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00:00Bonjour Jordane Bardella. Bonjour madame Mabrouk, merci pour votre invitation.
00:04Et bienvenue à vous à la grande interview sur CNews Européen.
00:06Vous êtes le président du Rassemblement National,
00:09alors que le Premier ministre a donc enclenché 2 49.3 dans la même journée hier.
00:13Le parti socialiste, Jordane Bardella, a donc décidé de ne pas voter la censure du gouvernement sur le budget,
00:19assurant ainsi la survie de François Bayrou.
00:21Et ce matin, votre parole est attendue, la vôtre évidemment, et celle de Marine Le Pen.
00:26Vers quoi vous vous orientez ?
00:29D'abord ce budget, c'est un budget qui est extrêmement mauvais.
00:33C'est un budget qui est mauvais pour la nation, pour le pouvoir d'achat de nos compatriotes,
00:39et évidemment pour l'activité économique du pays.
00:41C'est un budget qui acte un déficit à 5,4% du PIB,
00:45et qui maintient des prélèvements obligatoires parmi les plus élevés de l'ensemble des économies développées.
00:52Donc ce budget, nous l'avons combattu, nous sommes dans l'opposition,
00:56et nous sommes par définition opposés au budget qui a été présenté par le gouvernement de François Bayrou.
01:02Maintenant, nous avons arraché des victoires qui sont incontestables depuis plusieurs semaines.
01:07Grâce au Rassemblement national, il n'y aura pas de déremboursement de médicaments.
01:12L'électricité, au 1er janvier, a baissé de 15% pour 24 millions de ménages en France.
01:18C'est grâce au Rassemblement national, et les pensions de retraite ont été réindexées au 1er janvier.
01:23Nous ne sommes pas au pouvoir, nous sommes dans l'opposition,
01:27et c'est la première fois que, dans ce contexte un peu particulier que nous connaissons depuis l'été,
01:32notre mouvement réussit à obtenir des victoires extrêmement concrètes pour les Français.
01:35Victoire et concessions arrachées, dites-vous.
01:37Oui, c'est des concessions arrachées,
01:39même si évidemment nous sommes encore une fois très critiques de ce budget,
01:42parce qu'il ne s'attaque pas au gaspillage d'argent public,
01:45et alors qu'on demande toujours plus d'efforts à nos compatriotes,
01:48on ne fait pas les efforts nécessaires pour réduire la mauvaise dépense publique et réduire le déficit.
01:52Nous nous réunirons demain à l'occasion d'une réunion de groupe avec Marine Le Pen et l'ensemble de nos députés
01:58pour décider du vote du Rassemblement national sur la censure.
02:02Si on est tout à fait honnête, ce matin, mathématiquement,
02:05le gouvernement ne peut pas tomber dans tous les cas,
02:07puisque le Parti socialiste ne se joindra pas au vote de la censure.
02:10La question qu'il faut se poser au fond, c'est est-ce qu'au moment où nous nous parlons,
02:14dans la période actuelle, les Français tireraient bénéfice d'une nouvelle censure ?
02:20Donc la question, Jordan de Bardella, ce matin, vous la formule ainsi, vous allez nous donner la réponse.
02:24Est-ce qu'il vaut mieux un mauvais budget que pas de budget du tout pour le pays ?
02:28C'est le dilemme devant lequel l'ensemble des partis politiques sont aujourd'hui confrontés.
02:32Est-ce qu'il vaut mieux un mauvais budget ou est-ce qu'il vaut mieux pas de budget du tout ?
02:35Et votre réponse ?
02:36Nous trancherons demain matin, je crois, et c'est ma conviction, qu'il faut éviter l'incertitude,
02:42parce que je sais qu'il y a beaucoup de chefs d'entreprise, beaucoup de nos compatriotes,
02:45nos agriculteurs qui, alors que l'année 2025 est engagée, sont extrêmement inquiets d'une instabilité
02:51qui pourrait s'installer dans la durée.
02:53Il faut bien que les Français qui nous regardent ce matin comprennent que c'est une équation impossible.
02:57On l'a compris, mais éviter l'incertitude, c'est-à-dire ne pas voter la censure pour vous.
03:01On en discutera encore une fois, la décision sera prise demain matin.
03:04Moi, je pense que dans la période dans laquelle nous sommes,
03:08les Français, au moment où on se parle, ça peut changer demain, ça n'était pas le cas hier,
03:13ne tireraient pas profit d'une nouvelle forme d'instabilité
03:18qui pourrait avoir des conséquences plus lourdes pour l'économie que lors de la précédente censure au mois de décembre.
