Agriculture française : quel sursaut possible ?
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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans les Informer de l'écho sur France Info avec le cercle des économistes.
00:14Vous le savez, chaque samedi, débat autour des sujets qui marquent l'actualité économique et sociale.
00:20Et donc aujourd'hui, bien sûr, une édition spéciale économie de l'agriculture,
00:25alors que vient de s'ouvrir Porte de Versailles à Paris le 61e salon.
00:30Nous en sommes effectivement à la 61e édition, salon international consacré à la filière.
00:36C'est parti donc pour deux semaines avec des enjeux très lourds, je le disais,
00:39à la fois sur le plan économique, social, mais aussi, on va le voir, nettement environnemental.
00:44Avec nous pour en parler, Nathalie Chusseau, économiste, professeur à l'Université de Lille,
00:49chercheur associé à la chaire Transition démographique, transition économique de la Fondation du risque.
00:54Bonjour Nathalie Chusseau.
00:55Bonjour.
00:56Patrice Geoffron est également avec nous, membre du cercle des économistes,
00:59directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières.
01:03Bonjour Patrice Geoffron.
01:04Alors avant de commencer le débat, faisons un petit tour, un petit détour,
01:08par le salon de l'agriculture Porte de Versailles, où vous vous trouvez,
01:11pour France Info, Paul Barcelone, du service politique.
01:15On vient d'entendre, Paul, le président de la République s'exprimer devant les journalistes.
01:20Maintenant, il va arpenter, déambuler au sein des allées du salon.
01:26Absolument, Emmanuel Macron qui vient, à l'instant où vous me rejoignez,
01:30de couper le ruban bleu blanc rouge, signe d'inauguration et de lancement aussi de ce salon de l'agriculture.
01:37Le président a pris un petit peu de retard, puisqu'il a reçu à huis clos pour débuter cette journée
01:42les syndicats agricoles et leurs représentants, la FNSEA, les jeunes agriculteurs,
01:46la Confédération paysanne et puis la coordination rurale.
01:49En fin de programme, avant, vous l'avez entendu, de s'exprimer devant les journalistes,
01:54appelant au calme, c'était son premier message, au calme et au dialogue respectueux.
01:59Pourquoi ? Parce que le chef de l'État a évidemment encore en tête ses images chaotiques et houleuses,
02:06l'accueil qui lui avait été réservé l'année dernière avec ses agriculteurs,
02:11qui, très tôt le matin d'ailleurs, avait forcé le dispositif de sécurité, le dispositif policier.
02:17Ça, c'était pour le premier message du chef de l'État il y a quelques instants.
02:21Et puis l'autre message, ça a été ce message de soutien envoyé aux agriculteurs
02:26en pleine négociation sur le traité Mercosur.
02:29Nos agriculteurs ne peuvent pas être, dit le chef de l'État, la variable d'ajustement
02:34du pouvoir d'achat et des accords commerciaux.
02:37Pour ce message très politique, encore une fois ce matin, d'Emmanuel Macron,
02:41qui donc déambule, vous le disiez désormais, dans les allées ici,
02:46à commencer par un arrêt auprès de Houppette.
02:50C'est la vache égérie dont on va beaucoup entendre parler dans ces prochains jours, six ans.
02:55C'est une vache de race limousine.
02:57Emmanuel Macron, ça y est, est parti pour probablement plusieurs heures de déambulation.
03:01Eh bien, vous dites bien le bonjour, Paul Barcelone, à Houppette, de notre part.
03:04Je n'y manquerai pas, de votre part, oui, je n'y manquerai pas.
03:06Et vous revenez, bien sûr, vers nous, autant que de besoin, d'ici la fin des informés,
03:10à 10 heures, s'il se passe quelque chose, car il se passe toujours quelque chose,
03:14au salon de l'agriculture.
03:16Alors, la loi d'orientation agricole a donc été, effectivement,
03:20adoptée définitivement au Parlement cette semaine.
