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Le président de Reconquête, Eric Zemmour, était invité ce jeudi dans l'émission «L'Heure des Pros 2» sur CNEWS. Retrouvez en intégralité son interview par Pascal Praud.

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Transcription
00:00Bonsoir à tous, Élisabeth Lévy, Gilles William, Godenadel, Joseph Massescaran
00:04sont avec nous ce soir pour interroger Éric Zemmour.
00:07Bonsoir. Merci d'être avec nous, Éric Zemmour.
00:10Vous arrivez de Washington.
00:11Vous avez assisté à l'investiture de Donald Trump.
00:14Quel enseignement tirez-vous de ce voyage ?
00:17D'abord, vous dire pourquoi j'ai voulu y aller.
00:22Après tout, j'aurais pu rester à Paris.
00:26Je pense que la victoire de Donald Trump,
00:31davantage d'ailleurs en 2024 qu'en 2016,
00:34est un événement historique.
00:36Et je vous avoue qu'on est tous un peu, j'espère, de la même trampe.
00:42C'est-à-dire que quand il y a un événement historique,
00:45je pense qu'il faut sortir de son petit train-train,
00:48de ses petits éléments de langage, de ses petites querelles picro-collines
00:52et regarder, voir, comprendre et, si possible, y aller.
00:58Ça, c'est la première raison et je pense qu'elle est fondamentale.
01:01Vous savez, j'ai été longtemps journaliste, je reste un écrivain
01:05et j'ai besoin de voir, de comprendre, de sentir
01:09quand il y a un événement historique.
01:12Il y avait une histoire assez belle.
01:15On dit que le grand philosophe Emmanuel Kant faisait une promenade tous les jours
01:20et qu'il ne l'a interrompue qu'une seule fois, le 14 juillet 1789.
01:25Là, c'est un peu la même chose.
01:27Deuxième raison, je voulais absolument montrer aux dirigeants américains
01:34que, disons que la classe politico-médiatique française
01:38n'était pas unanime contre eux et qu'il y avait eu,
01:41d'ailleurs certains l'avaient remarqué, un parti reconquête
01:46qui, depuis le début de la campagne, avait dit, nous, on est plutôt pour Trump,
01:51on n'est pas pour Kamala Harris, au-delà des prudences des uns
01:54et de la vindicte des autres.
01:57Troisième raison, je trouvais très intéressant de converser, d'échanger,
02:04de comprendre des gens de la nouvelle classe dirigeante américaine.
02:09À la fois, et j'ai eu la chance d'en rencontrer,
02:12à la fois des gens qui seront dans l'administration,
02:15ou qui seront ministres, ou qui seront dans ce qu'on appelle
02:18les cabinets ministériels en France.
02:20Et aussi, vous savez, tous les membres de ces instituts,
02:26de ces finc-fanc, de ces fondations qui ont, en vérité,
02:30du Clermont Institut, que je connaissais depuis l'été, à Heritage Fondation,
02:34vous savez, qui a fait grand bruit pendant la campagne,
02:36ou Hudson Institut, qui ont préparé et la victoire de Trump
02:43et la réaction au wokeisme et à ses ravages depuis dix ans.
02:50C'est eux qui ont écrit, qui ont forgé le logiciel qui permet
02:54aujourd'hui à Trump d'avoir des armes pour lutter contre le wokeisme
03:01et toutes ses conséquences.
03:03D'ailleurs, et je m'arrêterai là, j'ai trouvé des gens très francophiles,
03:10vraiment aimant sincèrement la France.
03:12Et très inquiets pour la France.
03:16Vous savez, ils me racontent tous les mêmes anecdotes,
03:18c'est-à-dire qu'ils sont arrivés à Roissy, ou alors ils sont arrivés
03:22par le train de Londres, à Gare du Nord, et ils regardent
03:27et ils voient l'état du grand remplacement en cours et ils me disent
03:30mais qu'est-ce qui se passe en France ?
03:32Ils m'ont répété ça tout le temps.
03:35Donc ça, je voulais vraiment, tout ça était intéressant.
