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La mère de Yannis, disparu en 1989, se confie : "L'affaire Émile m'a fait replonger dans ma propre histoire"

Évidemment, ça lui est toujours douloureux d'en parler. Mais pour Pascaline Moré, la maman du petit Yannis (3 ans), volatilisé sans plus laisser de traces le 2 mai 1989 à Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence) où la famille vivait alors, c'est une façon de maintenir son fils en vie. Pour qu'on ne l'oublie pas.

Alors, cette dame, âgée aujourd'hui de 73 ans, a accepté de recevoir La Provence, chez elle, dans le Vaucluse, ce mardi 18 février. Elle a fait part de sa souffrance et de ses espoirs, ainsi que des similitudes avec l'affaire du petit Émile. Elle a également raconté l'essentiel d'une vie marquée par le mystère éprouvant et lancinant qui entoure la disparition de son enfant, dernier de la fratrie. Un absent tellement présent.

Quelle est votre intime conviction concernant les conditions de la disparition de votre fils ?
Le fait que ses vêtements, ses chaussures, sa médaille et sa chaîne aient été retrouvés, seize mois plus tard, à l'endroit même de sa disparition, comme s'ils avaient été préalablement déposés dans ce secteur, a confirmé, pour moi, mais aussi pour les enquêteurs, la piste d'un kidnapping. Jusqu'alors, on avait pu imaginer que Yannis soit parti et se soit perdu, avant de se blesser mortellement sur un terrain assez escarpé.

Un enlèvement peut-il vous faire penser que votre fils est peut-être encore en vie, aujourd'hui ?
Dès la disparition, faute de preuves concrètes et définitives, on n'a pas pu accepter le fait que Yannis soit mort. Parmi les pistes étudiées au début de l'enquête, il y a eu celle de parents en mal d'enfant partis à l'étranger. Il y a des jours où je pense que Yannis est vivant quelque part. D'autres jours, je n'y crois plus.

Comment vit-on pendant près de trente-six ans sans savoir ?
J'ai 73 ans, mais d'une certaine manière, ma vie s'est en partie arrêtée à mes 36 ans. La disparition de Yannis a été une cassure. Une fracture qui est restée ouverte. Une blessure qui ne s'est jamais guérie. C'est impossible de vivre normalement. Mon devoir, c'est de tenir le plus longtemps possible. Pour Yannis. Et pour toute ma famille. Heureusement, j'ai d'autres enfants. Au cours des années qui ont suivi la disparition de Yannis, ils étaient jeunes. Ça m'a alors permis de tenir. Maintenant, c'est beaucoup plus difficile, parce que mes enfants ont leur vie de parents. Notre famille a été extrêmement éprouvée et je ne peux pas toujours parler de la disparition de Yannis. Enfin, moi, je le pense, parce que aucun de mes enfants me dit de ne pas en parler. Mais je respecte leur vie. Ils sont installés dans la région. Je les vois très régulièrement. On a même réussi à passer Noël dernier, tous ensemble, chez moi. En tout, on était quatorze.
Grâce aux nouvelles technologies, qui n'existaient pas au moment des faits, deux ADN masculins ont pu être détectés sur les vêtements, il y a trois ans, sans que les expertises.

