Les socialistes qui étaient attendus au ministère de l'Économie ce mardi soir pour finaliser un accord sur le budget de l'État ont décidé de suspendre les discussions ce 28 janvier. Cette décision fait suite à des propos polémiques de François Bayrou sur la "submersion" migratoire.
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00:00Christophe Barbier, votre choix, avant de vous entendre Christophe, on va revivre ce qui s'est passé à l'Assemblée cet après-midi.
00:05On en a parlé dans le journal, c'est vrai, mais je voulais, pour que tout le monde l'ait en tête, voilà ce qui s'est passé cet après-midi.
00:09Le PS, le parti socialiste, reproche à François Bayrou de parler comme le RN.
00:14Pourquoi ? Parce que le Premier ministre assume désormais qu'en France, c'est ce qu'il dit, dans certaines villes, certaines régions,
00:19les Français ont le sentiment d'une submersion migratoire.
00:24Submersion, ce mot est celui de l'extrême droite partout en Europe et dans le monde, un mot qui blesse autant qu'il ment.
00:33Choisissez-vous vos mots par hasard ou les avez-vous sciemment empruntés à l'extrême droite dont vous prétendez ne plus jamais vouloir dépendre ?
00:41Le mot de « submersion » est celui qui est le plus adapté parce que tout un pays, toute une communauté du département français
00:59est confronté à des vagues d'immigration illégales telles qu'elles atteignent 25% de la population.
01:11Christophe Barbier, le mot de « submersion » est le plus adapté, dit François Bayrou.
01:14Eh bien, il essaye de faire d'une polémique un atout pour lui en changeant de stratégie.
01:19C'est une fusée à trois étages, cette affaire.
01:21D'abord, un peu un mauvais procès parce qu'il avait parlé hier soir de l'approche d'un sentiment de subversion.
01:27Donc, ce n'était pas exactement la même chose.
01:29Mais là, il a repris le mot même de subversion.
01:31Il n'y a plus de sentiment, il n'y a plus d'approche.
01:33Submersion.
01:34Submersion.
01:35Et donc, on est bien dans la reprise d'un vocable de l'extrême droite, en effet, au niveau européen.
01:41Évidemment, c'est un discours qu'on entend quand on va en province.
01:44C'est un discours qu'on entend un peu partout.
01:46La République n'est plus capable d'intégrer les immigrés.
01:49On est donc dans un phénomène de trop-plein.
01:51On a ce sentiment de submersion.
01:53Mais en reprenant le mot précis, là, ça change la nature du propos.
01:58Bien sûr, il peut dire, comme on l'a entendu, que c'est la réalité qui choque, ce ne sont pas les mots.
02:02Il a raison.
02:03C'est vrai que c'est l'échec de la République en matière d'intégration qui fait de l'immigration un problème.
02:08Cette immigration ne serait pas un problème si on avait une école qui fonctionne, une économie qui intègre ses travailleurs.
02:13Donc là, il a raison.
02:15Mais il se trompe quand il dit « submersion », c'est le bon mot.
02:19Pourquoi ?
02:20Parce que l'immigration, ce n'est pas une submersion.
02:23Ce n'est pas une vague, ce n'est pas un tsunami un beau matin.
02:25C'est plutôt une capillarité, par de multiples voies.
02:28Des voies légales, le travail, les études, le regroupement familial.
02:31Des voies illégales, les clandestins.
02:33Une voie à part, les réfugiés.
02:35C'est tout cela qui fait l'arrivée des immigrations.
02:38Submersion, c'est un mot qui est inadapté.
02:41Par ailleurs, il y a du poids au mot politique.
02:44Et ce mot de submersion a un poids précis.
02:47Depuis 1973, « Et le camp des Saints », un roman de l'écrivain d'extrême-droite Jean Raspail,
02:52qui raconte comment un million d'immigrés, venus du Delta du Gange en cargo,
02:57débarquent sur la côte d'Azur, envahissent la France et passent en Angleterre.
03:00Une dystopie, comme on dirait aujourd'hui, d'extrême-droite.
03:03Mais c'est aussi ce mot « submersion », un mot qui a son poids politique depuis 1989.
03:09Et cette intervention de Le Pen, Le Pen, Jean-Marie, on l'écoute.
03:14Nous sommes véritablement menacés par une vague, une submersion.
03:19Nous risquons d'être submergés, car on va réaspirer, en quelque sorte, des vagues nouvelles de l'immigration.
03:27Et c'est pourquoi la politique apparemment humanitaire du gouvernement
03:33va avoir pour conséquence dramatique que les Français risquent de n'être plus en France chez eux.