03:23Ce qui compte pour nous et ce qui compte pour moi, c'est de pouvoir regarder les Français dans les yeux
03:28en leur disant que, dans le contexte très difficile sur le plan institutionnel et politique que nous vivons depuis cet été,
03:34qui est du fait, encore une fois, des accords de second tour qui ont été passés entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon
03:39et qui ont privé le pays d'une stabilité pendant au moins un an,
03:42date à laquelle nous pourrions organiser de nouvelles élections législatives.
03:45Notre volonté, c'est d'arracher des victoires et d'arracher des concessions.
03:49Et c'est historique aujourd'hui.
03:51L'électricité qui baisse de 15% pour 24 millions de ménages, c'est évidemment une première.
03:57Vous dites regarder les Français dans les yeux, vous avez l'occasion d'en regarder en tous les cas plusieurs milliers ce matin
04:03et ceux qui vous écoutent sur Europe 1.
04:05C'est-à-dire que vous vous dirigez très clairement, on vous entend ce matin, vers une non-censure.
04:08Comment vous allez expliquer, malgré tout, que vous préférez un mauvais budget,
04:12dont vous venez de dénoncer quand même des travers et pas n'importe lesquels,
04:15plutôt que pas de budget et une instabilité ?
04:17Pourquoi il vaut mieux avoir un mauvais budget qu'une instabilité ?
04:22Pour une raison très simple, c'est que je pense qu'en démocratie, il y a toujours deux écueils à éviter.
04:29C'est celui de l'immobilisme et de l'incertitude.
04:32Je veux dire, les choix qui ont été faits par Emmanuel Macron lors du second tour des élections législatives
04:37ont créé une forme d'incertitude pour des millions de Français,
04:40que ce soit pour des chefs d'entreprise, que ce soit pour nos agriculteurs,
04:43que ce soit pour les Français qui peinent aujourd'hui à avoir une lisibilité sur l'action politique.
04:48Il se trouve qu'il n'est pas possible d'organiser de nouvelles élections législatives avant cet été
04:53et que si le gouvernement devait tomber, il peut tomber.
04:57Il peut tomber demain, il peut tomber après-demain, il peut tomber dans une semaine,
04:59sur un autre sujet que le budget.
05:01En tous les cas, mathématiquement, aujourd'hui, les socialistes ne se joignant pas à la motion de censure,
05:06le gouvernement ne peut pas tomber.
05:07Juste, il faut bien comprendre que la censure...
05:09Et pourquoi vous avez voté la censure la fois dernière, provoquant l'incertitude,
05:12et cette fois-ci, vous ne voulez pas la voter pour les mêmes effets ?
05:15Nous étions au mois de décembre.
05:17Nous sommes aujourd'hui au mois de février, l'année est déjà engagée,
05:22au mois de décembre, le budget qui avait été présenté par Michel Barnier
05:26était un budget encore plus dangereux pour nos compatriotes,
05:30pour la croissance économique, pour nos entreprises,
05:33puisqu'il prévoyait notamment d'alourdir de 40 milliards d'euros les prélèvements obligatoires.
05:37Et encore une fois, je veux dire, moi, je ne suis pas dans la majorité,
05:41nous avons le premier groupe à l'Assemblée nationale,
05:44nous sommes le premier parti d'opposition, le premier parti de France,
05:47nous avons une responsabilité à l'égard des Français,
05:49mais nous ne sommes pas au pouvoir.
05:50La censure, encore une fois, ce n'est pas un jeu.
05:52La censure, c'est un outil institutionnel,
05:54c'est l'arme nucléaire, sur le plan institutionnel,
05:56qui doit être utilisée pour protéger le pays.
05:58Donc, c'est un choix de responsabilité que vous faites ?
06:01Oui, c'est un choix de responsabilité.
06:03Encore une fois, la décision sera définitivement actée demain.
06:06Mais la question qui me taraude, c'est, encore une fois,
06:11est-ce qu'au moment où on se parle,
06:13les Français, les entreprises françaises,
06:15tireraient bénéfice d'un nouveau report d'une discussion budgétaire dans trois mois ?
06:19Maintenant, encore une fois, ce budget, moi, j'y suis résolument opposé.
06:22Je combats ce budget parce que je pense que c'est un mauvais budget,
06:25qui, encore une fois, demande des efforts toujours au même,
06:28et ne fait pas les bonnes économies.
06:29Maintenant, il faut un budget, il faut bien un budget.
