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Blocage du campus, tags racistes et budget en baisse pour 2025 : le président Michel Deneken revient sur le contexte très agité de ce début d'année à l'Université de Strasbourg (Bas-Rhin).

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00:00Jusqu'à 9h ici matin.
00:02Allez, 8h moins le quart en ce mardi 25 février après le campus de Sciences Po bloqué depuis des semaines
00:08autour du patio d'être occupé par des étudiants en colère.
00:12Bonne ou mauvaise solution selon vous pour se faire entendre ?
00:15C'est blocus, c'est blocage, 0388 25 15 15.
00:18Début d'année très mouvementée, la fac de Strasbourg, tensions dans les couloirs,
00:21enquêtes en cours autour de dérives présumées racistes, antisémites
00:25et donc ces campus bloqués, notamment à Sciences Po, on a beaucoup de sujets à balayer.
00:31Merci d'être ici pour en parler, bonjour Michel Dénéquen.
00:34Bonjour, une très belle université qui fonctionne par ailleurs très bien et qui a de très beaux résultats.
00:39Président de l'université de Strasbourg, est-ce que vos étudiants vont pouvoir aller en cours aujourd'hui ?
00:45Alors je ne sais pas à l'heure actuelle mais avant d'être arrivé ici,
00:49nous savons que le cadreau, le bâtiment qui abrite Sciences Po est de nouveau bloqué.
00:54Pour le reste je ne sais pas, on attend des manifestations entre midi et deux, etc.
00:59Donc nous vivons au jour le jour, voire heure par heure.
01:02Que comptez-vous faire si les poubelles sont de retour,
01:06notamment à l'entrée du Patio qui accueille bien plus d'étudiants avec les sciences humaines ?
01:14Comme nous l'avons toujours fait, à savoir en bonne intelligence avec les forces de l'ordre, la préfecture,
01:20et bien lorsque c'est nécessaire, nous faisons des bloqués.
01:23Pour le moment nous ne l'avons pas fait pour plusieurs raisons,
01:26c'était la rentrée hier donc attendons, mais il n'est pas question de laisser pourrir la situation.
01:31Vous attendez combien de temps à peu près avant de peut-être mobiliser la police ?
01:35C'est un temps certain comme disait l'autre,
01:38mais en tout cas nous ne laisserons pas s'installer la fatigue des étudiants et des personnels qui commence à monter.
01:44La responsabilité de ces blocages vous incombe selon certains professeurs,
01:49comme Vincent qui lui soutient par exemple le mouvement ?
01:53Oui bien sûr ça perturbe.
01:54Ce dont j'ai l'impression, mais ce n'est pas un constat scientifique,
01:57c'est que l'attitude de la direction dans toute cette crise a plutôt conduit à étendre la sympathie à l'égard de ce mouvement,
02:06même si tout le monde en pâtit, que l'inverse.
02:09Vous n'arrivez pas à trouver un accord ?
02:11Je suis très surpris que des enseignants Sciences Po défendent des mouvements antidémocratiques,
02:17puisque cet enseignant devrait savoir que c'est son conseil d'administration de Sciences Po qui a voté.
02:23Il est souverain et c'est le seul à pouvoir faire et défaire.
02:26Donc le président de l'université à qui on reproche autoritarisme et centralisation
02:32ne va certainement pas piétiner l'autonomie juridiquement reconnue de Sciences Po.
02:37Vous n'avez aucun problème avec ce partenariat qui fait polémique avec l'université Reichman de Tel Aviv,
02:41accusée d'être trop proche du pouvoir israélien ?
02:44Je suis aussi frappé des accusations et des à peu près des enseignants-chercheurs
02:49qui sont censés être rigoureux dans leur enseignement.
02:51Donc la seule solution...
02:53Qu'est-ce que vous voulez dire ?
02:54Je veux dire par là que ce mouvement est complètement instrumentalisé, idéologisé.
02:59Pourquoi on ne bloque pas pour les Ouïghours ?
03:01Pourquoi on ne bloque pas pour les millions de pauvres au monde, les femmes afghanes ?
03:05Parce que ça fait des mois et des mois qu'il y a un conflit très enlisé
03:08et qu'Israël-Palestine ce n'est pas n'importe quel conflit dans l'idéal des gens.
03:12Interrogeons-nous sur ce qu'il y a derrière.
03:14Donc excusez-moi, le sort des Palestiniens semble importer beaucoup moins
03:18que d'avoir des possibilités de mettre l'instabilité en France et aux Etats-Unis.
03:27Vous avez bien vu ce que ça donnait sur les campus américains.
03:30Donc cette cause est instrumentalisée et les Palestiniens ne méritent pas ce type de manifestation.
03:38Ils méritent des débats démocratiques ouverts dans cette situation.
03:43Il devient difficile de discuter avec des personnes de part et d'autre d'une table
03:49qui ne sont pas du même avis.
03:50Aujourd'hui, il semble qu'il y ait une pensée unique qui s'installe dans certains endroits
03:55et ce qui fait qu'on estime que bloquer une université c'est plus démocratique
04:01que de dire revenons au conseil d'administration et discutons.
04:05L'avis du campus a été marqué ces dernières semaines par des altercations
04:09entre membres de différents syndicats étudiants.
04:12Il y a cette enquête ouverte aussi autour de ce jeu de sept familles jugées racistes, antisémistes
04:16qui a été diffusée sur les réseaux sociaux présumément par des membres de l'Uni,
04:21le syndicat étudiant jugé plutôt à droite.
04:25Ça n'a pas l'air si fascinant d'étudier à Strasbourg quand même cette année Michel Dénéquen.