03:22Le texte est présenté, on va dire, comme une réponse à la grogne du secteur.
03:26Mais répond-il réellement aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux ?
03:30Eh bien, non, disent les principaux représentants syndicaux.
03:34Les problèmes ne sont pas derrière nous, estime par exemple le président de la FNSEA,
03:38qui est le premier syndicat d'agriculteurs en France,
03:42notamment sur les questions européennes et internationales,
03:46Arnaud Rousseau, invité de la matinale de France Info, hier matin.
03:50Aujourd'hui, la question européenne est centrale,
03:54parce que nous considérons, nous, que l'Europe, aujourd'hui, est une passoire
03:56qui fait preuve de naïveté, d'ailleurs.
03:58Les derniers événements...
04:00Oui, bien sûr, on importe énormément en Europe de produits qui ne correspondent pas à nos standards.
04:04Et donc, continuer à échanger, c'est évidemment important,
04:08mais faire en sorte que l'Europe perde sa naïveté,
04:10et qu'on puisse avoir une vision européenne dans un contexte géopolitique
04:12où M. Trump nous menace de taxes,
04:14où la Chine pèse lourd face à la production de cognac d'Armagnac,
04:18où l'Ukraine et la Russie continuent à peser lourd.
04:22Pour nous, ça, c'est essentiel.
04:24Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau,
04:26qui était l'invité de France Info, hier matin.
04:28Alors, on va revenir, évidemment, sur la dimension internationale très importante.
04:32On vient de parler des accords du Mercosur.
04:34Il y a d'autres accords multilatéraux qui pèsent sur l'ambiance.
04:38Et, en tout cas, à entendre les uns et les autres, je vous pose la question à tous les deux,
04:42que ce soit les responsables syndicaux ou les agriculteurs,
04:44on a vraiment l'impression que l'agriculture, aujourd'hui, est un peu dans une impasse.
04:48Quel est votre regard d'économiste, Nathalie Chussot ?
04:51Alors, l'agriculture, ça ne veut pas dire grand-chose,
04:54parce qu'on a différents modèles.
04:56Il y a des agricultures françaises.
04:58Il y a des agricultures françaises.
05:00Et, à minima, on a deux modèles assez opposés.
05:03On a un modèle qui est plutôt productiviste,
05:07avec une agriculture intensive et qui est exportatrice.
05:12Et puis, de l'autre côté, on a des plus petites exploitations,
05:17souvent très endettées,
05:19et qui entraînent des difficultés de revenus pour les agriculteurs.
05:25On y reviendra peut-être,
05:27mais on a à peu près presque 50% des ménages agricoles
05:31qui vivent sous le seuil de pauvreté,
05:34donc avec une vraie difficulté à vivre de sa production et de son travail,
05:40pour une raison qu'a évoquée le Président de la République,
05:43à savoir que, dans un certain nombre de cas,
05:45ils sont obligés de vendre à perte.
05:47Patrice Geoffron, le modèle économique tel qu'il existe aujourd'hui de l'agriculture française,
05:52est-ce que ce modèle économique est désormais périmé ?
05:54Est-ce qu'il faut tourner la page ?
05:56En tout cas, à partir du moment où le Salon de l'Agriculture,
05:58qui doit être le grand moment de retrouvailles
06:00pour exposer l'expertise française,
06:03chaque année devient systématiquement un moment de tension.
06:07Je pense qu'on a là un marqueur fort, en tout cas.
06:10On parle de permaculture,
06:12et il y a là peut-être une permacrise agricole.
06:15Il faut bien avoir à l'esprit que c'est un secteur
06:17qui s'est extraordinairement transformé en 61 ans,
06:20depuis, vous l'évoquiez Emmanuel,
06:22nous sommes à la 101ème édition du Salon de l'Agriculture.