03:39Par ailleurs, alors pour l'anecdote, ça va vous faire plaisir,
03:41j'ai pu, parce qu'il y avait des gens qui m'ont lu,
03:45qui m'ont lu même en français, et donc j'ai pu finaliser
03:49la publication aux Etats-Unis de l'adaptation du suicide français
03:54en langue américaine.
03:55Donc j'étais content de finaliser ça.
03:58Vous voyez, c'est pas allé pour rien.
04:00J'imagine évidemment qu'un voyage comme celui-là,
04:02vous essayez de tirer des enseignements pour la France.
04:05Et j'ai envie de dire que Trump incarne et illustre votre théorie
04:09d'une victoire possible en France, c'est-à-dire unir la bourgeoisie
04:15patriotique, ce que vous appelez la bourgeoisie patriotique,
04:18et les classes populaires.
04:19Trump a réussi à le faire.
04:20Il l'a fait même de manière tout à fait surprenante,
04:22avec la Silicon Valley et puis les Gilets jaunes, s'il jose dire.
04:26Est-ce que ce modèle, selon vous, est possible en France ?
04:30Moi, je crois que c'est non seulement qu'il est possible en France,
04:32mais c'est le seul qui fera gagner la France.
04:36Parce que là, vous avez tout à fait raison.
04:39Vous mettez l'éclairage sur l'alliance sociologique et donc politique.
04:46Mais on pourrait même aller plus profondément.
04:49Qu'est-ce que c'est que le trumpisme aujourd'hui ?
04:51C'est l'alliance entre la volonté des peuples occidentaux
04:55de défendre leur identité et le souci constant en Occident depuis,
05:01au moins à la Renaissance, mais en vérité, ça remonte à plus loin,
05:04de d'utiliser la science, d'utiliser la rationalité.
05:08On remonte à la grecque antique pour avancer et pour faire progresser l'Occident.
05:16Et cette convergence entre les deux, vous avez tout à fait raison,
05:19entre la réalité anthropologique de l'humanité, quand Trump dit
05:26il n'y a que deux genres, un homme et une femme,
05:29et en même temps, ce souci modernissime d'envoyer des fusées
05:34vers Mars.
05:35Oui, mais il faut une incarnation.
05:36Il faut une incarnation, mais vous savez...
05:37Et cette incarnation, elle est très puissante avec Donald Trump.
05:40Il y a un charisme quand même hors norme.
05:42Il y a quelqu'un qui sort de l'ordinaire, même parmi les présidents américains.
05:46Peu ont... Bush n'avait pas ce charisme-là.
05:49Depuis Obama, il n'y en a pas eu un.
05:52Mais vous savez...
05:53Et c'est essentiel.
05:55Vous avez raison, vous avez raison.
05:56L'incarnation est essentielle en politique, c'est évident.
05:59Mais en 2020, quand Trump a été battu,
06:03quand il y a eu l'affaire du Capitole,
06:06tout le monde avait enterré Trump.
06:08On disait Trump est mort.
06:09On disait, ah, le Trumpings peut-être à de l'avenir,
06:13mais sans lui, avec un autre.
06:15Donc permettez-moi de sourire quand j'entends ça.
06:18Donc vous vous y croyez, vous y croyez pour vous.
06:20Écoutez, j'y crois pour moi, d'abord parce que je pense que
06:24on peut développer, d'ailleurs.
06:26Qu'est-ce que ce Trumpisme ?
06:27C'est intéressant.
06:28Je pense que je suis la seule incarnation en France de cette alliance,
06:31non seulement sociologique, mais presque idéologique.
06:34Et quand j'ai entendu le discours d'intronisation de Donald Trump
06:41dire l'immigration est une invasion et une conquête.
06:47Pardonnez-moi, mais ça a résonné bizarrement à mes oreilles.
06:52Quand il disait également, je vous ai dit,
06:56deux genres, un homme, une femme.
06:58Quand il dit l'État doit s'alléger, doit supprimer des normes.
07:03Quand il dit aussi que le protectionnisme n'est pas un mal en soi
07:08et qu'on peut s'en servir.
