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00:007h44, vous avez la parole ce matin et on vous pose cette question
00:05est-ce que nous soutenons suffisamment nos industries locales ? Faut-il les
00:09soutenir plus ? Faut-il les nationaliser ? Appelez-nous 04-76-46-45-45
00:14La question se pose après le nom de François Bayrou et la nationalisation de
00:17Vancorex, grande usine chimique du sud de Grenoble.
00:20L'état ne nous aide pas, estime le maire de Jari, Raphaël Guerrero. Alors qu'en
00:24pensez-vous ? Et pour en parler, notre invité ce matin, Séverine Daujoux.
00:28Bonjour, merci d'être avec nous en studio. Vous êtes représentante du
00:31personnel CGT chez Vancorex. C'est quoi votre sentiment ce matin ?
00:35Est-ce que c'est le sentiment d'être abandonné ? Ce que vous diriez jusque là ?
00:39Alors hier c'était un peu le sentiment d'être abandonné, voilà la déception.
00:45Aujourd'hui avec le recul c'est plutôt même l'incompréhension. On a un dossier
00:50qui va bien plus largement concerner pas seulement l'industrie mais
00:54l'environnement, la défense, le travail et on a un dossier qui est repris par le
01:00premier ministre qui nous donne exactement les mêmes réponses qu'il y a
01:04quelques mois le ministre de l'industrie. On a l'impression que les enjeux ne sont
01:07pas sont pas pris en compte. Il vous dit effectivement dans le communiqué de
01:10François Bayrou, il explique que l'activité de Vancorex n'est pas viable
01:13selon tous les scénarios étudiés, je cite, y compris les plus optimistes avec
01:17des pertes cumulées de plusieurs centaines de millions d'euros à
01:21l'horizon 2032-2033. Vous n'êtes pas d'accord avec ce constat de François Bayrou ?
01:25On n'est pas d'accord avec ce constat parce qu'en fait il prend en compte une
01:30étude qui a été faite par l'entreprise avec des conditions à un certain moment.
01:35Aujourd'hui ce qu'on demande c'est de pouvoir retravailler ces conditions et
01:38l'état a des moyens autres que les industriels pour pouvoir
01:42renégocier les contrats avec d'autres, trouver d'autres débouchés éventuellement et
01:47puis redévelopper cette plateforme. Aujourd'hui il nous parle de
01:50revitalisation de la plateforme mais il faut qu'il vienne se rendre compte sur
01:52place de ce que c'est que cette plateforme et qu'en l'état aujourd'hui
01:55c'est pas possible. Si on l'abandonne aujourd'hui on peut pas la revitaliser
01:58comme ça. Par contre continuer l'activité sur site et redévelopper en
02:03parallèle l'activité ça c'est possible et ça pourrait la remettre rentable.
02:06Est-ce que c'était la dernière chance selon vous cette nationalisation ?
02:10C'est la dernière chance du gouvernement, c'est pas la nôtre, c'est à dire qu'on va
02:14pas arrêter de se battre parce que les enjeux sont très importants, ils
02:19vont bien au-delà des 450 emplois de Vancorex et donc on n'a pas dit notre
02:23dernier mot. Vous dites effectivement ça ne s'arrête pas aux 450 emplois de
02:28Vancorex. On va écouter l'un des salariés, il s'appelle Fabrice, il est salarié
02:33chez Vancorex depuis 30 ans et il parle justement de cet impact plus large sur
02:37l'emploi. J'ai dit de toute façon ils s'en foutent, ils sont carrément
02:40déconnectés. Les réactions en chaîne qui sont prévues vont continuer et puis
02:45c'est pas 400, 500 personnes qui seront sur le carreau, ça va être 3000, 5000,
02:51que ce soit direct ou indirect. Je vous vois hoché de la tête, vous êtes
02:54d'accord avec ce constat, cette crainte de plusieurs milliers d'emplois en
02:58danger aujourd'hui ? Dans la chimie toutes les activités sont interdépendantes et
03:02donc on sait que quand le premier maillon de la chaîne, puisque Vancorex
03:05c'est même un des premiers maillons de la chaîne, tombe, en fait derrière on va
03:08avoir un impact qui va se compter en milliers d'emplois. On le voit avec Arkema
03:11par exemple. C'est le premier, c'est le deuxième maillon qui est en train de
03:13tomber. Vancorex n'est pas encore arrêté, car Arkema annonce déjà un plan social.
