• le mois dernier
Un déjeuner partagé avec Anchya Bamana, députée Rassemblement National de Mayotte pour parler du manque d'eau potable à Mayotte. Un réseau qui n'arrive toujours pas à se relever après le passage du cyclone. Nous reviendrons également sur l'agriculture mahoraise balayée par Chido. Que reste t-il des plantations de bananes, de manioc, de cocotiers, des aliments de base pour la population ?

Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:19Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table,
00:22l'émission qui décrypte les assiettes de vos élus à la carte.
00:25Aujourd'hui, on vous propose un grand voyage
00:27qui va nous conduire jusque dans l'océan Indien
00:30puisque nous accueillons la députée Rassemblement national
00:33de la seconde circonscription de Mayotte, Anchia Bamana.
00:36Bonjour.
00:37Bonjour, madame.
00:38Et bonjour à vous, Jean-Pierre Montanay.
00:40Anchia Bamana, vous êtes députée depuis six mois à peine,
00:44élue après la dissolution de l'Assemblée nationale,
00:47mais votre engagement politique remonte un peu plus loin.
00:50Entre 2014 et 2020, vous êtes la maire de la commune de Sada,
00:54sur la côte ouest de Mayotte.
00:56Vous êtes membre de l'UMP, puis des Républicains.
00:59Vous siégez dans l'hémicycle sur les bancs
01:01du Rassemblement national infirmière de formation.
01:04Vous espérez pouvoir panser les plaies de votre île
01:07et ventrer par le cyclone Chido en décembre dernier.
01:10Vous travaillez à rompre l'isolement de Mayotte
01:13en commençant par faire connaître sa culture et sa gastronomie.
01:16Vous avez donc choisi un menu typique de votre île.
01:19C'est Jean-Pierre qui va nous le détailler.
01:21Un menu français so exotique.
01:23Trovia nazi, des bananes vertes cuites avec du poisson dans du lait de coco.
01:28Et pour finir, un goudou-goudou,
01:30dessert à base de farine, de lait de coco et de sucre, farine de riz.
01:34Dans le dessous des pains, nous reviendrons sur le manque d'eau potable
01:37que subit le 101e département en France.
01:40C'est un réseau qui n'arrive toujours pas à se relever
01:42après le passage du cyclone.
01:44Dans les pieds dans le plat, focus sur l'agriculture mahoraise
01:47balayée par le cyclone Chido.
01:49Que restent-ils ? Des plantations de bananes, de maniocs, de cocotiers,
01:52des aliments de base pour la population.
01:54Reportage à suivre.
01:56Voilà pour le menu.
01:57On passe à table et je vous propose de nous ouvrir l'appétit
02:00avec Cuisine et Confidence.
02:08Vous le savez aussi bien que moi, en chiab amana,
02:10lorsqu'on égraine les plats qui font la richesse et la diversité
02:13de notre cuisine française, ce sont toujours les mêmes totems
02:16qui reviennent, la blanquette de veau et son riz pilaf,
02:18le bœuf bourguignon au pâle rond, le cassoulet avec son canard confit,
02:21la bouillabaisse avec ses poissons de roche, le coq au vin, la ratatouille.
02:25J'en oublie car une émission entière ne suffirait pas pour tous les énumérer.
02:29Mais il ne viendrait à l'idée de personne de citer le Entrovianazzi.
02:33Ni Valérie, ni moi, on l'avoue, n'avions déjà entendu parler
02:38de cette recette avant ce jour historique.
02:40Et j'imagine que devant leur écran, les téléspectateurs sont aussi étonnés
02:43que nous et impatients de découvrir grâce à vous ce plat mahorais,
02:47donc français, l'une des recettes les plus populaires de Mayotte.
02:51Un plat qui met forcément à l'honneur les terroirs locaux de votre île tropicale
02:55avec du poisson, Valérie, de l'océan Indien, bien sûr,
03:00des bananes vertes, du lait de coco, culture dévastée par le cyclone Chido.
03:04Alors si vous avez choisi ce plat, c'est sans doute parce qu'il incarne
03:07toutes les souffrances endurées par Mayotte, mais aussi car c'est pour vous
03:11le plat mahorais par excellence, c'est ça ?
03:15Un des nombreux plats mahorais, parce que la cuisine mahoraise
03:22est très variée, riche, donc le choix a été fait de vous faire découvrir
03:29le Tchovianadzi, parce que moi-même, ça fait déjà six mois,
03:33depuis que je suis à Paris, que je n'en ai pas mangé.
03:36Raison pour laquelle je vous ai proposé ce plat qui est très très apprécié
03:43à Mayotte. Bientôt, dans un mois, un mois et demi, on aura le ramadan
03:49à Mayotte, donc c'est un plat qui est consommé.
03:53Pour la rupture du jeûne ?
03:55Pour la rupture du jeûne, mais très déconseillé quand on fait du régime.
04:00Comme vous le savez, le coco est très riche, très calorique,
04:05beaucoup de lipides, c'est l'infirmière qui parle.
04:09Et donc, oui, c'est un plat succulent, mais déconseillé.
04:14À manger de temps en temps. Je vous propose de le goûter, justement,
04:19et de nous dire, est-ce que vous le faites, vous, ce plat ?
04:25Evidemment, je le fais.
04:28Est-ce que ça ressemble à ce que vous avez l'habitude de faire ?
04:31Exactement, c'est très bon. Il manquerait juste un peu de manioc,
04:37parce qu'on y met aussi un peu de manioc.
04:41Le manioc, quand ça cuit, ça devient assez farineux
04:45et avec le coco, on a une harmonie du plat.
04:49Et avec le poisson, c'est pour ça que je vous ai posé la question tout à l'heure,
04:54est-ce que le poisson est cuit en même temps que la banane, le lait de coco ?
04:59Parce que c'est comme ça que se fait la vraie recette, c'est ça ?
05:02Tout doit cuire ensemble.
05:04Vous avez supervisé la cuisson. Valérie, on est vraiment authentique,
05:07tout a été cuit.
05:09Je viens de goûter, c'est vraiment très bon et c'est ce goût-là.
05:13Ça ressemble à ce que vous pouvez faire dans votre cuisine ?
05:15Evidemment. Oui, j'ai appris à cuisiner, tout simplement,
05:21parce que chez nous, traditionnellement,
05:23les mamans appellent les jeunes filles très tôt à s'occuper de la maison.
05:28Transmission.
05:29Transmission, traditionnelle.
05:31Donc oui, j'ai appris.
05:33Ma mère m'a appris, comme toutes les jeunes femmes de mon époque,
05:37parce qu'avec l'occidentalisation de Mayotte actuellement,
05:41ça commence à se perdre.
05:43Les jeunes filles sont plus sur les réseaux sociaux
05:46que l'apprentissage de la cuisine.
05:49Évidemment, en tant que députée, je n'ai pas trop le temps
05:52de faire la cuisine, notamment ce type de plat,
05:56parce que ça prend du temps.
05:58En général, nos plats traditionnels prennent beaucoup de temps,
06:02beaucoup de préparation.
06:04C'est pour ça que le résultat, au final, est succulent.
06:07Pourquoi vous ne transmettez pas aux jeunes garçons non plus ?
06:10Ils n'ont pas leur place en cuisine ou ils n'ont pas envie de faire ça ?
06:13La tradition, c'est vrai, on le fait beaucoup plus
06:16auprès des jeunes femmes, puisqu'en fait,
06:18les mamans nous apprennent à s'occuper de la famille plus tard.
06:21Une société matriarcale, évidemment.
06:25Mais effectivement, aujourd'hui, nous, on se bat
06:29pour l'égalité hommes-femmes.