07:10Voyez, je pense qu'il y a là une synthèse qui me convient assez bien
07:14et qui va, d'après moi, conquérir toute l'Europe et tout l'Occident.
07:19D'abord, parce qu'il n'y a pas de phénomène politique,
07:23culturel, artistique qui, une fois né dans un pays de l'Occident,
07:30ne se soit pas répandu ailleurs, dans toute l'Europe.
07:34Et par ailleurs, entre les États-Unis et la France,
07:36mais ça, vous le savez comme moi, il y a des relations privilégiées.
07:40Tous les pères de la Constitution américaine avaient élu Montesquieu et Rousseau.
07:45La Révolution américaine fascinait les révolutionnaires français.
07:48Et aujourd'hui, c'est évident que nous sommes très impressionnés
07:54et très influencés par la culture américaine.
07:58Dans votre critique commune à Trump et à vous-même de ce que vous n'aimez pas,
08:05vous oubliez la critique commune des médias dominants.
08:11Je n'oublie pas.
08:12Il y a une certaine divergence qu'on peut avoir entre nous.
08:15Vous êtes peut-être le seul à vous être livré à une critique acérée
08:19de l'appareil dominant, par exemple de l'audiovisuel de services publics.
08:24Et je vais vous dire quelque chose.
08:25La victoire de Trump nous donne du courage, si j'ose dire, et de l'espoir.
08:32Après tout, lui n'a jamais cédé.
08:34Il a affronté toute cette machine idéologique,
08:38que ce soit les médias, les réseaux sociaux, etc.
08:41Je me souviens, vous savez, je l'ai eu au téléphone en 2022
08:46pendant la campagne présidentielle.
08:48Et il me disait ne changez rien, ne cédez rien, ne cédez sur rien.
08:53Et vous verrez, à la fin, ça finira par payer.
08:55À l'époque, il était l'homme mort que j'ai décrit tout à l'heure.
09:00J'ai été très frappé, sans doute vous aussi,
09:02par les images de la restauration, de l'inauguration de Notre-Dame de Paris.
09:09D'abord par, évidemment, la beauté de la cathédrale
09:13et du travail de tous nos artisans.
09:16Mais aussi par les regards, pour le moins bienveillants,
09:21voire certains énamourés,
09:23quand Donald Trump et Elon Musk sont rentrés dans la cathédrale.
09:28Et je me suis dit, c'est l'humanité depuis toujours.
09:32C'est-à-dire que, alors que certains croient que c'est la dédiabolisation,
09:37la respectabilisation qui va permettre la victoire,
09:40c'est la victoire qui entraîne la dédiabolisation et la respectabilisation.
09:45Et ça, c'est la grande leçon.
09:47Mais ce n'est pas la première fois dans l'histoire.
09:50Mais là, c'était franchement net et même cruel
09:54pour les gens qui avaient insulté Trump et Musk.
09:58Alors, à mon sens, il y a une autre grande leçon
10:00et qui fait la différence entre la campagne présidentielle de Trump,
10:04la première fois et la deuxième fois.
10:06C'est l'aspect positif.
10:08Vous avez parlé, Eric Zemmour, du fait que vous êtes allé
10:11présenter votre livre « Le suicide français ».
10:14Est-ce que vous croyez que Donald Trump aurait fait un livre
10:16sur le suicide américain ?
10:18Ce que je veux dire par là, c'est que est-ce que les leaders,
10:21justement, de la droite, ils ne manquent pas,
10:25dans leur tableau général, à quelque chose qui soit positif ?
10:28Parce que quand on entendait Donald Trump,
10:29qu'il s'adresse à l'électorat latino ou autre,
10:32c'était un discours positif.
10:34Cher Joseph, on a justement reproché à Donald Trump,
10:40pendant la campagne de 2016 et même pendant la campagne de 2024,
10:45le ton apocalyptique qu'il empruntait
10:48pour décrire la réalité américaine.
10:51S'il voyait la réalité française,
10:52alors là, je pense qu'il serait encore plus effaré.
10:56Donc, je ne crois pas qu'il faille opposer
11:01ce discours apocalyptique que moi, j'appelle lucide.
