INVITE - Jean-Marc Sanchez, directeur général d'Orkane
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00:00Et si on vous en parle ce matin, c'est parce que le gouvernement veut mettre moins d'argent dans le rachat de cette électricité produite par ces panneaux.
00:06Bonjour Jean-Marc Sanchez, vous êtes donc directeur général de l'entreprise Orcan, basée quartier Empalo à Toulouse.
00:12Vous avez une vingtaine de salariés et vous aidez les pros et les collectivités, c'est ça essentiellement, à s'équiper de panneaux photovoltaïques.
00:21Bercy veut donc réduire ses tarifs de rachat de cette électricité verte. De quel ordre d'abord, vous le savez ?
00:28Aujourd'hui, dans les effets d'annonce qui nous ont été demandés, de manière rétroactive, on va baisser mécaniquement le tarif de rachat de l'ordre de 7 à 8%.
00:35Et on nous annonce une baisse accélérée pour la fin d'année qui amènerait une baisse de quasiment 20% du tarif de rachat de l'énergie.
00:41Donc ça concerne tous vos clients et même les projets qui sont en cours ?
00:45Ça concerne effectivement les projets qui sont en cours, ça concerne tous les projets qui n'ont pas encore un tarif de rachat sécurisé.
00:49Sauf qu'un projet photovoltaïque prend entre 6 et 12 mois à développer, donc c'est complètement incompatible avec les nouvelles directives qui sont en plus rétroactives.
00:56C'est une catastrophe pour votre entreprise ?
00:58C'est une catastrophe pour mon entreprise, c'est une catastrophe pour le secteur.
01:00Aujourd'hui en France, on parle de 60 000 emplois qui sont concernés par ce segment-là de photovoltaïque et 8 000 en Occitanie.
01:06On parle de près de 96% des installations photovoltaïques raccordées en région Occitanie qui sont menacées, c'est ce que dit l'Agence Régionale de l'Énergie et du Climat, vous confirmez ces chiffres-là ?
01:16Des futurs à venir en fait. Celles qui sont déjà raccordées quand il y a un tarif de rachat ne sont pas impactées.
01:21Alors ça concerne uniquement, arrêtez-moi si je me trompe, les installations photovoltaïques de moins de 500 kWh sur toiture uniquement, mais finalement c'est la plupart des projets ?
01:31Oui, alors c'est toiture, ombrières, création d'hangars pour les agriculteurs, donc effectivement ça ne concerne que ce segment-là, mais c'est 50% de ce qui est fait en France aujourd'hui.
01:39Et ce sont les projets qui sont les plus acceptés ?
01:41Exactement, c'est des projets qui sont faits sur des zones qui sont déjà artificialisées.
01:46Quand on vient mettre des ombrières de parking sur un parking qui est déjà en enrobé, aujourd'hui on ne vient pas artificialiser des sols.
01:50Quand on vient mettre des panneaux sur le centre technique d'une municipalité, ou sur la salle de tennis par exemple d'une municipalité, à qui on pose de problèmes en termes d'acceptabilité,
02:00les Français, c'est le photovoltaïque qui est le plus accepté, et paradoxalement c'est celui aujourd'hui qui est mis à terre.
02:05Alors pourquoi l'État s'en prend à cette énergie verte ?
02:07Alors l'État s'en prend à cette énergie verte, aujourd'hui, au-delà de Bercy, je pense que c'est surtout le ministère de l'Industrie et de l'Énergie,
02:14par le ministre M. Ferracci qui aujourd'hui met ça sur la table, je crois qu'aujourd'hui M. le ministre en fait prend des décisions qui sont à mon avis hâtives,
02:26parce qu'il y a un besoin d'économie que la filière ne renie pas aujourd'hui.
02:29La filière aujourd'hui quand elle entend ce qui est demandé, ce qui va passer, elle ne dit pas qu'on est contre tout, elle contre-propose des choses pour amortir le choc qui est brutal aujourd'hui.
02:38C'est un projet, ce n'est pas encore acté, le Conseil supérieur de l'énergie rend aujourd'hui un avis sur la situation justement au ministre,
02:45vous espérez une forme de soutien de cette instance consultative ou pas du tout ?
