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Court métrageTranscription
00:00Le film sort en 2006, réalisé par Laurent Tuel, il part d'un principe simple, et si Johnny n'avait jamais existé.
00:06On suit Fabrice dans le film, gros fan du chanteur, qui vit une vie plus que moyenne, cadre d'une entreprise ennuyeuse,
00:12une famille qui ne comprend pas sa passion, et donc un homme qui n'a que pour seul refuge les chansons de son idole, Johnny Hallyday.
00:18Un soir, alors qu'il a bu un coup de trop, il se met à crier le répertoire du chanteur sous la fenêtre de son voisin,
00:23qui n'a pas d'autre choix que de lui en coller une pour le faire taire.
00:26Le lendemain, Fabrice se réveille de son chaos et s'aperçoit très vite qu'il est dans un monde parallèle, où Johnny Hallyday n'existe pas.
00:32Désemparé, il décide de partir à la recherche de son idole en prenant comme base son vrai nom, Jean-Philippe Smet.
00:38Il finit par le retrouver, ce dernier étant devenu patron d'un bowling, et va le convaincre de commencer sa carrière de chanteur à plus de 60 ans.
00:44Voilà en gros le résumé de Jean-Philippe, et c'est une idée brillante,
00:48car elle est le moteur de plusieurs péripéties qui rendent le film incroyablement amusant, qu'on soit fan du chanteur ou non.
00:53Le fait que Johnny soit passé à côté de son destin et que personne ne le connaisse est quelque chose d'assez impensable.
00:58Et c'est là où, pour la première fois, il a l'occasion de jouer son propre rôle sans véritablement le jouer,
01:02puisqu'il joue un Johnny qui n'est pas vraiment Johnny, mais Jean-Philippe, un patron de bowling de quartier.
01:07Ici, on traite le sujet avec un ressort comique et une touche de science-fiction,
01:10où on est dans un univers parallèle où Fabrice, ayant pris des cours de théâtre étant jeune,
01:14a dû s'arrêter pour s'occuper de sa famille et ne deviendra jamais le Fabrice Lucchini qu'on connaît,
01:19où Benoît Poulvoorde est véritablement un des sosies de Claude François, avant que Fabrice ne lui conseille de devenir acteur,
01:24et où Chris Summers est la plus grande star de la chanson en France.
01:28Et c'est à travers le personnage de Chris Summers, véritable parodie de Johnny Hallyday,
01:32que ce dernier nous prouve qu'il est conscient de l'image qu'il renvoie,
01:35celui d'un chanteur un peu bof que le grand public prend un peu pour un demeuré.
01:38Ce qui est dommage, car quand on se concentre sur sa vie,
01:41on se rend compte qu'elle est faite de bien plus de subtilités qu'on ne pourrait le croire,
01:44et que l'artiste est brillant par bien des aspects.
01:46Le problème c'est que tu me fascines, si je peux me permettre,
01:50parce que je suis hanté par le mystère que j'ai essayé de percer pendant des nuits et des nuits,
01:56à essayer de savoir ta structure psychique.
02:00Car ta structure psychique est totalement mystérieuse, singulière, poétique.
02:06Tu es quelqu'un qui revisite les évidences.
02:09Je ne me retrouve jamais dans les caricatures qu'on a fait de toi,
02:14d'abord tu ne dis jamais à que, tu es simplement un phrasé.
02:17Et moi, ce qui me plaît, c'est ce phrasé.
02:20Tu es une énigme énorme, et comme tu as un instinct affectueux et abondant,
02:25et que tu as une tragédie interne, parce que tu sais ce qu'est l'abandon,
02:29parce que tu sais ce qu'est l'existence,
02:31parce que tu sais que tu n'es pas une star riche,
02:33mais que tu es un être humain qui connaît exactement son métier,
02:36par sa passion, par son génie, parce que tu as de l'instinct,
02:39parce que tu es une grande intelligence, et que tu observes tout.
02:42Malgré ça, il alimentera souvent cette image qu'on a de lui, notamment au cinéma.
02:46Dans Rock'n Roll, de Guillaume Canet en 2017,
02:48il fait une apparition hilarante où sa femme Laetitia l'interdit de fumer,
02:52où il veut allumer le feu parce qu'il fait froid,
02:54et où le moindre prétexte est bon pour chanter devant ses invités.
02:57Ca caille, non ?
02:59J'ai allumé le feu.
03:00Bref, Johnny Hallyday, l'acteur, savait faire preuve d'autodérision.
03:03Avec Jean-Philippe, il prend du recul sur son statut d'icône.
03:06Etant plus balin qu'il n'y paraît, le film fait l'analyse de ce qu'est être fan,
03:09et de l'importance primordiale de ces derniers auprès d'une idole
03:12qui ne le devient qu'à travers celles et ceux qui l'idolâtrent.
03:15En plus, la réalisation suit le propos.
03:17La caméra est rarement fixe, offrant parfois de belles choses,
03:20et le concert final n'est pas en reste pour s'il y a de galvaniser le spectateur.
03:23Une belle comédie à la gloire d'un grand,
03:25qui pourtant a toujours su garder les pieds sur terre.