06:31On se bat aussi à faire en sorte
06:33que les garçons fassent la cuisine,
06:36pour les rendre moins dépendants.
06:39Moi, j'ai un fils unique et je lui apprends
06:42à faire, effectivement, la cuisine.
06:45Et un jour, pour l'anecdote,
06:47il a vu son père faire la vaisselle
06:50et il est venu me voir au salon.
06:52Papa est devenu une fille, il est en train de faire la vaisselle.
06:56Et là, pour vous dire à quel point,
06:58dans la tête des garçons à Mayotte,
07:00c'est très enclin, il y a du travail,
07:02et c'est à nous de faire en sorte, effectivement,
07:04à ce que les jeunes garçons apprennent aussi
07:07à faire la cuisine et à promouvoir l'égalité des sexes.
07:11Quel est le poisson que l'on utilise typiquement pour ce plat ?
07:15Est-ce qu'il faut utiliser un poisson particulier ?
07:18Alors, tous les poissons sont bons
07:21pour faire le trovianadzi.
07:23Cependant, il y a deux types de poissons.
07:26Le vivano, par exemple, comme c'est un poisson à la chair mou,
07:30avant de faire le plat, de mélanger tous les ingrédients,
07:35le vivano, poisson mou, chair mou,
07:38on fait frire d'abord le poisson,
07:42pour le rendre un peu plus ferme.
07:46Et pour les poissons plus fermes,
07:49comme le thon, c'est assez ferme,
07:52on peut le bouillir, en fait, avant,
07:56ensuite, on fait le plat.
07:58Mais tous les poissons sont bons pour le trovianadzi.
08:01Il faut faire attention, ils sont coupés en tronçons,
08:04on les découpe souvent en filets,
08:06et la tradition veut qu'on coupe le poisson en entier,
08:09donc il faut faire attention, les arêtes sont là.
08:12C'était pour votre petite gorge.
08:14On peut les enlever, on peut mettre avec,
08:17mais effectivement, on peut les enlever,
08:20surtout quand on sert le plat aux enfants,
08:22on peut choisir de les enlever avant de mélanger tous les ingrédients.
08:26Est-ce que c'est un plat qui se fait aussi avec de la viande ?
08:29Ou c'est vraiment un plat que l'on cuisine avec du poisson ?
08:32De la viande, ça peut aussi se faire.
08:35C'est ce que j'avais lu aussi.
08:37En fait, on utilise que ce soit le poisson ou la viande rouge,
08:41mais c'est le même procédé,
08:43et ça donne le même nom de plat ?
08:45Oui, c'est ce qu'on l'appelle...
08:47En fait, c'est le trovianadji.
08:49Trovi, c'est le banane, nadji, c'est le coco.
08:52Donc banane et coco, peu importe ce qu'on met avec quoi.
08:55Peu importe, poisson ou viande,
08:57mais le nom du plat, c'est trovianadji.
08:59Trovi, c'est la banane, nadji, c'est le coco.
09:02Alors c'est bœuf et zébu, parfois, aussi, non ?
09:05C'est bœuf ou zébu, ou même le mouton.
09:08Mais le principe avec la viande, on fait cuire la viande à l'eau,
09:13un peu plus salée, parce que quand on fait cuire la viande
09:17avant de faire le mélange,
09:19il faut que la viande soit bien salée, bien assaisonnée.
09:22Comme ça, après, quand on mélange le tout,
09:25ça ne perd pas le goût au niveau de la viande.
09:28Il y a ceux qui aiment le poisson et ceux qui aiment la viande.
09:32Ils ont chacun leur...
09:34Est-ce qu'il y a aussi une version végétarienne, sans viande ?
09:38Ah ben, ça peut.
09:40Chez nous, on ne le fait pas.
09:42Le trovi-nadji, il y a toujours une viande dedans,
09:45ou du poisson, mais on peut parfaitement choisir
09:48de faire le trovi-nadji avec banane, manioc et le coco.
09:53Comment ça se passe ?
09:55On va parler d'un temps avant le cyclone, évidemment,
09:59mais la pêche à Mayotte, quels sont ses enjeux ?
10:03Comment elle se développe ?
10:05Est-ce que l'aquaculture qui est en train de se développer
10:08est une bonne chose, selon vous ?
10:10Alors, la pêche est encore très traditionnelle,
10:14mais il faut savoir que 30 % de ce que nous mangeons
10:18est produit à Mayotte, donc l'agriculture, de manière générale.
10:22Évidemment, très dévastée par Chido.
10:25Il y a deux semaines, j'étais à Mayotte
10:28et j'ai eu une réunion avec la coopérative des pêches,
10:32effectivement, qui nous présentait un peu
10:36la dévastation de leur métier.
10:39Il y a un enjeu majeur, notamment à travers les foins européens,
10:44pour reconstruire un peu toute l'agriculture de Mayotte.
10:48Chido a tout ravagé, que ce soit la pêche...
10:51On y reviendra plus tard.
10:53C'est un vrai enjeu de développement du territoire,
10:56notamment sur la question de l'autosuffisance alimentaire.
11:00On n'y arrivera jamais seuls à Mayotte,
11:03c'est une toute petite île, 374 kilomètres carrés,
11:07avec un enjeu démographique majeur,
11:10la question de l'immigration illégale,
11:13qui nous pose énormément de soucis localement,
11:16parce que, comme toutes les politiques publiques,
11:20elles ne suivent pas l'évolution démographique.
11:24La pêche est très impactée, effectivement.
11:29L'aquaculture est une piste.
11:32Qu'est-ce qu'il y a comme culture ?
11:34On l'a déjà expérimentée,
11:36mais j'ai cru comprendre que ces deux dernières années,
11:39la filière n'existe plus.
11:41Je le disais au ministre Valls, à Mayotte,
11:44il y a quelques semaines.
11:46Il va falloir qu'on relance l'aquaculture,
11:49parce qu'on a une problématique à Mayotte,
11:52c'est qu'on a tendance à perdre les acquis.
11:55On a l'aquaculture, à un moment donné,
11:58au lieu de résoudre la difficulté, on fait disparaître la politique.
12:02C'est un vrai souci pour la continuité des services publics à Mayotte.
12:06C'est un enjeu dont on a parlé
12:08avec le ministre des Outre-mer, monsieur Valls.
12:11On va rester dans la gastronomie.
12:13Un grand chef s'est déplacé sur votre île, c'est Thierry Marx.
12:17Il est venu soutenir les restaurateurs, les professionnels de l'hôtellerie.
12:21Qu'avez-vous pensé de cette démarche ?
12:24En tout cas, toutes les bonnes volontés qui viennent à Mayotte pour aider,
12:28nous sommes vraiment preneurs.
12:29Notamment, la restauration a pris un coup.
12:32Il n'y a rien dans les cultures, évidemment,
12:35ça prend un coup au niveau de cette filière des restaurateurs.
12:39Donc, oui, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues
12:43pour aider, notamment nos restaurateurs,
12:46à reprendre une activité qui est vraiment à terre actuellement.
12:50Je reviens, puisque vous avez parlé d'une cuisine multiculturelle,
12:54diversité, donc on a vu ce plat.
12:56Quels sont les autres plats totem phare de l'île de Mayotte
13:00que vous faites ou qu'on peut déguster sur place dans ces restaurants
13:04qui ont été partiellement détruits ou totalement détruits ?
13:07Le feliki mhogo.
13:10Feliki mhogo.
13:12Feliki, c'est la brède.
13:14Mhogo, c'est le manioc.
13:16Donc, on mange beaucoup la racine, notamment à travers le tuvia nazi,
13:20mais on mange beaucoup les feuilles
13:23avec cette recette de feliki mhogo.
