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00:00Si vous avez la parole sur ICI ISER, et ce matin, Théo H, à la veille de la Journée Internationale des Droits des Femmes.
00:06Oui, on parle de droits à l'égalité femmes-hommes, droits aussi entre les genres, à l'égalité loin d'être acquise.
00:13On le disait, les femmes sont toujours moins payées que les hommes.
00:15Et puis les violences envers les femmes continuent. 11 féminicides déjà depuis le début de l'année.
00:20Bref, il y a encore du pain sur la planche, y compris en ISER.
00:23Bonjour Marion Guibaudot.
00:25Bonjour.
00:26Merci d'être dans notre studio ce matin.
00:28Vous êtes l'une des fondatrices de l'association Feeling, créée il y a deux ans à Voiron,
00:33pour fabriquer l'égalité par l'éducation et la lutte contre les injustices liées au genre.
00:38On a l'habitude de voir des associations de ce type se créer davantage dans les grandes villes, à Grenoble par exemple.
00:44Vous, on dirait que vous êtes plutôt une exception créée à Voiron.
00:47Pourquoi à Voiron, il y avait un manque, là ?
00:49L'histoire de Feeling, c'est l'histoire d'une rencontre entre trois personnes qui se sont retrouvées du côté de Voiron,
00:56avec trois entrées différentes, une qui venait de l'éducation nationale, une autre qui venait de la santé,
01:01et moi qui étais déjà dans le milieu associatif, et notamment de la prévention des violences.
01:06Et à l'occasion d'une rencontre, on a un peu échangé sur ce qu'on avait envie de voir,
01:11sur nos constats un petit peu.
01:13Toutes les trois ont travaillé en milieu rural, et en fait on a fait le constat qu'il manquait quelque chose en milieu rural,
01:19c'est-à-dire il manquait des structures spécialisées pour avoir des informations au droit,
01:24pour avoir des ressources pour faire de la prévention et de la sensibilisation,
01:31que ce soit en milieu scolaire ou ailleurs.
01:33Et donc du coup, on s'est dit, allez, créons-le !
01:36Et il se trouve que Voiron était le centre, le point commun pour créer cette association,
01:43qui est une association iséroise, même si elle est située dans le pays voironnais.
01:46Et vous avez, en novembre dernier, organisé un festival, le Festival Puissante à Voiron.
01:52Vous aviez écrit sur la fiche « Festival féministe rural ».
01:55Alors c'est quoi un féministe rural par rapport ou en opposition à un féminisme urbain ?
02:00Est-ce qu'il y a une différence ?
02:02Je ne vais pas opposer les féminismes en termes de territorialité.
02:06L'idée, oui, Puissante, c'est un festival culturel féministe rural.
02:12L'idée, c'est d'utiliser la culture comme vecteur de sensibilisation.
02:16Féministe, parce qu'il a pour vocation d'avoir une approche féministe,
02:21c'est-à-dire de considérer que les inégalités sont liées à des rapports de pouvoir.
02:24Et que du coup, pour déconstruire ces rapports de pouvoir,
02:27il faut mettre en place des actions en vue d'une transformation sociale et rurale,
02:33parce qu'il est tourné vers la ruralité,
02:35c'est-à-dire que là où dans une grande ville c'est facile, on est à peu près dans la même salle,
02:41là on était sur cinq communes.
02:43Donc voilà, c'est aussi l'idée de ne pas être que sur Voiron, qui est entre guillemets une petite ville,
02:49mais d'être aussi sur des petites communes, des plus grandes communes.
02:53Vous, par exemple, ou certaines femmes que vous accompagnez,
02:57qu'est-ce que vous avez repéré, rencontré, comme frein, comme violence, comme discrimination
03:03sur un territoire comme le pays voironnais, par exemple ?
03:07Alors nous, on n'accompagne pas de femmes.
03:09On fait notamment de la prévention et de la sensibilisation.
03:12Mais j'imagine qu'il y a beaucoup d'échanges.
03:14Oui, tout à fait.
03:16Mais clairement, c'est des problématiques liées à la mobilité,
03:20des problématiques liées à l'information,
03:22des problématiques...
03:24On rencontre aussi beaucoup de jeunes,
03:26donc des jeunes qui se posent des questions
03:28et qui ne peuvent pas aller des fois au centre de santé sexuelle
03:30pour avoir des informations sur les questions de contraintes sexuelles.
03:34Qui existent à Voiron, il y a un centre de santé sexuelle à Voiron.
03:36Oui, tout à fait. Très bien.
03:38D'ailleurs, j'en précise.
03:40On rencontre des problématiques de mobilité,
03:44de méconnaissance aussi des dispositifs.
03:46Et parfois, dans certaines zones,
03:48c'est un peu une zone blanche de l'égalité.
