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  • 23/01/2025
Dans son édito du 23/01/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur l'investiture de Donald Trump et la RTBF qui a diffusé les images avec deux minutes de retard sur sa chaine.

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Transcription
00:00Laissez-moi vous parler de la République socialiste soviétique de Belgique francophone.
00:04Alors, nous connaissons bien évidemment la loi du cordon sanitaire en Belgique francophone,
00:10qu'on doit distinguer de la Belgique néerlandophone, ou de la Flandre en fait.
00:16L'idée est la suivante, il ne faut pas admettre dans l'espace public des invités,
00:22des discours qui seraient associés à l'extrême droite, dit-on.
00:26On connaît ça par cœur.
00:28Mais on ne doit pas les permettre dans le discours, dans la vie publique,
00:31parce qu'ils auront un effet de contamination sur les autres.
00:33On doit protéger les citoyens belges francophones contre ce discours inquiétant
00:39d'extrême droite qui n'est jamais particulièrement caractérisé, cela dit.
00:43Maintenant, on a franchi une étape, parce que normalement ça sert à gérer en fait,
00:47dans l'espace public, l'équivalent de ce que serait le RN en France,
00:50mais aussi, soyons très honnêtes, ce que serait la droite DLR,
00:53c'est vraiment accès à l'espace public en Belgique francophone.
00:56Mais un pas a été franchi dans cette petite Moldavie qui est à côté de nous.
01:00Et qu'est-ce qu'on voit? C'est Aurélie Didier.
01:03La vidéo a tourné beaucoup sur les réseaux sociaux, il faut la voir.
01:06Elle est directrice éditoriale adjointe de la RTBF.
01:10Et elle explique le discours de Donald Trump, de l'inauguration,
01:14il n'était pas possible de le diffuser en direct.
01:17Pourquoi? Parce que Donald Trump est à l'extérieur du cordon sanitaire.
01:22Pourquoi? Parce qu'il a tenu des propos, dit-on, racistes, discriminatoires,
01:28misogynes et tout le tralala.
01:30Et on lui pose la question, mais comment peut-on décider si Donald Trump est d'extrême droite?
01:35Eh bien, que dit Aurélie Didier?
01:37Mais on s'est tourné vers des experts qui nous ont dit,
01:40au terme de leur analyse, qu'il était d'extrême droite.
01:43Alors, on voit encore une fois le rôle absolument central des sciences sociales
01:47dans la censure des temps présents.
01:49Alors, elle dit, et là je cite, c'est génial, c'est mon passage préféré,
01:53« Il ne s'agit certainement pas de censure, mais nous ne diffusons pas ce type de propos en direct. »
01:59Alors, c'est quoi si ce n'est pas de la censure?
02:01Alors, elle nous explique par ailleurs, on peut accepter de diffuser ce discours,
02:05il y a eu quelques minutes d'air de différer,
02:07mais à condition toujours de le mettre en contexte et de l'expliquer
02:11pour s'assurer que le citoyen qui regarde ça n'ait pas un accès immédiat
02:16au discours d'extrême droite supposé,
02:18accessoirement du président de la plus grande puissance de la planète.
02:22Donc, on est vraiment... et pourquoi c'est intéressant?
02:24Parce qu'on pourrait se dire, effectivement,
02:26la portée historique de la Belgique francophone est un peu limitée.
02:29Ce sont des gens fort honorables,
02:31mais c'est quand même objectivement le laboratoire de l'autoritarisme progressiste
02:34en Europe occidentale.
02:35C'est pour ça que je l'appelle, c'est notre petite Moldavie à nous.
02:38Le problème de cette république socialiste soviétique,
02:41c'est qu'elle représente en quelque sorte l'inconscient de l'européisme dominant.
02:45Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on veut? On veut fermer Twitter.
02:47Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on veut? On multiplie les délits d'opinion.
02:50Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on veut?
02:51On rêverait, en fait, d'appliquer en France la loi du cordon sanitaire belge.
02:55Parce que, rappelez-vous, dans les rédactions, on l'entend souvent.
02:59Si au moins on pouvait appliquer en France la loi belge,
03:02on n'aurait pas ce problème de RN.
03:04Donc, la Belgique francophone est obligée de désir
03:07par les progressistes européens et français, notamment.
03:10Alors, ça a été contesté, cela dit.
03:13Oui, Bouchez, qui est le chef du parti de droite là-bas,
03:19le mouvement réformateur, si je ne me trompe pas,
03:21a dit, il a qualifié, donc une forme de petite révolte interne,
03:24la RTBF, c'est le ministère de la censure et de la propagande,
03:28et il dit qu'on ne doit plus tolérer ça.
03:30Eh bien, la société des journalistes de la RTBF a décidé de réagir,
03:35et voilà une citation de son communiqué.
03:39La RTBF a bien diffusé les propos de Donald Trump en intégralité,
03:43en l'analysant de façon journalistique,
03:45en le décodant, mais pas en direct,
03:47en se basant sur les nombreux propos
03:49déjà tenus par le président américain.
03:51L'analyse juridique effectuée par la RTBF a conclu
03:54qu'il y avait un risque que Donald Trump tienne des discours
03:57contenant des incitations à la discrimination,
04:00à la haine, à la violence,
04:02basé sur de nombreux discours déjà tenus par le président américain.
04:04Puisqu'on suppose que vous allez peut-être tenir
04:06des discours infréquentables,
04:07dès lors, on vous censurera à l'avance,
04:09on va encadrer votre propos, on va le limiter,
04:11on va le formater, et dès lors, on le donnera à manger
04:13à ceux qui ne sont pas capables de se nourrir
04:15intellectuellement par eux-mêmes.
04:16Cette histoire n'est-elle pas à mettre en lien
04:18avec une récente tribune du patron de l'AFP
04:21qui s'inquiète de la fin du programme
04:23des fact-checkers sur Meta, Facebook, Instagram?
04:26Ça, c'est fondamental.
04:28Parce que qu'est-ce qu'on voit ici?
04:29Il y a cette peur terrible chez les fact-checkers.
04:32Ils ne seront plus alimentés justement par Meta.
04:34Donc là, ils paniquent parce qu'ils perdent de l'argent
04:36et ils trouvent des raisons morales
04:37de justifier leur travail.
04:38On connaît ça.
04:39Mais, alors là, il a publié, Fabrice Frise,
04:41j'espère ne pas mal prononcer son nom,
04:43a publié dans Le Monde hier une tribune inquiète
04:45où il explique le rôle des fact-checkers
04:47dans nos sociétés.
04:48Et que dit-il?
04:49Je cite, c'est ma citation préférée de l'année.
04:51« L'écosystème de la désinformation
04:53est sorti grand vainqueur du cycle d'élections de 2024,
04:57contribuant à faire élire populistes
04:59et dirigeants autoritaires.
05:01Dans ce contexte, baisser la garde
05:03est irresponsable. »
05:05Fin de la citation.
05:06On nous explique ici, le patron de l'AFP,
05:08nous explique que son rôle est d'empêcher l'élection
05:10de ce qu'il appelle des populistes
05:12et des dirigeants autoritaires.
05:14On comprend que par là, il rentre là-dedans Donald Trump,
05:16il rentre probablement les partis dits de droite populiste
05:18ou de droite nationale en Europe.
05:20Donc, on comprend que dans son esprit,
05:22l'AFP a pour fonction aussi d'empêcher l'élection
05:25et la percée de certains courants politiques et idéologiques.
05:29Voilà pourquoi, sous le signe de la blague, évidemment,
05:31je surnomme l'AFP l'Agence française de propagande.

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