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00:00Vous écoutez ici Roussillon, la Journée internationale des droits des femmes, c'est samedi, ce samedi.
00:05Plusieurs manifestations prévues dans le département.
00:07Simon Kolbock, votre invité, est l'une des responsables du collectif Droits des femmes des Pyrénées-Orientales.
00:12Bonjour Monique Hernandez.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être en studio avec nous.
00:15Dans notre pays, au travail, les hommes gagnent toujours plus que les femmes.
00:19Les écarts se réduisent, c'est ce que dit l'INSEE, mais ils restent tout de même significatifs.
00:23Quelques chiffres.
00:24Les écarts de salaire dans le privé en 2022, 23% entre hommes et femmes.
00:29Concrètement, dans le privé.
00:30En moyenne, un homme gagne 6 000 euros de plus qu'une femme.
00:34Ça s'explique parce que, globalement, les femmes occupent plus de temps partiel.
00:39Autre chiffre, à travail égal, là encore, les hommes gagnent plus, 4% de plus.
00:44Quand vous entendez tous ces chiffres, Monique Hernandez, vous vous dites, c'est bien, ça avance,
00:48ou vous vous dites, il reste encore tellement à faire ?
00:50Les deux.
00:51C'est bien, ça avance, et il reste beaucoup à faire.
00:55Ce qui est intéressant aussi de noter, c'est que les écarts de salaire restent très marqués,
00:59entre conjoints, et ces écarts augmentent, plus il y a d'enfants, plus les écarts sont grands.
01:04Oui, ça s'explique par le nombre de maternités.
01:07Plus le nombre de maternités augmente, et plus les femmes ont tendance à prendre des congés parentaux,
01:11ou du temps partiel, ce qui rejaillit sur leur carrière, ce qui rejaillit sur leur salaire,
01:15et ce qui rejaillit sur leur retraite après, à la fin.
01:17C'est un cercle vicieux, en fait, dans un couple, quand une naissance arrive,
01:21savoir qui doit s'occuper, si on veut s'occuper, effectivement, de cet enfant,
01:24dans les premiers mois, les premières années de sa vie ?
01:26C'est-à-dire que dans le monde idéal, où les hommes gagneraient autant que les femmes,
01:29la question ne se poserait pas.
01:31C'est-à-dire que les deux pourraient partager le congé parental, par exemple,
01:34ou les deux pourraient s'arrêter pour s'occuper des enfants, même à temps partiel.
01:38Dans la mesure où la majorité des hommes gagne plus que la majorité des femmes,
01:42les ajustements du couple se retrouvent, et forcément, quand il s'agit de faire un choix,
01:46ce sont les femmes qui s'y collent.
01:48Quant au, je reviens sur ce chiffre, ce 4% d'écart,
01:51quand on parle de travail égal, de niveau de responsabilité,
01:54de diplôme aussi, de formation,
01:57vraiment, 4%, ça reste quand même assez important ?
02:01Non mais c'est énorme, c'est même trop, c'est énorme.
02:04C'est énorme et c'est lié au fait que notre société, elle est dans un système patriarcal
02:08qui se perpétue de génération en génération, et qui continue encore de nos jours.
02:12Alors justement, quelle est la responsabilité aussi des femmes, dans cette situation,
02:15à parfois reproduire un modèle qui est en place depuis des décennies, des siècles même ?
02:19Alors déjà, toutes les femmes ne sont pas forcément féministes,
02:22et ensuite, elles sont aussi victimes de ce système,
02:25de cette situation systémique qui fait qu'elles sont aussi
02:29empreintes de ce que la société transmet,
02:32et donc elles, en tant que petites filles puis femmes, retransmettent aussi ça,
02:36y compris à leurs garçons.
02:38Et c'est compliqué de sortir de ce carcan ?
02:40Si vous voulez, pour sortir de ce carcan, le seul point positif de l'actualité,
02:44c'est la loi IVARS,
02:48donc éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle,
02:51qui a été mise en place déjà depuis 2001, mais pas appliquée.
02:55Il y a eu un nouveau décret de loi qui a été voté le 3 février 2025,
02:59donc c'est très récent, on n'a pas de recul forcément par rapport à l'application.
03:02Nous, on met beaucoup d'espoir dans ce projet-là,
03:05parce qu'on se dit que si dès la maternelle,
03:08on travaille sur l'égalité de genre,
03:10si dès la maternelle, on lutte contre les stéréotypes,
03:13dès la maternelle, on remet en place
03:16un nouveau système de relation entre les filles et les garçons,
03:19ça va infuser, on espère, dans la société,
03:22et que l'écart dont vous parlez ne sera pas reproduit.
03:25Mais le problème, c'est que pour l'instant, on ne sait pas
03:27quels sont les moyens qui seront donnés à l'éducation nationale pour le mettre en place,
03:30et tant qu'il n'y a pas de moyens, ça ne sera pas appliqué.
03:33Les moyens, ça veut dire déjà la formation des enseignants,
03:36parce que depuis les années 70, où il y avait beaucoup de gens qui étaient militants
03:39par rapport à cette cause-là, ces gens-là sont partis à la retraite,
03:42et il y en a de moins en moins, donc il faut vraiment un gros effort
03:45de formation professionnelle chez les enseignants, et puis il y a aussi
03:48l'accès des associations féministes, que nous représentons
03:51dans le collectif, qui sont brimées de plus en plus
03:54pour accéder aux établissements.
03:57On vous refuse, c'est de plus en plus compliqué d'intervenir pour vous
04:00dans les établissements féministes ?