06:26Dans les années 60, un sociologue, Henri Mandras,
06:29parlait de la fin des paysans.
06:31Et la fin des paysans, c'est la fin de la petite exploitation agricole,
06:35avec une polyactivité telle qu'elle prévalait à l'après-guerre.
06:38Et donc, on a une transformation extraordinaire
06:40qui a fait chuter drastiquement le prix de la calorie.
06:44Le poids de l'alimentation a baissé extraordinairement
06:47dans le budget des ménages.
06:50Il s'est substitué celui des télécommunications sur longue période.
06:55Quand vous dites que la petite ferme est condamnée aujourd'hui,
06:58on ne va pas vraiment dans le sens de ce que l'on entend
07:00auprès des ONG ou des organisations environnementales
07:03qui disent qu'il ne faut pas aller vers l'intensif.
07:06Je ne dis pas qu'elle est condamnée.
07:08Nathalie le disait, elle a cité de fait l'essentiel.
07:10On a une tension, une fragilisation de son modèle économique.
07:14Et on se retrouve finalement à la croisée des chemins
07:16où on a rémunéré jusqu'alors et subventionné,
07:18notamment au travers de la PAC massivement,
07:21l'agriculture européenne de telle manière à garantir
07:24notre autonomie alimentaire, premièrement,
07:27et à en faire un produit d'exportation assez significatif
07:30et notamment pour la France,
07:32à une situation dans laquelle aujourd'hui il va falloir rémunérer
07:35notamment ce qu'on appelle des systèmes écosystémiques,
07:39des services écosystémiques,
07:41la capacité à capter du carbone, à préserver la biodiversité,
07:44ce qui n'apparaît pas de manière massive,
07:46notamment dans la loi que vous avez évoquée Emmanuel.
07:48Alors, on va y revenir dans un instant.
07:50Nathalie Chussot, sur ce point, vous êtes en accord
07:52avec ce que dit Patrice Geoffron ?
07:54Absolument.
07:56Effectivement, on a eu un modèle
07:58avec des subventions de la politique agricole commune
08:00plutôt pour avoir un modèle
08:04plutôt exportateur et intensif.
08:07Et là, on est dans la transition.
08:10Il va falloir que le modèle...
08:12D'ailleurs, le Président de la République a déclaré tout à l'heure
08:14qu'il faut assumer, évidemment, de produire
08:17et surtout que la France continue de chercher
08:20une minorité de blocage au niveau international.
08:23Et surtout, je cherche la phrase,
08:26concernant les agriculteurs,
08:29ils ne peuvent pas être la variable d'ajustement du pouvoir d'achat.
08:33Ça, c'est une déclaration forte
08:35parce que là, il replace les agriculteurs au sein du débat.
08:38Oui, mais là, il y a un vrai problème de revenus, je le disais.
08:42Et y compris dans la succession, dans la transmission du métier.
08:46C'est-à-dire que la première chose à voir,
08:48c'est qu'on ne peut pas avoir envie d'être agriculteur
08:51et reprendre une exploitation
08:54si on n'a pas une certaine garantie sur le revenu.
08:56Donc ça, c'est un vrai sujet.
08:58Ne pas pouvoir produire et vendre à perte
09:01avec tout ce que ça peut impliquer.
09:04Je vous propose de poursuivre ce débat
09:06des informés de l'Eco sur France Info
09:08après le Fil Info de Thomas Géronteau.
09:11Un ancien surveillant de Notre-Dame-de-Bétarame
09:13mis en examen et placé en détention provisoire
09:16pour viol aggravé et agression sexuelle aggravée.
09:18C'est la première mise en examen
09:20dans le dossier des violences physiques et sexuelles
09:22au sein de l'établissement catholique du Béarn.
09:24Les deux autres hommes placés en garde à vue ont été relâchés.
09:27Les faits sont prescrits.
09:29En Nouvelle-Calédonie, les premiers pas de Manuel Valls
09:31chahutés, hués par plusieurs centaines de loyalistes.