04:29N'exagérons rien, ce sont des altercations qui ont aussi lieu dans le cadre des élections universitaires.
04:34Après, les enquêtes sont diligentées, que ce soit plainte auprès du procureur de la République
04:40ou en interne avec nos commissions de discipline.
04:43Nous établirons les faits et nous verrons bien ce dont il s'agit.
04:47Hier encore, sur l'esplanade, nous avons vu des tags antisémites,
04:53des tags qui appellent à l'assassinat.
04:56Par exemple, pour être juste, j'ai aussi vu un tag, une balle, un faf, une rafle unis.
05:03Et qu'est-ce que vous faites vous contre ça en tant que président de l'université de Strasbourg ?
05:06Je passe mon temps et mes centaines de milliers d'euros à effacer ça,
05:09à faire des dossiers, à porter plainte et attendre que la vérité soit avérée
05:16et quand elle peut l'être.
05:17Michel Denneken, président de l'université de Strasbourg,
05:20invité ici à Alsace, si vous souhaitez réagir sur la situation actuelle à Sciences Po,
05:26sur ces blocages de la part de certains étudiants.
05:29Vous êtes vous les bienvenus auditeurs de ICI Alsace 0388 25 15 15.
05:33Il y a un double rassemblement organisé aujourd'hui à l'université de Strasbourg,
05:37à la mi-journée, devant le patio.
05:39Midi d'abord pour alerter sur les coupes budgétaires prévues par le gouvernement
05:43pour 2025, moins 1 milliard d'euros.
05:46Tout d'abord, est-ce que vous comptez participer au rassemblement ?
05:49Ma manière de défendre le budget, c'est d'être à Paris, au ministère,
05:54devant les députés, devant les sénateurs.
05:56Je préside les 13 universités d'excellence françaises qui s'appellent UDIS
06:00et nous travaillons là-dessus, donc à chacun ses méthodes.
06:03Quelles conséquences, très concrètement, sur l'université de Strasbourg ?
06:07Les étudiants, par exemple, redoutent la disparition dans un futur proche de certaines licences
06:12ou demandent un coup de neuf des travaux sur certains bâtiments qui, à la dérive,
06:18selon eux, est-ce que tout ça, ça peut être impacté par le budget 2025 ?
06:22Tout, potentiellement, peut être impacté, bien entendu.
06:25Mais ce que nous avons mis en place, déjà depuis un an,
06:29c'est d'accompagner les formations dans leur financement
06:34et d'aider les facultés ou les instituts qui ont des petits effectifs
06:38à réviser ou à réfléchir à leur stratégie.
06:41Donc c'est tout azimut.
06:43Les économies sont toutes azimutes, mais à un moment donné,
06:45ça passera, bien entendu, par une réduction de la carte de formation, si ça continue.
06:51Quelle formation pourrait être sur la CNET ?
06:54Ça ne peut être que l'objet d'un débat extrêmement large et certainement pas très joyeux.
07:00Deuxième rassemblement prévu dans la foulée, c'est à 13h30,
07:03cette fois contre les frais d'inscription jugés exorbitants demandés aux étudiants étrangers.
07:10Vous leur faites les poches, Michel Dénéken, comme vous en accusent certains.
07:15Là encore, instrumentalisation électoraliste, probablement.
07:19Je rappelle que les droits différenciés sont votés par le Conseil d'administration,
07:23que nous avons pris une mesure très simple, nous avons exonéré les licences.
07:28Et un travail incroyable, nous avons mis 250 000 euros d'aides spécifiques au mois de décembre
07:33pour 200 étudiants et étudiantes qui sont dans la difficulté.
07:37Ça veut quand même dire 2379 euros pour des étudiants étrangers
07:41qui sont arrivés pour certains à Strasbourg sans même savoir qu'ils devraient les payer.
07:45Ces personnes ont été écoutées, entendues, je dis presque 200 dossiers ont été acceptés.
07:51Est-ce que c'est envisageable de mettre en place une cellule d'écoute pour les étudiants
07:55pour qui c'est très dur de vivre cette situation-là ?
07:58Il y en a, la preuve c'est que 200 demandes nous sont remontées.
08:02Et 105 ans, je crois, ont pu être honorés.
08:06Le dialogue est permanent.
08:09Nous avons des personnels qui travaillent.
08:12Je rappelle que ces 150 dossiers, ça demandait des heures supplémentaires
08:16aux personnels de la scolarité.
08:18Personne ne demande si ces personnes sont reconnues et bien payées.
08:22Vous allez bientôt quitter votre poste de président de l'université
08:26après deux mandats et les élections municipales approchent.
08:29Michel Dénéken, c'est l'année prochaine, la mairie de Strasbourg, vous y pensez ?
08:34Je suis un citoyen strasbourgeois, je m'intéresse au débat public.
08:37Je ne suis pas indifférent à celles et ceux qui vont nous conduire
08:42pendant six ans dans cette municipalité.
08:44Donc oui.
08:45Oui quoi ?
08:46Oui, ça vous intéresse.
08:48Oui, vous pourriez conduire une lice.
08:50Ah non.
08:51Sûr ?
08:53Écoutez, pour le moment, ça n'est pas dans l'actualité.
08:56Très bien, on y reviendra certainement.
08:58Michel Dénéken, merci à vous, président de l'université de Strasbourg.
09:02Merci d'être venu sur votre radio locale ici à Alsace.
09:06On suivra également le déroulé de cette journée particulière entre blocage
09:10et manifestation à la mi-journée sur le campus strasbourgeois.
09:13Merci monsieur le président.
09:15Vous réécoutez cet échange en intégralité dès à présent sur notre site internet
09:18ou encore sur l'appli ICI, ICI Alsace.

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