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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:05Vincent, à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement européens sont tombés d'accord hier pour étendre les possibilités d'endettement si c'est pour renforcer les défenses nationales.
00:14Après le discours volontariste d'Emmanuel Macron mercredi, croyez-vous que la nouvelle ère sera celle du sursaut ?
00:21Même si je suis bon public Dimitri, avec le temps j'ai appris à me méfier des grandes ruptures verbales.
00:26Le macronisme, je vous le rappelle, a commencé avec la notion de nouveau monde, un nouveau monde dynamique, innovant et réformateur.
00:32Un an et demi plus tard, c'était les gilets jaunes et le premier quoi qu'il en coûte.
00:36Après le Covid, Emmanuel Macron proclamait « rien ne sera plus jamais comme avant ».
00:40Pour la dépense publique, il avait raison.
00:42À partir de ce moment, la maison a fait crédit comme jamais, c'était open bar.
00:45En août 2022, selon les mots du président, nous vivions « la fin de l'abondance et la fin de l'insouciance ».
00:51Mais un an plus tard, on s'apercevait qu'on avait oublié des dizaines de milliards d'euros dans le déficit de nos comptes.
00:57En janvier 2024, le chef de l'État nous annonçait solennellement que nous allions « oser ce que nous n'osions même plus penser ».
01:06Effectivement, la dissolution, on n'avait même pas osé y penser.
01:10Malgré tout, cette fois, on a envie d'y croire parce que l'élection de Trump est véritablement un bouleversement historique.
01:16On a envie de croire au renforcement de l'armée française parce que notre armée reste, que Peggy appelait, « un réservoir d'humanité ».
01:22On a envie d'y croire parce que notre industrie de défense est un fleuron national.
01:25On a envie d'y croire.
01:27Mais la lucidité nous rappelle qu'au moment même où le président demandait des efforts à chaque citoyen,
01:32le pouvoir exécutif nommait deux battus aux élections à la tête de machins inutiles et coûteux.
01:38Pour Sarah El Haïry, le haut commissariat à la petite enfance, et pour Clément Beaune, le haut commissariat au plan,
01:43des petites combines de recasages qui contrastent avec le discours churchilien,
01:47entre le sang et les larmes et copinage et crustacé, il va falloir choisir.
01:51Et vous pensez qu'Emmanuel Macron et le gouvernement n'ont pas choisi ?
01:54C'est-à-dire qu'il y a un gouffre entre le discours de la puissance et les conditions de la puissance.
01:58Au-delà des dimensions militaires, économiques, diplomatiques,
02:01la puissance repose sur une disposition de grande confiance entre ceux qui gouvernent et les citoyens.
02:06Et nous avons aujourd'hui un président impopulaire et un gouvernement très minoritaire.
02:12La puissance, ce ne sont pas seulement les mots vigoureux à l'endroit de Vladimir Poutine,
02:16la puissance se vérifie dans les petites comme dans les grandes choses.
02:20Quand l'Algérie nous humilie, quand les trafiquants mettent des quartiers en coupe réglée,
02:23quand le terrorisme islamiste tue aveuglément, que les policiers vivent sous le soupçon permanent,
02:28que les professeurs ont la peur au ventre, qu'un gamin peut être tué à la machette en sortant du football,
02:32que la pression migratoire s'amplifie chaque année un peu plus,
02:35les démonstrations de force perdent justement un peu de leur force.
02:40Cela ne veut pas dire que la volonté du président de réarmer la France n'est pas sincère,
02:43cela veut simplement dire qu'il est beaucoup plus difficile pour un pays miné de l'intérieur
02:48de se montrer dissuasif à l'extérieur.
02:50Mais justement, renforcer notre pouvoir de dissuasion, c'est bien l'un des objectifs du président.
02:55Et c'est l'espérance ténue, pour parler comme François Bayrou, que fait naître cette histoire.
02:59On espère, oui, que la prise du conscience au sommet de l'état de notre déclassement et de notre fragilité
03:04provoquera des réactions à la chaîne, une mobilisation des forces vives
03:08et déclenchera le début d'un sursaut.
03:10Économie, travail, fierté nationale, autorité frontière, ce serait le bon programme.
03:17Mais que ce programme de redressement soit mis en place par les champions de la dette,
03:21les dandis de la déconstruction, les illusionnistes de la communication,
03:24les bradeurs de l'état-nation, on est en droit d'en douter, Dimitri,
03:28tout en espérant sincèrement être démenti.
03:30L'édito politique, merci Vincent Trémolet de Villers.
03:33Alain Dufigaro ce matin, le réarmement de la France.