13:27En fait, on pile les feuilles de coco
13:30et on les fait cuire pendant 3 à 4 heures de temps
13:33avec le lait de coco.
13:35Et c'est un plat typique.
13:37Le matitsa, j'ai entendu parler aussi. C'est quoi, ça ?
13:40Matitsa, c'est le riz blanc.
13:42C'est tout ? Tout simplement ?
13:44Parce qu'en fait, on a beaucoup de recettes
13:49au niveau des sauces
13:51et globalement, on accompagne ça avec soit de la banane verte,
13:55parce qu'on la mange en légumes,
13:58et la banane mûre, on la mange aussi en dessert, évidemment.
14:02Mais le riz, c'est un peu la pomme de terre d'ici.
14:05Le riz accompagne toutes les sauces diverses et variées.
14:09Donc, matitsa, c'est le riz blanc.
14:11Il n'est pas cuit que dans l'eau ?
14:13Il n'est pas cuit dans de l'eau de coco ou du lait de coco ?
14:16Le matitsa classique, c'est le riz cuit à l'eau.
14:19Tout simplement.
14:21Après, on peut faire du riz au coco.
14:24Après, on peut faire du riz pilaf.
14:27Après, on peut faire du pilau.
14:29C'est bon, avec des feuilles de manioc.
14:31C'est ça ? Non.
14:32Le pilau, c'est avec des épices,
14:35tomates, et avec de la viande ou du poulet.
14:39Et pour déguster tous ces bons plats,
14:42je lisais qu'il y avait une culture du pique-nique à Mayotte.
14:45Beaucoup de Mahorais et Mahoraises déjeunent,
14:47dînent sur les plages, c'est vrai ?
14:49Magnifique.
14:50C'est une tradition ?
14:51Oh là là, oui.
14:52Une vraie tradition.
14:54Un moment de détente dans les familles.
14:58Souvent, c'est les week-ends, on va à la plage.
15:01Maintenant, de plus en plus,
15:03puisque nous sommes un peu stressés.
15:05A Mayotte, c'est relaxant, c'est pas comme à Paris.
15:08Je dis tout le temps à ma collaboratrice,
15:10non, on ne court pas, on ne se met pas la pression.
15:13Parce que le métier de députée, c'est assez stressant.
15:17Mais on se donne le temps de faire les choses.
15:19A Mayotte, c'est beaucoup plus relax.
15:21Donc les week-ends, les familles vont faire effectivement
15:25le pique-nique, le fameux voulet.
15:27C'est-à-dire ?
15:28Le voulet, c'est le pique-nique.
15:30OK.
15:31Avec beaucoup de riades, voilà.
15:33Au niveau des plages ou simplement à la maison le week-end.
15:37On décide de se regrouper en famille.
15:41Et on fait le voulet, il y a tout le monde.
15:45Moi, c'est quelque chose qui m'a accompagnée
15:48toute mon enfance, notamment.
15:50Ils sont en lien avec la politique.
15:52Papa, qui était un homme politique...
15:54On va en parler plus tard.
15:56...qui était très absent à la maison.
15:59Ca lui prenait beaucoup de temps.
16:01Ca lui prenait beaucoup de temps entre Mayotte et Paris,
16:04puisqu'il était député aussi.
16:06Quand il était à la maison, les week-ends, quand il arrivait,
16:09il fallait qu'il se rattrape.
16:11Pour se rattraper, c'était tout le monde autour de lui.
16:15Et c'était lui le chef pour faire le voulet.
16:18Le chef du pique-nique.
16:20Est-ce que c'est au voulet qu'apparaissent
16:22les fameuses mamas brochettis ?
16:24Les mamas brochettis, c'est aussi des riades.
16:28Mais c'est des brochettes.
16:30Des brochettes de viande, de poulet.
16:33Les mamas brochettis, c'est une catégorie aussi
16:37de femmes qui n'ont pas toujours la chance
16:40d'avoir fait des études avec des métiers
16:43dans les administrations, mais se débrouillent
16:46en faisant des riades et en vendant les week-ends
16:50au niveau des plages pour subvenir à leurs besoins.
16:53Des femmes.
16:55Vous nous parliez aussi du sel de Brandelais.
16:58Je le dis bien, c'est comme ça qu'on dit.
17:01C'est un sel typique de Mayotte,
17:05mais qui est bon pour la santé.
17:07Les personnes qui doivent suivre des régimes sans sel
17:10peuvent le manger ?
17:12C'est un sel produit par les femmes à Brandelais.
17:15C'est quelque chose d'ancestral chez nous.
17:18Ca continue jusqu'à maintenant.
17:21C'est un art à ne pas perdre, effectivement.
17:24La commune de Brandelais fait le nécessaire
17:27pour perpétuer cette tradition.
17:30Oui, paraît-il qu'une expertise a été faite
17:33au niveau de ce sel fait traditionnellement.
17:37Il aurait des vertus antihypertenseurs.
17:42On sait que quand vous êtes hypertendus,
17:45vous ne mangez pas de sel.
17:47Il paraît que ce sel est antihypertenseur.
17:50Très bien.
17:52C'est une filière à développer.
17:55Je ne connaissais pas. C'est dingue, ce sel.
17:58On a beaucoup d'hypertendus à Mayotte
18:01qui consomment ce sel fait traditionnellement
18:04dans la commune de Brandelais.
18:06C'est tout à M. Le Maire.
18:08Vous craignez que toutes ces traditions se perdent ?
18:12Evidemment. Ca va très vite à Mayotte.
18:15La société tend à s'occidentaliser un peu.
18:18Nous sommes dans la France.
18:20Donc oui, il y a un enjeu pour garder cette richesse.
18:24Pour nous, la gastronomie mahoraise
18:27est une richesse dans la nation. Vraiment.
18:31Et il y a un enjeu dans l'écriture
18:33de toutes ces recettes
18:35et dans son apprentissage aux futures générations.
18:39C'est vraiment un enjeu
18:41pour garder cette richesse au sein de la nation.
18:44C'est pour ça que j'ai le projet de mettre en place
18:48un restaurant mahorais ici, à Paris.
18:51Le manioc avant les hamburgers.
18:54C'est un choix.
18:56C'est pour donner le choix à nos compatriotes métropolitains
19:00de venir. C'est vraiment un projet qui me tient au coeur.
19:04La semaine prochaine, j'ai un rendez-vous pour ça.
19:07Vous reviendrez nous en parler.
19:09Si on trouve en métropole les bons ingrédients,
19:12il est tout à fait possible de préparer un bon trovia nadzi.
19:17Mais d'abord, pour bien le préparer,
19:19il faut savoir plein de choses, n'est-ce pas, Jean-Pierre ?
19:22D'abord, il faut savoir que ce n'est pas facile à faire ici,
19:26dans la métropole, parce qu'il faut se procurer des bananes vertes.
19:30Ce sont des bananes qui ne sont pas mûres.
19:33Ce ne sont pas des bananes plantains.
19:35On a des grosses bananes farineuses.
19:37On peut en faire aussi.
19:39Mais là, c'est des bananes vertes.
19:41On en trouve souvent dans les petits supermarchés asiatiques ou africains,
19:45mais il faut avoir des supermarchés à côté de chez soi.
19:49Ces bananes vertes se consomment exclusivement cuites,
19:53bouillies ou frites.
19:55Vous ne pourrez pas les manger parce qu'elles sont trop vertes.
19:59Elles sont utilisées cuites dans des plats salés, voire sucrés.
20:03Deuxièmement, pour le poisson, on a déjà un peu défleuré le sujet.
