• il y a 4 jours
Associations et start-up ont beaucoup à s'apporter mutuellement : c’est la conviction de Raise Sherpa, fonds de dotation qui accompagne les entreprises dans le développement de leur engagement environnemental et social. L’une de ses ambitions principales : mettre en lien le monde associatif avec celui de la tech pour les aider à se développer.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Le débat de Smart Impact. Je vous présente mes invités tout de suite. Anne-Sophie Gervais, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue. Vous êtes la co-directrice de Reis Sherpa. David Robert, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Co-directeur de Jacqueuil. Quelques mots de présentation. Reis Sherpa, c'est le fonds de dotation du groupe Reis, c'est ça ?
00:21Exactement. Donc on est la partie philanthropique d'un groupe d'investissement. Donc Reis, c'est un groupe d'investissement qui
00:27reverse 50 % de son carré d'intérêt reste à une fondation qui s'appelle Reis Sherpa. Et donc, depuis 10 ans, on accompagne des projets
00:35à fort impact environnemental et social.
00:37Et donc, ça vous donne quel levier, quelle amplitude, quel budget ?
00:42Alors on a 60 millions de budget au global. Et aujourd'hui, on a accompagné plus de 200 startups à travers du financement et de l'accompagnement.
00:51Et on va en parler aujourd'hui aussi 9 associations depuis un an, dont Jacqueuil.
00:56Oui. On va raconter pourquoi vous avez créé cette branche, on va dire, Reis Sherpa, association Jacqueuil. C'est donc une association.
01:05Je veux bien que vous nous la présentiez, David Robert. Une émanation de Synga, c'est ça ?
01:09Exactement. Un programme de ce qu'on appelle de l'hébergement citoyen, qui a été mis sous le feu des projecteurs, notamment à l'occasion de la crise ukrainienne,
01:15mais qui existe depuis une dizaine d'années. Et le principe, c'est de permettre à des citoyens qui veulent ouvrir leurs portes d'accueillir dans les bonnes conditions
01:22des personnes réfugiées. Voilà. Pour, évidemment, créer du lien social, de la compréhension, progresser plus vite, accéder plus vite à un emploi, à un logement.
01:29Voilà. Utiliser aussi le réseau social des accueillants et la connaissance des codes socioculturels des accueillants pour permettre à ces gens une meilleure inclusion dans la société.
01:37Qui existe depuis combien de temps ? Ça fait 10 ans, tout juste. 10 ans, tout juste. Et donc, vous lancez, Anne-Sophie Gervais, Rescherpa Association.
01:45De quoi il s'agit et quel est le principe ? Le principe, c'est un accompagnement, je pense, sur une durée assez longue. C'est ce que j'ai compris.
01:50Exactement. Alors pour revenir à la jeunesse du projet, notre fond de dotation à Rescherpa, il accompagne depuis 10 ans des start-up dans leur changement d'échelle.
01:59Et donc, on a créé autour de ces start-up un réseau de mentors, d'opérateurs qui les accompagnent au quotidien. Et en fait, un jour, on s'est dit
02:07« Pourquoi ne pas mettre tout ce qu'on avait créé pour les start-up au profit du monde associatif et justement financer à travers du don pluriannuel
02:15et accompagner ces associations dans leur changement d'échelle ? » Avec en fait une volonté au global de financer l'innovation sociale environnementale,
02:22qu'elle soit dans des start-up ou dans des associations comme j'accueille. Et de mettre aussi en contact les unes et les autres, c'est-à-dire les start-up,
02:29les entreprises de la tech et les associations. Nous, notre mission chez Rescherpa, c'est vraiment de créer des ponts entre des écosystèmes qui se parlent trop peu selon nous
02:37et qui ont beaucoup à s'apporter. Donc d'abord, la finance et la philanthropie. Donc c'est le modèle même de la création de Rescherpa.
02:43Ensuite, le monde des start-up et le monde des grandes entreprises parce qu'elles ont beaucoup aussi à s'apporter mutuellement. Et aujourd'hui, créer des passerelles
02:49entre le monde de la tech et le monde associatif en se disant que chacun a à s'apporter mutuellement, que ce soit sur des enjeux de digitalisation pour des associations,
02:58mais aussi pour des start-up de la tech, justement, d'aller plus loin dans leur engagement.
