Six semaines après la prise de fonctions de Donald Trump, le 20 janvier, les ports du canal de Panama exploités côté Pacifique et côté Atlantique par le conglomérat chinois de Hongkong, CK Hutchison, vont passer sous le contrôle du gestionnaire de fonds américain BlackRock.
#CanalPanama #Ports #USA #DonaldTrump #BlackRock #CKHutchison
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00:00Bonsoir Justine. Bonsoir David, bonsoir à tous.
00:03Donc le contrôle du canal de Panama échappe à l'influence chinoise et passe dans des mains américaines.
00:11Alors de fait, oui. Rappelons d'abord de quoi on parle, de ce lieu de passage long de 80 kilomètres
00:17qui relie l'océan Pacifique à l'océan Atlantique et qui représente 6% du commerce maritime mondial.
00:24Il retrouve effectivement le giron américain.
00:27Rappelons que Trump répète sans cesse depuis des mois qu'il veut le récupérer coûte que coûte.
00:32Il a même dit à plusieurs reprises qu'il était prêt à le reprendre par la force.
00:37Pour lui, qu'il ne soit plus américain, je cite, c'est l'arnaque totale.
00:41Eh bien c'est fait. Alors que s'est-il passé ?
00:44Eh bien jusqu'à présent, de fait, c'était la Chine qui en avait le contrôle via la société
00:48Hong Kong City Hutchinson Holdings, propriété de la famille chinoise Li, réputée proche du pouvoir de Pékin.
00:56De ce canal, elle possédait ses deux ports que vous allez voir apparaître, celui de Balboa côté Pacifique
01:03et celui de Cristobal côté Atlantique, les deux plus importants parce que ce sont les deux entrées du canal.
01:09C'est là que les plus gros cargos déchargent leurs marchandises qui transitent ensuite sur de plus petits navires.
01:15Ils représentent donc une grosse partie des 4,3 milliards de dollars de revenus générés par le canal chaque année.
01:22Eh bien cette entreprise-là, Hutchinson, vient de vendre 80% de son capital au premier fonds d'investissement américain,
01:30BlackRock, montant de la transaction près de 23 milliards de dollars.
01:36Et Trump a pu jubiler hier soir devant le congrès américain. Écoutez-le.
01:46J'annonce qu'ils achètent les deux ports autour du canal Panama.
01:50Mon gouvernement va réclamer le canal Panama et nous avons déjà commencé à le faire.
01:58Jubilation également de la part de ses soutiens. La Chine se fait expulser du Panama et l'Amérique est en train de gagner.
02:05Merci, Président Trump, Make America Great Again, réaction de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants,
02:13pour Dustin Johnson, représentant républicain du Dakota du Sud, c'est un grand pas dans la bonne direction.
02:19Il est temps de contrer l'influence de la Chine sur les chaînes d'approvisionnement américaines.
02:23Est-ce que ça veut dire que la propriété elle-même du canal passe sous le contrôle de l'américain BlackRock ?
02:29Alors non, le contrôle de ces deux ports assure celui du canal et c'est là l'essentiel.
02:35Mais la propriété juridique du canal est toujours aux mains de l'État du Panama avec une direction 100% panaméenne.
02:43Ce sont par exemple des capitaines exclusivement panaméens qui guident les navires du monde entier dans les 80 km du canal.
02:51Il faut rappeler que cela fait partie des conditions des traités internationaux signés à l'époque par Jimmy Carter.
02:57Rappelons que certes, ce sont les américains qui ont construit le canal entre 1904 et 1914, puis qui l'ont administré pendant 60 ans.
03:05Mais en 77, Jimmy Carter accepte de le restituer au Panama, qui en a la gestion depuis.
03:11Voilà, mais vous l'avez bien dit, l'essentiel c'est que le contrôle revienne sous giron américain.
03:16Alors on est un peu stupéfait que ça se soit fait si rapidement.
03:19Est-ce que BlackRock a agi spontanément ? En clair, est-ce que c'est une bonne affaire pour le fonds d'investissement ?
03:26Alors BlackRock se défend qu'il s'agisse d'une transaction politique.
03:30Dans un communiqué, son patron assure avoir agi, je cite, pour proposer les meilleurs investissements à ses clients.
03:36Mais difficile effectivement de ne pas y voir un aspect politique, tant Donald Trump a mis la pression depuis son arrivée à la Maison Blanche.
03:43Le mois dernier, rappelons qu'il a même envoyé Marco Rubio, son secrétaire d'Etat, au Panama.
03:49Eh bien, on apprend aujourd'hui dans le Wall Street Journal qu'à cette occasion, il y a eu des négociations.
03:54Parmi les concessions au potentiel que le Panama envisageait de faire aux Etats-Unis, figurent la recherche d'un nouveau propriétaire pour ses fameux deux ports.