11:04Après tout, l'apocalypse, c'est le dévoilement de la vérité.
11:08Et ce que vous appelez un discours pour l'avenir,
11:12je crois que c'est lié.
11:14Je crois que c'est lié.
11:16Je pense qu'il faut d'abord faire le constat
11:19le plus lucide possible de la catastrophe française
11:22et du vrai déclin occidental que nous vivons
11:26pour ensuite, si vous voulez, après avoir fait ce tableau,
11:31après avoir établi ce diagnostic et après avoir dit
11:33pourquoi, à mon sens, nous vivions un suicide français et occidental,
11:38voir comment on peut effectivement repartir de l'avant.
11:42Quand Trump dit le rêve américain est mort,
11:45il dit le rêve américain est mort.
11:46Mais dans la phrase suivante, il dit
11:48mais nous allons en réinventer un plus grand.
11:51C'est exactement le général de Gaulle en 1958
11:53quand il dit la quatrième république est en train de ruiner la France
11:56et il dit mais avec moi...
11:57Je crois que franchement, il faut tenir les deux bouts.
12:00Mais vous avez raison, ça veut dire qu'il faut dire
12:03aux Français, nous pouvons rétablir la France
12:07dans ce qu'elle a de plus grand, mais il faut voir comment.
12:10Vous comprenez ?
12:11Et moi, je pense que nous ne pourrons redevenir une grande France,
12:15voire une grande Europe, voire un grand Occident,
12:18parce que je me mets dans cette civilisation occidentale,
12:20même si j'imagine qu'on va en parler.
12:22Il peut y avoir des affrontements de nations,
12:24des rivalités de nations, des divergents de nations,
12:27mais nous sommes dans la même civilisation
12:28et c'est cette civilisation qui est en déclin.
12:31Moi, je pense que nous ne pourrons restaurer
12:34cette grandeur française et occidentale
12:37que si nous revenons justement à notre identité,
12:41c'est-à-dire française, occidentale et européenne.
12:44Et ce n'est pas en se croyant les adeptes
12:49d'un universalisme dévoyé,
12:51qui pensent que les êtres humains sont complètement interchangeables,
12:56qu'il n'y a pas de culture française,
12:58pour reprendre la célèbre formule d'Emmanuel Macron.
13:01Moi, je pense au contraire que nous vivons aujourd'hui,
13:04d'ailleurs, on pourrait le voir au-delà des États-Unis,
13:07tous les grands pays sont en train de se réapproprier leur histoire
13:11pour pouvoir aller de l'avant.
13:13Les Turcs redeviennent ottomans,
13:15les Russes se sont réconciliés avec l'orthodoxie,
13:18les Chinois redécouvrent Confucius.
13:21Les Américains redécouvrent la grandeur américaine.
13:26J'étais très frappé que Trump, qu'on montre en France,
13:32sous les aires d'un bonnet, et en tout cas d'un inculte,
13:36qui est allé chercher McKinley,
13:38c'est-à-dire le président américain que personne ne connaît en France.
13:42Moi, je me souviens vaguement de mes cours à Sciences Po,
13:44ils nous expliquaient que McKinley,
13:46c'était celui qui avait fait les taux de droit de douane à 50 %,
13:51qui avait permis à l'industrie américaine de devenir la première du monde.
13:56D'abord, les Juifs, les Latinos, les musulmans ont voté pour Trump.
14:02A priori.
14:03Dès.
14:04Non, non, non, je ne dis pas ça.
14:08C'est important de montrer qu'il y a eu un basculement.
14:14On s'arrête une minute là-dessus, parce que c'est très intéressant.
14:18Bien sûr que c'est intéressant.
14:19Très intéressant.
14:20J'ai essayé de comprendre ça.
14:23Je pense que c'est pour deux raisons différentes,
14:26mais qui sont en vérité la même raison.
14:29Beaucoup de Juifs ont basculé à droite depuis le 7 octobre.
14:34Je l'ai vécu moi-même, pardonnez-moi de parler de moi,
14:37mais j'ai eu plus de 50 % des Français juifs qui vivaient en Israël en 2022.
14:43Et je pense que c'était la même chose en France.
