L'écrivain à succès revient avec "Un animal sauvage" aux éditions Rosie and Wolfe. Il est l'invité de Amandine Bégot et Thomas Sotto.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 06 mars 2025.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 06 mars 2025.
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00:00L'invité du 9-10.
00:02Et un invité exceptionnel ce matin, plus de 20 millions d'exemplaires vendus dans le monde.
00:07Bonjour Joël Dicker.
00:08Bonjour, bonjour.
00:09Et merci d'être là, on est ravis de vous accueillir pour ce nouveau roman qui vient de sortir,
00:13La très catastrophique visite du zoo, 9e roman.
00:17Alors on prévient tout de suite vos fans, ceux qui ont lu tous vos livres, c'est très différent.
00:21Vous diriez quoi, c'est un polar à lire en famille ou un polar pour toute la famille ?
00:26C'est un polar, alors c'est différent parce qu'il n'y a pas de meurtre.
00:29Personne ne meurt dans ce livre, parce que c'est un livre qui peut...
00:33Non mais là il y a une enquête quand même.
00:35Mais il y a une enquête, c'est un polar parce qu'il y a une enquête, mais c'est pas une enquête menée par des policiers,
00:41c'est une enquête menée par des enfants.
00:43C'est un livre que j'ai écrit d'abord pour mes lecteurs, mes lecteurs ils ont entre 13 et 95 ans,
00:48mais j'avais envie que ce livre puisse aussi être lu par un cercle plus large,
00:52par des enfants qui ne lisent pas encore ou qui vont lire,
00:55ou par votre voisin qui n'a pas lu depuis 25 ans, qui a envie de lire un livre et de se lancer dedans.
01:00Et donc c'est un livre où j'espère qu'on va rire, on a envie de tourner les pages.
01:04Oui, oui, on rit.
01:05Je vous disais, en plein, je l'ai lu avec mon fils qui a 9 ans,
01:09et pour le coup c'est un vrai moment sympa, et on a beaucoup beaucoup ri.
01:13Eh ben merci.
01:14Rire c'est, vous le savez mieux que moi, c'est un pari qui est difficile,
01:18parce que jusqu'à ce que la personne qui a le livre ou qui est en face avec nous rit, on n'est pas sûr.
01:23Ça vous a fait peur parce qu'aller trouver des bons hommes découpés dans des caisses quelque part,
01:26ça on connaît avec Jules Dicker, mais là se dire tiens je vais faire rire,
01:29je vais essayer d'intéresser les enfants, une petite mise en danger quand même pour vous, non ?
01:33Une petite angoisse avant qu'il sorte ou pas ce bouquin ?
01:35Une angoisse, non, un trac oui.
01:37Un trac différent des autres livres ?
01:39Un trac différent parce que j'ai l'impression que ce livre, en tout cas j'espère,
01:43il va sceller quelque chose en plus avec mes lecteurs.
01:46Je leur dois, et je crois que c'est un livre, c'est une ode d'amour,
01:51non pas à la lecture mais à mes lecteurs.
01:53Parce que ce sont mes lecteurs qui m'ont permis de faire ça,
01:55qui m'ont permis de sortir un peu de l'enfermement du succès entre guillemets,
02:00mais de dire que j'y dois aussi leur montrer...
02:02A 20 millions d'exemplaires on peut parler de succès, sans guillemets, soyez tranquille quand même.
02:06Mais voilà, de me dire que c'est ce que j'ai envie de faire,
02:09et j'espère que mes lecteurs vont me suivre parce que c'est authentiquement ce que je voulais faire.
02:13On disait que c'est une enquête menée par des enfants,
02:15je raconte sans tout dévoiler, mais c'est l'histoire de l'école des enfants spéciaux,
02:20qui se retrouvent inondés, et les enfants spéciaux vont chercher qui est l'inondateur.
02:27Alors ils mènent l'enquête et tout, et c'est drôle parce que dès les premières pages,
02:31je reviens à mon fils, mais qui disait tu crois que c'est lui, tu crois que c'est lui,
02:34j'avais trouvé peut-être un peu plus vite que lui, mais...