20:06On n'aura pas le même choix que les Mahorais,
20:08qui ont toutes les ressources de l'océan Indien à portée de main.
20:10Mais il faut choisir plutôt un poisson à chair ferme
20:13qu'on peut faire d'abord frire ou frire complètement.
20:16Et s'il est à chair, voilà, un peu plus dur et plus ferme,
20:20qu'il se tienne ou le faire cuire au cours bouillon.
20:22Et ensuite, on mélange ces bananes.
20:24On peut aussi les faire un peu précuire à l'eau.
20:26Et ensuite, là, on mélange comme un ragout.
20:28On mélange le poisson, les bananes, le manioc,
20:32parce que souvent, il y a aussi un peu de manioc,
20:34dans une grande casserole.
20:35Et on fait cuire ça très longtemps.
20:36Ça mijote.
20:37Donc, ce n'est pas vraiment très compliqué.
20:40Et à la fin, vous avez Mayotte dans votre assiette.
20:43Ça, c'est bien bien noté.
20:45Pour accompagner ce plat,
20:46vous nous avez apporté un jus de fruits en chia bamana.
20:49C'est parfait pour toutes celles et ceux
20:51qui pratiquent le dry January après cette période de fête.
20:55Vous nous racontez un petit peu.
20:57Alors, qu'est-ce qu'il contient ?
20:59Parce qu'un jus de fruits, ça peut contenir tout et n'importe quoi.
21:02Qu'est-ce qu'on a, là, dans ce verre ?
21:04Vous n'écoutez pas parce que je le dégustais.
21:07C'est tellement bon.
21:08Tant mieux, tant mieux.
21:10Alors, qu'est-ce qu'il contient, ce jus de fruits ?
21:17Pour moi, il y a, je crois, du fruit de la passion.
21:21Je sens peut-être de la mangue.
21:24En tout cas, c'est un jus que vous avez choisi.
21:27Vous avez choisi un jus de fruits et non pas de l'alcool
21:30parce que c'est pareil, ça fait partie de la culture mahoraise
21:34de ne pas avoir d'alcool à table,
21:36des influences musulmanes, certainement.
21:39Tout à fait. 80 % de la population est musulmane.
21:42Donc, effectivement, nous buvons
21:45beaucoup de jus à base de fruits tropicaux
21:48qu'on trouve à Mayotte, les mangues.
21:51Nous avons les ananas les plus sucrées du monde,
21:55le fruit de la passion.
21:58Qu'est-ce qu'on a d'autre ? Les bananes mûres.
22:01Puisqu'on les mange en dessert, on la mixait aussi en jus.
22:06Donc, tous ces fruits tropicaux, les oranges aussi.
22:10On a aussi les meurs oranges
22:13sur l'îlot de Mzamboro, au nord de l'île,
22:16produits localement.
22:19Donc, oui, on mélange tout.
22:21On les boit aussi individuellement,
22:24des jus simples d'ananas, de mangue.
22:27On les trouve toute l'année ?
22:29C'est quoi, la saisonnalité à Mayotte ?
22:31On les trouve pas toute l'année.
22:34On a un enjeu aussi de transformation
22:37et de conservation quand la saison est passée.
22:41Par exemple, la mangue,
22:43c'est en ce moment, pendant la saison des pluies,
22:46novembre, décembre, janvier.
22:49Et là, pour les garder,
22:52il va falloir promouvoir
22:55toute une politique de conservation.
22:58On a un centre de transformation à Kokouni
23:01qui est amené à être développé pour mieux conserver
23:05en dehors de la saison des fruits.
23:08C'est avec toutes ces bonnes vitamines
23:11que l'on va pouvoir répondre à toutes les questions du quiz.
23:16Aliment de base de la nourriture à Mayotte,
23:19on en a beaucoup parlé,
23:21le manioc est utilisé dans de nombreuses recettes.
23:24Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
23:28Le manioc est originaire du Nigeria.
23:33Nigeria.
23:35Alors là...
23:37Une chance sur deux.
23:39Il y a un piège.
23:41Pour moi, c'est faux.
23:43Le manioc vient de l'Amérique du Sud,
23:46où il était déjà cultivé il y a 10 000 ans.
23:49Mais le Nigeria est l'un des plus gros producteurs de manioc.
23:53Il est arrivé en Europe grâce aux navigateurs portugais
23:57qui l'ont découvert au Brésil.
23:59Vrai ou faux ?
24:01J'ai tendance à dire vrai.
24:03Comme les Espagnols l'ont amené après les Conquistadors,
24:07comme le piment.
24:09Les Portugais l'ont ramené en Europe au XVIe siècle.
24:13Les Portugais sont passés aussi à Mayotte.
24:16Nous sommes situés au niveau du canal de Mozambique.
24:20A l'époque, tous les navigateurs qui passaient
24:24venaient à Mayotte.
24:26On a des villages plutôt tendance portugais.
24:29C'était simple.
24:31Les navigateurs portugais et espagnols s'étaient partagés.
24:35Le manioc, c'est amer.
24:37Le manioc amer est impropre à la consommation
24:40en raison de sa trop grande amertume.
24:43Vrai ou faux ?
24:45Faux, parce qu'on la consomme chez nous.
24:48Non, parce qu'il est très toxique.
24:51On ne peut pas le manger comme ça, le manioc amer.
24:54Il contient du cyanure.
24:56Il faut le faire cuire très longtemps.
24:59C'est un bon moyen d'éliminer quelqu'un.
25:02Chez nous, on ne consomme pas le manioc cru.
25:07On le consomme cuit.
25:10J'ai cru comprendre que pour le manioc amer,
25:13il y avait un processus de cuisson
25:16pour éliminer ces traces de cyanure.
25:19C'est dangereux.
25:21On sent la variété un peu amère,
25:24mais on la fait cuire à l'eau bouillie longtemps
25:28jusqu'à ce qu'elle soit...
25:30C'est peut-être comme ça.
25:32Le manioc amer contient un peu de cyanure.
25:36On le consomme frit aussi.
25:38La farine de manioc et la fécule de tapioca
25:40désignent la même chose.
25:42Vrai ou faux ?
25:44Vrai ?
25:45Non.
25:46Faux.
25:47La farine est obtenue à partir de manioc séché,
25:50moulu, puis tamisé,
25:52alors que le tapioca est obtenu à partir du jus
25:55de la racine de manioc.
25:57C'est donc pas la même chose
26:00que la farine extraite de la racine.
26:04Et le jus.
26:06J'apprends quelque chose.
26:08Merci de votre invitation.
26:10L'autre ingrédient phare de la cuisine maoraise,
26:13c'est le lait de coco.
26:15Souriez-vous nous dire si on le retrouve dans ces recettes.
26:19Dans la soupe thaïlandaise,
26:21est-ce qu'on a du lait de coco ?
26:23Je pense.
26:24Vous avez raison.
26:25C'est fait avec du poulet, des champignons, de la citronnelle
26:29et du galanga.
26:30Dans la feijoada brésilienne,
26:32est-ce qu'il y a du lait de coco ?
26:34Là, c'est 50-50.
26:36Non, il n'y en a pas.
26:38Vous avez raison.
26:40C'est préparé avec des haricots.
26:42Dans le mikati du Laos,
26:44est-ce qu'on met du lait de coco ?
26:46Je pense qu'on en met.
26:48Vous avez raison.
26:49C'est des pâtes de riz avec du porc ou du poulet hachés
26:52et une sauce épicée.
26:53Et enfin, dans les nouilles dandan chinoises,
26:56est-ce qu'on met du lait de coco ?
26:58Les nouilles...
27:00Chinoises.
27:01Les nouilles chinoises dandan.