03:03Oui. Et alors justement, on va rentrer dans le concret. Que vous apporte ce type de collaboration, de synergie pour j'accueille ?
03:11Beaucoup de choses. C'est une évidence de commencer par ça. Peut-être un point de contexte d'abord. Notre métier à nous, c'est de créer du lien social.
03:19C'est de faire en sorte qu'en rencontrant des gens qu'on n'aurait pas l'occasion de rencontrer dans sa vie de tous les jours, donc des vieux quand on est jeune,
03:26des noirs quand on est blanc, des musulmans quand on est chrétien, etc., on fasse démocratie ensemble. Et ça, c'est important.
03:31Et aujourd'hui, le temps dévoué à la création du lien social, il est quand même de plus en plus passé sur des petits écrans et un petit peu moins à se rencontrer.
03:39Et nous, on vit et on peut faire notre métier parce qu'on a des milliers de bénévoles, d'accueillants partout en France.
03:44Ces gens-là, aujourd'hui, le seul moyen qu'on a de les toucher concrètement avec ce qui est devenu le quotidien en 2025, c'est de passer par le digital.
03:51Historiquement, le digital demande pour les entreprises des investissements massifs avec des moyens que les associations n'ont pas.
03:58Et donc, pour nous, la première chose que ça nous apporte, c'est de rencontrer, de comprendre le monde de la tech, en gros, de façon à nous donner des moyens
04:06qui ne soient pas anecdotiques par rapport à nos besoins. Si on veut recruter des milliers de personnes, des milliers d'accueillants, il faut qu'on sache
04:13ce qu'est une politique d'acquisition sur les réseaux sociaux. Si on veut, je dirais, faire des formations, des sensibilisations à très grande échelle,
04:21il faut qu'on soit capable de diffuser des vidéos, des contenus à grande échelle et de bonne qualité. Et pour ça, historiquement, le monde des associations
04:27est très peu doté. Et donc, on est mis en relation avec des professionnels qui vont nous donner du temps, des compétences et parfois des moyens.
04:33Et donc là, concrètement, c'est avec une start-up, c'est avec des différents professionnels qui travaillent dans différentes entreprises ?
04:39En fait, il y a différents types. Il y a déjà un accompagnement stratégique. Donc Anne-Sophie nous met en lien avec des gens qui ont fondé
04:46des grandes entreprises de la tech et qui ont envie d'apporter leurs compétences, leur vision sur le développement des outils digitaux au service de l'intérêt général.
04:53Donc là, j'ai une forme de mentorat avec le fondateur de Mano à Mano, par exemple. Et puis ensuite, on est mis en lien avec beaucoup de techniciens
05:01qui sont des gens qui peuvent donner un jour, dix jours, vingt jours de leur temps de travail pour nous aider à développer, en l'occurrence, une plateforme d'open data,
05:09un outil d'intelligence artificielle pour mieux comprendre les dynamiques sociales d'un territoire et mieux travailler.
05:14C'est du mécénat d'entreprise aussi, de la part de ces entreprises de la tech qui participent au programme ?
05:20Demain, ça peut l'être. En fait, nous, il faut nous voir comme un peu ce tiers de confiance qui connecte, en fait, parce qu'aujourd'hui, le problème,
05:29c'est qu'on a fait une étude, notamment avec OpinionWay, qui montre que 13% des start-ups ne vont pas à la rencontre des associations.
05:35Manque de temps, manque de connaissances sur ce monde-là. Donc en fait, c'est un peu connecter ces deux mondes en fonction des besoins, comme disait David,
05:43sur des sujets de digitalisation, de compréhension, de modèles un peu tech, et connecter en fait ces différentes parties-là.
05:51Mais si on se met du côté des entreprises de la tech, qu'est-ce que ça leur apporte ? Moi, j'ai ma petite idée, mais je veux bien vous entendre là-dessus.
05:58— Alors après, moi, j'ai du mal à me mettre à leur place, mais je pense qu'aujourd'hui, il y a un vrai sujet d'engagement aussi de la part du monde de la tech,
06:07et de se dire... Notamment, je pense que c'est pas un sujet de communication, c'est vraiment un sujet d'engagement de collaborateurs.
06:13Et on pourra en parler tout à l'heure, parce que Jacqueu est rentré dans un programme qui s'appelle Data for Good et qui est fabuleux aussi.