03:17Voilà, ça va pas s'arrêter là en fait. Ça veut dire quoi ? Qu'il y en aura d'autres ?
03:21Oui, il y en aura d'autres, c'est sûr. Où ça selon vous ? Par exemple dans la
03:25vallée de la chimie, on sait que dans le... Vers Roussillon par exemple, il peut y avoir des impacts sur cette plateforme chimicale.
03:31Elkem est un client d'Arkema, du site de Jarry.
03:35Enfin voilà, toutes les activités de la vallée de la chimie du
03:39sud grenoblois sont liées, donc il y aura forcément d'autres emplois. Et puis là, on
03:43parle que des emplois chimiques, mais sur une plateforme chimique, on a
03:48aussi beaucoup de sous-traitants et puis on a tous les emplois locaux qui sont
03:51impactés derrière. Donc c'est vraiment, nous, on a estimé à 5000 à 6000 emplois
03:55qui pourraient être touchés dans les quelques mois, années à venir.
03:59Et on l'a bien illustré aussi sur notre antenne ICISR, puisqu'on était il y a
04:03une dizaine de jours dans un café-restaurant effectivement de Jarry
04:07avec Soazic Pelé pour parler de cet impact plus large, effectivement, auprès
04:12des restaurants, de toute la vie économique du territoire.
04:15Il y a un échange, Séverine Dejoux, qui est prévu avec le cabinet de François
04:20Bayrou dans les prochains jours. À quoi bon, au fond, quand on vous entend ?
04:24Alors ce serait bien quand même qu'on ait des réponses aux questions qui ont
04:28été posées, parce que François Bayrou... Vous en attendez encore quelque chose du
04:31gouvernement ? Eh bien on attend qu'il s'explique en fait, parce qu'aujourd'hui
04:34on n'a pas de réponse à ce nom. On a l'impression que c'est seulement
04:37idéologique. Voilà, qu'on nous explique quand on parle de souveraineté sur des
04:43sujets comme la défense. On leur dit, voilà, savoir que les
04:49approvisionnements ne sont pas sécurisés en France, avec... On connaît le contexte
04:53géopolitique actuel, on peut s'inquiéter, on n'a pas de réponse.
04:58Pour Airbus ou Ariane, c'est ça par exemple ?
05:01Voilà, le carburant pour les missiles de défense. Aujourd'hui on n'a pas de
05:06réponse là-dessus. On nous dit que c'est sécurisé. On a
05:09vraiment des sérieux doutes, puisque nous on sait où vont nos productions et on
05:13sait où sont approvisionnés les industriels. Donc là on aimerait bien
05:17avoir des réponses, parce que simplement nous dire une fin de non-recevoir parce
05:20qu'on ne veut pas nationaliser, et je pense que c'est simplement là le sujet,
05:24voilà, ça ne nous satisfait pas. Des doutes et des craintes, on l'entend chez
05:28vous Séverine Dejoux, responsable CGT, donc chez Vancorex, on l'entend aussi, on
05:34en parle, en tout cas au standard d'ici, Isère Mathieu. Et sur nos réseaux sociaux,
05:37juste avant de prendre Paul qui nous appelle de Fontaine, on a quelques
05:41réactions à cette question. Est-ce qu'il faut encore aider nos industries en
05:44difficulté ? Est-ce qu'il faut même nationaliser certaines ? Je vous rappelle
05:47que vous pouvez aussi nous appeler encore à 04 76 46 45 45 Noémie. Quelques réactions
05:51sur notre page Facebook. Oui, et notamment celle d'Olga depuis Saint-Vincent de
05:55Mercuse qui doute un petit peu de ce que la nationalisation pourrait apporter
06:01aux industries. Elle nous écrit, je ne sais pas si même en nationalisant elles
06:04peuvent surmonter les difficultés, car parfois on a l'impression que les
06:08décisions sont déjà prises et que rien ne peut permettre leur survie. Le combat
06:13difficile des salariés pour permettre leur matière ressemble au pot de terre
06:16contre le pot de fer. C'est donc le ressenti d'Olga sur cette situation.