14:48Donc il y a effectivement un basculement à droite,
14:50parce que les Juifs ont compris, en tout cas la plupart,
14:54ont compris que l'Islam avait amené, plutôt l'immigration avait ramené
15:01un antisémitisme islamique qui est de tout temps,
15:05mais qu'elle l'avait ramené en Europe et en particulier en France.
15:09Et donc ils ont compris, les Juifs,
15:12qu'on avait embarqué à gauche depuis des décennies
15:15sur des raisons historiques de minorités assiégées,
15:19que la gauche les avait trahis et même était les alliés de leurs persécuteurs.
15:26Ça, c'est une première chose.
15:27Au-delà d'Israël, je pense que Gilles-Williams sera d'accord avec moi,
15:31c'est au-delà d'Israël.
15:32En vérité, on nous met toujours cette histoire d'Israël et tout.
15:35C'est beaucoup plus profond que ça.
15:37Première chose.
15:38Et puis il y a, vous avez raison, des Noirs, 20 %, des Latinos, 30 %.
15:44J'ai demandé, évidemment que ça m'a interrogé,
15:48et que j'ai demandé aux gens que je rencontrais des fondations
15:51dont je vous ai parlé, de toutes les fondations dont je vous ai parlé.
15:55Et ils m'ont répondu très simplement.
15:58Les Latinos, c'est parce qu'ils ne supportent plus
16:03la nouvelle immigration arabo-musulmane qui déferle sur les États-Unis
16:10et dont on ne parle jamais.
16:13Parce qu'il n'y a pas que des Mexicains
16:15qui passent par la frontière mexicaine avec les États-Unis.
16:18Il y a le monde entier, et en particulier les pays,
16:23les Afghans, les Pakistanais, les Kazakhs, etc.
16:29Tous musulmans.
16:30Et donc il y a des vrais problèmes de cohabitation
16:34entre les Mexicains catholiques et les musulmans.
16:37Ça me rappelle, cher Pascal, ce que vous me racontiez
16:40dans les vestiaires de foot entre les joueurs sud-américains et les musulmans.
16:46Il n'y a pas d'affrontement, chacun vit séparément, c'est différent.
16:50Mais là, chacun vit séparément,
16:53et ils ne supportent plus les manières des derniers venus.
16:56Ça, c'est pour les Mexicains.
16:57Ça donne 200 000 personnes par mois.
16:59Absolument.
17:00Vous comprenez bien le sens de ma question, ma question c'est ici.
17:04Comment vous faites pour parler aux musulmans de France ?
17:07C'est ça la question.
17:09Je finis parce que c'est important.
17:10Et une partie des Noirs,
17:12alors là, ça va déplaire fort à nos amis de gauche,
17:18c'est qu'ils ont détesté le wokisme.
17:22Les hommes, surtout les hommes.
17:23Évidemment les hommes.
17:24Et ils ont détesté le discours féministe depuis une vingtaine d'années,
17:32antiviriliste, etc.
17:34Donc c'est pour ça qu'il y a une partie des hommes Noirs
17:36qui ont voté pour Trump,
17:38qui avaient les mêmes codes qu'eux.
17:40Je pense que c'est la même chose.
17:41Ils sont perdus en pouvoir d'achat sous Obama.
17:44En plus, en prime.
17:47Je pense qu'il y a exactement les mêmes évolutions en France.
17:55J'ai, parmi mes rencontres de Washington,
17:58eu la joie et le plaisir de rencontrer une jeune femme,
18:01qui ne devait même pas avoir 30 ans,
18:04qui était marocaine,
18:06qui était dans les personnes que j'ai rencontrées,
18:08qui discutaient, qui avaient fait des études sur l'évolution de l'Europe,
18:14l'évolution stratégique, etc.
18:16Et qui, ensuite, m'a pris un peu à part et qui m'a dit
18:20« Mais vous savez, moi je suis triste quand je vois ce que devient la France.
18:25Moi, j'aime la France.
18:26Je ne veux pas que ça devienne un pays du Maghreb.
18:31Moi, vous savez, ce que j'aime en France, je ne reconnais plus la France.