06:31Mais expliquez-nous, est-ce que ce matin,
06:33votre choix de non-censure, comme celui de Marine Le Pen,
06:35est un choix de responsabilité, de raison ?
06:37Vous êtes un peu, si je peux reprendre cette comparaison,
06:39des parents responsables,
06:41par rapport à certaines personnalités dans votre parti.
06:43Je pense à Jean-Philippe Tanguy, qui est quand même le monsieur budget,
06:45à Laurent Jacobelli, hier encore sur Europe 1,
06:48qui disent qu'il faut aller vers cette censure.
06:50D'ailleurs, M. Tanguy a voté contre le texte en CMP.
06:53Vous êtes divisé dans votre parti ?
06:56Non, on n'est pas divisé.
06:57Pour le moins, il y a différentes lignes.
06:58Les lignes, elles sont fixées demain en réunion de groupe.
07:02Il est normal que dans un grand mouvement politique,
07:04qui compte plusieurs dizaines de parlementaires français-européens,
07:08le premier groupe à l'Assemblée nationale,
07:09il puisse y avoir des débats sur un sujet, encore une fois,
07:12qui n'est pas simple à trancher.
07:14Moi, je veux rendre hommage, évidemment, au travail de nos députés,
07:16notamment de Jean-Philippe Tanguy,
07:17qui n'ont pas compté leurs heures ces derniers jours,
07:19notamment devant la commission mixte paritaire,
07:21précisément pour défendre le pouvoir d'achat de nos compatriotes,
07:24pour défendre un système social qui soit un système social juste,
07:27et pour aller faire la chasse aux mauvaises dépenses de l'État.
07:29Ce qui me gêne dans ce budget auquel je suis évidemment résolument opposé,
07:34parce que ce qui détermine en réalité le fait que vous soyez dans la majorité
07:37et dans l'opposition dans la vie démocratique,
07:39c'est le vote ou non d'un budget qui traduit en réalité une politique.
07:43Bon, quand on demande des efforts, toujours même,
07:45mais qu'on ne fait pas d'économie sur l'immigration, sur la fraude,
07:49sur la dépense publique, sur les dizaines d'agences
07:52qui sont aujourd'hui subventionnées par l'État
07:54et qui représentent 70 à 80 milliards d'euros,
07:57dont l'utilité est parfois plus que discutable.
08:00Quand on ne remet pas en cause la contribution de la France
08:02au budget de l'Union Européenne, quand l'Allemagne et les Pays-Bas
08:05ont réussi à obtenir des rabais, les Français se disent
08:08que c'est un peu toujours sur nous que les efforts pèsent.
08:11Maintenant, encore une fois, nous ne sommes pas au pouvoir,
08:14nous sommes dans l'opposition, nous préparons l'alternance,
08:16et il est évident que la trajectoire de déraison budgétaire
08:20sur laquelle Emmanuel Macron a plongé le pays
08:22a fait aujourd'hui beaucoup de partis politiques
08:24face à des choix difficiles, et c'est sûr, face à leurs responsabilités.
08:26Donc moi, je ne mens pas aux Français.
08:28Si nous avons censuré au mois de décembre, c'est pour les protéger.
08:31Est-ce que le débat se repose dans les mêmes termes
08:33deux mois après, alors que l'année a commencé ?
08:36C'est un débat qui n'est pas évident à trancher,
08:38mais il faut trancher, et je prends mes responsabilités.
08:40Tout à fait, vous dites premier opposant,
08:42mais la question se posera au sortir de cet épisode.
08:44Quoi qu'on pense de la France insoumise,
08:46le groupe apparaît comme cohérent,
08:48et dans son opposition frontale et systématique,
08:51en votant la censure, ce ne sera pas votre cas.
08:53Est-ce qu'aujourd'hui, ne pas voter la censure
08:56et donc adouber le budget,
08:58c'est aussi finalement participer à sauver le soldat M. Bayrou ?
09:02Madame, je n'adouberai pas le budget.
09:05Je suis opposé au budget.
09:06Je pense qu'il faut distinguer,
09:08et il faut bien que les Français qui nous regardent comprennent
09:11qu'on peut parfaitement distinguer le budget,
09:14la critique politique qu'on peut faire d'un budget,
09:16et le fait de renverser la table
09:18et de faire tomber le gouvernement,
09:20et de reporter la trajectoire budgétaire de la France
09:23alors que l'année a déjà commencé, dans quelques mois.
09:26Encore une fois, ce sont les questions qu'on va se poser dans quelques semaines.