06:19Je vois notre invité qui acquiesce. On va pouvoir revenir là-dessus dans quelques
06:22instants. Paul nous appelle de Fontaine. Bonjour Paul. Oui bonjour. Comme je disais
06:27tout à l'heure, disons que c'est vraiment lamentable, c'est pire, c'est catastrophique.
06:31Veut-on envoyer toutes ces usines en Chine ? Ça sera beaucoup moins cher pour
06:36évidemment. Mais c'est catastrophique, c'est lamentable. Je ne comprends pas que
06:41des gens soi-disant instruits en arrivent là. C'est vraiment le désastre. On ne peut pas parler.
06:48Et quand le gouvernement dit que ça coûterait potentiellement plusieurs centaines de millions
06:53d'euros en dix ans, est-ce qu'au fond, nous tous, on est prêts à payer pour ça ?
06:58Oui, attendez. Tout ce qu'on nous raconte, il faut vraiment le regarder, mais très attentivement.
07:05Parce qu'il y a des, disons des... J'ai perdu le terme exact.
07:12Des façons de présenter les choses qui ne vous semblent pas claires.
07:15Il y a des sociétés derrière qui vont les prendre. Veulent-ils vraiment qu'on revienne
07:23comme en Chine par exemple ? Je ne sais pas moi. Ça devient de plus en plus catastrophique.
07:30Les miroirs devraient réfléchir avant de renvoyer leur image, j'ajoute, vraiment terni.
07:35Mais écoutez Paul, merci en tout cas de cette petite révolte que vous nous avez communiquée,
07:40et on va pouvoir continuer d'échanger avec notre invité ce matin.
07:43Séverine Dejoux, représentante du personnel CGT chez Vancorex, c'est quoi la suite ? Désormais,
07:48Vancorex est en attente d'un jugement de liquidation du tribunal de commerce de Lyon,
07:52ce sera le 6 mars, vous en attendez quoi ? Alors on espère que la liquidation ne sera
07:57pas prononcée le 6 mars, puisqu'on a encore des actions à mener pour essayer de sauver
08:02l'activité, ou en tout cas une plus large partie d'activité que ce qui est prévu aujourd'hui.
08:05Parce qu'il y a un repreneur aujourd'hui. Voilà, pour 50 salariés, c'est notre
08:09principal concurrent chinois, qui importera sa matière première de Chine pour produire
08:15simplement le produit fini ici sur place, alors que nous on produisait tout sur place.
08:19Ça répond un peu à ce que disait Paul au standard.
08:21C'est ça, voilà, c'est pour ça que je réagis là-dessus, parce qu'en fait,
08:25on a un débouché sur l'Europe, on a 80 000 tonnes de débouchés sur l'Europe,
08:28on en produit 25 000 tonnes ici à Pontclay. On a besoin en fait de ce marché ici en Europe
08:35pour ne pas avoir tout à importer de Chine, parce qu'aujourd'hui il n'y a plus de production
08:38en Europe ailleurs qu'à Pontclay.
08:40Autre possibilité, il y a une proposition de loi déposée par l'élu écologistériel
08:44châtelain pour nationaliser l'usine, on y revient. Elle est assez proche d'être
08:48débattue à l'Assemblée, il manque une dizaine de signatures d'élus républicains
08:52et de renaissance, le centre et la droite. Vous leur dites quoi ce matin pour les convaincre ?
08:58Alors, je leur ai tous écrit, personnellement, en tout cas tous les députés d'Auvergne-Rhône-Alpes,
09:03pour leur demander de bien étudier le dossier, parce que les enjeux, comme je le disais tout
09:07à l'heure, sont bien plus importants que les quelques emplois chez Vancorex, même si chacun
09:11des emplois est important. Pour l'instant, je n'ai pas encore de réponse de ces députés,
09:15mais j'ai bon espoir, puisque certains se sont déjà manifestés en disant qu'on ne pouvait pas
09:19laisser à l'abandon ces plateformes chimiques. Je rappelle que quand même, ces deux plateformes
09:24chimiques, sur les 18 qu'on a en France, si on abandonne deux plateformes chimiques,
09:27c'est vraiment l'avenir de notre industrie en France qui est menacée. Donc j'ai bon espoir
09:32qu'on soit entendus et qu'on ait un soutien de leur part.