18:35Ce n'était pas un grand blond d'oligocéphale qui me disait ça,
18:39vous comprenez ? »
18:40Parce qu'il faut comprendre ça, il y a, et à Paris,
18:44je discute avec beaucoup, mais évidemment,
18:48avec soit des Marocains qui ne vivent pas en France
18:51et qui viennent en France et qui me disent
18:52« Mais moi, je viens en France pour voir la France.
18:55Je ne viens pas en France pour me retrouver à Rabat. »
18:58Ou alors des Français de confession musulmane,
19:02beaucoup cabiles, qui me disent
19:04« Mais moi, quand j'étais jeune, la religion, c'était à la maison.
19:08Et c'est vous qui avez raison. »
19:09Vous voyez ?
19:10Donc, je pense qu'il y a, d'ailleurs, il y a,
19:12on pourrait faire des analyses, mais on n'aura pas le temps ici,
19:14il y a un vrai conflit de générations.
19:16Oui, tout à fait.
19:17Un peu entre les jeunes qui sont vraiment charia-compatibles,
19:22on dira, de plus en plus,
19:24et les gens de notre génération
19:26qui ne supportent pas cette évolution pour beaucoup.
19:28Vous disant en plus qu'à Rabat, on respecte la loi.
19:31Absolument.
19:33Absolument.
19:33Comme il est 20h25 et qu'il y a ce fameux temps de parole
19:37qui nous oblige à aller vite,
19:40deux, trois petites questions très rapides.
19:42Vous étiez avec Sarah Knafo à Washington.
19:46Comment vous répartissez-vous les rôles dans l'avenir ?
19:51Écoutez, c'est assez simple.
19:52Vous savez, d'abord, je voudrais dire que depuis,
19:56je suis heureux que depuis plusieurs mois,
19:58les gens la découvrent.
20:00Moi, je connaissais son intelligence, sa finesse, son courage,
20:06et je suis content que les Français la découvrent
20:11telle que moi, je la voyais.
20:13Ça, c'est une première chose.
20:14La deuxième, la répartition est assez simple.
20:16Nous l'avons décidé cet été.
20:20Moi, je ne supporte plus les émissions de 10 minutes
20:25où on vous coupe la parole tout le temps
20:26parce que le journaliste en face croit malin
20:29et croit insolent de vous couper la parole
20:32sans vous laisser le temps de finir une phrase.
20:35Donc, j'ai décidé de n'aller que dans des émissions
20:39comme la vôtre où je peux m'exprimer,
20:41où on peut discuter, converser,
20:43et où j'ai le temps d'élaborer,
20:45d'expliquer ce que je veux faire pour la France
20:48et ce que je pense et ce que j'analyse.
20:51Voilà, je crois que la répartition des rôles est plutôt efficace
20:56et qu'elle rend jaloux beaucoup de partis politiques.
20:59Mais c'est-à-dire que si demain, il y a une élection présidentielle,
21:02c'est vous qui montez au créneau pour défendre Conquête ?
21:06Évidemment.
21:07Mais je ne crois pas que ce soit une question entre elle et moi.
21:10Je ne sais pas, moi, je ne la connais pas.
21:12Il faut lui demander, mais moi, je ne pense pas.
21:16Non, mais peut-être juste pour revenir à Trump,
21:20vous appréciez certainement le fait qu'il ne se paye pas de mots,
21:24qu'il est dans le rapport de force.
21:26Simplement, le temps qu'on ait un nouveau Trump,
21:28est-ce qu'il restera une industrie européenne à la fin ?
21:30Non, mais attendez.
21:31Et comme patriote, disons, français,
21:33est-ce que vous n'allez pas déchirer ?
21:34Ça, c'est une très bonne question.
21:35Merci.
21:36Non, mais je veux dire, c'est important.
21:37Faites-moi une très bonne réponse.
21:38Je vais essayer.
21:39D'abord, je voudrais vous dire que,
21:41ça me permet de vous dire que je ne suis pas le porte-parole
21:45ni de Trump, ni des États-Unis, ni d'un parti trumpiste.
21:50Je pense qu'il y a des accointances, des affiliations.