03:41Donc il y a une stratégie politique derrière ce mot employé par François Bayrou.
03:45Une stratégie qui veut acheter la neutralité, voire la bienveillance, du Rassemblement national dans cette situation compliquée.
03:51C'est pourquoi il défend d'un côté Marine Le Pen contre ses juges, l'affaire des assistants parlementaires,
03:56et de l'autre, il reprend ce mot de « submersion », François Bayrou,
04:00utilisé il y a quelques mois à peine par Jordan Bardella, des années après Jean-Marie Le Pen.
04:06On l'écoute aussi.
04:08Je pense que le péril de l'extrême-gauche aujourd'hui est aux portes du pouvoir.
04:12Et qu'il y a évidemment derrière l'idéologie de cette alliance le danger d'une submersion migratoire du pays,
04:21d'une déstabilisation de la République et d'une fragmentation de l'unité nationale.
04:26Donc il y a aujourd'hui un danger.
04:28Alors comment expliquer défendre le calcul de Bayrou ?
04:30D'abord, après avoir fait des concessions pendant plus d'une semaine au parti socialiste pour acheter son indulgence,
04:36il fait la même chose avec le Rassemblement national.
04:39C'est de l'équilibrisme.
04:40Dans la perspective d'un vote de censure, il crée des scrupules dans ces deux camps.
04:44Les socialistes se diront « Ah, si on renverse le gouvernement Bayrou, on perd les 4000 postes dans l'éducation nationale ».
04:50Le RN se dira « Si on vote la censure et que le gouvernement tombe, on perd un Premier ministre qui au moins nous respecte et nous défend ».
04:57Autre argument plus profond, François Bayrou sait que depuis des années,
05:02les politiques classiques menées face à l'immigration par des gouvernements réformistes sont en échec.
05:07Et qu'il faut donc changer de discours pour ne pas laisser cet argument à l'extrême droite.
05:11Et ce n'est pas lui qui le dit, celle qui le dit dès 2016.
05:14C'est Marine Le Pen. On l'écoute.
05:17En réalité, ce projet mondialiste vacille.
05:21Il se défend autant qu'il peut, mais il subit des assauts considérables au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, mais aussi partout ailleurs.
05:27En Europe continentale, les élections se suivent et se ressemblent dans de nombreux pays.
05:33Les mouvements patriotes y progressent, les référendums y sont perdus par le système.
05:37Partout dans les peuples, le monde se désire de mettre un terme à la folle dérive mondialiste et de se protéger face à la submersion migratoire.
05:46La submersion migratoire.
05:48Alors on ne saura qu'au moment d'un vote de censure si le calcul de Bayrou est payant à court terme
05:52et on ne saura qu'en 2027 s'il est gagnant à long terme à la présidentielle.
05:57Pendant ce temps-là, le suspense continue et le cynisme n'a pas d'âge.
06:01De Gaulle parlait de Colombelle et de Mosquet, c'était le même fantasme.
06:04Et un certain François Mitterrand, en novembre 82, à Marseille, visitant la ville avec le maire Gaston Deferre, ministre de l'Intérieur, lui a dit
06:11« Gaston, regarde, ces immigrés, c'est plus possible ».
06:15Quelques temps après, il aidait le RN, Jean-Marie Le Pen, le FN à apparaître à la télévision.
06:19Ça faisait monter l'extrême droite pour embêter la droite française.
06:22Je vous le redis, le cynisme n'a pas d'âge.
06:24Amélie ?
06:25Cynisme, malhonnêteté intellectuelle et je vais répondre au champ lexical de la catastrophe naturelle,
06:30puisque c'est bien de ça dont il s'agit par des faits.
06:32INSEE, 2023, il y a 7,3 millions d'immigrés en France, soit 10% de la population.
06:37Être submergé, ça veut dire être sous l'eau, ça veut dire être noyé.
06:41La France n'est pas noyée, ce sont les chiffres qui le disent, pas moi.
06:44Elsa Vidal ?
06:45Je constate que Sébastien Chenu, à mon corps défendant, a raison.
06:49Le vice-président du RN qui déclarait ce matin que ça fait très longtemps que le RN a gagné la bataille des idées en France.
06:57Et je constate que dans le champ politique, en fait, on réfléchit, on pense et on dialogue désormais en utilisant les mots du RN.
07:03Ce qui me semblait quelque chose d'absolument impensable il y a encore quelques années.
07:07Le pénisation des esprits de Banater.