04:02Les associations féministes, elles ont de plus en plus de mal, parce que, par exemple,
04:05l'ARS, l'Agence régionale de santé,
04:08vient de décider qu'elle ne financerait plus ses projets,
04:11parce qu'ils n'étaient pas assez probants.
04:13Alors, par projet probant, ils entendent
04:16une intervention tous les deux mois.
04:18Or, le projet VARS, il parle d'une intervention par trimestre.
04:22Donc, on sort des clous, et donc ils ne veulent plus financer
04:25les associations qui vont rentrer dans les écoles.
04:28Donc ça, ça veut dire que pour l'instant, c'est le conseil régional qui pallie au problème,
04:31mais on ne sait pas jusqu'à quand.
04:33Ce samedi, c'est la journée internationale des droits des femmes,
04:35on en parle dès ce matin avec ici Roussillon, notre radio de proximité,
04:38notre invité, Simon Kolbock, l'une des responsables du collectif
04:41Droits des femmes des Pyrénées-Orientales, Monique Hernandez.
04:43Et Emmanuel Macron, qui avait fait de la lutte pour l'égalité femmes-hommes
04:46une grande cause nationale. Est-ce que vous avez vu un changement ?
04:49Oui, ben écoutez, il avait fait aussi une grande cause pour l'accessibilité des handicapés,
04:52on a vu le résultat, donc non.
04:54On ne peut pas dire que... On avait un gros espoir avec le Grenelle de 2019,
04:58sur, par exemple, la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
05:01Bon, il y a un petit peu de progrès, c'est vrai.
05:04Il y a quand même des progrès, mais en fait, il y a encore beaucoup de travail à faire.
05:07Et donc, c'est beaucoup de communication, ça ?
05:09Beaucoup de communication et beaucoup de moyens.
05:11Il faut donner des moyens. Nous, ce qu'on demande, c'est déjà une loi cadre globale.
05:14Donc, on revendique 2,6 milliards.
05:17En gros, ça coûterait pour lutter contre les violences, uniquement contre les violences.
05:20On en est loin dans les budgets.
05:22Ce qui avait été rejeté, d'ailleurs, par le gouvernement de Michel Barnier.
05:25Oui, ben voilà. Bon, il n'a pas duré longtemps, mais en fait, le nouveau,
05:28ce n'est pas mieux armé sur la question.
05:31Et puis, aussi, ça demande de la formation
05:34parmi les gens de la justice, la gendarmerie, la police,
05:38les intervenants sociaux.
05:41Bon, et ça, ce n'est pas encore tout à fait.
05:43Ce samedi, cette journée internationale du droit des femmes,
05:45elle est particulière aussi parce que nous sommes un mois et demi
05:48après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche aux États-Unis.
05:51À travers la planète, on voit bien qu'il y a un retour des conservateurs,
05:54des discours parfois très virilistes.
05:56Ça vous inquiète, ça ?
05:57Énormément. Énormément.
05:59Alors, au niveau international, c'est vrai que j'aurais adoré cette année,
06:02puisque c'est moi qui m'occupe de cette branche-là au collectif droit des femmes,
06:05j'aurais adoré pouvoir dire que tout allait bien,
06:07que les Afghans étaient sortis de la nuit,
06:09que les Iraniennes allaient mieux,
06:11que les Ukrainiennes et les Gazaouis pouvaient vivre en paix,
06:15et que les Américaines pourraient accéder de nouveau à l'avortement tranquillement.
06:19Mais en fait, vous voyez bien, ce n'est pas le cas.
06:21Est-ce que vous sentez que ce discours transpire aussi chez nous, en France,
06:24et dans les Pyrénées-Orientales ?
06:26Alors, on le sent et on le voit.
06:28Il y a eu une étude du Haut conseil à l'égalité
06:31qui est parue en janvier 2025,
06:33donc c'est très récent,
06:34et qui nous dit quand même que
06:3650% des garçons de 12 ans
06:40regardent des films pornos
06:42pour savoir comment se débrouiller avec les filles,
06:45disent-ils.
06:46Un gamin sur deux.
06:47Un gamin sur deux de 12 ans.
06:49Et puis, vous avez quand même,
06:52dans le panel,
06:5625% des hommes de 25 à 34 ans
06:59qui pensent, alors je cite,
07:01qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter.
07:04Alors, si vous voulez, ça, c'est transmis sur les réseaux sociaux,
07:07c'est transmis aussi par des courants de pensée
07:09qui trouvent leur source justement aux Etats-Unis.
07:12Du côté des garçons, et aussi du côté des filles,
07:15il y a des mouvements de femmes qui disent, par exemple,
07:18qu'il faut être maquillé dès le petit-déjeuner
07:20parce que c'est mieux pour l'ambiance familiale,
07:22qu'il vaut mieux rester à la maison à s'occuper des enfants
07:24plutôt que rentrer dans le monde du travail.
07:26Alors, tous ces courants-là qui existent aux USA
07:28sont en train de venir chez nous par le biais des réseaux sociaux.
07:31Et oui, ça nous inquiète.
07:32D'où l'intérêt d'Evars.
07:35Merci beaucoup, Monique Arnandez.
07:37Je rappelle que vous êtes l'une des responsables du collectif
07:39Droits des femmes dans les Pyrénées-Orientales,
07:41samedi après-demain.
07:42C'est la journée internationale pour les droits des femmes,
07:45le 8 mars.
07:46Bonne journée.
07:47Manifestation à 10h30, place de la République.
07:49Il y aura des manifestations aussi au Soleil, à Prades
07:51et dans d'autres communes.
07:52À Prades, tout l'après-midi.
07:53Bonne journée à vous.
07:54Merci.

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