09:34Il reproche aux ministres des Outre-mer
09:36d'avoir rappelé les termes des accords de Nouméa.
09:38Il prévoit d'aller vers une souveraineté
09:40pleine et entière de la Nouvelle-Calédonie.
09:42Manuel Valls doit rester une semaine
09:44dans le territoire ultramarin encore marqué
09:46par les émeutes de l'an dernier.
09:48Le début du salon de l'agriculture à Paris.
09:50Emmanuel Macron l'a officiellement inauguré
09:52il y a quelques instants.
09:53Il a rappelé ce matin que la France cherche
09:55à empêcher la signature de l'accord de libre-échange
09:57entre l'Union européenne et les pays du Mercosur.
10:00Accord dénoncé par les agriculteurs.
10:02Il craigne aussi les menaces de taxes
10:04brandies par Donald Trump.
10:06Et puis la suite de la 24e journée de Ligue 1.
10:08Saint-Etienne aux portes de la zone de relégation
10:10accueille Angers. Lille affronte Monaco.
10:12Marseille se déplace à Auxerre.
10:14Hier soir, les Rennes ont battu Reims.
10:16Un but à zéro.
10:20France Info
10:24Les informés de l'Eco
10:26Emmanuel Cuny
10:30Les informés de l'Eco. Retour sur le plateau.
10:32Édition spéciale évidemment.
10:34Salon 2. L'agriculture avec nos deux invités.
10:37Nathalie Chussot, économiste, professeur
10:39à l'Université de Lille.
10:41Chercheur associé à la chaire Transition démographique
10:43Transition économique de la Fondation du risque.
10:45Et puis avec nous également Patrice Joffron.
10:47Membre du Cercle des économistes.
10:49Directeur du Centre de géopolitique
10:51de l'énergie et des matières premières.
10:53Alors on a vu le constat.
10:55Le Président de la République effectivement
10:57a, je dirais, campé le décor
10:59de ce salon. 61e du nom.
11:01Salon international de l'agriculture.
11:03Il y a le constat et puis bien sûr et surtout
11:05le plus important, les solutions, les propositions
11:07et les suggestions.
11:09Même les responsables syndicaux de la branche le disent.
11:11Il faut réinventer
11:13le modèle agricole tricolore.
11:15Qu'est-ce qu'on met concrètement derrière
11:17les mots ? On a parlé social,
11:19économie, environnement aussi, l'énergie.
11:21C'est votre partie. La transition énergétique
11:23pour les agriculteurs aujourd'hui, c'est un point
11:25je ne vais pas dire un point noir, mais un point très important.
11:27Oui, c'est un secteur qui est
11:29extraordinairement bousculé.
11:31D'une part, qu'il a été en 2022
11:33par la crise énergétique.
11:35C'est un intrant qui est assez
11:37important dans différents types
11:39d'activités, mais également pour les engrais.
11:41Derrière les engrais, assez massivement, on a du gaz.
11:43Et donc, il y a eu un choc là
11:45très sensible. Mais le problème
11:47c'est que l'année
11:492023, l'année 2024 en particulier
11:51ont également été bousculés
11:53pour d'autres motifs. L'année 2024,
11:55dans les statistiques françaises, aussi
11:57loin qu'on se souvienne, est celle qui a
11:59été la plus pluvieuse.
12:01Et donc, avec évidemment une perturbation
12:03de nombreuses activités
12:05dans ce domaine, mais pas uniformément
12:07sur le territoire. Si vous regardez
12:09l'activité dans le Roussillon,
12:11on a une partie, notamment
12:13les Pyrénées
12:15orientales, qui sont en voie
12:17de désertification. Le terme n'est pas
12:19excessif. Donc ça fait, ça illustre
12:21une série des défis auxquels sont
12:23confrontés le monde
12:25de l'agriculture. Dans un contexte
12:27international, on l'a évoqué à demi-mot
12:29tout à l'heure, dans lequel des
12:31menaces se décident, à l'exportation
12:33notamment.
