a vu que la Russie n'avait pas mis à exécution ces menaces
04:07qui étaient de toute façon irréalisables sur la menace nucléaire.
04:11Maintenant, on a fait beaucoup de promesses.
04:13Après, on a parlementé, on a cherché à essayer d'avoir des solutions diplomatiques.
04:17On a bien vu le résultat.
04:18À part faire plus de morts et que la guerre s'enlise, il n'y a pas grand-chose qui change.
04:24Ce qui a changé, et peut-être pour vous, vous allez nous le dire,
04:27c'est qu'avec l'arrivée de Donald Trump et les décisions qui ont été prises récemment,
04:30le renseignement américain à destination de l'armée ukrainienne s'est arrêté.
04:34Les munitions, alors peut-être que ça a un certain temps,
04:36mais les munitions, l'aide militaire américaine, pareil, est suspendue.
04:40Est-ce que ça touche directement l'armée ukrainienne ?
04:44Est-ce que vous le ressentez, déjà, ce changement-là ?
04:48Pour l'instant, le manque de munitions, pas tellement.
04:51Après, forcément, selon leur utilisation, ça peut se faire ressentir très vite.
04:57Malheureusement, que ce soit l'Europe ou l'Ukraine,
04:59c'est beaucoup reposé sur les États-Unis.
05:01Ça fait plusieurs mois qu'on parlait que si Trump arrive au pouvoir,
05:06on se retrouverait dans une situation compliquée.
05:08On a espéré qu'il n'arrive pas au pouvoir ou qu'il change d'avis.
05:12Ces intérêts financiers avec la Russie passent avant sa défense de la démocratie.
05:17Au final, on se retrouve uniquement comme partenaire.
05:22Je parle du point de vue ukrainien.
05:23Le plus gros partenaire, c'est l'Europe.
05:25Maintenant, si l'Europe commence à avoir des doutes et à lâcher l'Ukraine,
05:28malheureusement, l'Ukraine va se retrouver seule face à la Russie
05:31et tiendra le temps qu'elle pourra tenir.
05:33Mais dans ce cas-là, il n'y aura absolument aucune victoire,
05:37ni même un arrêt des hostilités.
05:39Rien n'empêchera les Russes de pousser jusqu'aux frontières ouest-ukrainiennes.
05:44Ils ne sont pas une majorité,
05:46mais qu'est-ce que vous dites aux Français qui peuvent nous regarder ce soir
05:49et qui se disent, est-ce qu'il faut encore faire un effort ?
05:52Est-ce qu'il faut encore continuer à aider l'Ukraine ?
05:56Je pense qu'il faut continuer à aider l'Ukraine.
05:58Maintenant, il faut le faire de manière intelligente.
06:01Il ne faut pas non plus économiquement plonger le pays dans un chaos complet.
06:04Je parle de la France.
06:06Mais il faut forcément accélérer un peu parce qu'on a tardé.
06:11On s'est dit, peut-être qu'on va augmenter l'industrialisation,
06:15peut-être pas, on va faire ça doucement.
06:17Et maintenant, on se retrouve tout de coup par la décision de Donald Trump
06:21et par le fait que les politiques, encore une fois, c'est beaucoup de promesses,
06:25que ce soit pour aider l'Ukraine ou pour essayer de trouver une solution à la fin des hostilités.
06:31Mais militairement, ça va être compliqué.
06:34Et diplomatiquement, je pense que ça va l'être encore plus
06:36parce que malheureusement, Poutine se retrouve dans une situation un peu de force
06:40avec les décisions de Trump.
06:43Et ça, ça ne va pas du tout en notre faveur.
06:47– J'ai une dernière question.
06:48Flash, est-ce que vous vous envisagez de rentrer en France ?
06:53– Non, du moins quand j'ai pas fini mon contrat, j'irai jusqu'au bout.
06:58– Bon, merci beaucoup.
06:59Merci Flash d'avoir été en direct avec nous ce soir dans cette soirée spéciale.
07:04On entendait les Toki Woki derrière vous.
07:05Merci beaucoup d'avoir pris le temps, je sais qu'il est tard aussi chez vous.
07:08Merci d'avoir été là en direct avec nous.