09:29Maintenant, je reste un adversaire résolu de la politique de François Bayrou.
09:33Pourquoi ? Parce qu'elle est la même que celle d'Emmanuel Macron.
09:35Et vous le respectez ? Il y a une forme d'entente et de respect ?
09:38Je respecte la situation dans laquelle...
09:40Non, mais l'homme. On voit bien qu'il y a une différence avec M. Barnier.
09:43Je respecte tout le monde.
09:45Le sujet, ce n'est pas la personne ou le caractère de François Bayrou.
09:48C'est la politique qu'il met en œuvre.
09:50C'était important, M. Bardella, lors de la dernière censure.
09:53C'était l'un des éléments qui a fait plier le gouvernement.
09:57Vous estimiez, Marine Le Pen, qu'il y avait une forme de non-respect de la part du Premier ministre.
10:00Est-ce que vous vous rendez compte qu'on en est à se poser la question, ce matin ?
10:04Est-ce qu'un Premier ministre qui est responsable devant le Parlement
10:07respecte un mouvement qui, en nombre de voix,
10:09est le parti politique pour lequel les Français ont le plus voté en 2024 ?
10:12Nous avons fait 32 % aux élections européennes,
10:1511 millions de voix lors des élections législatives.
10:18Nous représentons des millions de Français chaque jour davantage.
10:20Et on est à se dire, est-ce que c'est au fond normal ou pas normal
10:23qu'un chef de gouvernement respecte tout le monde ?
10:25Moi, je vais vous dire, et c'est ça ma grande différence avec la gauche et avec l'extrême gauche,
10:28c'est que moi, je respecte tout le monde.
10:30Je respecte tous les Français, y compris les Français qui n'ont pas mes idées.
10:33Et s'agissant de la France insoumise, ils n'ont pas la même vocation que nous.
10:37Moi, demain, j'ai vocation, peut-être si les Français m'accordent de leur confiance,
10:40à être à la tête d'un gouvernement.
10:42Nous avons vocation à arriver au pouvoir, à redresser le pays.
10:44La France insoumise, elle, veut dynamiter les institutions.
10:47Ils sont contre tout par principe.
10:49C'est-à-dire qu'avant même qu'un gouvernement soit nommé,
10:51avant même d'entendre ce que quelqu'un a à dire,
10:53ils considèrent qu'il faut censurer les institutions.
10:55Et si ça ne marche pas sur le plan démocratique,
10:57il faut se donner rendez-vous dans la rue
10:59et organiser le troisième tour des élections dans la rue.
11:01Donc, encore une fois, ils veulent le désordre, je veux l'ordre.
11:04Et c'est ce qu'ils font, notre différent profonde,
11:06avec la gauche, avec M. Mélenchon et avec ses amis de la France insoumise.
11:09Vous parlez de respect, Jordan Bardella,
11:12et il y en a un, et c'est un dirigeant,
11:14qui ne respecte pas la France, ou en tous les cas ses décisions,
11:16c'est le président algérien.
11:18Il s'en prend aussi au Rassemblement national, à Marine Le Pen,
11:20qui suggérait, je le rappelle, de faire avec l'Algérie
11:22ce que Trump fait avec les migrants colombiens.
11:24Ce sont des analphabétises, dit-il.
11:26Il affirme qu'il y a aussi dans l'ADN du RN
11:28des restes de l'OAS.
11:30Et d'enchaîner avec cette question,
11:32Marine Le Pen veut-elle une nouvelle rafle du Veldiv ?
11:34Comment vous réagissez à de tels propos ?
11:36Bon, ça fait plusieurs années,
11:38voire plusieurs décennies,
11:40que l'Algérien multiplie les injures
11:42et les provocations à l'égard de la France.
11:44Régime qui, sur le plan intérieur,
11:46tire sa légitimité
11:48d'une rente mémorielle
11:50et d'une culpabilisation de la France,
11:52en essayant aussi, on le voit encore là,
11:54au travers des déclarations irresponsables
11:56du président algérien,
11:58d'utiliser les passages les plus douloureux
12:00de l'histoire de France pour essayer de semer la division
12:02sur le plan intérieur.
12:04Ces propos sont particulièrement graves,
12:06ils sont irresponsables, mais ils ne m'étonnent pas.
12:08Ça fait plusieurs décennies
12:10que l'Algérie refuse
12:12de coopérer avec la France.
12:14Il y a eu, entre 2019 et 2022,
12:16j'ai découvert ce chiffre
12:18assez effarant il y a quelques jours,
12:2059 000 ressortissants algériens
12:24qui ont été placés sous OQTF,
12:26sous obligation de quitter le territoire français.