06:18Mais c'est de se dire en fait je donne aussi du sens à mes collaborateurs qui travaillent dans l'IT, qui travaillent dans le marketing,
06:25pour mettre à profit leurs compétences au profit d'associations. C'est un peu en fait aller plus loin que... J'ai pas vraiment de sens dans ma vie,
06:34donc je vais donner un peu de temps à une association en allant faire une maraude. Je schématise. Là, c'est de se dire mais en fait je suis...
06:38C'est un professionnel du marketing digital. Eh ben en fait, mon temps, je peux le donner à Jacqueu, et ça va leur servir à recruter de nouvelles familles
06:46qui vont du coup accueillir de nouveaux réfugiés et créer ce fameux lien, en fait. C'est vraiment ça qu'on essaye de réconcilier.
06:55Vous parlez de quoi ? C'est une sorte de potentiel de développement à faire éclore ? C'est un peu ça l'idée ?
07:02Exactement. Après, il y a deux sujets. Nous, ce qu'on vient faire, et on l'a toujours fait, c'est un peu la veine sur philanthropie, c'est qu'on finance.
07:08Parce qu'on n'en a pas parlé, mais Jacqueu, tu pourras le dire, David, a développé une plateforme qui aujourd'hui a besoin aussi de voir comment elle peut être
07:18mise dans les mains des bonnes personnes au bon moment pour prouver son full potentiel. Mais ça, c'est... L'innovation dans une startup, c'est aussi financé comme ça.
07:26C'est ce qu'on appelle le product market fit qu'on connaît tous, et de se dire quelle est l'adéquation entre mon produit et l'utilisateur final.
07:33Eh ben ça, ça demande du temps, ça demande du financement. Et donc nous, on vient aussi financer.
07:38C'est là que vous intervenez.
07:39Sur trois ans, on a financé. Nous, on fait du don non fléché, c'est-à-dire qu'on ne flèche pas, on ne dit pas mon argent, tu dois l'utiliser pour faire ceci ou cela.
07:46On fait des dons entre 30 et 40 000 euros sur trois ans. Donc ça fait des enveloppes entre 90 et 120 000 euros. Donc ça, c'est la première brique.
07:53Financement, ça, on la coupe à de l'accompagnement, c'est-à-dire au quotidien, on se parle de quoi tu as besoin, qui je pourrais te connecter. Et c'est vraiment ça qui crée de la valeur.
08:02Faut imaginer que ce financement, c'est un peu plus qu'un équivalent temps plein d'un développeur à plein temps.
08:08Vous n'auriez pas pu vous le payer ?
08:10Mais jamais. Evidemment que non. C'est quelque chose, c'est très complexe à développer. Pour des bonnes raisons. Quand on finance une association, quand un mécène ou quand l'État, la puissance publique,
08:20donc notre argent, l'argent des contribuables, finance une association, l'idée, c'est de se dire qu'il faut qu'on finance son cœur de métier, ce qui est essentiel.
08:26On a un devoir de sobriété, un devoir d'utilisation modérée de l'argent public. Et donc, évidemment, si on veut développer des innovations, on est plutôt dans une logique d'investissement
08:35que dans une logique de mécénat. Et donc, on dit, si on veut dire que l'intelligence artificielle, ce n'est pas seulement pour acheter plus vite depuis son canapé des produits polluants,
08:43mais c'est aussi pour aider un monde un peu plus juste, il faut investir dans l'intelligence artificielle. Ça coûte une fortune. Et en temps humain, en compétences humaines et en matériel.
08:52Et donc, ça, on ne pourrait jamais se le payer si on n'avait pas un autre type de financement qui est plutôt un financement pour l'innovation sociale et pas un financement pour le courant.
09:00Est-ce que vous en voyez déjà les effets ou est-ce que c'est trop tôt pour faire un bilan ?
09:03C'est un peu tôt. Les effets qu'on voit, c'est que c'est tellement difficile de financer l'innovation dans le monde de l'intérêt général que le simple fait de recevoir des financements
09:12qui nous permettent de développer des produits un peu originaux, ça nous donne un peu plus de visibilité. Témoins de notre présence sur ce plateau aujourd'hui. Donc, ça, c'est un premier effet.