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Transcription
00:00Toute sa vie, elle aura été vraiment accrochée à cet espoir,
00:03savoir où est Yannis, qu'est-il arrivé à Yannis
00:06et est-ce que Yannis est encore vivant aujourd'hui.
00:15Nous avons donc travaillé sur cette affaire Yannis,
00:18cet enfant de 3 ans qui avait disparu à Ghanagobi,
00:22un petit village des Alpes de Haute-Provence,
00:24le 2 mai 1989.
00:26Ghanagobi qui est situé à 60 km du Haut-Vernay,
00:30dans la commune du Vernay,
00:31toujours dans le département des Alpes de Haute-Provence,
00:33là même où le petit Émile avait disparu le 8 juillet 2023.
00:37Deux affaires assez similaires
00:39qui nous ont donc incité à aller rencontrer
00:42Pascaline Moret, la maman de Yannis
00:44qui vit actuellement en Vaucluse.
00:46Elle nous a reçus cette semaine,
00:47elle s'est confiée évidemment sur cette affaire.
00:50Elle n'était pas trop inquiète à s'exprimer,
00:51mais elle l'a fait, comme elle nous l'a dit,
00:55pour maintenir Yannis en vie.
00:56Pour elle, c'est important de ne pas l'oublier.
01:04Nous sommes le 2 mai 1989.
01:07Yannis, 3 ans, est avec ses 3 frères aînés,
01:10âgés de 9, 7 et 5 ans.
01:12Tous les 4 ont l'autorisation de leur maman
01:14d'aller bâtir une cabane non loin de la maison familiale,
01:18on va dire une dizaine de mètres de la maison.
01:20Les 3 aînés reviennent à la maison chercher des outils.
01:24Yannis, où est-il ?
01:25Lui, en revanche, a disparu complètement.
01:27Il ne donne plus aucune trace de vie depuis ce jour-là.
01:37L'affaire a connu un virage curieux, troublant,
01:41j'irais même, 16 mois plus tard,
01:43toujours à Ghana Gobi, sur les lieux de la disparition.
01:46Les vêtements, dont un blouson avec l'étiquette
01:49découpée soigneusement avec un cutter,
01:52les chaussures disposées l'une contre l'autre,
01:55la médaille et la chaîne enroulées à une branche d'un arbre,
02:00ont été retrouvées, ont été découvertes par un chasseur.
02:02Vraiment une scène troublante, mystérieuse,
02:05qui entretient justement le mystère autour de l'affaire Yannis,
02:08qui peut, comme pour reprendre les propos de Mme Morey,
02:11qui, elle, privilégie la thèse d'un kidnapping, d'un enlèvement.
02:15Je lui ai posé carrément la question,
02:16est-ce que vous pensez que votre fils est encore vivant aujourd'hui ?
02:19Justement, elle, elle n'écarte pas cette thèse,
02:22elle n'écarte pas cette hypothèse d'un enlèvement
02:26par des parents à mal d'enfants qui seraient partis à l'étranger.
02:28Et peut-être qu'aujourd'hui, Yannis vit à des centaines de kilomètres
02:33de son foyer familial.
02:35Alors, peut-être qu'elle aussi, qu'elle s'exprime de la sorte
02:37pour, encore une fois, pour maintenir son enfant en vie.
02:41Elle s'accroche à ça, elle s'accroche à cet espoir.
02:43En fin de compte, c'est une dame qui est accrochée à l'espoir.
02:50C'est une dame très forte, en apparence.
02:53Évidemment, qui est meurtrie à l'intérieur.
02:57Il y a presque 36 ans maintenant qu'elle attend des nouvelles de son fils.
03:02Elle me parlait de souffrance.
03:03L'attente peut être aussi une souffrance, une douleur qui est invisible,
03:06mais qui est vraiment en elle.
03:07Comme elle me disait, j'aimerais savoir avant de mourir.
03:11Les derniers éléments en date revendent à trois ans maintenant.
03:15Si à l'époque, en 1989, les techniques pour prélever les ADN
03:19n'étaient pas forcément efficaces et pointues,
03:23aujourd'hui, en revanche, des ADN ont pu être prélevés
03:27sur les vêtements du petit Yannis.
03:29Notamment, deux traces d'ADN masculins,
03:31dont une qui a pu mener, quand Yannis est né,
03:35qui a mené à un individu.
03:37Sauf que cet ADN était incomplet.
03:40A 85%, il était incomplet.
03:42Donc, on n'a pas pu confondre le suspect ciblé à ce moment-là.
03:46L'enquête se poursuit.
03:47Le dossier est toujours ouvert.
03:49Des inspections sont menées de manière assez ponctuelle
03:53sur les lieux de la disparition.
03:55Mme Moré, Pascaline Moré, qui est la propriétaire de l'ADN,
03:58qui est la propriétaire de l'ADN,
04:01est toujours dans l'attente aujourd'hui,
04:03près de 36 ans après la disparition de Yannis.

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