12:35Et puis, il y a la qualité des produits
12:37et puis il y a les produits
12:39phytosanitaires que l'on met pour
12:41protéger les cultures,
12:43des insectes, des différents
12:45problèmes environnementaux.
12:47Le président de la FNSVA,
12:49Arnaud Rousseau, dit à propos
12:51de ces produits, pas d'interdiction, sans
12:53solution. C'est-à-dire que toutes les portes
12:55sont ouvertes. Oui, c'est la logique de
12:57la loi qui vient d'être adoptée. Alors cette
12:59loi, elle pourrait s'entendre à la condition que
13:01dans le même temps, il y ait une augmentation
13:03massive, ce qui n'est pas le cas, du budget de la recherche
13:05dans le domaine. Le budget de l'INRAE, qui est l'institut national
13:07en charge de
13:09de la recherche fondamentale et
13:11appliquée dans ces domaines,
13:13me semble-t-il n'a pas bénéficié d'une augmentation.
13:15Donc moi, il me semble qu'on est là
13:17dans un entre-deux, dans lequel on envoie
13:19un signal qui est un signal d'apaisement au monde
13:21agricole, et ça peut paraître souhaitable, mais sur
13:23le plan phytosanitaire, tout ça n'a de sens que si
13:25on progresse très rapidement sur les solutions.
13:27Nathalie Chussot, rapidement sur ce point.
13:29Je partage totalement de l'innovation, de la recherche
13:31dans le domaine, et ça me permet de faire la transition
13:33ce que disait Patrick, avec
13:35la question de la souveraineté alimentaire.
13:37Parce qu'il faut savoir quand même
13:39que, par exemple, on importe plus de 50%
13:41des fruits et légumes.
13:43On importe... 50% de la volaille
13:45consommée est importée, et donc
13:47ça peut poser des problèmes, les dérèglements climatiques.
13:49Parce que s'il y a de la sécheresse
13:51en Andalousie, ou des problèmes
13:53au Maroc, à un moment on ne pourra plus
13:55importer. Donc la question de la souveraineté
13:57alimentaire, c'est aussi un des sujets
13:59majeurs pour le nouveau
14:01modèle agricole à développer.
14:03Autre enjeu majeur pour l'agriculture française
14:05aujourd'hui, c'est la pyramide des âges, un coup du
14:07renouvellement des générations. L'agriculture française
14:09va perdre, on le sait, pratiquement
14:11la moitié de ses forces vives au cours des
14:13dix prochaines années. La population vieillit,
14:15les jeunes, certains y vont, ils ont envie,
14:17par conviction, mais d'autres disent, bon bah non,
14:19ce sont ces conditions-là aujourd'hui.
14:21On n'y va pas, en fait, pour attirer les talents, il faut offrir
14:23des perspectives. Quelles sont ces
14:25perspectives, Nathalie Chussot ?
14:27Pour un jeune qui veut s'installer au Grenoble.
14:29Je parlais du revenu,
14:31c'est un des vrais sujets, mais je trouve
14:33que la loi, la nouvelle
14:35loi d'orientation agricole a quand même ceci
14:37de bon, justement de
14:39s'intéresser à cette question-là, et de
14:41mettre en relation des agriculteurs
14:43qui vont laisser leur exploitation
14:45avec des jeunes à travers
14:47une espèce de maison des services agricoles.
14:49Et ça, c'est important, parce qu'on constate
14:51qu'il y a des jeunes qui sont intéressés
14:53et qui sont motivés, et qui ont
14:55les nouvelles technologies, qui ont les nouveaux outils
14:57et qui sont à la fois très créatifs.