27:03Ça ne vous parle pas ?
27:05Je ne pense pas.
27:06Vous avez raison.
27:07Je crois que vous avez fait tout un peu...
27:10Mais vous avez raison.
27:12C'est de la sauce sésame cacahuète
27:14et du poivre du Sichuan.
27:16Maintenant qu'on a appris plein de choses
27:18sur le manioc et le lait de coco,
27:20on va essayer d'en savoir un peu plus sur vous
27:23avec la brève de comptoir.
27:27Votre plat est bien réussi.
27:29Pour préparer cette émission,
27:31on vous a demandé d'aller fouiller dans vos souvenirs
27:34pour nous raconter un événement,
27:36un moment de votre vie
27:38qui mêlerait, justement, perso et politique
27:42autour d'un plat, d'une table, d'un repas.
27:46Et vous nous emmenez sur votre île, évidemment.
27:49Vous l'avez un petit peu dit en introduction,
27:52avec votre papa qui vous a transmis le goût de la politique.
27:56Racontez-nous.
27:57Évidemment.
27:58Papa est l'un des artisans pour Mayotte française.
28:03Il est rentré en politique à l'âge de 20 ans.
28:08Il décède à l'âge de 72 ans,
28:11prend sa retraite à 68 ans, en fait.
28:15Pendant 20 ans de sa vie,
28:17il s'est attelé à arracher Mayotte des Comores.
28:21Comme il était absent souvent de la maison,
28:25quand il était là, c'est lui qui faisait la cuisine
28:28à travers le fameux voulet.
28:30Le voulet, c'était le moment de rassembler sa famille autour de lui.
28:34À ce moment-là, maman ne préparait pas,
28:36donc c'est lui qui était le chef de cuisine.
28:39Quand il faisait le voulet, c'était le moment de parler avec nous.
28:43On parlait de tout, dont l'histoire de Mayotte.
28:46Il nous racontait un peu comment il a débuté sa carrière politique,
28:52pourquoi Mayotte s'est soulevée à un moment
28:55pour se détacher de l'archipel des Comores,
28:59dans les années 60.
29:01Et c'est à ce moment-là...
29:03Ca a commencé en 59, si je ne dis pas mal.
29:06Oui, oui, tout à fait.
29:08Et c'est à ce moment-là...
29:10On ne se rend pas compte,
29:12mais quand on est enfant, on amagasine beaucoup.
29:15Comme il était absent, on se disait dans la famille
29:18que personne ne fera de la politique.
29:20Personne ne fera de la politique parce qu'il est trop absent.
29:23Il décède en 2007, en 2008,
29:26je rentre en politique dans une liste des municipales.
29:30Non, non. Pas encore.
29:31En 2008.
29:33Ma première entrée dans une liste des municipales
29:36en tant que suppléante pour les cantonales.
29:40J'étais suppléante en 2008.
29:42Et c'est de là où je me suis rendue compte
29:45que j'arrivais à...
29:48J'avais le feeling de la chose publique.
29:51Et puis, en réalité, tout ce que j'ai pu entendre
29:55pendant ces moments de voulait, revenait.
29:58Il n'était plus là.
30:00Les souvenirs revenaient.
30:03Et donc, suppléante de Bachat,
30:07et là, les habitants de Sada venaient me dire
30:11que je devais me présenter la prochaine fois
30:14en tant que titulaire.
30:16C'est parti de là.
30:18On n'a pas été élue en 2008.
30:20Et en 2014, je me présente en tant que tête de liste
30:24dans la commune de Sada.
30:26Et vous êtes devenue maire.
30:28Je suis devenue maire en 2014 dans la commune de Sada.
30:31Toute ma vie politique jusqu'à maintenant,
30:34je vis sur ces souvenirs.
30:36Et tout ce qu'il disait,
30:38je le vis actuellement, je le constate actuellement.
30:42Il était quand même assez visionnaire.
30:45Les Mahorais le disent,
30:47qu'il était très visionnaire.
30:49En réalité, tout ce qu'il avait dit,
30:52tout ce qu'il nous avait raconté autour du voulet,
30:56revient maintenant en souvenir.
30:59On reste à Mayotte,
31:01où les autorités affirment que 90 % du territoire
31:05serait désormais relié à l'eau
31:07après le passage dévastateur du cyclone Chido.
31:10Mais les acteurs de la société civile relèvent sur place
31:13une situation bien plus catastrophique.
31:15On en parle tout de suite.
31:17Générique
31:20...
31:23Tous les habitants de Mayotte
31:25n'ont malheureusement pas encore accès à l'eau potable,
31:28même si les circuits ont été rétablis.
31:30Dans la plupart du territoire,
31:32les Mahorais et Mahoraises ont encore parfois de grandes difficultés
31:35pour trouver à boire, à cuisiner,
31:37avec de l'eau propre à la consommation,
31:40d'après le dernier rapport de Solidarité internationale.
31:4329 % des logements en dur n'ont pas d'eau courante.
31:45On atteint les 56 % dans les maisons en tôle.
31:48La crise de l'eau n'est pas nouvelle sur l'île,
31:51mais depuis le passage du cyclone, elle est devenue critique,
31:54comme nous l'explique Hélène Bonduelle
31:56avec les images de Mayotte la 1re.
32:00A Tsimkoua, au sud de l'île,
32:03ce sont les hélicoptères qui ravitaillent les habitants
32:06en eau potable, de l'eau en bouteilles.
32:09Plus de 130 tonnes d'eau minérale
32:11ont été distribuées suite au cyclone.
32:13Mais cela représente moins d'un demi-litre par habitant.
32:17Alors, comme ici, à Akoua, dans le nord,
32:20ce sont des citernes qui viennent jusqu'au Mahorais.
32:23Ca fait déjà une semaine, on va dire, plus d'une semaine,
32:26qu'on n'a pas d'eau, pas d'eau du robinet, rien.
32:29Sois-y, on devait avoir de l'eau qui a été envoyée, d'ailleurs.
32:33On ne les a pas.
32:35Il faut souvent attendre plusieurs heures
32:37pour espérer quelques litres d'eau.
32:39Les habitants sont rationnés
32:41et certains se tournent vers ce puits,
32:43nettoyé quelques jours plus tôt.
32:45Les citernes, ça ne suffit pas.
32:49Donc, pour la population d'Akoua,
32:52comme vous voyez que la commune est tellement vaste,
32:57donc on ne peut pas tout avoir de l'eau.
33:01Donc on est obligé d'en avoir deux jericanes ou deux seaux.
33:08Et le reste, on vient ici
33:11à Chikoni, à l'ouest.
33:13La Sécurité civile a installé une unité de pompage d'urgence.
33:17En déplacement sur l'île,
33:19la présidente de l'Assemblée nationale a tenu à la visiter.
33:22Tous les points, les points bleus,
33:25c'est des vides dans lesquels on distribue de l'eau tous les jours.
33:29La station récupère l'eau de la rivière
33:32avant de la filtrer pour la rendre potable.
33:35Objectif, distribuer 70 m3 d'eau par jour.
33:39Vous avez 4 unités de production d'eau.
33:42Potabilise de l'eau douce.
33:46Nous avons aussi la capacité de déployer des machines
33:49qui font de la desservisation.
33:51Pour faire simple, on est à 10 m3 heure.
33:54Des installations vitales pour les villages alentours,
33:58mais insuffisantes pour endiguer la crise de l'eau persistante sur l'île.
34:03Est-ce que la pérennisation du site par rapport à la production
34:07ne peut pas être envisagée régulièrement tout au long de l'année,
34:11du moins en saison sèche ?
34:14L'objectif, c'est vraiment de construire de l'eau structurelle,
34:18d'ouvrir des forages, de construire de nouvelles stations.
