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00:00On accueille donc François Arnoux, agriculteur céréalier dans le sud de la Vendée, bonjour !
00:04Bonjour Léa Higg.
00:04Vous faites un petit aller-retour du salon jusqu'à nos studios,
00:07où vous avez pu donc entendre le discours d'Emmanuel Macron ce matin qui s'est voulu plutôt rassurant.
00:14L'êtes-vous rassuré ?
00:16Pas vraiment.
00:17Pas vraiment parce qu'en fait, depuis l'année dernière, on avait aussi assisté,
00:22bon effectivement, à une entrevue qui était beaucoup plus chaude, beaucoup plus active,
00:27ce matin, et depuis un an, en fait, il ne s'est pas passé beaucoup de choses,
00:30donc il parle bien, on a des paroles, mais on attend toujours les actes dans nos fermes.
00:36Alors justement, de quels actes parlons-nous ?
00:37Parce qu'il y a bien cette loi agricole qui a été votée il y a deux jours,
00:43quelques promesses qui ont été faites, notamment sur les normes environnementales, administratives.
00:48Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir été, mine de rien, un petit peu écouté ?
00:52Oui, oui, oui.
00:53Il faut regarder le verre à moitié plein,
00:55parce qu'effectivement, il y a quand même des avancées, on ne peut pas le nier.
00:57Moi, ce qui m'est important aussi, c'est d'être reconnu que l'agriculture est comme un intérêt général majeur,
01:03et ça, c'est majeur, c'est très important.
01:05Et puis, tout ce qui concerne la transmission, le guichet unique pour les jeunes, pour pouvoir s'installer,
01:12donc ça, c'est des points importants.
01:13Par contre, il reste des points qui ne sont pas abordés dans cette loi,
01:16et c'est ça qui nous perturbe énormément, qui nous inquiète,
01:19c'est ce qui concerne le revenu, d'ailleurs, dans votre reportage, c'est ce qu'il évoque,
01:23mais il n'y a rien qui est réellement prévu.
01:26Qu'on retrouve la compétitivité, en fait, en France,
01:30et y compris par rapport à nos voisins, nos pays européens,
01:33parce qu'en fait, on a déjà la machine Europe qui, elle, fabrique des normes,
01:38et la machine française qui, elle, transpose encore plus.
01:41Donc, il faut que ça s'arrête, évidemment, et là, on sent que c'est encore très timide.
01:45Alors, c'est vrai qu'on a l'impression, ici, en France, quand on vous écoute, vous, agriculteurs,
01:50qu'effectivement, nous sommes extrêmement vertueux en termes d'écologie,
01:54ce qui n'est pas le cas de certains de vos concurrents, je pense, par exemple,
01:57l'exemple du poulet ukrainien revient très régulièrement, y compris pour les céréaliers,
02:01également, comme vous. Au final, qui devra s'aligner sur qui ?
02:05Je pense qu'il y a un juste milieu dans tout ça, c'est que nous, on est dans l'extrême,
02:10déjà, dans le plus blanc que blanc, et puis, il y a d'autres pays,
02:15vous en avez cité, il y a aussi le Mercosur, tous les pays du Mercosur,
02:18qui utilisent des produits qui sont interdits chez nous depuis longtemps,
02:21et puis, nous, on ne peut pas les utiliser, donc, il y a un juste milieu.
02:24Et puis, il ne faut surtout pas, il faut arrêter d'opposer l'agriculture,
02:28telle qu'on l'a fait aujourd'hui, à l'environnement, à l'écologie,
02:31mais l'écologie dans le bon sens du terme, pas l'écologie politique,
02:34parce qu'aujourd'hui, c'est un petit peu ce qui nous perturbe, c'est ça,
02:38c'est l'écologie politique, alors que l'écologie tout court,
02:41eh bien, on la fait tous les jours dans nos fermes.
02:43Vous la pratiquez, évidemment, c'est votre cœur de métier.
02:46Et on a tous compris, évidemment, qu'il fallait protéger l'environnement.
02:49Donc, il y a beaucoup de normes qui se mettent là-dessus,
02:52l'histoire des haies, c'est catastrophique.
02:53Ah oui, on vous a expliqué comment couper vos haies.
02:55Oui, oui, puis alors, parfois, c'est le bon sens, on en coupe 2 mètres,
02:59parce qu'il y a des broussailles qui poussent, et ainsi de suite,
03:02donc, il faut le faire, sauf que là, jusque-là, c'était pénalement attaquable.
03:06Alors, dans la loi, ça ne devient plus pénal, donc ça, c'est un point important.
03:09Mais vous vous rendez compte, ce qu'on est obligé de traiter comme sujet,
03:12que ce soit pénal pour 2 mètres de haies.
03:15Même les contrôleurs deviennent fous, parce que c'est compliqué.
03:19Oui, parce que le contrôle du contrôle, à un moment donné, c'est très compliqué.
03:22Donc, il y a de l'inertie, tout ça.
03:24On peut avoir de la bonne volonté, mais on voit qu'il y a de l'inertie pour que tout avance.
03:28Et le problème, c'est que dans nos fermes, on manque de revenus.
03:30Moi, j'ai plein de voisins qui me disent, mais je ne joins pas les deux bouts.
03:33C'est comme c'est parler France, on ne joint pas les deux bouts.
03:35Donc, il y a le revenu et il y a les charges.
03:37Et bien, le revenu ne couvre pas les charges, tout simplement, aujourd'hui.
03:40Et c'est compliqué, d'autant que vous le disiez, les écoles agricoles sont pleines,
03:43mais encore faut-il vouloir où pouvoir s'installer.
03:45Et c'est là, évidemment, qu'il faut également intervenir.
03:48C'est urgent, là, François Arnoux ?
03:49Complètement urgent, parce qu'il y a beaucoup de personnes qui sont,
03:53la moitié de la population qui est dans mes âges, qui a plus de 55 ans.
03:57Et donc, il faut renouveler et il faut donner l'envie.
03:59Alors, c'est pour ça qu'on se veut positif dans nos communications,
04:03parce que c'est un beau métier, on a le plus beau métier.
04:05De nourrir les gens, c'est super comme métier.
04:09Et donc, il faut dire aux jeunes, venez, venez.
04:12Mais le problème, c'est qu'il y a beaucoup de travail,
04:16il faut que ces jeunes-là puissent gagner leur vie.
04:18Et c'est ce que vous allez leur dire, puisque vous retournez sur le salon,
04:21il y a 600 000 Français qui vont venir vous rendre visite,
04:23alors des tout petits, évidemment, puis également des jeunes en formation.
04:26C'est important, ce lien-là, aussi ?
04:27Oui, oui, c'est une belle occasion de dire que notre métier est très attractif.
04:30C'est pour ça qu'on communique énormément, de façon positive.
04:33Donc, avec Intercéréales, par exemple, pour parler des céréales,
04:36pour expliquer la transformation de nos produits, à quoi sert le blé pour la farine,
04:40le blé dur avec les pâtes, tout ça.
04:42Et donc, tout ça, c'est important.
04:44Et on est plusieurs, aujourd'hui, maintenant, à communiquer de façon positive,
04:48de bienveillante, parce que c'est important,
04:51et aussi transparente, parce qu'on n'a rien à cacher.
04:54On est plein de bon sens.
04:55Et parce que vos métiers sont multiples, également, effectivement.
04:57Il n'y a pas qu'une seule agriculture, elle est très variée.
05:00Je vous remercie, en tout cas, d'être passé dans les studios d'Europe 1, François Arnoux.