14:59Mais il ne faut pas qu'ils s'attendent à travailler 35 heures
15:01par semaine, parce qu'un agriculteur, une agricultrice
15:03aujourd'hui, ce sont 50 voire 60
15:05heures par semaine, Patrice Geoffroy.
15:07Oui, je pense qu'aucun jeune agriculteur
15:09ne se projette dans une vie dans laquelle
15:11il s'agirait de travailler 35 heures.
15:13Je pense qu'il y a une culture du secteur
15:15qui est, de ce point de vue, clairement établie.
15:17Moi, il me semble qu'il y a un enjeu
15:19qui est celui de la concurrence qui va s'établir
15:21entre différentes filières. Il y a beaucoup de
15:23domaines dans l'industrie qui vont,
15:25si on prend par exemple
15:27le domaine du nucléaire, EDF nous dit
15:29qu'il nous faut 100 000 salariés experts
15:31dans les dix prochaines années.
15:33Et donc, cette concurrence, on va la retrouver
15:35dans beaucoup de domaines d'activité,
15:37et ça va peser également sur l'attractivité
15:39du secteur agricole. Alors, si on veut
15:41essayer de regarder les choses sous un angle
15:43positif, donc il y a des besoins de formation
15:45parce que le métier est en train de se transformer
15:47très profondément, il y aura également de nouvelles sources
15:49de revenus. La production de gaz vert,
15:51par exemple, de biométhane, qui est en fort développement
15:53en France et qui est un substitut très
15:55concrètement du gaz qu'on importait
15:57jusqu'alors de la Russie et qu'on importe
15:59malheureusement des Etats-Unis,
16:01ou la production d'électricité,
16:03c'est la question de l'agrivoltaïsme.
16:05Donc, on va vers des métiers qui sont des métiers
16:07foncièrement différents. Vous évoquiez tout à l'heure, tous les deux,
16:09le contexte international, bien sûr,
16:11avec l'arrivée de Trump, les droits de douane,
16:13le Mercosur, les négociations
16:15commerciales entre l'Europe et l'Amérique latine.
16:17Comment rendre concrètement, ce sera la
16:19dernière question, comment rendre notre
16:21agriculture plus compétitive
16:23dans ce contexte économique international
16:25exacerbé ? Nathalie Chussot.
16:27Est-ce que c'est vraiment le sujet de la rendre plus compétitive ?
16:29Parce que, peut-être qu'on a
16:31déjà, on exporte, on est dans un certain
16:33domaine. Alors, évidemment, les droits de douane, par exemple,
16:35sur les spiritueux, etc., et le vin, ça ne va pas
16:37nous arranger. Mais sur le
16:39reste, peut-être que, justement, il faut qu'on développe
16:41une agriculture plus
16:43petite, plus
16:45diversifiée, et que,
16:47et avec la souveraineté alimentaire,
16:49plus locale. Et donc, on n'est plus
16:51du tout dans ce modèle-là. Bon, que vous soyez
16:53entendu, en tout cas, Patrice Geoffron.
16:55Oui, mais me constate, il y a deux objectifs qui
16:57ne sont pas forcément compatibles entre eux.
16:59La compétitivité, notamment à l'export,
17:01et c'est important pour une partie
17:03prédominante de l'agriculture française, mais
17:05où la soutenabilité, l'ancrage dans les
17:07territoires, et la souveraineté
17:09alimentaire. Bon, c'est une vision un peu floue, mais
17:11en tout cas, ça permet de poser les
17:13termes du débat. Merci à tous les deux.
17:15Nathalie Chussot, pour l'Université de Lille,
17:17économiste. Patrice Geoffron, du Cercle
17:19des économistes et de l'Université Paris-Dauphine.
17:21Merci à vous toutes et tous de
17:23nous avoir suivis. Bien sûr,
17:25les informés de l'écho reviennent
17:27samedi prochain sur France Info.
17:29Mais l'info revient
17:31tout de suite.
17:33...
17:35...
17:37France Info Météo, avec Vérissime.