21:55Vous savez, au XIXe siècle,
21:56il y avait déjà l'international socialiste
21:57entre tous les partis socialistes.
21:58Quand je vois M. Macron dénoncer l'international réactionnaire,
22:02il devrait se renseigner et ouvrir des livres d'histoire.
22:04Ça a toujours existé en politique.
22:06Bon, il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas, comme ça,
22:09des affinités entre partis et qu'eux,
22:11Musk, disent, moi, je suis pour l'AFD,
22:13je suis pour ceci, etc.
22:16Deuxièmement, j'ai écrit et je suis beaucoup intervenu
22:23pour expliquer mes différences, mes oppositions,
22:26voire mes critiques à l'Amérique.
22:28Je crois que je pourrais vous réciter par cœur
22:31le dialogue à Serbes dans les mémoires de guerre
22:33du général de Gaulle entre Harry Hopkins,
22:35bras droit de Roosevelt et le général de Gaulle,
22:38qui se sont étripés, il y a trois, quatre pages là-dessus,
22:40absolument incroyables, sur les responsabilités de l'Amérique
22:44qui a abandonné la France après la première guerre mondiale.
22:46Donc, vous voyez, je n'ai pas de tendresse particulière
22:50pour les lâchages et les différences avec l'Amérique.
22:55Mais ce qui m'amuse, c'est qu'on voit aujourd'hui
23:00ceux qui ont laissé tout faire,
23:02ont laissé enfermer ce pauvre Pierucci en prison.
23:05Vous savez, ce cadre d'Alstom qui a été enfermé,
23:07personne ne l'a aidé.
23:09À l'époque, on ne disait rien.
23:10Ceux qui ont vendu, n'est-ce pas, M. Macron,
23:14Alstom, aux Américains.
23:16Ceux qui se couchent devant, à chaque fois, les Américains
23:20et aujourd'hui, qui jouent aux grands patriotes
23:23et aux grands défenseurs de l'indépendance nationale
23:26parce que ce n'est plus Obama ou Biden,
23:28mais que c'est Trump qui est à sa tête.
23:30Moi, je réagirais de la même façon.
23:31Mais vous avez raison, Trump nous dit l'Amérique d'abord,
23:35nous devons répondre la France d'abord.
23:37Et nous devons absolument nous battre en Europe
23:41pour imposer ces règles.
23:42Je parlais tout à l'heure de protectionnisme.
23:45Il est évident qu'aujourd'hui, la mondialisation heureuse
23:49qu'on nous a décrite dans les années 90
23:51et qu'on nous a imposée est morte.
23:53Et qu'aujourd'hui, nous allons avoir des grands blocs régionaux
23:58qui seront protégés.
24:00Et si l'Europe ne se protège pas, on sera mort.
24:03Donc, il faut qu'on ait un vrai affrontement avec l'Allemagne.
24:06Comme il est 20h30 et je suis obligé de vous couper.
24:08Et franchement, c'est difficile, bien sûr,
24:11parce que j'aimerais vous entendre plus longtemps,
24:12mais ce temps de parole est terrible.
24:13Je voulais simplement vous faire sourire.
24:16Je vous en prie.
24:16Et vous faire écouter le ministre de la Vérité à la RTBF.
24:22Parce que c'est une séquence qui nous fait rire depuis hier.
24:25Et je trouve qu'elle est formidable parce qu'elle résume tout.
24:29Alors, on l'a écouté pendant une trente minutes.
24:31On ne s'en lasse pas.
24:33Et on pouvait se quitter parce que vous savez que Trump
24:35n'a pas été écouté en direct dans son discours
24:39et en différé de deux minutes.
24:40Et des experts choisis par je ne sais qui
24:43étaient chargés de valider s'il a bonne parole.
24:45Mais mon cher Pascal, si je puis me permettre, en une minute,
24:48je pense qu'on a sous-estimé l'importance de la révélation
24:53de Mark Zuckerberg, qui a avoué qu'il avait utilisé
24:57ses Facebook et son algorithme
25:02pour censurer les gens de droite sous couvert de fact-checking, etc.
