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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 22 janvier 2025 : le comédien, Nicolas Duvauchelle. Il est à l'affiche du film d'Akaki Popkhadze, "Brûle le sang".

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Transcription
00:00Bonjour Nicolas Divochel.
00:02Bonjour.
00:03Vous faites partie de ces acteurs physiquement engagés dans leur interprétation.
00:06Votre premier rôle, vous l'avez eu à 18 ans dans le drame Le petit voleur d'Eric Zonka.
00:09Xavier Giannulli vous a repéré, a suivi, vous offrant le rôle de Paul dans Les Corps Impatients
00:14qui vous avait lu d'être nominé au César dans la catégorie Meilleur Espoir masculin.
00:18Depuis, vous avez construit votre carrière entre cinéma d'auteur et rôle souvent très physique,
00:23aussi bien dans des drames que dans des thrillers.
00:25Vous avez alterné entre superbes productions et films indépendants.
00:29Je vais en citer quelques-uns.
00:30Police de Maïwenn, la fille du puissantier de Daniel Otteuil, Dalida de Lisa Azuelos
00:35ou encore Collier Rouge de Jean Becker.
00:37Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film de Akaki Popkazé.
00:43Brûle le sang, l'histoire d'une famille géorgienne dont le père, pilier de la communauté locale,
00:48se fait assassiner à Nice.
00:50La victime avait deux fils et une femme.
00:53L'un d'eux veut devenir prêtre orthodoxe, l'autre se venger.
00:56Vous êtes Gabriel, celui qui souhaite en découdre avec les assassins de son père.
01:00C'est un rôle fort qui nécessite encore une fois une vraie implication physique.
01:04C'est violent, avec en toile de fond le besoin testostéroné de faire justice soi-même.
01:08Qu'est-ce qui vous a plu dans ce scénario ?
01:10Ce qui m'a plu dans ce scénario, c'est la rencontre avec Akaki Popkazé.
01:14Ce qui me plaisait beaucoup, c'était le tiraillement entre le pardon et le désir de vengeance.
01:20Et aussi de découvrir toute cette communauté géorgienne et la religion orthodoxe.
01:26Ça, ça me plaisait beaucoup parce que je ne connaissais pas du tout.
01:29Et de se plonger dans ce rôle, dans ce personnage qui est tiraillé entre le pardon,
01:35il est plutôt dans la vengeance au début, on ne peut pas tout raconter,
01:39mais il veut peut-être pardonner un moment.
01:41Donc il y avait tout aussi cette question chrétienne du pardon.
01:45Ça me touchait beaucoup.
01:47Il faut du temps pour pardonner ou pas ?
01:49Ça dépend quoi.
01:51Mais oui, et puis en vengeant, le sang appelle le sang, c'est jamais bon.
01:56Après ça découle encore sur d'autres vengeances et ainsi de suite, ça ne s'arrête jamais.
02:01Donc oui, le pardon est nécessaire.
02:03Je voudrais qu'on parle de violence.
02:07Je voudrais que vous réagissiez à la plainte déposée par Sarah Forrester,
02:10c'était il y a trois ans, à votre rencontre.
02:14Plainte qui a débouché sur une enquête lancée par le Parquet de Paris.
02:18On vous accuse de l'avoir giflé en plein tournage, au début du tournage du film Bonhomme.
02:23Donc en 2017, elle vous accuse, effectivement.
02:25Le commissariat du 11ème de Paris a suivi les investigations.
02:29Il y a eu pas mal de choses écrites dans Mediapart, dans Le Parisien également.
02:32Vous répondez quoi à ça ?
02:34Je suis ravi que vous me posiez la question.
02:36Moi j'ai jamais reçu, dès qu'on a eu la plainte,
02:40moi j'ai demandé à être entendu par le procureur,
02:42j'ai jamais eu de nouvelles depuis.
02:44On a eu une altercation, tous les deux, mais ça a été juste verbal.
02:49Moi je dois avoir dit témoins, dont une régisseuse, un régisseur, la maquilleuse,
02:53beaucoup de monde, et surtout Marion Vernoux a écrit une lettre là-dessus,
02:56qui est consultable par tout le monde, mais que personne ne veut publier, bizarrement.
02:59Donc voilà, pourquoi j'ai rien d'autre à dire là-dessus ?
03:05Je trouve ça un peu compliqué.
03:09Il peut y avoir des tensions dans le cinéma,
03:11mais en aucun cas je n'ai jamais giflé quelque actrice que ce soit.
03:15J'ai tourné avec une cinquantaine d'actrices,
03:17vous pourriez leur demander à chacune quel est mon comportement pendant un tournage,
03:22vous verrez que je suis nickel, même les techniciens, tout le monde peut vous dire,
03:24donc je ne suis pas du tout inquiété par ça.
03:26J'ai eu plus de peine pour elle de l'avoir dans cet état psychologique,
03:29parce que je sais que j'ai entendu, j'ai regardé ce qu'elle a fait dans l'Assemblée Nationale,
03:35elle parlait de viol avant, je suis désolé pour elle.
03:39Je n'ai pas à payer pour ce qu'elle a subi avant, et voilà.
03:43Est-ce que vous n'avez pas aussi ce côté bad boy,
03:45en même temps qui vous colle à la peau, Nicolas, depuis que vous êtes tout petit d'ailleurs ?
03:48Non, mais après oui, je suis un tempérament, il ne faut pas me faire chier,
03:53quand on dépasse les limites, je peux gueuler, ça m'arrive, il n'y a pas de problème,
03:57mais en aucun cas je ne l'ai touché.
