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00:00On en vient à ce coup de pouce pour soulager les étudiants.
00:03Oui, on en vient à ce coup de pouce absolument.
00:05Une proposition de loi qui a été adoptée hier par l'Assemblée nationale,
00:10elle avait été retoquée il y a deux ans maintenant, à une voix près,
00:14Sarah Dubois, je parle sous votre contrôle,
00:17et donc elle a été adoptée hier.
00:20Coût de ces repas, un euro pour tous les étudiants, 90 millions d'euros par an.
00:25Evidemment, pour le ministre de l'Enseignement supérieur, c'est beaucoup trop.
00:30En tout cas, c'est sa réaction.
00:32Mais je voudrais quand même donner un chiffre.
00:34Plus d'un tiers des étudiants sautent des repas par manque d'argent.
00:39Les associations étudiantes, évidemment, ont réagi.
00:42Je vous propose d'écouter le directeur de l'Inqui,
00:45c'est la première association étudiante de distribution de denrées alimentaires.
00:48Écoutez ce qu'il nous a dit.
00:50Le premier point, c'est que c'est un élément positif.
00:52C'est-à-dire qu'il y a une prise en compte,
00:54une reconnaissance de la précarité alimentaire des étudiants.
00:57Mais la réponse n'est pas à la hauteur des besoins.
00:59C'est-à-dire que ça ne suffira pas.
01:00C'est nécessaire, mais c'est non suffisant.
01:02Aujourd'hui, les étudiants ne vivent pas forcément proches des croûts,
01:05et puis il faut que les croûts soient en mesure de délivrer autant de repas que nécessaire.
01:09Je ne suis pas sûr que ça suffise,
01:12parce qu'il y a des besoins qui sont considérables en France.
01:15Nous, on le voit tous les jours.
01:16On organise des distributions tous les jours dans les grandes villes universitaires de France,
01:19et on voit que ces distributions, on ouvre les distributions en un quart d'heure.
01:23C'est pris d'assaut.
01:24Et il y a des demandes qu'on ne peut pas toujours honorer.
01:27Donc il y a des besoins qui sont beaucoup plus importants, sans doute,
01:29que ce qui a été identifié.
01:31Je rappelle que l'INCI, cette association étudiante,
01:34elle distribue près de 3,5 millions de repas par an aux étudiants.
01:37Et c'est vrai que c'est fil d'attente qu'on a parfois l'habitude de voir,
01:40on le trouve souvent même dans des grandes villes.
01:42Et cette question de Noa, quel est l'avenir de cette proposition de loi ?
01:46Elle va maintenant passer au Sénat.
01:47Est-ce qu'elle a une chance d'aboutir ?
01:48Est-ce que les étudiants, tous les étudiants,
01:49ont bientôt peut-être la chance d'avoir ces repas à un euro ?
01:52Alors d'abord, c'est un vieux sujet, effectivement,
01:54le repas pour tous les étudiants à un euro,
01:56qui est né en post-Covid.
01:58Pendant le Covid, souvenez-vous, il y a un certain nombre d'étudiants
02:01qui ont perdu tout simplement leur petit boulot,
02:03qui leur permettait d'avoir des revenus suffisants
02:05pour pouvoir se nourrir le temps de leurs études.
02:07Ils cumulaient études et petits boulots,
02:09et comme effectivement tout a fermé,
02:10ils n'avaient plus de travail annexe.
02:12Donc il y a une paupérisation massive des étudiants.
02:14Effectivement, ces files d'attente qu'on a vues auprès d'associations,
02:18qui étaient vraiment très très longues,
02:20et donc à ce moment-là, le gouvernement s'est dit
02:22on va généraliser le repas à un euro,
02:23qui était réservé jusque-là aux étudiants boursiers
02:25et très précaires, comme ça,
02:26on n'aura plus ces images de files d'attente
02:28qui étaient effectivement assez désastreuses pour le gouvernement
02:30et surtout très tristes pour les étudiants.
02:32On est revenus depuis aux étudiants seulement modestes,
02:35parce que ça coûtait un petit peu cher,
02:36disaient en effet les ministres successifs.
02:38Alors, pour quand même commenter ce que dit le ministre de l'Enseignement supérieur,
02:41entre 70 et 90 millions d'euros,
02:43c'est un tout petit peu moins,
02:45chouïa moins que le coût de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
02:48C'est bien de comparer aussi, par contre,
02:50pour voir un petit peu ce qu'on peut s'offrir en France
02:53pour ce montant-là.
02:56Voilà, exactement.
02:57Donc, l'issue logique pour cette proposition de loi
03:00qui donc a été acceptée par l'Assemblée nationale,
03:02c'est d'aller ensuite au Sénat.
03:03Il faut qu'elle soit validée par les deux chambres.
03:04Et là, ça s'annonce, en effet,
03:06je ne veux pas démoraliser les étudiants,
03:07mais beaucoup plus compliqué,
03:08parce qu'effectivement, les principales oppositions
03:10à cette proposition de loi,
03:12elles viennent du centre et de la droite.
03:15La première opposition, c'est de dire,
03:17ce sont notamment des sénateurs de droite qui le disent,
03:19ils préfèrent un tarif progressif,
03:20en disant, là, c'est un peu injuste,
03:22parce que finalement, même les étudiants les plus aisés aussi
03:24auraient le droit à un repas à 1 euro.
03:26Finalement, ils n'ont pas besoin d'un tarif préférentiel,
03:28donc il vaudrait mieux faire quelque chose de progressif.
03:30Alors, le minimal pour les étudiants les plus modestes,
03:33c'est 1 euro.
03:34Le maximum pour les autres étudiants, c'est 3,30 euros.
03:36Imaginez quelque chose de progressif.
03:38Comment est-ce qu'on vérifie ça ?
03:39Quels étudiants ont un petit boulot ?
03:41Ça s'annonce quand même très, très compliqué.
03:43Par ailleurs, le deuxième argument,
03:46c'est de dire que, finalement,
03:49même s'il y a beaucoup d'inflation en ce moment,
03:51il y a quand même des étudiants qui s'en sortent
03:53et qu'il y a de moins en moins d'étudiants paupérisés.
03:55On n'est pas sûr vraiment que les dernières études
03:57qui ont été faites soient tout à fait fiables.
03:59En tout cas, le Sénat, cette chambre-là,
04:02elle est majoritairement au centre et à droite,
04:04car elle concentre la majorité des opposants
04:06à cette proposition de loi.
04:07Donc, je ne veux pas déprimer les étudiants encore une fois,
04:10il peut y avoir d'autres propositions annexes,
04:12quelque chose de progressif plus tard,
04:13où elle sera redéposée.
04:15À chaque fois, elle fait un peu plus de chemin.
04:17Mais pour l'instant, en tout cas,
04:18elle va être très difficilement validée au Sénat,
04:20donc elle n'a quasi aucun avenir.