12:28Sur ces 59 000 ressortissants algériens
12:30en France, placés sous OQTF
12:32entre 2019 et 2022,
12:34il y en a seulement 2 600
12:36qui ont été effectivement récupérés
12:38par l'Algérie. L'Algérie refuse
12:40de récupérer ces ressortissants.
12:42J'allais y venir,
12:44vous avez parfaitement raison de le mentionner,
12:46c'est factuel, elle refuse de coopérer avec la France,
12:48mettre en ferme,
12:50je dirais, sous ses geôles
12:52des écrivains algériens comme des écrivains libres,
12:54des grands penseurs comme Boalem Sensal,
12:56écrivain franco-algérien.
12:58Donc, si demain nous sommes à la tête
13:00de l'État, nous ferons exactement
13:02ce qu'a fait Trump à l'égard de la Colombie,
13:04c'est-à-dire faire respecter l'intérêt national.
13:06Et je peux vous assurer que si l'Algérie
13:08continue à multiplier les provocations
13:10et que demain nous sommes à la tête de l'État,
13:12il n'y aura plus un seul visa pour des ressortissants
13:14algériens à partir du moment où l'Algérie
13:16refuse de récupérer... Plus qu'un seul visa. Plus qu'un seul
13:18visa algérien à partir
13:20du moment où l'Algérie
13:22refuse de récupérer ses ressortissants.
13:24Je mettrai fin à l'aide
13:26au développement et aux millions d'euros
13:28qui sont dûment collectés
13:30par le travail de nos compatriotes en France
13:32qui servent à financer le régime algérien.
13:34Nous suspendrions les transferts de fonds privés.
13:36Je mettrai fin au scandale des visas
13:38pour soins, qui fait que 40% des
13:40Algériens qui demandent un visa sur le sol
13:42français sont des visas pour soins, c'est-à-dire
13:44des visas pour venir se faire soigner dans notre
13:46pays aux frais de la princesse.
13:48Nous empêcherions les dirigeants algériens
13:50de venir se faire soigner sur le sol français.
13:52Et croyez-moi qu'à partir du moment
13:54où nous ferions respecter les intérêts de la France,
13:56nous pourrions rebâtir demain
13:58une relation beaucoup plus saine,
14:00je ne mets pas dans le même sac
14:02le peuple algérien et le régime algérien,
14:04mais avec un régime algérien qui passe son temps
14:06à malmener sur le plan diplomatique
14:08et sur le plan de la morale.
14:10Notre pays Trump, avec la Colombie,
14:12en quelques heures, par la menace de droits
14:14de douane sur les exportations colombiennes
14:16aux Etats-Unis, a permis précisément
14:18à la Colombie de céder et de récupérer
14:20ses migrants illégaux.
14:22On entend votre fermeté ce matin sur CNews Europe 1.
14:24Au passage, le dirigeant algérien vous surnomme
14:26le petit jeune du RN avec une pointe
14:28prononcée de mépris.
14:30Il s'en prend également nommément
14:32à un ministre de la Nation,
14:34au ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
14:36qui est quasiment qualifié d'ennemi quand on lit cet entretien.
14:38Est-ce que vous apportez votre soutien
14:40au ministre de l'Intérieur ?
14:42Où est le président de la République ?
14:44Est-ce que vous apportez votre soutien ?
14:46C'est important quand un dirigeant étranger
14:48l'attaque.
14:50À partir du moment où un dirigeant étranger
14:52attaque un responsable politique français,
14:54même s'il n'est pas de mon parti politique,
14:56je lui apporte mon soutien.
14:58Non seulement je lui apporte mon soutien,
15:00mais j'apporte aussi mon soutien à Éric Ciotti,
15:02qui lui aussi, l'ancien patron des Républicains,
15:04qui est aujourd'hui le patron de l'UDR,
15:06allié du RN dans le cadre de la coalition électorale
15:08que nous formons,
15:10qui lui aussi, parce qu'il a eu le courage
15:12de dénoncer cette relation déséquilibrée
15:14avec l'Algérie,
15:16subit les foudres du régime algérien
15:18et de la presse algérienne.
15:20On est face à un régime qui n'est pas un régime.
15:22Où est le président de la République ?
15:24Il se foulisse quand même pour la libération
15:26d'un grand excrément français.
15:28Il ne fait rien pour moi.
15:30Je ne crois absolument pas.