03:51C'est-à-dire qu'il y a une politique publique
03:53qui doit être pour tout le monde.
03:55Et en fait, dans certains lieux ruraux,
03:58s'il n'y a pas de motivation ou de personnes
04:00qui attrapent le sujet,
04:02il peut y avoir des choses très, très à minima.
04:04Des zones blanches de l'égalité.
04:06Effectivement, l'image est assez parlante.
04:08Je vous propose d'écouter, madame Guy Baudot,
04:10les témoignages de femmes qu'on avait rencontrées
04:12l'an dernier dans la manifestation du 8 mars à Grenoble.
04:16Écoutez, j'imagine que des thèmes vont vous parler,
04:19forcément, encore aujourd'hui.
04:21Il y a plein de lois qui sont passées
04:23pour améliorer la condition de la femme en France.
04:26Par exemple, il y a une loi qui a été votée
04:28pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes,
04:30à poste égal et à temps égal.
04:32Et ce n'est toujours pas respecté.
04:34Même si on a eu ces droits, c'est instable.
04:36Du coup, c'est pour ça qu'on est là.
04:38C'est pour les préserver,
04:40que les gens se souviennent qu'on existe.
04:42Les femmes sont là et qu'il y a des droits.
04:44Il faut qu'on les maintienne, qu'on les garde, ces droits.
04:46J'ai l'impression qu'on pourrait faire un copier-coller
04:48entre la manifestation de l'an dernier
04:50et celle qui va avoir lieu demain.
04:52Ça vous parle aussi, j'imagine ?
04:54On n'a pas progressé en un an ?
04:58Si, regardez, feeling existe.
05:02C'est compliqué de vous dire,
05:04de voir, d'être complètement positive
05:06quand on voit ce qui se passe dans le monde
05:08et les attaques en lien
05:10avec la question des droits des femmes
05:12et des droits des minorités, de genre notamment,
05:14partout dans le monde,
05:16qui se rapprochent de plus en plus de nous.
05:20C'est compliqué d'être complètement positive.
05:22Après, oui, il y a toujours des choses qui avancent.
05:24Il y a des luttes,
05:26des petites victoires.
05:28Il y a le texte de l'Evars
05:30qui a été signé en janvier
05:32avec le bulletin officiel.
05:34Mais à côté de ça, dans certains départements,
05:36il y a des suppressions de financements
05:38qui font qu'il y a des fermetures de centres de santé sexuelles
05:40ou des associations qui perdent des financements.
05:42Donc vous voyez, c'est toujours à pondérer
05:44d'un côté comme de l'autre.
05:46Mais en tout cas, il y a une grosse mobilisation,
05:48une grosse dynamique.
05:50Pour ce qui est de l'association,
05:52on est passé en un an
05:54de 10 adhérents à plus de 60.
05:56Donc il y a un besoin.
05:58Il y a une prise de conscience.
06:00Il y a aussi une volonté de faire quelque chose
06:02sur le territoire.
06:04Et puis de s'emparer de ces thématiques-là
06:06pour proposer à notre avenir.
06:08Quels sont, vous, les sujets
06:10qui vous parlent le plus, qui vous préoccupent
06:12le plus en matière d'égalité de genre,
06:14d'égalité femmes-hommes ?
06:16Appelez-nous 0476 46 45 45.
06:18Et on a déjà des commentaires
06:20sur notre page Facebook.
06:22Et vous êtes nombreux à parler
06:24de l'égalité de salaire ce matin
06:26sur la page Facebook d'Ici Isère.
06:28On a Christian qui nous dit
06:30la priorité, c'est l'égalité de salaire
06:32pour le même travail.
06:34Il y a encore beaucoup à faire.
06:36Colette, qui est d'accord avec lui,
06:38les femmes doivent être à égalité des hommes.
06:40Elles font les mêmes boulots maintenant
06:42et doivent être considérées comme eux.
06:44Et puis Marie qui nous parle, elle,
06:46du combat pour le droit à l'avortement
06:48sur lequel il y a encore aussi du travail,
06:50selon elle.
06:52Donc vous pouvez nous appeler pour participer
06:54à la discussion.
06:56Vous n'hésitez pas, 0476 46 45 45.
06:58C'est Salma qui vous attend
07:00au standard pour que vous puissiez
07:02partager vos avis
07:04ce matin avec nous sur Ici Isère.
07:06Et notre invité ce matin, Marion Guibodo,
07:08qui est l'une des fondatrices de l'association
07:10Feeling, créée il y a deux ans à Voiron
07:12et qui lutte contre les injustices liées au genre.
07:14Vous avez placardé
07:16tout récemment dans Voiron
07:18des affiches sur différents sujets
07:20et notamment pour interpeller les hommes.