25:06Alors, je pense qu'il a avoué le projet totalitaire de la gauche
25:10et personne ne dit rien en face.
25:11Si, on le dit, mais regardez ça.
25:13Alors, on est déjà très en retard, mais ce n'est pas grave
25:15parce que je voulais quand même vous faire réagir.
25:17Parce que les médias, forcément, avec le discours que vous portez,
25:21c'est compliqué pour vous de le faire entendre
25:24pour la raison que vous avez dite.
25:25J'ai bien vu pendant la campagne présidentielle.
25:27Bon, voyez cette petite séquence qui peut nous faire sourire.
25:30Alors, on a constaté à plusieurs reprises que Donald Trump
25:33a tenu des propos racistes d'extrême droite,
25:36xénophobes, d'incitation à la haine également.
25:40Et donc, nous avons décidé de diffuser ce discours
25:42avec un léger différé pour prendre tout simplement
25:44le temps de l'analyse du décryptage.
25:48Et c'est une pratique que nous appliquons déjà
25:50depuis de nombreuses années à la RTBF en Belgique francophone
25:54avec d'autres médias et que nous appelons avec un terme technique
25:58qui s'appelle le cordon sanitaire médiatique
26:02et qui nous permet tout simplement d'éviter de banaliser
26:05des propos d'extrême droite, des propos d'incitation à la haine,
26:08d'éviter de normaliser ces propos.
26:11Alors, il ne s'agit certainement pas de censure.
26:14Évidemment que la RTBF ne pratique pas la censure,
26:17mais nous ne diffusons pas ce type de propos en direct.
26:20Nous les analysons et nous prenons le temps
26:22de les décrypter et de les engager.
26:24Voilà, c'est merveilleux.
26:25C'est merveilleux, c'est merveilleux.
26:27Ils prennent les gens, un, pour des imbéciles et deux,
26:32je dirais pour finir, vous savez, depuis des années,
26:35à chaque fois que les gens comme moi dénoncent les délires sociétaux,
26:41on nous balance, ah, c'est une panique morale.
26:44Eh bien moi, j'ai envie aujourd'hui de dire,
26:47voilà, retour à l'envoyeur.
26:49Ils sont vraiment victimes d'une panique morale.
26:52Merci, merci beaucoup Éric Zemmour.
26:55On avait un temps de parole.
26:57Je remercie Thomas Bauder qui était avec nous,
26:58qui m'a précisé que vous aviez le droit à 20 ou 22 minutes
27:01de temps de parole ce soir.
27:04Tout cela est assez réglementé, on peut l'entraîner ou pas,
27:06mais c'est la loi, on dira l'ex.
27:09C'est ça qu'il faut changer.
27:11Il me semble, il me semble que...
27:14Moi aussi, je pense que là, il a un grand souffle
27:16sur la liberté d'expression.
27:18Ça va devenir une question fondamentale du débat politique français.
27:21Enfin, il y a respect de la loi.
27:22Je pense que ça l'est.
27:23Il y a quand même respect de la loi.
27:25Parce qu'à 7h05, 7h05 sur France Inter,
27:30c'était Zuckerberg qui cette fois-ci
27:33était traité de gros connard.
27:35Après Moscou ?
27:36Après Moscou.
27:37Et c'est contre la loi, ça ?
27:39Personne.
27:40En théorie, je pense que l'ARCOM serait bien inspiré
27:44de penser qu'on ne peut pas insulter les gens comme ça.
27:46Il me semble qu'ici, les C8 ont été condamnés
27:49à plusieurs millions pour avoir traité M. Bouillard de gros connard.
27:52L'ARCOM vous écoute, l'ARCOM vous regarde,
27:55l'ARCOM vous observe,
27:59l'ARCOM compte !
28:03Chaque mot qui sort de votre bouche.
28:05Et l'ARCOM me dit qu'il faut marquer une page de bouche.
28:09Donc je salue nos amis de l'ARCOM, bien évidemment,
28:12que nous écoutons.
28:13Et merci à vous et merci à votre collègue.
28:15Merci Eric Zemmour.
28:16À tout de suite après la pause.

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