02:37Mais vous êtes sûre ?
02:38Mais j'espère avoir trouvé...
02:42Attention, rebondissement c'est Joël Dicker.
02:44Non mais, c'est pas évident de se mettre comme ça aussi au niveau d'enfants,
02:49est-ce que c'est le fait d'être devenu papa qui a joué ?
02:52Ça fait longtemps que vous aviez cette idée-là ?
02:55Je crois pas du tout, je crois que le côté qui me plaisait dans Un enfant qui raconte,
03:00c'est la différence dans ce livre-là, c'est pas un adulte qui parle, c'est un enfant,
03:03et je trouve que ça m'a donné assez vite une liberté de ton qui me plaisait beaucoup.
03:08Après pour le reste, de parler aux enfants, aux adultes, aux jeunes, aux vieux,
03:12c'est ce qu'on fait toujours, c'est ce que vous faites à la radio maintenant,
03:15où des gens vous écoutent parce qu'ils vous écoutent,
03:17mais des gens vous écoutent parce que la radio est allumée,
03:19qu'ils comprennent quelque chose, dans la voiture, avec leurs parents,
03:22et ce côté générationnel que la radio a, intergénérationnel,
03:26que le podcast a maintenant, que la série télé a aussi, que le cinéma a,
03:30la littérature elle l'a aussi.
03:31Moi je voudrais quand même quelques mots sur vos titres de manière générale,
03:34et sur celui-là en général.
03:35En général on dit, comme on a du mal, on mélange les mots,
03:37tiens, je vais lire le dernier Dicker, c'est plus prudent,
03:39là, la très catastrophique visite du zoo,
03:42quand vous allez voir votre éditeur, pourtant c'est vous-même votre éditeur,
03:45et que vous dites, tiens, j'ai un livre, ça s'appelait
03:47La très catastrophique visite du zoo, il sort d'où ce titre ?
03:50Il sort, alors si j'avais imaginé, parce que pour toute la promo,
03:53de dire la très catastrophique visite du zoo,
03:56la prochaine fois c'est un prénom, ça sera pas Luc.
04:00Ah si c'est ça ?
04:01Non je sais pas.
04:02On aurait pu annoncer, le prochain c'est Luc.
04:04Et il dira je suis ton père.
04:07Le titre il est hyper important, parce que ça doit vous donner en quelques mots,
04:10l'idée du livre, et surtout pour moi, un rapport au précédent.
04:13Je trouvais que dans La très catastrophique visite du zoo,
04:15on a l'idée de l'enquête, de l'énigme, de ce qu'il va se passer quelque chose,
04:18et en même temps on a ce décalage dans les mots,
04:20qui donne aussi un décalage par rapport à mes autres livres.
04:23Et vous avez mis longtemps à le trouver ou pas ce titre ?
04:25J'ai mis du temps, parce que dans mon souvenir,
04:28c'était d'abord La visite du zoo, puis après La catastrophique visite du zoo,
04:31puis j'ai trouvé que le trait, en le rajoutant, ça ajoutait quelque chose.
04:34D'autant que ça vient après une très catastrophique série de choses.
04:37Joséphine, la narratrice, donc une enfant, je sais pas quel âge elle a,
04:42je le dis pas, non.
04:44Elle veut devenir inventeur de gros mots.
04:47C'est un métier auquel vous rêviez, ça, inventeur de gros mots ?
04:50Non mais aujourd'hui ça me plairait bien,
04:52parce qu'elle dit que le gros mot ça résiste à tout,
04:54on en a besoin tous les jours,
04:56l'IA ne le remplacera jamais,
04:58et donc voilà, je trouve que c'est assez juste.
05:01Vous en dites beaucoup ou pas, vous, des gros mots ?
05:03Moi, des gros mots ? J'en dis souvent.
05:05C'est quoi, celui qui sort la canter ?
05:07Alors c'est ou merde ou putain.