34:22La Sécurité civile...
34:24On est spécialisés en la gestion d'urgence et la gestion de crise.
34:28Des problèmes d'eau structurelles.
34:31Cette unité d'urgence, par exemple,
34:33a été installée sur une station d'épuration
34:35construite en 2017 et qui n'a jamais fonctionné.
34:39C'est un peu la conclusion de ce reportage.
34:42Il y avait déjà d'énormes problèmes avant le passage du cyclone Chido.
34:47Expliquez-nous la situation avant le passage du cyclone.
34:51Décembre 2016, j'étais maire de la commune de Sada.
34:55La crise de l'eau a commencé à Mayotte
34:58parce qu'on a des infrastructures qui sont dépassées
35:02vu le poids démographique.
35:06Tous les services publics à Mayotte, c'est ainsi.
35:09Le recensement de la population n'est pas calibré
35:13à la hauteur des services publics.
35:16Nous vivons une pénurie d'eau en plus de la question
35:20des conséquences du réchauffement climatique
35:23sur un tout petit territoire qui est Mayotte.
35:26Il y a ces deux paramètres à prendre en compte.
35:29Décembre 2016, crise de l'eau.
35:32Il n'y a pas d'eau.
35:34Le syndicat des eaux a commencé les coupures dans les foyers.
35:39Aujourd'hui, il y a le cyclone Chido
35:42qui a tout ravagé, même les réseaux.
35:45Ça fait 3 semaines, en tout cas depuis Chido,
35:48que je me tue à dire au ministre ici.
35:51La semaine dernière,
35:53M. Valls, ministre des Outre-mer, m'a reçu.
35:56Il y a un projet qui a été mis en place en 2019
35:59par le gouvernement ici.
36:01C'est un projet d'un bateau-usine d'eau
36:04en pleine mer.
36:06Dans le bateau, on produit de l'eau dessalinisée.
36:10C'est du dessalement d'eau.
36:12C'est du dessalement d'eau qui doit être livré,
36:16qui devrait être livré à la population,
36:19soit sous forme embouteillée ou par des citernes,
36:23comme on l'a vu dans le reportage.
36:26Ce projet a été mis à l'écart
36:29suite à la crise de la Covid en 2020.
36:32Ça fait un mois
36:34que j'essaie de sensibiliser les ministres ici
36:38de réanimer ce projet.
36:40Le prestataire est là, je les ai rencontrés.
36:43Ils sont très étonnés quand on parle aujourd'hui.
36:46C'est un manque d'argent, d'écoute ?
36:49C'est un manque de volonté de mettre l'argent
36:53pour donner de l'eau aux Mahorais.
36:56C'est un droit humain.
36:58C'est une vie sans eau potable aux robinets.
37:02J'en ai encore reparlé la semaine dernière à M. Valls.
37:06Financer ce projet...
37:08J'ai même amené le promoteur.
37:11Il faut financer le projet.
37:13Le problème, c'est que ce qu'on vient de nous montrer
37:17pour la société civile,
37:19c'est que du bricolage,
37:21qu'on arrête le bricolage,
37:23les Mahorais ont droit à l'eau potable.
37:25Nous venons d'avoir notre choléra.
37:28Premier cas de choléra ce week-end.
37:31Nous sommes un territoire très fragilisé
37:34en matière de maladies.
37:36Il y avait des maladies, paludisme, on n'avait plus de choléra.
37:40Des maladies qu'on avait éradiquées
37:42parce que le système de santé permettait de sécuriser les Mahorais.
37:46Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
37:48A cause de l'immigration illégale massive,
37:51ce cas de choléra a été importé.
37:53Vu les problèmes de pénurie d'eau,
37:55si vous n'avez pas de l'eau potable,
37:57vous risquez, notamment dans les quartiers de bidonvilles,
38:01où l'hygiène est déplorable.
38:03Nous avons une bombe entre les mains.
38:05Les pouvoirs publics comprennent bien
38:07qu'il y a nécessité à financer ce projet
38:10pour donner de l'eau aux Mahorais.
38:13Je n'ai pas le chiffre en tête.
38:15C'était 100 millions. C'était énorme.
38:17Mais nous avons le droit à l'eau potable.
38:21Mais il y avait des gens qui n'étaient pas d'accord,
38:24notamment les associations environnementales.
38:27Quand on dessale l'eau, on rejette de l'eau encore plus salée.
38:31Il y avait un projet d'une usine et d'un bateau.
38:34Mais l'usine rejetait de l'eau dans le Lagon,
38:37l'un des plus beaux du monde.
38:39L'usine, oui.
38:41Ca coûtait 100 millions d'euros.
38:43Le projet est toujours d'actualité.
38:45Je vous parle de celui-ci.
38:47Celui-ci, même si les écolos n'ont pas voulu mettre de recours,
38:51il tique un peu.
38:53Vous êtes d'accord avec ça ?
38:55Même le parc marin, qui a donné un avis favorable au projet,
38:58parce que pour eux, on n'a pas le choix,
39:01mais avec beaucoup de réserve.
39:03Est-ce que vous soutenez ce projet d'usine ?
39:06J'ai dit à M. Valls, clairement,
39:08par rapport à ce projet qui doit être livré...
39:11En 2026 ?
39:13En 2026, si les travaux se font,
39:16compte tenu des contraintes environnementales.
39:19J'avais dit à M. Valls, s'il faut le faire à Irony Bay,
39:23il y a nécessité d'augmenter la tuyauterie
39:26pour qu'on puisse rejeter, en dehors du Lagon,
39:29cette fameuse saumure.
39:31C'est ça, le sujet.
39:33Mais le projet bateau-usine d'eau n'a pas ces contraintes-là.
39:37C'est un bateau qui a un haute mer,
39:39qui fabrique en son sein.
39:41Donc le problème de la saumure...
39:43...était pas en question.
39:45...est réglé.
39:47C'est en question aussi des bouteilles,
39:50qui posent problème à Mayotte,
39:52puisque, environnementalement parlant...
39:55...c'est une catastrophe.
39:57Nous n'avons pas d'incinérateur à Mayotte.
40:00On a un centre d'enfouissement,
40:02et là, Chido n'arrange pas les choses.
40:04On a un centre d'enfouissement complètement dépassé.
40:07Il nous faut un projet d'incinérateur
40:09qui n'existe pas, qui n'a pas été financé à ce jour,
40:12qui est sur les listes de courses
40:14que nous, députés, défendons ici.
40:17Donc, en attendant,
40:19ce projet permettra de nous donner de l'eau
40:22à 7, 8, 9 mois.
40:24Comment ça se passe là, aujourd'hui ?
40:27La situation est catastrophique.
40:30La Mahoraise des eaux, le fermier,
40:32avec le syndicat des eaux,
40:34qui sont complètement dépassés
40:36par cette politique publique,
40:38ils arrivent pas à donner de l'eau à la population,
40:41puisque le plan Odom date de 2017,
40:44et les projets ne sont toujours pas opérationnels.
40:47Et Chido a complètement ravagé,
40:50dit qu'il l'est dit aussi, le réseau.
40:53Donc, la Mahoraise des eaux continue à servir
40:56un discours complètement faux aux autorités ici,
40:59ce que je me tue à dire au ministre.
41:01Arrêtez d'avaler des discours qui sont faux.
41:05Il n'y a pas d'eau dans les foyers.
41:07Il y a des coupures. En plus, il y a deux réseaux parallèles.
41:10D'un côté, on a des rampes publiques
41:13au bord des routes
41:15pour servir de l'eau gratuitement,
41:17qui n'est pas potable,
41:19parce que l'ARS nous dit qu'il faut mettre des pastilles de chlore
41:23et qu'il faut la faire cuire.