15:32Et quand on voit que le président de la République
15:34s'était déplacé à Alger pendant sa campagne électorale
15:36en 2017, vous vous en souvenez,
15:38pour aller pleurer sur le lait renversé,
15:40expliquer que la colonisation
15:42avait été un crime contre l'humanité,
15:44désigner par définition comme des adversaires
15:46les dirigeants politiques français,
15:48le peuple français,
15:50les intérêts de la France,
15:52que M. Darmanin, ministre de l'Intérieur à l'époque,
15:54va fleurir la tombe du FLN
15:56et des gens qui ont organisé des attentats
15:58terroristes contre les intérêts français,
16:00contre des ressortissants français,
16:02contre des policiers français.
16:04Je ne vois pas comment est-ce que l'Algérie peut nous
16:06respecter. Donc nous avons donné
16:08à l'Algérie son indépendance. Il faut maintenant que le régime
16:10algérien nous donne la nôtre.
16:12Et si ce n'est pas le cas...
16:14Vos mots sont forts.
16:16Nous n'avons pas notre indépendance par rapport au régime algérien.
16:18C'est quoi ? C'est une forme de repentance
16:20permanente. Oui, on est otage
16:22d'une repentance, d'une rente mémorielle
16:24et d'une repentance permanente. Et pour
16:26construire sa légitimité,
16:28le régime algérien se sent obligé
16:30d'injurier la France en permanente.
16:32Si demain nous sommes à la tête de l'État,
16:34nous ne laisserions pas la France être injuriée
16:36et les Français être
16:38méprisés sans aucune réaction. Vous reconnaissez que M.
16:40Rotaillot, auquel vous apportez votre soutien quand il est
16:42ciblé par le régime algérien, tient des propos
16:44tels que les vôtres ?
16:46D'ailleurs, plus largement, vous reconnaissez...
16:48C'est-à-dire ? Il fait quoi ?
16:50Vous avez vu... C'est-à-dire, il fait quoi ? Quelles actions ?
16:52C'est-à-dire que M. Rotaillot... Déjà, à dire
16:54à l'Algérie ce qu'il pense, je trouve que c'est une différence
16:56avec le reste du gouvernement. Oui, mais les Français,
16:58ils ne se payent pas de mots, ils veulent des actes. Il n'y en a aucun ?
17:00Une circulaire pour redurcir l'immigration ?
17:02Pas du tout.
17:04Non, M. Rotaillot, il a fait une circulaire
17:06pour que les régularisations
17:08ne se fassent plus au bout de 5 ans, mais au bout de 7 ans.
17:10M. Bardella, rappelez-moi, c'est vous
17:12qui avez voté pour la loi immigration de M. Darmanin,
17:14considérée comme toute petite, et vous venez aujourd'hui dire
17:16que ce n'est pas suffisant, la circulaire de M. Rotaillot.
17:18D'abord, la loi qui avait été votée par M. Darmanin
17:20était plus dure... D'abord, moi, je suis dans l'opposition,
17:22et la loi qui avait été mise en oeuvre
17:24à l'Assemblée nationale était
17:26peut-être même plus dure que la circulaire Valls.
17:28Et nous l'avions soutenue...
17:30Non, non, la circulaire Rotaillot va plus loin, M. Bardella.
17:32Non, je parlais de la loi immigration.
17:34Et d'ailleurs, je vais vous dire... Oui, la loi immigration, elle va plus loin.
17:36Oui, attendez. Vous me parlez
17:38de la loi immigration par rapport à la circulaire Valls.
17:40Et nous l'avions votée pour un certain nombre de raisons,
17:42et notamment pour des motifs qui ont été rejetés
17:44par le Conseil constitutionnel pour des cavaliers législatifs.
17:46Mais, je veux dire, ce qu'on attend
17:48d'un ministre de l'Intérieur, c'est pas qu'il décale
17:50de 5 ans à 7 ans la possibilité
17:52d'être régularisé, parce que ça, c'est un appel d'air.
17:54À partir du moment où vous offrez la possibilité
17:56à des étrangers qui viennent dans notre pays
17:58de manière illégale, c'est-à-dire
18:00en violant l'hospitalité du peuple français,
18:02en violant la loi française,
18:04en violant les frontières de notre pays,
18:06alors c'est un appel d'air considérable.
18:08Monsieur Rotaillot est responsable d'un appel d'air ?
18:10Quand on continue
18:12à maintenir le principe de la régularisation,
18:14évidemment. Je veux dire, si demain
18:16quelqu'un se pointe dans votre domicile
18:18et que vous lui dites que vous n'avez pas
18:205 minutes pour partir, mais 7,
18:22c'est une incitation pour que d'autres
18:24viennent franchir la porte de votre domicile.