04:00C'est loin de l'image qu'on veut me mettre,
04:05je pense qu'elle est loin de la personne que je suis vraiment.
04:09Vos parents travaillaient à France Télécom, votre père était fan de Kubrick,
04:13votre mère collectionnait les petites fiches d'Antenne 2,
04:16ce qui est quand même assez fort.
04:18C'est eux qui vous ont fait aimer le cinéma ou pas ?
04:20Ah oui, ma mère, oui.
04:22Mon père n'aime pas les genres de sauté, des trucs comme ça,
04:25mais ma mère est très cinéphile,
04:27et oui, il y a eu de ça, j'ai vu des très beaux films avec lui,
04:30mon père est plus film de Lautner, Aventura, tout ça,
04:33donc c'est vrai qu'il y avait quelque chose d'une transmission,
04:38et qu'elle m'a transmis un peu cet amour du cinéma de qualité.
04:43Votre histoire ressemble un peu à un conte de fées, Nicolas,
04:46c'est-à-dire qu'effectivement, il y a un moment où ça bascule,
04:50ça se passe sur un ring,
04:52est-ce que la boxe vous a permis de vous recentrer, justement ?
04:55Le fait d'être face à soi-même ?
04:57Oui, et puis de se canaliser, d'enlever toutes ces mauvaises ondes que j'avais,
05:01j'ai un exutoire vraiment qui m'a recadré,
05:04et qui m'a fait me reprendre en main, et j'ai arrêté d'être à la dérive,
05:07mon père pendant longtemps n'a pas voulu que j'en fasse,
05:09parce qu'il avait peur que je devienne trop violent,
05:12et en fait ça m'a complètement calmé,
05:14et c'était quelque chose vraiment qui m'a apaisé,
05:17et là je vais retourner avec mon prof André Zetoun,
05:22et Jean-Charles Skarbowsky aussi,
05:24avec qui j'ai commencé la boxe, qui ont deux bons grands entraîneurs,
05:27et pour qui j'ai beaucoup d'amour,
05:29et c'est vrai que ça m'a permis de me canaliser,
05:32et c'était vraiment un exutoire sorti de là,
05:34c'était vraiment quelque chose d'incroyable.
05:36Vous avez refusé qu'on vienne vous chercher sur le ring,
05:39qu'on vous invite à passer des castings,
05:41notamment ce fameux casting où vous allez obtenir le rôle principal,
05:44qu'est-ce qui vous faisait peur là-dedans ?
05:47Non, ça ne me faisait pas peur,
05:49mais je me disais, je ne sais pas ce que je vais aller faire là-bas,
05:54mais il y avait quelque chose de...
05:56Oui, je ne sais pas, je n'y croyais pas peut-être,
05:58il y avait quelque chose comme ça,
06:00et au début ça m'intimidait un petit peu de faire ça devant une caméra,
06:05et quand je suis arrivé, non pas du tout,
06:07quand j'ai appris le texte, ça a été très facile,
06:09j'ai appris le texte, on m'a fait faire quelques essais,
06:12après Eric Zonka est venu, on s'est rencontrés,
06:14il m'a fait faire d'autres essais,
06:16filmer, et ça s'est très bien passé,
06:18il m'a dit je te donne le premier rôle,
06:20au début je n'y croyais pas du tout,
06:22et une fois que j'étais sur le tournage,
06:24c'est un peu un conte de fées, c'est vrai.
06:26Ce qui est mis en exergue par le réalisateur,
06:28effectivement c'est son premier film,
06:30et ce qui met aussi en avant, c'est la force des femmes,
06:33c'est vraiment une pierre angulaire,
06:35il explique que lui, la seule figure emblématique qu'il avait,
06:38c'était sa mère, quand il était enfant,
06:40quelles sont les femmes qui ont façonné votre vie,
06:42qui vous ont fait grandir ?
06:44Et puis ma soeur, c'est ma grande soeur beaucoup,
06:46de qui je suis très très proche,
06:48et qui est là pour moi tout le temps,
06:50moi je suis là pour elle,
06:52je l'entends très très bien,
06:54et puis ma femme aussi,
06:56elle est là tous les jours avec moi,
06:58ça fait 6 ans qu'on est ensemble,
07:00c'est quelque chose de fort,
07:02on s'est mariés il y a 6 mois,
07:04c'est quelque chose de très fort,
07:06et après j'ai eu d'autres gens aussi,
07:08qui m'ont poussé, des gens tels que Claire Denis,
07:10avec qui j'ai travaillé plusieurs fois,
07:14qui est quelqu'un aussi de très spécial pour moi.
07:20Vous gardez quoi justement de vos ancêtres,
07:22de ceux qui sont passés avant vous ?
07:24L'humilité,
07:26l'humilité beaucoup en fait,
07:30parce qu'on a beaucoup de gens
07:34qui ont un peu la grosse tête très vide dans ce métier,
07:36on joue quoi,
07:40c'est bien, mais c'est pas non plus un métier primordial,
07:44je sais pas comment dire ça,
07:46et puis je veux dire,
07:48on joue dans des films,
07:50dans des productions,
07:52mais on ne produit rien,
07:54j'ai même mon beau-père qui est béniste,
07:56j'aurais bien aimé savoir faire quelque chose de même,
07:58pour moi c'est des beaux métiers,
08:00des métiers manuels,
08:02des choses pour moi qui sont assez fascinantes,
08:04il est jamais trop tard,
08:06mais c'est vrai que c'est des métiers assez fascinants pour moi.

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