41:25Donc, ça veut dire que l'eau qui est sur le bureau n'est pas potable.
41:29D'un côté, on a les rampes publiques
41:31parce qu'il faut donner de l'eau
41:33aux nombreuses personnes qui sont en situation irrégulière
41:36gratuitement, et de l'autre,
41:38de l'eau qui est coupée régulièrement,
41:40qui n'est pas potable
41:42et qui revient très cher aux contribuables maorais.
41:45Vous savez pourquoi ?
41:47Je soupçonne que les Maorais payent l'eau gratuite
41:50distribuée pour les personnes en situation irrégulière.
41:53Je veux bien qu'on donne de l'eau à tout le monde.
41:56Mais j'ai dit au ministre des Outre-mer, monsieur Valls,
42:00qu'il faut que l'Etat exonère
42:03les contribuables pour cette eau payée cher,
42:07qui n'est pas potable et qui est régulièrement coupée.
42:11Donc, il faut exonérer, dans le cas de Chido,
42:14pendant six mois, les défaillances de la maoresse des eaux.
42:18Et c'est faux. Il n'y a pas d'eau pour la population.
42:22Avec le risque au choléra,
42:24on risque de promouvoir cette maladie
42:27pour tout le territoire. C'est une réalité.
42:30On en parlait, le cyclone Chido
42:32a détruit le système d'approvisionnement en eau.
42:34On vient de le dire, mais il a également ravagé
42:37toutes les cultures de l'île.
42:39Les pertes sont colossales pour les agriculteurs
42:42de toutes les filières de la production de bananes
42:45à celle du manioc. Pas un secteur n'a résisté.
42:48On fait le bilan dans les pieds, dans le plat.
42:55Oui, Valérie, cocotier, bananier à terre,
42:58culture de manioc dévastée, on l'a un peu dit,
43:01l'agriculture maoresse paie un lourd tribut au cyclone
43:04et tout pète. Toutes les filières sont touchées,
43:07notamment celles indispensables à l'alimentation de la population.
43:11C'est une explication de Mathéo Stéphan avec Mayotte, la première.
43:15A Kambani, à l'ouest de l'île, Fouad a tout perdu.
43:19Le cyclone Chido a dévasté son exploitation.
43:22Ses arbres fruitiers sont arrachés, ses huissières maraîchères éventrées.
43:26L'agriculteur estime ses pertes à 700 000 euros.
43:29Tout est à terre. Rien n'est debout.
43:32C'est comme si t'étais passé dans une machine à laver.
43:36Là, on est vraiment démunis.
43:39J'ai pas les mots pour exprimer tout ce que je ressens
43:43quand tu vois la destruction de la nature qu'on a subie.
43:47Salades, poivrons, maniocs ou bananes,
43:50rien ne pourra sortir des champs avant un an.
43:53Les agriculteurs attendent désormais des indemnisations.
43:57Ils espèrent que la reconnaissance de calamités naturelles
44:01exceptionnelles par l'Etat leur permettra de se relever.
44:05On voudrait qu'ils nous aident concrètement
44:08pour qu'on puisse redémarrer, pour qu'on puisse repartir.
44:12Les syndicats agricoles se sont rendus sur place
44:15accompagnés du préfet de Mayotte.
44:17L'objectif, établir un premier état des lieux
44:20et fixer des priorités.
44:22Je pense qu'aujourd'hui, il nous faut des semences.
44:25Il faut permettre de remettre en culture toutes ces productions.
44:29C'est un village qui a été dévasté.
44:32Je suis très soucieux, et le président des jeunes agriculteurs le sait,
44:36de l'installation des jeunes agriculteurs.
44:39C'est notre force de demain.
44:41Mais il faut accompagner les jeunes agriculteurs à s'implanter
44:45parce que ça nous donne l'occasion de restructurer des filières,
44:49de réformer les méthodes culturelles,
44:52de donner un souffle nouveau à l'agriculture mahoraise.
44:55Avant Chido, plus de 30 % de l'alimentation des Mahorais
44:59tout ou presque devra être importée.
45:02Vous étiez encore sur l'île de Mayotte il y a quelques semaines.
45:06Vous avez rencontré ces paysans sur l'île qui ont tout perdu.
45:10Quelle est pour vous la première urgence qui s'impose pour eux
45:14pour aujourd'hui ?
45:16Déjà, une urgence de donner des denrées alimentaires à la population.
45:22Si on n'a ni à boire ni à manger, c'est le cas.
45:25Les gens n'ont rien à manger.
45:27Qu'est-ce qu'il faut donner aux agriculteurs ?
45:30Pour les agriculteurs, il y a de toute façon un laps de temps
45:34où il faut attendre que ça pousse.
45:37On a un an devant nous.
45:39Donc, effectivement, donner leurs aides
45:42qui étaient demandées bien avant Chido.
45:45Il y a des aides qui étaient promises aux agriculteurs
45:49apparemment qui n'ont pas été honorées.
45:52Il y a cette urgence-là,
45:53notamment pour leur permettre, déjà,
45:56de remettre en marche leurs exploitations.
45:59Il faut tout déblayer pour replanter ?
46:02Tout à fait. Il faut tout déblayer, replanter,
46:05mais les aider à reconstruire leurs exploitations.
46:08C'est une urgence.
46:10Il faut fournir des semences.
46:12Pour la question des semences,
46:14et notamment mettre à disposition des aliments aux Mahorais,
46:19on ne peut pas dissocier les deux.
46:21Il faut les aider pour remettre en route
46:24leurs exploitations à 90 %,
46:27pour ne pas dire 100 % des exploitants.
46:30Et de l'autre côté, en attendant que ça pousse,
46:34importer, importer, planter, certes,
46:37mais importer, parce que pour planter,
46:40on a la saison des pluies, donc ça pousse très vite,
46:43mais on a un an devant nous pour que ça repousse.
46:46Parallèlement...
46:48Vous dites que pendant un an,
46:50l'huile ne produira quasiment rien,
46:52en termes de fruits, de légumes ?
46:54Tout à fait. Le temps que ça repousse.
46:57C'est pour ça qu'il y a urgence
46:59à retravailler la coopération régionale.
47:01Le département de Mayotte a signé une convention
47:04avec le Kenya, notamment sur ces sujets-là,
47:07deux mois avant Chido.
47:09J'ai vu le ministre des Outre-mer
47:12pour que l'arrêté de 95 soit assoupli
47:17pour permettre l'importation
47:19des derniers alimentaires, bananes, maniocs, songes,
47:22parce que le Ramadan arrive dans un mois et demi,
47:25pour qu'on puisse importer en Afrique du Sud,
47:28en Tanzanie, c'est à deux heures de vol de Mayotte.
47:33Pourquoi pas Madagascar ?
47:35Nous allons tous, pendant les vacances,
47:37consommer les produits de Madagascar.
47:39Nous ne sommes pas malades.
47:41Pourquoi on ne pourrait pas assouplir
47:43pour permettre l'importation
47:45des produits agricoles de Madagascar
47:47vers Mayotte, en plus de ce qui s'importe actuellement
47:50à l'île de la Réunion ?
47:52C'est ma discussion, actuellement,
47:54les parlementaires et tous les élus,
47:56pour justement parer à cette urgence vitale,
48:00parce que la terre de Mayotte ne nous nourrira pas
48:03pendant un an-là.
48:05C'est quoi exactement le modèle traditionnel
48:08du jardin maorais ?
48:10C'est comme ça qu'on fait pousser les plantes à Mayotte ?