18:26Donc, il faut arrêter...
18:28Durcissement dans les conditions, quand même,
18:30d'obtention des papiers,
18:32durcissement, vous l'avez dit, rallongement du temps,
18:34tout ça, vous considérez que ça va dans le mauvais sens ?
18:36C'est quand même étrange, monsieur Bardella.
18:38Pardon, il ne faut pas
18:40durcir les conditions de régularisation.
18:42Il faut supprimer la possibilité d'être
18:44régularisé quand on est un clandestin
18:46en situation, par définition,
18:48irrégulière, quand on est une personne en situation
18:50irrégulière sur le sol français.
18:52Monsieur Rotaillot a eu des mots très durs sur l'aide médicale
18:54d'Etat, c'est-à-dire sur la gratuité des soins
18:56aux étrangers en situation irrégulière.
18:58Est-ce que ce budget remet en cause l'aide médicale d'Etat ?
19:00Non. J'ai entendu monsieur Rotaillot
19:02exprimer ses inquiétudes
19:04sur le port du voile pour
19:06les accompagnatrices scolaires. Est-ce que le port
19:08du voile pour les accompagnatrices scolaires
19:10est remis en question ? La réponse est non.
19:12J'ai entendu monsieur Rotaillot. Le fait qu'il n'a pas la majorité,
19:14vous connaissez les entraves
19:16par rapport à certains juges, par rapport aux normes,
19:18par rapport à l'Union européenne. Vous ne lui reconnaissez
19:20rien, monsieur Rotaillot ? Si, je lui reconnais
19:22la sincérité.
19:24Mais ça ne suffit pas. En politique.
19:26Et donc, compte tenu de ce contexte,
19:28monsieur Rotaillot, il est malheureusement
19:30condamné à être le ministre de la
19:32parole. Et donc, effectivement, la musique
19:34qu'il joue est très douce
19:36à mon oreille, elle est très douce aux oreilles
19:38des électeurs du Rassemblement national.
19:40Mais les électeurs du Rassemblement
19:42national, ils ont déjà entendu ça 25 fois.
19:44C'est-à-dire des gens qui viennent
19:46issus de la droite dite républicaine
19:48redire ce que dit le Front national
19:50puis le Rassemblement national depuis
19:5230 ans et faire l'exact inverse.
19:54Et si monsieur Rotaillot
19:56était cohérent, cohabitant
19:58avec des macronistes et des socialistes
20:00qui accusent tous les records en matière d'immigration,
20:02alors il démissionnerait.
20:04Monsieur Rotaillot, il fait équipe avec monsieur Darmanin
20:06qui allait fleurir la con du FLN.
20:08Vous n'allez pas voter la censure.
20:10Mais vous demandez à monsieur Rotaillot de démissionner.
20:12Mais attendez, ce n'est pas parce qu'on ne vote pas la censure sur le budget
20:14qu'on ne pourrait pas voter demain
20:16ou après-demain. Ce que je veux dire
20:18et les Français qui nous écoutent ce matin
20:20voient bien que malgré les déclarations,
20:22il ne se passe rien et il ne se passera rien
20:24parce qu'il n'y a aucune légitimité pour agir
20:26sur ce sujet que monsieur Rotaillot
20:28a isolé au sein du gouvernement et qui n'a pas la majorité parlementaire.
20:30Je veux dire, pourquoi est-ce que les Républicains,
20:32lorsque nous avons proposé l'expulsion
20:34des délinquants et criminels étrangers
20:36à la fin de l'année 2024, ont voté contre ?
20:38Pourquoi est-ce que les soutiens de monsieur Rotaillot,
20:40qui ont des mots très durs sur la politique migratoire,
20:42s'opposent à ce que nous expulsions
20:44les délinquants et criminels étrangers quand nous le proposons
20:46de manière systématique à l'Assemblée nationale ?
20:48Donc, il y a les paroles,
20:50il y a les actes.
20:52Il y a aussi des victoires. En tous les cas, la droite a l'air les voir ainsi.
20:54À Villeneuve-Saint-Georges, la mairie a échappé
20:56à l'insoumis Louis Boyard.
20:58En faveur de la droite.
21:00D'ailleurs, vous aviez milité pour un barrage
21:02par rapport à Louis Boyard.
21:04Est-ce que c'est une victoire à l'air que vous saluez ?
21:06Non, ce n'est pas une victoire
21:08à l'air que je salue.