04:03Hasard ou pas, ils deviennent donc américains.
04:06Merci Justine. Donald Trump a été investi le 20 janvier, président des Etats-Unis.
04:11Nous sommes le 5 mars, ça fait donc 45 jours, un mois et demi, et déjà, déjà, après ces vociférations, pardon je le dis sans accoler une connotation désobligeante,
04:25mais il obtient gain de cause, il obtient gain de cause Jean-Claude, le franco-américain de cœur.
04:31Il a pris ses fonctions le 20 janvier, mais il a été élu le 5 novembre.
04:37Et ce type de dossier ne se fait pas en 24 heures, ça n'est pas parce que le président américain a parlé que tout de suite ça se fait d'un coup de baguette magique.
04:45Il y a malgré tout, avant, il y a eu des rencontres, je crois savoir que le fonds avait déjà approché un certain nombre de responsables.
04:53Donc au fond, ce que Donald Trump a fait, c'est qu'il a fait les 10 derniers kilomètres nécessaires,
04:59parce qu'effectivement, il y a cette pression politique qui était telle que l'exploitant a bien compris qu'il fallait qu'il s'admette.
05:07Mais les choses étaient déjà dans le pape d'après les informations qui me sont données, ça c'est la première chose.
05:12Et puis la deuxième chose, le Panama est un tout petit pays, si vous êtes allé, c'est un tout petit pays qui tire essentiellement ses revenus du canal, son plus proche voisin.
05:22C'est une annexe des Etats-Unis, parce que les Panaméens vivent à l'américaine et en relation avec les Etats-Unis.
05:30Ils sont liés, donc ils n'avaient pas intérêt à se fâcher.
05:33Ce qui nous avait surpris, c'est lorsque le président avait dit, et c'est là où on s'était dit qu'on ne portait pas le jugement de valeur sur l'option politique qu'il avait pesée,
05:42mais c'est lorsqu'il avait laissé sous encombre qu'il pouvait aller jusqu'à la force pour pouvoir récupérer le canal du Panama.
05:47C'est ce qui nous avait choqués.
05:48Pourquoi est-ce que cette société qui, de fait, est dans le giron chinois, même si ce n'est pas à proprement parler une propriété de l'Etat chinois,
05:56pourquoi est-ce qu'elle accepte de céder ces deux ports qui, de fait, équivalent au contrôle du canal à BlackRock, cette grande société américaine ?
06:06Je ne sais pas pourquoi ils ont été obligés de le faire.
06:09En tout cas, soit ils ont été contraints, soit ils ont vu leur intérêt.
06:12D'ailleurs, l'un n'exclut pas l'autre.
06:16En tout cas, ce qui lui est frappant, c'est que ça nous plaise ou non, Donald Trump est très fort.
06:22Voilà, il est très fort.
06:24Il obtient ça.
06:26Il avait obtenu l'accord sur les otages israéliens à Gaza.
06:32Il va sans doute obtenir que cela nous plaise ou non le cessez-le-feu en Ukraine.
06:38Voilà, il déboule et il change les choses.
06:44Et encore une fois, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, il y a une puissance.
06:50Il a mis en marche une puissance, une force de frappe, d'une certaine manière, qui fonctionne.
06:56Et il réaligne les différents paramètres du monde en ce moment à toute allure.
07:03Et nous, on regarde ça un peu comme des lapins dans les phares d'une voiture.
07:09On regarde ça et on voit que la volonté politique, ça marche.
07:19C'est-à-dire que lorsqu'un dirigeant dit, et qu'il a la puissance et la détermination,
07:24je veux faire quelque chose, ça se passe.
07:27Ce qui n'est plus manifestement tellement le cas de notre côté de l'Atlantique.
07:31Donc évidemment, ça nous renvoie à une image pour nous désagréable
07:35parce que ça nous confronte d'une certaine manière à nos impuissances.
07:39Il ne s'agit pas d'admirer, il ne s'agit pas de dire il est génial.
07:46Il est simplement puissant.
07:49Il y a un certain courage, je veux le noter, à dire ça publiquement de votre part, Jean-Dominique,
07:55parce qu'on sait que vous n'avez aucune sympathie particulière pour Donald Trump.
07:59Je pense même que c'est un peu l'inverse.
08:01C'est vrai que là, il faut reconnaître par exemple...
08:04Notre métier, c'est de décrire le monde tel qu'il est et pas comme on aimerait qu'il soit.
08:09Le monde, il est comme ça.
08:11Et Donald Trump, il est puissant. Et ça marche. En général.
08:14Je vais juste faire un commentaire là-dessus parce que, effectivement,
08:17la prise de guerre économique est spectaculaire.
08:20Il n'y a aucun doute et ça va dans la lignée de ce que Trump avait dit.
08:23Cela dit, ce ne sont que des gestionnaires.