07:22Aujourd'hui, est-ce que vous estimez que les hommes
07:24ne s'engagent pas assez
07:26dans le combat pour l'égalité femmes-hommes ?
07:28Je n'estime pas.
07:30C'est un fait.
07:32Dans les associations féministes
07:34qui travaillent sur les questions d'égalité,
07:36c'est majoritairement des femmes qui se mobilisent.
07:38Alors on pourrait dire, oui, c'est une histoire de femmes
07:40finalement, les inégalités.
07:42Sauf que pour changer une société,
07:44il faut que tout le monde s'y mette de manière active.
07:46Activement, peut-être.
07:48Avec tout le mot, c'est plus simple.
07:50Donc oui,
07:52sur nos neuf revendications,
07:54il y en a deux qui sont
07:56à destination des personnes
07:58pour être alliées et pour aussi
08:00de manière active se mettre
08:02en route, réfléchir à sa position.
08:04C'est-à-dire concrètement,
08:06vous attendez quoi des hommes aujourd'hui ?
08:08Pardon ?
08:10Qu'est-ce que j'attends ?
08:12J'attends comme tout bon
08:14citoyen, citoyenne, que les personnes
08:16se remettent en question,
08:18que les personnes modifient leur posture,
08:20qu'on ne laisse plus faire
08:22des blagues ou des comportements
08:24à caractère sexiste et sexuel.
08:26Mais autant pour les hommes et pour les femmes
08:28puisqu'il y a aussi des femmes qui adhèrent à des valeurs
08:30inégalitaires
08:32et qui donc vont promouvoir
08:34ce modèle. Et c'est un modèle
08:36qui est néfaste pour tout le monde.
08:38Alors, les femmes
08:40sont victimes, les premières victimes
08:42de violences sexuelles, de violences
08:44liées au genre, qu'elles soient
08:46conjugales, qu'elles soient dans l'espace
08:48public. Donc ça c'est un fait,
08:50c'est chiffré. A côté de ça,
08:52les hommes avec les injonctions
08:54à la masculinité, qui se fait en
08:56opposition aux injonctions à la féminité,
08:58eux vont être victimes aussi
09:00de prises de risques. Alors on peut
09:02se dire, mais c'est eux qui prennent des risques.
09:04Donc ça les regarde, mais non finalement
09:06c'est les mêmes faces du même pièce.
09:08Donc on a vraiment tous et toutes à y gagner
09:10et puis quand même, je trouverais
09:12que c'est plus chouette de travailler dans une société
09:14où c'est apaisé, où on n'est pas toujours
09:16en train de se regarder, en train de se juger,
09:18en train de voir si on est un
09:20vrai bonhomme ou une vraie bonne femme.
09:22C'est lourd au quotidien.
09:24Et qu'est-ce que vous attendez des pouvoirs publics
09:26également ? Est-ce qu'il faut,
09:28on en parlait tout à l'heure avec notre invité
09:30économique à 7h15, on parlait des quotas
09:32par exemple de femmes
09:34au niveau des dirigeants d'entreprises.
09:36Est-ce qu'il faut des mesures
09:38des pouvoirs publics et lesquelles vous attendez ?
09:40Au niveau local
09:42pardon, au niveau local
09:44ou national ?
09:46Oui, j'entends bien.
09:48Alors au niveau national,
09:50on a quand même des mesures qui existent.
09:52Il y a des lois, il serait bon
09:54déjà de les appliquer.
09:56On parle souvent de faire
09:58un millefeuille législatif,
10:00de loi. Donc déjà, il y a juste
10:02à appliquer les lois et que ça ne soit pas
10:04quelque chose lié à la sensibilité
10:06du juge, de la juge
10:08ou la sensibilité
10:10du policier ou de la policière
10:12ou du
10:14directeur ou directrice d'une société.
10:16Que ce soit quelque chose qui soit ancré,
10:18on ne doit pas discriminer, on ne doit pas
10:20violenter. Ce n'est pas négociable.
10:22Après, je pense
10:24qu'il y a une différence au niveau local
10:26où en effet
10:28nos politiques locales
10:30des fois ne s'emparent pas ou s'emparent très peu
10:32de ces sujets.
10:34Je pense que là encore, il faudrait
10:36qu'on sorte de cette question de dire
10:38oui, c'est une idéologie de lutter contre les violences faites
10:40aux femmes, c'est une idéologie.
10:42Non, ça doit être
10:44un moteur, ça doit être
10:46incontournable en fait.
10:48Et c'est un chantier qui est permanent et on va en reparler
10:50évidemment demain pour la journée internationale
10:52des droits des femmes le 8 mars. Merci beaucoup
10:54Marion Guibaudot,
10:56l'une des fondatrices de l'association
10:58Feeling à Voiron. Merci et belle journée.