05:10Et celui que vous pourriez inventer ?
05:13Je sais pas, je crois que je l'inventerais par rapport à quelqu'un ou à une situation,
05:17mais les enfants sont très forts à ça.
05:19On a été enfant donc on perd ça,
05:21mais moi je vois chez mes enfants, ils inventent des fois des mots,
05:23et je me dis c'est assez génial.
05:25Il y a quand même des messages dans tout ça,
05:27il y a quand même un message de tolérance,
05:29il y a quand même des enfants qui sont souvent plus ouverts que des adultes,
05:32c'est pas simplement pour se distraire de la très catastrophique visite du zoo.
05:36Mais c'est en ça que ça rejoint aussi mes autres livres,
05:38l'enquête c'est évidemment le fil rouge,
05:40pour tourner les pages, savoir ce qui se passe,
05:42découvrir, rencontrer ces personnages,
05:44et surtout aborder des thématiques qui me sont chères.
05:47Ici c'est l'autre, la différence,
05:49qui au fond est très évidente puisqu'on est forcément différent de l'autre.
05:52Elle a pas la cote en ce moment la différence dans nos sociétés ?
05:54Elle a pas la cote alors qu'elle est ce qui nous fait,
05:57puisqu'on est forcément très différent,
05:59ne serait-ce que de son mari, de sa femme, de ses enfants,
06:01on est différent par essence.
06:03Et c'est aussi ça l'idée de se dire,
06:05on est différent ensemble, et il faut que ça marche.
06:07La différence, la démocratie aussi,
06:09il y a un cours quasi magistral sur la démocratie,
06:12non mais ça fait aussi partie des sujets...
06:14Bah évidemment, ça fait partie des sujets qui m'intéressent,
06:17qui me tracassent, qui m'intéressent,
06:19parce que je suis suisse et que la Suisse
06:21a ce côté démocratique très prenant,
06:24où on va voter 4 fois par an,
06:26et les votations qui reviennent et qui reviennent,
06:28avec cette idée que je vois en Suisse,
06:30où on vote peu au fond, on vote souvent,
06:32mais les Suisses votent peu,
06:33parce qu'on est à 35-40% de participation,
06:35ce qui n'est pas très élevé.
06:37Et c'est ça qui me tracasse.
06:39Vous l'avez envoyé à Donald Trump et à Vladimir Poutine ?
06:41Je ne sais pas s'il lise le français couramment.
06:44Il est traduit dans plusieurs langues.
06:46Il commence à être traduit maintenant,
06:48en espagnol, en italien, dans d'autres langues aussi.
06:50Il va l'être, évidemment.
06:52Quand même, quand vous écrivez ce livre,
06:55est-ce que vous pensez déjà au suivant, puis au suivant ?
06:57Est-ce qu'on a l'impression que vous êtes une machine à écrire ?
07:00C'est joli qu'il y ait une machine à écrire,
07:01mais il n'existe plus les machines à écrire,
07:03qui font du bruit là.
07:05C'est ma vie depuis toujours, depuis que je suis enfant.
07:08C'est-à-dire que ma journée n'est pas une bonne journée
07:10si je n'ai pas écrit.
07:12Et l'excitation de l'idée,
07:14l'idée d'avoir une idée,
07:15l'idée qu'une idée va amener quelque chose.
07:17Et je pense qu'il y a ce rapport à l'enfance qui est très fort en moi,
07:19c'est que quand je commence un livre,
07:21quand je commence à écrire,
07:22cette joie, c'est vraiment le mot,
07:24cette joie est la même que celle que j'avais
07:26à 10 ans quand j'écrivais, ou à 15 ans.
07:29Et c'est resté, et je crois que c'est ce lien à l'enfance,
07:31pour moi, il est dans l'écriture.
07:33Donc le prochain, il est déjà prêt, si je...
07:35Non, pas du tout !
07:36Mais il y a toujours quelque chose,
07:37il y a toujours un texte,
07:39mais je ne sais pas ce que ça va donner.