02:50Oui bien sûr, on espère une sorte de soutien, je veux dire le photovoltaïque aujourd'hui c'est la meilleure énergie,
02:54on peut la mettre de manière rapide, efficace, dans le contexte actuel on a besoin d'une décarbonation qui est rapide,
03:00je veux dire aujourd'hui on espère que le Conseil supérieur de l'énergie va rappeler le ministre les enjeux à long terme,
03:05parce qu'aujourd'hui c'est ce dont on parle, on ne parle pas d'enjeux court-termistes, de problématiques d'aujourd'hui,
03:09on parle de moyens de long terme sur l'énergie, donc il faut le voir avec cette vision-là et cette ambition-là.
03:13On parle panneau solaire ce matin dans votre quart d'heure Toulousain, y'a-t-il trop de projets dans nos campagnes ?
03:18Vous appelez Christine, 05 34 43 31 31, exprimez-vous librement.
03:23Il y a forcément plein de projets près de chez vous et vous avez forcément un avis sur la question,
03:26on est toujours avec Jean-Marc Sanchez, directeur général de l'entreprise Orcan, basée donc à Cartier-Empalo à Toulouse,
03:33on se rend bien compte qu'un agriculteur qui grâce à vous peut-être a installé des panneaux photovoltaïques sur son hangar,
03:39il tient sa survie à cette installation pour certains ou pas ?
03:44Oui je crois, je crois et en plus je crois que toujours pareil, il y a des gros agriculteurs qui vont passer le cap de cette difficulté-là
03:51parce qu'ils auront les moyens eux de remplacer un peu cette tête qui est amenée par le photovoltaïque territorial,
03:56mais aujourd'hui la plupart des agriculteurs qui ont déjà, je pense on le sait tous, des revenus qui sont minimes,
04:01ils n'ont pas les moyens d'investir des dizaines de milliers d'euros pour construire des hangars dont ils ont besoin pour stocker du foin, pour stocker des machines.
04:07Aujourd'hui le photovoltaïque au niveau national sur ce segment-là, je ne parle pas des grosses installations solaires,
04:11je parle du segment du solaire territorial, c'est un milliard d'euros que la filière photovoltaïque rétribue au monde agricole
04:17par le biais de ses constructions de nouveaux hangars, de nouvelles installations.
04:20Comment le photovoltaïque que vous connaissez parfaitement permet de garantir un prix fixe de l'électricité ?
04:25En fait, une fois que l'installation est installée, une fois que le réseau est raccordé, l'énergie aujourd'hui,
04:32on a des contrats garantis pendant 20 ans avec un tarif qui est fixe, donc je veux dire on parle bien de quelque chose qui est sur du long terme.
04:37Donc aujourd'hui le photovoltaïque est capable de produire une énergie aux alentours de 95 à 105 euros du mégawatt-heure.
04:43Vous n'êtes pas sans savoir, Jean-Marc Sanchez, que beaucoup de projets de panneaux photovoltaïques sont contestés dans les campagnes,
04:50notamment en ce moment à Rieux-Volvestre, grosses inquiétudes sur la biodiversité, que répondez-vous à ces habitants ?
04:56Alors encore une fois, on parle d'un segment qui représente une part importante du photovoltaïque en France.
05:01Je crois, pour ma part, que quelle que soit la source d'énergie qu'on installe quelque part,
05:07il y aura toujours effectivement des choses à régler et des études à faire.
05:11Aujourd'hui le photovoltaïque, notamment sur ces grandes centrales, il est quand même très étudié,
05:14aussi bien par l'industriel qui veut le mettre que par les autorités qui délivrent des autorisations.
05:18Donc n'importe quoi n'est pas fait sur ces sujets-là, mais malgré tout, il faut remonter le débat.
05:24Ce qu'on parle, c'est de la décohérentation et de l'autonomie énergétique de la France.
05:26Et je précise que chez Orcan, vous ne faites de l'installation que sur des bâtis existants ?
05:31Oui, on accompagne des clients sur tout type de projet, mais effectivement principalement sur des toitures et des hangars.
