Ebony, Aya Nakamura, ou encore Angélique Angarni-Filopon subissent quotidiennement de la misogynoire.
La sociologue Marie-France Malonga revient sur la définition de ce concept à travers ces exemples. Elle dénonce le manque de représentation des personnes et des femmes noires ainsi que l'impact des violences racistes sur les réseaux sociaux.
La sociologue Marie-France Malonga revient sur la définition de ce concept à travers ces exemples. Elle dénonce le manque de représentation des personnes et des femmes noires ainsi que l'impact des violences racistes sur les réseaux sociaux.
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00:00Ebony, Ayana Kamura, Angéli, Angarni, Philopon,
00:03ces trois femmes symbolisent ce mécanisme assez complexe
00:08qui montre que les femmes noires mises en avant
00:11subissent le rejet, la haine.
00:13Il y a une difficulté en France à accepter que ce type de femmes
00:17représente aussi la société française.
00:20La misogyne noire est un concept
00:24qui a été inventé par Moïa Bailey en 2008.
00:28Les femmes noires subissent un type de discrimination
00:32et de rejet particulier du fait de leur attribut de femme,
00:37de leur couleur de peau et aussi éventuellement de leur classe.
00:40On a un petit peu l'habitude que les populations
00:43en situation de minorisation sociale,
00:46elles restent enfermées dans leur figure de dominée.
00:48D'une certaine façon, qu'elles courbent les chines
00:50et qu'elles restent dans les représentations attendues.
00:53À partir du moment où on a une minorité
00:56ou une personne racisée ou dominée,
00:58quel que soit le type de domination,
01:00qui se rebelle et qui est dans une forme de résistance,
01:03elle va être dérangeante pour l'ordre établi.
01:06On a toujours aujourd'hui en 2025 un manque de représentation,
01:09il faut le dire, même s'il y a eu de grandes évolutions,
01:12des personnes noires, des femmes noires, etc.
01:15Le peu de représentation fait que quand une personnalité émerge,
01:18elle va être plus l'objet de critiques,
01:20surtout dans ce contexte actuel de l'importance des réseaux sociaux
01:24dans les échanges et dans le débat public.
01:27On se permet de mal les traiter
01:30parce que ça semble une forme de normalité,
01:32alors que ce n'est pas une normalité,
01:34c'est une construction sociale, historique.
01:37Ebony subit ce que l'on peut qualifier de haine en ligne,
01:41puisqu'elle a été l'objet de commentaires extrêmement désagréables,
01:45de commentaires racistes.
01:46On l'a aussi comparé à un autre candidat qui est franc,
01:51qui serait plus docile, qui écrirait moins de problèmes.
01:53On voit rarement des femmes noires dans des rôles dominants
01:57avec l'affirmation de sa chevelure, etc.
02:00Donc ça, c'est aussi quelque chose qui dit une forme de mise en avant
02:05de son identité, de la fierté de son identité noire.
02:08Et donc ça doit profondément déranger un certain nombre de publics
02:13qui ont des idées conservatrices et qui ne veulent pas voir,
02:16surtout, que la société française est une société mélangée,
02:20multiculturelle de fait, de par notre histoire,
02:24traversée par l'esclavage, la colonisation, les grandes vagues d'immigration.
02:27Mais je me réjouis de constater que
02:30une autre partie, et très importante aussi, de la société la soutient.
02:34C'est une personne qui est très populaire dans le cadre de son programme,
02:38en tant qu'artiste.
02:39Ça permet de contrebalancer un petit peu toute cette haine
02:42dont elle peut faire l'objet.
02:44Et je pense que les personnes, les haters, comme on dit,
02:47ou les personnes qui ont des propos désagréables à son endroit
02:50de façon irrationnelle et excessive,
02:54finalement, sont des personnes qui ne représentent peut-être pas
03:00autant que l'immense bruit qu'ils peuvent faire sur la toile.
03:04C'est-à-dire que c'est une caisse de résonance tellement exceptionnelle
03:07et extraordinaire, les propos développés sur les réseaux sociaux,
03:12que peut-être, parfois, ils ont plus d'importance que la réalité elle-même.
03:17Aya Nakamura est un symbole vraiment très important
03:22de ce que peut être la misogynoir.
03:24Elle, sa réponse, ça n'a pas été de rajouter du commentaire sur le commentaire,
03:29mais c'est tout simplement de continuer à faire son travail,
03:32de se sentir aussi soutenue par beaucoup de gens qui étaient contre
03:36cette haine en ligne et ces propos racistes dont elle faisait l'objet.
03:41Et surtout, de vraiment chanter pendant les JO
03:45et d'être accompagnée par la garde républicaine.
03:47Et ça, en fait, c'était la meilleure des réponses.
03:50Dans l'histoire des Miss France, on a eu plusieurs Miss France
03:52qui ont été des femmes noires et souvent venant des Antilles françaises
03:58ou de l'outre-mer français.
04:01On se rend compte qu'elles ont toutes subi, à un moment ou à un autre, le rejet,
04:07c'est-à-dire la difficulté pour une partie du public d'accepter
04:12qu'une femme non-blanche, très clairement, puisse représenter la France
04:16pendant un an dans le cadre de ces concours de beauté.
04:18La nouvelle Miss France angélique, elle subit aussi le rejet
04:24et la misogynoir en tant que femme noire qui a les cheveux courts.
04:29La Miss France précédente avait aussi subi des rejets à cause de ses cheveux courts,
04:33qui assume son âge avancé, on va nuancer par rapport à l'ensemble des autres candidates,
04:38parce que c'est une jeune femme.
04:40Je voulais insister sur le point que la discrimination et le rejet
04:46n'est pas propre aux femmes noires, elle est propre à toutes les femmes racisées.