09:21Donc, d'une certaine façon, c'est aussi une forme d'appel à dire financer l'innovation sociale. Les 90% de mes coûts sont des salariés qui reçoivent des personnes en grande vulnérabilité
09:32et qui essayent de trouver des solutions. C'est un travail de personne à personne, un travail de terrain qui n'a rien à voir avec les écrans. Mais si je n'ai pas ce 10% qui nous permet de toucher davantage de bénévoles,
09:42de toucher davantage de personnes, de professionnels, de faire comprendre notre travail, on n'a plus d'essence dans le réservoir d'une certaine façon. Nous, sans bénévoles, on ne peut rien faire.
09:49Et aujourd'hui, ces bénévoles, on les recrute par ce biais.
09:51Comment vous choisissez, Anne-Sophie Gervais, les associations accompagnées ? Puisqu'il n'y en a pas tant que ça. C'est neuf, c'est ça ?
09:58On a neuf à date et c'est six par an.
10:01D'accord. Donc un appel à candidature, c'est ça ?
10:03On a deux appels à projet, mais ce n'est pas vraiment ça parce qu'on ne communique pas forcément sur ces appels à projet.
10:11Mais en fait, on a deux sessions par an. On a deux thèmes, la protection de l'environnement et l'inclusion sociale. Ça regroupe quand même beaucoup de sujets.
10:18Et nous, ce qu'on va choisir, c'est vraiment des associations avec un angle innovant ou en tout cas la façon dont est gérée l'association innovante et qui ont un vrai potentiel de changement d'échelle.
10:27On en parlait tout à l'heure, mais c'est vraiment faire le parallèle entre ce qu'on faisait sur les startups, sur les associations et aider vraiment pendant cette phase critique qui est le changement d'échelle.
10:36Et typiquement, sur j'accueille, financer une plateforme qui, demain, peut vraiment donner une autre dimension.
10:43Enfin, tu vas peut-être dire ce que fait cette plateforme parce que c'est vraiment passionnant. Une autre dimension à l'association, pour nous, c'est fondamental.
10:49Et c'est là qu'on aura réussi finalement. Et après, c'est bien sûr créer un peu des liens avec tout l'écosystème.
10:55Comprendre qui finance quelle association à quel moment et prendre le relais.
10:59Parce qu'aujourd'hui, le financement des associations, c'est un énorme enjeu.
11:03Le fundraising, les assos, ils passent entre 10 et 40 % de son temps à chaque fois.
11:07Je sors ce chiffre, mais c'est plus de ton temps. Et comment, nous, on vient justement agréger plusieurs financeurs et aider des associations à passer plus de temps sur leur mission que sur la recherche de financement ?
11:20— Allez, on conclut là-dessus. Moins d'une minute. Cette plateforme, justement, qu'est-ce qu'elle change ?
11:25— Moins d'une minute. Cette plateforme, dans l'absolu, elle change tout, on espère. Aujourd'hui, la question de la caisse des réfugiés, elle est extrêmement politique.
11:35Elle est complexe. Elle est instrumentalisée systématiquement. Nous, on essaie de se dire... D'un côté, il y a des emplois en tension.
11:42Il y a des gens qui ont besoin d'abrocher qui n'y arrivent pas. Il y a des classes qui ferment, des services publics qui ferment dans les campagnes.
11:49Et puis il y a des logements vacants partout. Et le gros problème, c'est d'inventer une mobilité qui soit bénéfique à tout le monde.
11:55Et au lieu de se dire on va se répartir la charge des personnes réfugiées, où on se tire une balle dans le pied parce qu'on supposerait que ces gens-là ne sont bons qu'à être des charges,
12:02on se dit comment on va faire de l'accueil une richesse pour tout le monde. Et donc on utilise en gros, en un mot, l'intelligence artificielle pour faire correspondre les endroits
12:10où on a des emplois en tension, des logements vacants, des écoles qui vont fermer pour des problèmes d'effectifs. Et on essaye de dresser un tableau prospectif de qui a le plus intérêt d'accueillir à court terme
12:20dans les meilleures conditions pour que ça se passe bien pour tout le monde. Parce qu'accueillir trois familles dans un village, ça ne peut que faire du bien si c'est encadré intelligemment.
12:27Voilà en gros comment on utilise dans l'absolu les ressources de l'avenir ou même du présent aujourd'hui pour dessiner une politique publique un peu plus intelligente.
12:35Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change. On passe à notre rubrique Prêt pour l'impact tout de suite.

Recommandations