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Dans son édito du 27/02/2025, Thomas Bonnet revient sur la récente prise de parole de François Bayrou sur l'Algérie.

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00:00Absolument, alors si on prend la métaphore du bras de fer,
00:02disons qu'on est à l'étape où on a retiré notre pull,
00:05qu'on s'est retroussé la manche et qu'on crie au effort qu'on est prêt à en découdre.
00:09Alors vous me l'accorderez, ce n'est pas encore tout à fait le bras de fer,
00:12mais disons qu'on n'a jamais été aussi près de l'engager.
00:14Passée cette ironie, on doit souligner que jamais un chef de gouvernement français
00:18n'était allé aussi loin sur le dossier algérien,
00:20en particulier sur les accords de 1968.
00:24Il faut mesurer le chemin parcouru.
00:26Il y a encore quelques années,
00:27quiconque osait s'aventurer sur ce terrain était flanqué de l'étiquette extrême droite.
00:32Mais François Bayrou a été rattrapé par le réel comme une bonne partie de la classe politique.
00:36La réalité impose de répondre aux rapports de force engagés par Alger.
00:40Les sondages montrent que les Français sont quasiment unanimes sur la question.
00:44Si ce n'est par conviction profonde,
00:46le changement de braquet s'imposait au moins du point de vue de la stratégie politique.
00:50Pourquoi fixer un ultimatum de six semaines
00:54alors que les Français attendent des décisions immédiates ?
00:57Ce délai peut être perçu comme une faiblesse, voire une volonté timorée.
01:01En fait, c'est sans doute une habileté politique du Premier ministre.
01:04Parce que l'Algérie a désormais six semaines pour montrer un signe d'apaisement
01:08qui passerait notamment par le fait de récupérer sur son territoire
01:11les ressortissants jugés sensibles
01:13et dont le nom figure sur une liste adressée aux autorités algériennes par les services français.
01:17En l'état actuel des choses,
01:18il est très peu probable que le pouvoir algérien ne concède quoi que ce soit.
01:22On l'a vu d'ailleurs ces dernières heures,
01:23puisque le Sénat algérien a roncu les liens avec le Sénat français
01:26suite à la visite de Gérard Larcher dans le Sahara occidental.
01:29Alors dans ce scénario, Alger sera à la faute au bout du délai imparti
01:33et l'inaction du régime pourra justifier les mesures de rétorsion présentées hier.
01:38Ce répit est aussi un pari politique.
01:40François Bayrou ne pourra pas se dédire et revenir en arrière au bout des fameuses six semaines.
01:44Malgré tout, c'est vrai, à un moment où les Français attendent des actes,
01:47on ne saurait imaginer que six semaines se passent
01:49sans qu'il n'y ait aucune action du gouvernement français,
01:52en particulier sur un dossier, c'est celui de Boalem Sansal.
01:54On espère véritablement que la diplomatie est à l'œuvre
01:57pour tenter de faire sortir l'écrivain franco-algérien de sa jôle en Algérie.
02:01Cette position de François Bayrou et la conférence de presse
02:04montre que c'est la position de Bruno Retailleau,
02:08ministre de l'Intérieur, qui l'a emportée face à celle de Jean-Noël Barraud,
02:12qui était plutôt la méthode douce, voire la méthode molle, dirait certains.
02:15Oui, clairement, c'est Bruno Retailleau qui a remporté les arbitrages.
02:19Ça fait des semaines qu'il presse François Bayrou et le voilà donc conforté dans sa position.
02:23D'ailleurs, la scénographie de la conférence de presse hier
02:25dit tout, ou presque, du rapport de force au sein du gouvernement.
02:29François Bayrou, entouré de ses ministres.
02:30Alors à sa droite, il y a Bruno Retailleau, visage souriant, déterminé.
02:35À sa gauche, Élisabeth Borne, bras croisés, migne, plutôt renfrogné.
02:40Alors même dans les moments de flottement et d'égarement du Premier ministre,
02:42le moment où il cherchait un peu dans ses fiches,
02:44c'est Bruno Retailleau qui vient lui souffler à l'oreille les informations, les chiffres.
02:48On peut désormais dire que la ligne du gouvernement en matière d'immigration,
02:51eh bien c'est celle de Bruno Retailleau.
02:53Est-ce que ça évitera la cacophonie ?
02:55Pas sûr, mais ça permet au moins d'y voir un peu plus clair.
02:58Mais là encore, il faut des résultats maintenant.
03:00Le taux d'exécution des OQTF, le nombre de visas accordés,
03:04voilà des indicateurs sur lesquels il faut agir.
03:07Après les paroles, place aux actes.

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