48:13Le jardin maorais, c'est des cultures vivrières.
48:16C'est des familles, y compris moi-même.
48:19Mon père aimait la terre comme pas possible.
48:22C'est sa famille.
48:24C'est une famille d'agriculteurs.
48:26Je parlerai pas d'agriculteurs au sens où vous l'entendez
48:30ici, en métropole, mais des cultivateurs.
48:33À but alimentaire, familial.
48:36On a de tout, bananes, maniocs, ambrevades,
48:39tout type de brèdes.
48:41C'est ça, le jardin maorais.
48:42Et ça fait vivre, effectivement, 30 % de la population.
48:46En plus de ces agriculteurs, effectivement,
48:49qui sont dans une situation vraiment catastrophique.
48:53Et l'Etat, effectivement, doit les soutenir
48:56pour remettre en route leurs exploitations.
48:59On sait que l'inflation est un sujet explosif
49:02dans ces territoires à cause de l'éloignement.
49:05Vous dites qu'il va falloir importer en Tanzanie,
49:08Kenya, Madagascar. Est-ce que ça va pas renchérir
49:11et rendre la situation plus insupportable pour les Maorais ?
49:15Ou comptez-vous sur des subventions de l'Etat
49:18pour amortir le choc de ces importations ?
49:21L'Etat a pris des décrets pour cadrer les prix.
49:24Je viens d'avoir un message ce matin
49:27des Maorais qui me disent qu'avec l'immigration illégale,
49:31parce que les bateaux rentrent comme si de rien n'était,
49:35venant d'Anjouan ou de Madagascar,
49:38avec ces importations à bord,
49:41des denrées alimentaires vendues illégalement au bord des routes.
49:45Ca, c'est le quotidien de Mayotte, l'informel.
49:49Et évidemment, des bananes qui sont vendues
49:5320 fois plus chères qu'ici.
49:55C'est actuellement en cours.
49:57Alors qu'effectivement,
49:59il y a un décret qui est censé cadrer les prix.
50:02Un syndicat d'agriculteurs, la FNSEA,
50:05propose des tronçonneuses.
50:07Est-ce que c'est utile ? Vous les avez reçues ?
50:10C'est utile, oui, justement,
50:12pour ces agriculteurs qui doivent tout recommencer à zéro.
50:16Mais quand je vous dis recommencer à zéro,
50:19c'est tout recommencer à zéro.
50:21Leurs installations...
50:25Et puis se mettre à cultiver, oui, des tronçonneuses
50:29pour déblayer, recommencer le travail à zéro.
50:32C'est vraiment la réalité.
50:34Quand on dit que la terre ne nous nourrira pas
50:37pendant un an, c'est une réalité.
50:39Donc la question de l'alimentation et l'eau
50:42est une urgence vitale
50:44pour les Mahorais sud-hachidos.
50:46Et ça, j'ai l'impression que j'ai du mal
50:49à le faire comprendre ici, au ministre.
50:52En tout cas, on l'entend, là,
50:55pendant notre échange.
50:57On va poursuivre, évidemment, ce repas.
51:00On ne le finit jamais sans une note sucrée.
51:03...
51:06Alors, le péché mignon, c'est le dessert, bien entendu.
51:09Et on reste à Mayotte.
51:11Notre invité aurait bien aimé terminer ce déjeuner
51:14avec un tsutsubu.
51:16C'est très typique, furieusement gourmand.
51:19Je me suis renseigné.
51:21Ce sont des petites boulettes de farine de manioc
51:24pochées dans du lait de coco parfumées à la cannelle.
51:27J'ai essayé moi-même d'en faire.
51:29J'ai essayé d'en faire faire.
51:31Invitez-moi, je viendrai vous le faire.
51:34C'est compliqué, à Paris, de trouver de la farine de manioc,
51:37même chez les Chinois.
51:39J'en ai pas trouvé.
51:41On s'est rabattus sur un autre dessert, le goudou goudou,
51:44un peu plus sucré, à partir de farine de riz,
51:47de caramel, de lait de coco et de sucre.
51:50On va goûter. On dirait une barre de céréales
51:53pour aller faire le marathon.
51:55Vous allez nous dire ce que vous en pensez.
51:58Ce n'est pas du tout ce qu'on attendait.
52:01Là, c'est un dessert aussi très connu à Mayotte.
52:05C'est vrai que souvent, c'est très sucré,
52:08mais on peut le faire moins sucré,
52:10parce que nous avons beaucoup de diabète à Mayotte.
52:13C'est l'occasion de passer le message
52:15qu'il faut diminuer le taux de sucre qu'on met dans le goudou goudou.
52:19Chez nous, à Mayotte, on l'appelle koumina.
52:22C'est la même chose.
52:24Vous l'avez goûté ? Celui-ci n'est pas très sucré.
52:27Alors, Valérie, essaye de me...
52:29Il y a une épice à l'intérieur.
52:31Je n'arrive pas à trouver le nom.
52:33C'est de la cannelle, non ?
52:35Oui, mais il y a autre chose.
52:37Cardamone.
52:39Ah, c'est ça !
52:41Le dessert à la loeuvre.
52:43Après, on peut même mettre de la vanille.
52:46Les parfums, on peut les...
52:49À Mayotte, on l'appelle koumina.
52:52C'est effectivement une recette
52:55qui existe au niveau de toutes les îles...
52:59Les îles, hein.
53:01Au niveau des îles des Comores.
53:03On la retrouve aussi.
53:05Il y a des variantes en fonction de ce qu'on met dedans.
53:08À Mayotte, on parle plus de koumina.
53:10La vanille, juste une seconde.
53:12On en avait déjà parlé.
53:14C'est une filière qu'on relançait.
53:16Est-ce qu'elle a été touchée par Chido ?
53:18Oui, comme toutes les filières.
53:20Même les arachides,
53:22même les petites orchidées de vanille.
53:25Alors, Chido, retenez,
53:27c'est Hiroshima.
53:29Il est passé à Mayotte.
53:31Moi, je suis arrivée,
53:33c'est passé le samedi 14 décembre.
53:35J'ai pris l'avion le dimanche 15.
53:37J'arrive à Mayotte lundi 16 décembre,
53:41à l'aéroport.
53:43Chido veut dire, dans la langue maoraise,
53:45le miroir.
53:47Donc, en fait, on arrive à l'aéroport,
53:49c'était vraiment un miroir,
53:51parce que de l'aéroport de Pamandy,
53:53on voyait la dévastation partout.
53:56Donc, voilà.
53:58Et pour finir cette émission et accompagner ce dessert,
54:01vous avez choisi le titre de Limbala,
54:04chanté par Zili. On l'écoute tout de suite.
54:06Ah oui.
54:07...
54:30C'est plus qu'une chanson, c'est un hymne à votre île.
54:33Expliquez-nous un peu ce qu'elle dit, Zili.
54:36Alors, le titre de la chanson, c'est Limbala.
54:39Mettez-vous debout.
54:41Oui, c'est ça, debout.
54:43Mettez-vous debout.
54:45C'est vraiment le mot qu'il faut retenir aujourd'hui pour Mayotte.
54:49On se met tous debout pour construire.
54:52Je ne dis pas reconstruire.
54:54Limbala, Limbala.
54:57Pour terminer, effectivement, la chanson de Zili,
55:00il faut se mettre debout pour construire Mayotte tous ensemble.
55:03C'est noté. Merci. Merci beaucoup d'avoir...
55:06...participé à cette émission et d'avoir partagé ce repas.
55:09Merci beaucoup, Jean-Pierre.
55:11Et puis, nous, on se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Politique intérieure.
55:14Merci de m'avoir invitée, en tout cas.
55:16...

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