07:41Et est-ce que vous regrettez l'enfance ?
07:44Est-ce qu'il y a un peu de nostalgie sur l'enfance ?
07:46Vous dites à plusieurs reprises dans le livre,
07:48on a des adultes qui sont bien moins tolérants
07:51que les enfants de leçon.
07:53On sent un peu de nostalgie, c'est vrai ?
07:55Vous l'avez cette nostalgie-là ?
07:56La nostalgie, j'aime bien la nostalgie,
07:58mais la nostalgie, c'est souvent un mensonge
08:00ou une réécriture de ce qu'il y a vraiment été.
08:03Non, c'est peut-être que là,
08:05c'est l'aspect, ou c'est le fait d'être parent maintenant,
08:07de me rendre compte à quel point
08:09les enfants ont un instinct,
08:11et une vérité, et une capacité de voir,
08:13de ne pas se résigner, qu'on a perdu.
08:15Parce qu'on a été enfant.
08:17Et quand on me demande, on me dit
08:18mais comment t'as fait pour se mettre à la place
08:19d'un petit enfant, d'une petite fille ?
08:20Je dis mais on a été enfant !
08:22Vous l'êtes encore ?
08:23Un petit enfant ?
08:24Oui.
08:25C'est ce rapport quand j'écris,
08:27et quand je m'émerveille.
08:28En tout cas, je suis conscient, et les enfants je crois aussi,
08:30du temps.
08:32C'est-à-dire de ce rapport au temps,
08:34et même si les enfants n'ont pas la notion du temps,
08:36ils sont quand même très conscients du temps présent.
08:38Isabelle Saporta, bois vos paroles.
08:40Vous avez été éditrice, Isabelle.
08:42Pourquoi il est tellement à part,
08:44Joël Dicker ?
08:46Qu'est-ce qui fait qu'il nous parle ?
08:48Et il parle à tout le monde,
08:49il parle à tous les publics,
08:50à tous les milieux sociaux.
08:52Il parle maintenant aux enfants.
08:53C'est quoi le secret pour vous ?
08:55Regarde professionnel.
08:57D'abord, je ne sais pas...
08:59Il est beau, oui ça en sait.
09:00Non, ça ne va pas aplater sa modestie.
09:02Non, mais il est incroyablement talentueux.
09:04Et effectivement, il a toujours cette
09:06incroyable acuité à capter
09:08le moment, les choses qui se passent.
09:10Le précédent ouvrage, effectivement, c'était
09:12finalement tout ce qui est beau et tout ce qui brille
09:14n'est pas toujours extraordinaire.
09:15Donc, il a toujours cette acuité incroyable.
09:17C'est toujours transgénérationnel.
09:19C'est vrai que tout le monde peut le lire.
09:21Là, je trouve que ce pas vers les enfants
09:23est très bien fait.
09:26Je rejoins tout à fait ce qu'a dit Amandine.
09:28Et par ailleurs, quand on a affaire
09:30à des auteurs de la dimension
09:32de Johan Dicker,
09:33ce que les lecteurs ne savent pas,
09:35c'est qu'ils travaillent comme des dingues.
09:37Et que tout, tant qu'il travaille son texte,
09:39après il travaille
09:41sa couverture,
09:43la mise en place,
09:45il travaille le papier qu'il choisit.
09:47Je crois que je n'ai jamais vu quelqu'un
09:48qui travaille autant.
09:49C'est ce qu'on appelle la précision suisse.
09:51D'une précision incroyable.
09:53Il travaille son plan médien,
09:55son plan promotionnel, il travaille tout.
09:57Vous êtes d'accord avec ça, Johan Dicker ?
09:59Je vous rougis un peu, mais merci.
10:01Moi, on avait échangé,
10:03c'était sur la mise en place de ses ouvrages.
10:05En plus, il fait le tour de partout.
10:07Dans les librairies.
10:08Bien sûr.
10:09Donc, il n'y a pas de hasard.
10:10Il n'y a pas que le talent, il y a le travail.