21:10C'est toujours très difficile de tirer des enseignements
21:12sur des partiels. En tout cas, il se trouve
21:14qu'on regarde la situation locale.
21:16C'est effectivement le candidat à l'air
21:18qui était face à Louis Boyard.
21:20Et moi, j'ai pris mes responsabilités.
21:22Là aussi, en disant que je préférais voir
21:24tout autre profil élu à la tête
21:26de la municipalité de Villeneuve-Saint-Georges
21:28que Louis Boyard,
21:30qui, outre son passé de dealer,
21:32représente pour moi les pires outrances
21:34et les pires vulgarités de la vie politique,
21:36couplé à une idéologie que je juge
21:38extrêmement dangereuse pour la France,
21:40pour la République et pour ses valeurs.
21:42Je me réjouis effectivement que
21:44ce monsieur ait été défait dans les yeux
21:46en dimanche dernier.
21:48Je voulais vous faire réagir au ni-ni de Gabriel Attal,
21:50l'ancien Premier ministre qui dirige
21:52désormais le parti présidentiel.
21:54Il a changé d'avis ?
21:56C'est-à-dire ?
21:58M. Attal, qui a un petit peu disparu
22:00depuis l'été,
22:02avait appelé à voter contre les candidats
22:04du RN pour les candidats de M. Mélenchon,
22:06allant jusqu'à déclarer
22:08chez vos confrères de France Inter
22:10qu'il fallait me faire barrage
22:12et faire barrage aux électeurs du RN,
22:14quitte à utiliser des bulletins de vote
22:16de la France Insoumise.
22:18C'est un symbole de changer d'avis
22:20tous les quatre matins, mais je pense que les Français
22:22ne sont pas dupes.
22:24Il estime être libre, Gabriel Attal,
22:26en tous les cas. Il a, semble-t-il,
22:28rompu avec Emmanuel Macron, puisqu'il dit
22:30« Je me sens l'héritier de personne ».
22:32Je vous pose la question en montrant aussi
22:34le titre de votre livre que vous avez publié,
22:36qui est un véritable succès aux éditions Fayard,
22:38« Ce que je cherche ». Est-ce que vous pourriez
22:40aussi dire que vous n'êtes plus l'héritier
22:42de quelqu'un ? Vous êtes l'héritier de personne
22:44aujourd'hui.
22:46C'est un fait roi, entre guillemets,
22:48qui m'a donné l'opportunité de défendre
22:50les Français, chaque jour,
22:52dans mon combat politique.
22:54Je ne suis l'héritier de personne,
22:56mais j'ai une déférence et,
22:58évidemment, une dette certaine à l'égard
23:00de Marine Le Pen, pour qui j'ai beaucoup de respect.
23:02Je pense que c'est important en politique
23:04de ne pas oublier d'où l'on vient et qui sont les gens
23:06qui vous ont accordé leur confiance,
23:08parce que faire confiance
23:10quand on fait de la politique, ce n'est pas évident.
23:12Une dernière question personnelle.
23:14L'âge à laquelle on perd un parent,
23:16c'est toujours un deuil insurmontable et douloureux,
23:18d'autant que la tombe, la sépulture
23:20de Jean-Marie Le Pen a été dégradée.
23:22Comment va Marine Le Pen à ce sujet ?
23:24Comment vous avez appréhendé cet épisode ?
23:26Elle m'impressionne chaque jour
23:28par sa solidité.
23:30Elle est remontée
23:32à cheval dans ce qui est une étape
23:34très douloureuse, parce qu'au-delà
23:36des désaccords qu'il y a pu avoir
23:38avec Jean-Marie Le Pen sur le plan politique
23:40et qu'on a amené aussi à une rupture en 2015
23:42comme ancien président
23:44du Front National,
23:46ça reste son père.
23:48C'est vrai que le moment que j'ai pu,
23:50en partie, même si ça fait partie
23:52du deuil, de l'intimité,
23:54de la stricte intimité familiale,
23:56partager en partie à ses côtés
23:58est un moment qui est difficile.
24:00Ce qui est d'autant plus difficile,
24:02c'est de voir la virulence
24:04de certains.
24:06Je n'ose pas imaginer ce que c'est
24:08de perdre l'un de ses parents,
24:10de perdre son papa et de voir sa tombe
24:12souiller de cette manière quelques jours plus tard.
24:14Mais elle est solide et elle va bien.
24:16Merci Jordan Bardella.
24:18C'était votre grande interview, je vous dis à bientôt.

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