08:26C'est comme si vous disiez que Vincent Airport, qui est une brillante société française,
08:31qui gère des aéroports à l'étranger, avait pris le contrôle d'une partie...
08:37Non, pas du tout. Il n'a pas pris le contrôle d'une partie du pays.
08:40Non, c'est de la gestion.
08:42Et d'ailleurs, le président du Panama a fait un tweet, je ne sais pas si vous l'avez vu,
08:47tout à l'heure, en disant, écoutez les gars, vous êtes gentils, mais...
08:50La propriété reste nous.
08:52La propriété est chez nous et le contrôle, ça reste nous.
08:55Il avait joué sur l'ambiguïté puisqu'il avait dit, on va reprendre le contrôle
09:00et il a dit oui, quel que soit, par quel que moyen que ce soit.
09:04Ça, c'est une réalité.
09:05Puis, dans le prolongement de ce que vient de dire Jean-Dominique,
09:08bien sûr qu'il y a la volonté politique, mais vous ne pouvez passer à l'action
09:11que si vous avez... C'est Trump qui dit, j'ai les cartes en main.
09:14Donc, quand il a les cartes, le Panama, c'est une annexe des États-Unis.
09:19Quelles cartes, précisément, quand vous dites une annexe ?
09:22Économiquement, ils sont très liés.
09:24Ce sont les États-Unis qui assurent la sécurité du Panama.
09:28Il y a une proximité économique, une proximité politique en Amérique latine
09:34qui fait que le Panama n'aurait pas dit non, on préfère se mettre
09:38sous la coupe de Pékin plutôt que non.
09:41Depuis quelques années, Panama cédait des actifs stratégiques
09:46aux proches chinois ou aux proches des chinois.
09:49C'était le cas, par exemple, de ces deux ports.
09:51Il y a d'autres ports aussi au Panama.
09:55Ce qui se lisait, ce qui se disait beaucoup, je ne sais pas si c'est la vérité,
09:59peut-être que vous allez nous aider à comprendre,
10:01c'est qu'en cas de conflit, par exemple, entre les États-Unis et la Chine,
10:04la Chine aurait eu les moyens de bloquer le canal avec ces deux ports,
10:07même si le canal n'était pas sa propriété.
10:09Mais à partir du moment où elle possédait les deux ports,
10:12elle aurait eu les moyens de bloquer le trafic.
10:13– Elle ne les avait pas acquis par hasard.
10:16Il y avait un but stratégique, ce n'était pas simplement pour faire du profit.
10:20C'est l'axe essentiel de communication entre la côte Est
10:24et la côte Ouest des États-Unis par la mer.
10:26Donc évidemment, les chinois ne sont pas idiots,
10:29ils viennent simplement de se faire sortir du Panama.
10:32– Il faut simplement dire que Black Rock, je crois que c'est 5 000 milliards d'actifs,
10:36donc 23 milliards, c'est presque une goutte d'eau par rapport à la masse
10:42des actifs que possède Black Rock.
10:44Votre réflexion de politologue, Jean-Dominique dit
10:47que c'est la preuve de la puissance de Donald Trump.
10:50– Ce n'est pas très clair quel était vraiment le rôle
10:53de Donald Trump dans cette affaire, on ne sait pas.
10:55Peut-être que cette affaire était déjà négociée quelques mois avant,
10:58c'est plutôt le coup de communication, mais c'est bien joué,
11:02en tout cas, ça on est d'accord.
11:04Après, on peut aussi voir ici peut-être un coup préventif du côté Trump,
11:09parce qu'on sait les méthodes chinoises, comment ils gèrent les pays
11:13avec qui ils ont des dettes envers la Chine.
11:18Donc on sait par exemple l'histoire de Sri Lanka,
11:20où la Chine a prêté de l'argent et finalement a pris le port
11:27pour 60 ans de rente, parce qu'il y avait cette dette
11:32que Sri Lanka ne pouvait pas rembourser.
11:34Donc peut-être c'était aussi dans l'idée qu'un jour,
11:37vu les situations économiques effectivement pas très rassurantes à Panama,
11:42la Chine pouvait faire quelque chose de pareil
11:45et nuire les intérêts des États-Unis.
11:48Donc peut-être il y avait aussi cette idée derrière.
11:51– Et puis la revendication sur le Panama, tout ça n'est pas nouveau,
11:54ce sont des choses qui se tramaient depuis un certain temps.
11:57– Et c'est vrai qu'on n'avait pas entendu Biden, par exemple,
11:59en faire presque un casus belli.
12:02– Prochaine étape, le Groenland.
12:04– Alors le Groenland…
12:05– Il en a parlé hier et il en a parlé de manière explicite
12:08lors de son discours au Congrès.
12:10Il a dit, bon, vous allez voir, on va le faire.