05:35Le 05 34 43 31 31 au sud-ouest de Toulouse, à Saint-Lys, avec Christelle. Bonjour Christelle !
05:41Oui bonjour, donc Christelle, moi je suis agricultrice donc sur le secteur de Saint-Lys.
05:47Et fraîchement, je suis ancienne élue chambre d'agriculture aussi et on a fortement travaillé sur des projets photovoltaïques
05:56parce que les projets photovoltaïques au sol, c'est une vraie catastrophe dans deux sens.
06:03Déjà, ça empêche, ça imperméabilise les sols et on perd toute production.
06:10Alors même si on essaie, si ça a été fait sur des anciennes gravières et tout ça, donc c'est peu productif souvent.
06:17Le problème, c'est qu'en fait, l'argent ne profite pas à l'économie française.
06:22Et décarboner l'énergie, faire en sorte qu'on soit autonomes énergétiquement, c'est super,
06:28mais il faut aussi qu'on garde l'argent que cela produit.
06:32Et nous, on a une petite exploitation de 200 hectares et on a un hangar de 100 kilos.
06:38Ça me permet, c'est pas énorme, mais ça me permet de sortir 3 à 5 000 euros par an.
06:42J'ai au moins ça quoi.
06:44Et tout le monde est raccroché à ça aujourd'hui et il faut impérativement qu'on aide
06:49à faire en sorte déjà que les agriculteurs puissent financer eux-mêmes pour pouvoir profiter à 100% des revenus.
06:56C'est vrai ça ou pas ? Merci beaucoup pour votre précieux témoignage, Christelle, depuis Saint-Lys.
06:59C'est vrai ça ou pas, Jean-Marc Sanchez ?
07:01C'est clair que plus l'agriculteur peut investir lui-même et mieux c'est.
07:04Il n'y a pas de débat là-dessus et aujourd'hui, Orkan typiquement...
07:06Dans quel cas ça nous échappe ces revenus ?
07:08En fait, ce qui échappe quand on parle de grosses centrales au sol,
07:14c'est qu'effectivement le revenu est séparé entre l'industriel et potentiellement un agriculteur qui a le foncier.
07:20À la différence effectivement aujourd'hui du solaire, qu'on va appeler le solaire territorial qui lui est fait sur des ombrières, etc.
07:26où là effectivement ça participe à la vie de la collectivité.
07:28C'est pour ça que sans aller dans le détail, sans revenir sur le sujet de votre auditrice sur le grand espace sol,
07:35elle a quand même dit qu'elle générait du revenu par le photovoltaïque,
07:37qu'aujourd'hui elle avait un hangar de 100 kilos.
07:39C'est vraiment de ça dont on parle.
07:41Donc aujourd'hui, le gouvernement, qu'est-ce qu'il attaque ?
07:43Il attaque le sujet qui est le plus accepté sur les zones déjà artificialisées
07:45et il met à mal une économie locale de charpentiers,
07:47de maçons, d'électriciens et au niveau de la collectivité.
07:49Donc je rejoins votre auditrice quand elle dit qu'aujourd'hui,
07:51il faut que le photovoltaïque génère cette économie locale
07:53et là, il est en train de la détruire.
07:55Et vous, ça vous met en danger puisque vous avez déjà licencié deux personnes chez Orkan
07:57et peut-être davantage dans les prochaines semaines ?
07:59Clairement, en fait, qu'est-ce qui se passe ?
08:01Si je n'ai pas de visibilité, si je n'ai pas de cadre clair et au photovoltaïque,
08:03le cadre change tous les trois mois.
08:05Il changeait, on s'était habitués,
08:07mais par contre, on n'avait pas eu de rétroactivité violente
08:09telle qu'on l'a aujourd'hui.
08:11Sans cadre, mes clients aujourd'hui, on ne sait pas comment les conseiller.
08:13Donc je ne sais pas quoi dire à mes salariés.
08:15Je ne sais pas comment prévoir l'avenir court-termiste.
08:17Je ne peux pas continuer comme ça.
08:19Merci beaucoup et bon courage.
08:21Jean-Marc Sanchez, directeur général de l'entreprise Orkan,
08:23donc basée à Toulouse. Bonne journée.